Sayfadaki görseller
PDF
ePub

naissance de Jésus? Car en les examinant dans leurs détails, on y trouve à côté de la fiction poétique plusieurs circonstances impossibles par elles-mêmes, ou du moins d'une probabilité fort douteuse. En effet, on sait que les MAGES, mot qui signifie savant, étaient des Philosophes de l'ancienne Perse et de la Chaldée qui remplissaient les fonctions de théologiens et de sacrificateurs, et s'adonnaient particulièrement à l'étude de l'astronomie. D'après Saint Matthieu, plusieurs de ces savants seraient venus ainsi de plusieurs centaines de lieues, du fond de la Perse jusqu'en Judée, guidés par une étoile qui devait leur indiquer où était le Roi des Juifs afin qu'ils l'adorassent; roi auquel les Perses n'avaient cependant ni hommage ni adoration à adresser, et notamment les Mages, en leur qualité de théologiens, d'une religion tout à fait différente de celle des Israëlites. Mais d'ailleurs cette étoile qui les guidait, comment ne les conduisit-elle pas directement et de suite à Bethlehem, mais d'abord à Jérusalem, où les Mages furent obligés de demander où était l'enfant, et que ce ne fut que par l'effet de l'arrivée de ces astronomes qu'Hérode fut instruit du grand événement de la naissance du soi-disant roi des Juifs? Enfin les Mages suivant de nouveau l'étoile, elle les conduisit en dernier lieu à Bethlehem, où elle s'arrêta, dit le texte, sur la maison où était l'enfant.

Mais pourquoi les Mages avaient-ils besoin de voir cet enfant, qui devait leur être complétement étranger, et de là indifférent? Enfin comment ces savants astronomes pouvaientils être conduitspar une étoile, qui, par l'effet de sa prodigieuse distance, ne pouvait pas leur avoir paru s'arrêter sur cette maison? Fait impossible à reconnaître, en admettant même que cet astre extraordinaire avait réellement un mouvement très-marqué, appréciable à la vue simple; car sa distance n'eût-elle été que d'une centaine de lieues, et même beaucoup moins, il n'aurait pas pu, en s'arrêtant, faire distinguerle lieu où était l'enfant, sa position paraissant à la fois au des

sus de chaque maison de tout une grande ville. Et si le corps lumineux n'était qu'à une faible hauteur, d'une centaine de mètres, par exemple, certes les Mages ne l'eussent pas nommée une étoile, connaissant parfaitement la nature et l'éloignement prodigieux des corps célestes; mais l'auteur n'a pas réfléchi à tout cela.

Or ces objections ne sont pas les seules qu'on puisse faire à l'assertion de Saint Matthieu. En effet, comment Hérode a-t-il pu ignorer la naissance de Jésus, et le lieu où il se trouvait, le jour de l'Epiphanie, quinze jours après qu'il fût venu au monde, alors que les bergers dont parle Saint Luc avaient, au dire de cet Évangéliste, publié partout le jour même de la naissance ce qu'ils avaient vu et entendu? Ces faits étaient assez extraordinaires pour que la nouvelle dût s'en répandre partout dans le pays. et arriver à la connaissance d'Hérode; Bethlehem étant éloigné à peine de trois lieues de Jérusalem, et cependant, au dire de Saint Matthieu, le gouverneur de la Judée a si longtemps ignoré un événement aussi important, et d'autant plus à craindre pour les Romains, que Jésus était annoncé par les Mages, comme devant devenir le Roi des Juifs; circonstance qui engagea Hérode à faire mettre à mort tous les enfants de Bethléhem. Enfin comment expliquer qu'Hérode ait dit aux Mages qu'il désirait savoir où était Jésus, afin qu'il pût aller l'adorer, vu qu'on ne rendait point cet hommage à des rois; expression qui trahit la pensée de l'auteur, qui savait, quand il écrivit, que Jésus-Christ n'était pas un roi temporel, mais bien un souverain spirituel, que ses disciples ont adoré? Enfin comment se fait-il qu'un seul des Évangélistes ait parlé de l'adoration des Mages et de l'apparition de l'ange aux bergers? Faits cependant assez importants assurément pour mériter qu'ils en parlassent tous; et cela est d'autant plus étonnant, qu'ils se sont si souvent copiés les uns les autres, pour des choses d'un bien moindre intérêt.

Considéré sous un autre point de vue encore, on ne con

çoit pas non plus, pourquoi Dieu, dans l'intérêt même de son Messie, n'ait pas laissé ignorer sa naissance au cruel Hérode, et pourquoi il a inspiré, au contraire, à ce dernier l'envie de le faire mourir; d'où Dieu se vit ensuite obligé de faire transporter Jésus en Égypte, pour le soustraire à la persécution de ce même roi.

