En publiant le tome I de la troisième série des

Archives ou correspondance inédite de la Maison d'Orange-Nassau, M. Krämer a exposé les principes, qui seront suivis dans la publication des matériaux, recueillis il y a plusieurs années par feu M. Groen van Prinsterer. Je me contenterai donc de donner ici quelques indications sur l'origine, le caractère, la classification et l'intérêt des documents qui se trouvent dans ce tome I de la quatrième série. Cette série embrassera les années du stadhoudérat de Guillaume IV et de la régence de sa veuve, la princesse Anne; elle commence en Avril 1747, au moment où le prince d'Orange, stadhouder héréditaire de Frise, stadhouder de Groningue depuis 1718, de Drente et de Gueldre depuis 1722, fut élevé à la même dignité en Zélande, en Hollande, en Utrecht, en Overijsel; la mort de la princesse Anne, en Janvier 1759, en formera la fin.

Je tiens à prévenir bien expressément le lecteur, qu'il n'y trouvera aucunement la collection complète des documents relatifs à cette époque, que renferment les archives royales. Pour M. Groen van Prinsterer il était indispensable de letfaire un choix dans la masse des papiers tres, rapports, projets, notes de nombre de peret il était inévitable qu'il en omît

sonnes

beaucoup. Donc, si des documents sur quelque point spécial ne se rencontrent pas dans cette publication, on ne peut pas en conclure qu'on ne trouvera rien là-dessus aux archives; de même si l'on trouve un certain nombre de pièces relatives à quelque personne ou à quelque affaire dans les volumes qui vont être publiés, il ne faut pas croire qu'il n'y ait rien de plus au même sujet. M. Groen van Prinsterer a choisi les documents, qui, à son avis, offrent le plus d'intérêt pour faire connaître la lutte des partis et des personnes dans la République, les relations extérieures de l'état, les caractères et les rôles des acteurs principaux, du Prince, de la Princesse, de leurs conseillers et collaborateurs officiels et intimes. Il va sans dire que, toutes les fois qu'il faut trier un nombre considérable de documents, deux personnes ne feront pas ce triage d'une manière exactement la même; l'un attribuera de l'importance à des documents que l'autre mettra de côté, et il voudra omettre des pièces que l'autre jugera dignes de paraître dans son recueil. Ayant manié longtemps les collections auxquelles M. Groen van Prinsterer a puisé, je me suis demandé de temps en temps pourquoi celui-ci n'avait pas inséré des documents, qui à mon avis auraient pu remplacer avantageusement d'autres d'un moindre intérêt; mais en général on ne pourra qu'approuver le choix qu'il a fait.

Les documents, dont M. Groen van Prinsterer a formé les trois gros dossiers relatifs aux années

de 1747 à 1759, ont été tirés en partie des archives de Guillaume IV et de ceux de la princesse Anne; mais un nombre considérable de pièces importantes est dû aux archives de W. Bentinck de Rhoon, fils aîné de l'ami intime de Guillaume III. En 1828 une partie de ces archives très volumineuses a été achetée par le roi Guillaume I et incorporée aux archives royales; une autre partie se trouve au Musée britannique à Londres. Sans doute on aurait pu puiser à cette partie-ci des documents intéressants pour compléter ceux des archives royales 1); cependant ayant accepté pour règle de ne pas faire de recherches dans d'autres archives et bibliothèques dans le but de compléter les documents des archives royales (pour les raisons, expliquées par M. Krämer dans le t. I de la 3e série), nous n'avons pas profité de cette occasion, car en nous départant une première fois de notre règle, nous ne saurions plus où nous arrêter.

Les papiers de Bentinck qui se trouvent aux archives royales se prêtent à une division en deux groupes: l'un est relatif aux affaires intérieures de la République, l'autre contient des documents sur la politique extérieure aussi bien de l'Angleterre que de la République. Bentinck était bien vu du roi d'Angleterre et lié d'amitié avec le duc de Newcastle, qui appréciait hautement le zèle infatigable de son ami pour le main

1) J'ai publié une liste des papiers de Bentinck de Rhoon, qui se trouvent au Musée britannique, dans les Bijdr. en Meded. v. h. Hist. Gen. te Utrecht, t. XXVIII.

tien de l'ancien système", c-à-d. le système des alliances qui unissait étroitement les Puissances Maritimes et la Maison d'Autriche. Non seulement Newcastle confiait à Bentinck ses vues sur la politique générale mais il lui procurait aussi des copies nombreuses des instructions et lettres, envoyées aux ministres et aux ambassadeurs anglais, et des rapports de ceux-ci; les originaux de la plupart de ces documents se trouvent dans les Newcastlepapers au Musée britannique. Bentinck lui-même a été chargé de plusieurs missions diplomatiques, p. e. en Angleterre, à Aix-la-Chapelle, à Vienne, à Bruxelles, et dans ses archives il y a nombre de pièces qui y sont relatives. C'est à ce groupe de documents que M. A. Beer a puisé des matériaux pour son étude sur la guerre de succession d'Autriche 1), pour celle sur la paix d'Aix-la-Chapelle 2) et pour la publication, intitulée: Aufzeichnungen des Grafen William Bentinck über Maria Theresia ), à laquelle il a ajouté une introduction importante sur la politique autrichienne de 1749 à 1755. M. Groen van Prinsterer a laissé de côté les documents des ministres anglais, qui d'ailleurs sont plus intéressants pour la connaissance de la politique anglaise que de celle de la République; mais il a inséré dans son recueil quelques pièces relatives aux négociations d'Aix, et le journal tenu par Bentinck durant son séjour à Vienne. Comme on peut lire ces pièces dans l'étude de

1) Holland und der Oesterreichische Erbfolgekrieg (Wien, 1870) 2) Zur Geschichte des Friedens von Aachen im Jahre 1748 (Wien, 1871). 3) Wien, 1871.