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Charles VI, son héritière fut assaillie de tous les côtés, la République ne se pressa non plus de remplir ses obligations envers elle et de la secourir; mais la chute du ministre anglais, Robert Walpole, et la force de l'opinion publique amenèrent enfin les régents à envoyer un corps auxiliaire. Ce qu'ils avaient craint, se réalisa bientôt: les Pays-Bas du Sud furent attaqués par les Français, les places fortes de la Barrière se défendirent très mal, les alliés furent battus, et à la fin de 1746 l'armée française menaça les frontières de la République. Depuis longtemps les régents de Hollande s'efforcèrent en vain de rétablir la paix; le congrès de Bréda, qui s'était réuni en 1746, n'aboutit pas, et au printemps de 1747 l'armée française attaqua le territoire de la République. La défense fut tout à fait insuffisante: en peu de jours les forteresses de la Flandre néerlandaise furent prises. C'est alors qu'éclata en Zélande le mouvement populaire, la révolution, qui porta le prince d'Orange aux dignités de ses aïeux.

L'homme qui fut appelé à la tâche difficile de sauver la République de l'invasion française et de la délivrer ensuite des maux qui la minaient, était le fils de Jean Guillaume Friso de Nassau, qui s'était noyé en 1711 au Moerdijk, et de Marie Louise de Hesse-Cassel. Né peu de temps après la mort de son père, il fut élevé par une mère tendre et pieuse en Frise, où elle était revêtue de la régence pour son fils, stadhouder héréditaire de cette province. Le jeune prince, d'une santé

délicate et d'une taille un peu contrefaite par suite d'une chute faite à l'âge de cinq ans qui lui avait lésé l'échine, grandissait à la Cour simple et calme de Leeuwarde, entouré des soins de sa mère et ne voyant qu'elle et les dames de la Cour. Outre la doctrine calviniste, qui avait la première place dans l'enseignement, il apprit le latin, le français, l'anglais, l'allemand; plus tard, de 1726 à 1729, il alla achever son éducation aux universités de Franeker et d'Utrecht, où il étudiait le droit et l'histoire en même temps que les mathématiques et la physique. En 1729, lorsque, à l'âge de 18 ans, Guillaume visita La Haye, son visage agréable, ses manières affables et faciles, ses connaissances assez vastes, lui valurent, malgré la difformité de son dos, les louanges de lord Chesterfield. Cette visite, saluée de vives acclamations par les amis de sa maison et les partisans du régime stadhoudérien, inquiéta les régents, soucieux de maintenir leur,,liberté". Et non seulement les régents hollandais mais aussi les diplomates étrangers s'occupèrent de sa personne et de ses chances d'obtenir les dignités de ses ancêtres. Un agent français, qui renseignait son gouvernement sur le prétendant, se demanda si la politique française devrait favoriser ou combattre l'élévation du prince; et énumérant les raisons qui pourraient incliner son gouvernement en faveur de Guillaume, il fit valoir celle-ci qu'en le nommant de bon gré stadhouder de Hollande, les états de cette province pourraient - comme les états de Gueldre l'avaient fait en 1722 faire en sorte que ses pouvoirs

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seraient strictement délimités 1). Mais les régents de Hollande n'avaient aucune envie de changer la forme du gouvernement ou de sacrifier la moindre parcelle de leur autorité. En 1727, en choisissant Slingelandt comme conseiller-pensionnaire, ils lui avaient imposé le serment de maintenir la forme actuelle du gouvernement; à la majorité du prince Guillaume, ils décidèrent que le prince, qui en vertu de son stadhoudérat de trois provinces avait droit de siéger au Conseil d'état, n'y serait pas admis sans le consentement de toutes les provinces. En 1732, lorsque le procès entre Guillaume et le roi de Prusse au sujet de l'héritage de Guillaume III se fut terminé, les états de Zélande le privèrent des droits politiques, que ses prédécesseurs avaient exercés dans cette province en vertu de la possession du marquisat de Flessingue et de Vere. Cependant malgré l'avenir peu brillant qui semblait réservé au prince et en dépit des efforts que firent les états de Hollande pour faire échouer le projet, George II, roi d'Angleterre, l'accueillit favorablement, quand il rechercha en mariage la princesse Anne, fille aînée du roi, agée alors de 23 ans; l'année suivante, en 1734, le mariage fut célébré.