Or ce n'est pas seulement un singulier rôle que l'Évangéliste ait prêté à l'Éternel, mais il n'est en outre pas trèsreligieux de rabaisser ainsi la Divinité, en la soumettant de la sorte au caprice d'un seul homme, disant que Dieu fut obligé d'user de stratagème pour sauver l'enfant. en faisant connaitre par un songe à Joseph qu'il devait fuir avec lui en Égypte, où il devait rester jusqu'à ce que Dieu l'en rappelat, et qu'en effet, il lui fut ordonné après la mort d'Hérode, et cela encore par un songe, de retourner dans sa patrie: mais que cette fois l'avis était faux, Dieu s'étant mépris sur l'opportunité de ce voyage, ARCHELAUS, fils d'Hérode, régnant à la place de son père en Judée; d'où Joseph apprit encore par un songe (car c'est toujours par des songes qu'il se détermina) qu'il devait aller s'établir à Nazareth, ville de Galilée. Mais malheureusement SAINT LUC (CHAP. II, 39), en parlant de la naissance et de la circoncision de Jésus, ainsi que de sa présentation dans le Temple de Jérusalem pour être consacré à Dieu, en sa qualité de premier-né, vient encore contredire ce que Saint Matthieu affirme au sujet de la fuite en Égypte, disant qu'après cette dernière cérémonie et la purification de Marie, Joseph retourna de suite à Nazareth, d'où il était, et vint ensuite tous les ans à Jérusalem, pour y faire la Pâque. D'après cet Evangéliste, Joseph et sa famille n'auraient donc pas été en Égypte; et en effet, pourquoi se serait-il expatrié pour sauver le saint enfant, s'il trouvait chez lui, en Galilée, la même sécurité?

Si vers la fin de sa vie, Jésus-Christ s'est plus particulièrement nommé le Fils de Dieu, c'est, ainsi que je l'ai déjà dit, uniquement parce qu'il se regardait comme plus spéciale

ment animé de l'Esprit divin que l'Éternel avait mis en lui; pensée exprimée dans le passage cité plus haut, (Saint Jean, X, 35), où il dit: La loi appelle Dieu ceux à qui la parole de Dieu est adressee: mais on ne trouve nulle part qu'il ait jamais attaché à ce titre de Fils de Dieu l'acception ordinaire du mot fils; et c'est bien évidemment aussi de même que l'entendaient les Évangélistes, qui, tout en le nommant le Fils de Dieu, le firent toutefois descendre en ligne directe de David.

J'ai, du reste, déjà fait remarquer plus haut que cette opinion que Jésus était le Fils unique de Dieu, conçu du Saint Esprit, conception annoncée à Sainte Marie par l'ange Gabriel, ne se trouvait exprimée que dans Saint Luc; l'Évangéliste qui n'était point apôtre, mais simplement un historien compilateur qui réunit, ainsi qu'il le dit lui-même, tous les renseignements et les traditions qu'il put recueillir au sujet de Jésus-Christ; d'où l'on peut fort bien expliquer pourquoi les Évangélistes apôtres ne parlent aucunement de ce fait, d'une si haute importance cependant, et que Saint Luc ne l'a accueilli que d'après de simples dires, ou des contes faits sur la vie de Jésus-Christ. Opinion qui prend même le caractère de la certitude, par cela que dans la famille même de Jésus-Christ, on ne croirait ni à sa descendance divine, ni même à sa mission comme envoyé de Dieu, ainsi qu'on l'a vu plus haut.

Quant à la croyance aujourd'hui généralement adoptée par la plupart des chrétiens, et dont il a déjà été parlé plus haut, que Jésus-Christ n'est autre que le Créateur incarné, elle n'a non-seulement jamais été soutenue par Jésus-Christ lui-même, qui a, au contraire, protesté contre, mais encore, parmi les Évangélistes, Saint Jean est le seul qui l'ait dit dans son premier chapitre, formant une espèce d'introduction à son histoire de Jésus-Christ, où il en parle, non pas en narrateur, mais dans un style figuré et poétique, dû, comme je l'ai déjà dit, à l'exaltation de son esprit pour son

sublime maître, qui lui avait voué spécialement une affection toute particulière, et pour lequel ce disciple devait naturellement éprouver le sentiment de l'admiration la plus parfaite, et un dévouement sans bornes; dévouement qui a dû lui faire adopter, plus qu'à tout autre, l'opinion que JésusChrist était plus qu'un simple mortel, et vraiment d'une essence divine.

Jésus-Christ, en voyant l'ascendant qu'il avait sur l'esprit de tous ceux qui l'écoutaient, et surtout sur celui de ces disciples, qui dans leur admiration le nommaient le Messie et le Fils de Dieu, a dû naturellement le croire; et c'est par là qu'on peut expliquer facilement le sens de ce passage des Évangiles, où il est dit qu'il fut tenté par le Diable, passage, du reste, évidemment allégorique. En effet, il est dit dans SAINT MATTHIEU CHAP. IV, 1): « Alors Jésus fut emmené par l'esprit dans un désert, pour être tenté par le Diable. » 2. « Et après qu'il eut jeûné pendant quarante jours et quarante nuits, il eut faim. »

3. « Et le tentateur s'étant approché de lui, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. » 4. « Mais Jésus répondit: Il est écrit: L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

5. « Alors le Diable le mena dans la ville sainte, et le mit sur le haut du Temple,

6. « Et il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit qu'il ordonnera à ses anges d'avoir soin de toi; et ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre. »

7. « Jésus lui dit: Il est aussi écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. »

8. «Le Diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire; » 9. « Et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m'adores. »

« ÖncekiDevam »