Quoique cette union fût très heureuse, la princesse, fière et ambitieuse, supporta mal le rôle insignifiant, réservé à son époux dans la République, où les régents se piquèrent de montrer très peu d'égards au couple princier. Par

1) Mémoire sur le rétablissement du stadhoudérat en Hollande en faveur du Prince de Nassau. Déc. 1729. (Mém. et Documents, fonds Hollande, no. 60, Arch. Aff. Etrang. à Paris).

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conséquent les séjours à La Haye ayant peu d'attraits, il résida le plus souvent à Leeuwarde ou au Loo, sa maison de campagne en Gueldre. Probablement l'influence de son épouse fit sentir au prince d'autant plus douloureusement les ennuis de sa position, et augmentèrent son désir d'en sortir et d'obtenir les dignités de ses aïeux. On se rappelle la lettre de Frédéric, prince royal de Prusse, dont Guillaume avait fait la connaissance en 1734 dans l'armée impériale et qui en 1738 le visita au Loo: le 6 Août écrivant à Voltaire, Frédéric plaignit le prince d'Orange, possédé par le démon de l'ambition et au milieu de ses jardins et de sa cour brillante rongé de dépit et de chagrin. Ce ne fut que neuf ans plus tard que l'heure si ardemment désirée sonna.

La tâche, imposée au prince, était très lourde. Tout d'abord, l'envahissement du territoire des Provinces-Unies ayant été la cause directe de son élévation, il fallut, pour répondre aux attentes, repousser l'ennemi ou assurer une paix honorable à la République; ensuite et c'était la partie de beaucoup la plus difficile de sa tâche - il aurait à remplir les voeux assez vagues de ceux qui s'attendaient à des réformes considérables à l'intérieur, soit pour mettre fin à l'omnipotence et l'arrogance des régents, soit pour alléger le fardeau des impôts, soit pour rendre l'ancien éclat au commerce et à l'industrie et par suite ramener la prospérité générale. Les documents, réunis dans ce volume, nous permettent de nous rendre compte

de la déception générale, qui suivit les illusions de 1747.

Ceux de la première partie sont relatifs surtout aux mesures qu'on jugeait nécessaires et aux négociations entamées pour atteindre la paix. On remarquera les lettres intéressantes de W. Bentinck (p. 51 svv.), envoyé en Août 1747 à Londres pour s'entendre avec le gouvernement britannique, lettres qui ont été déjà utilisées et publiées en partie par M. M. Beer, Jorissen, d'Ailly. En Novembre 1747 O. Z. van Haren partit pour la Suisse pour y négocier des contrats militaires; ses lettres de Déc. 1747 (p. 117 svv.) permettent de suivre le cours des négociations assez difficiles. Tandis que de cette manière le Prince d'Orange pousse les alliés de la République à un effort vigoureux pour imposer la paix à la France, tout à coup, en Février 1748, lorsque les conventions militaires pour la campagne de 1748 avaient été déjà conclues (p. 144 svv.), le prince est dans la triste nécessité d'avouer au ministère anglais que les coffres de la République sont vides et de demander des emprunts considérables. C'est à Charles Bentinck que fut confiée cette mission désagréable; les documents qui y sont relatifs (p. 152 svv.), publiés déjà en partie par M. d'Ailly, offrent sans doute de l'intérêt. Par suite de ce manque d'argent de la République, George II et Newcastle comprirent qu'il fallait se contenter des conditions de paix assez acceptables, qu'offrait la France à Aix-la-Chapelle. Pendant les négociations à Aix, qui furent causes de froissements entre

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