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CHRÉTIENS, à enchérir encore sur les Apôtres, en le considérant non-seulement comme le Fils de Dieu, mais ils l'assimilèrent à la Divinité elle-même, en le proclamant identique avec le CRÉATEUR; admettant qu'il ne formait avec lui et l'Esprit divin ou le Saint-Esprit qu'un seul et même Dieu, formé ainsi de TROIS PERSONNES OU TRINITÉ; croyance qui devint bientôt le dogme fondamental de toutes les sectes chrétiennes qui se sont établies, à l'exception de celles des Ariens et des Unitaires, qui, tout en adoptant les principes de morale théologique enseignés par Jésus-Christ, rejetèrent toutefois le dogme de son essence divine.

Ce dogme de la Trinité n'est fondé que sur un passage de la Première Épître catholique de l'Apôtre SAINT JEAN, CHAP. V, 7, où il est dit : « Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole et le Saint-Esprit, et ces troislà sont un.» Or ce passage a été écrit après la mort de Jésus-Christ.

Cette opinion d'une Divinité unique, formée cependant de trois personnes, a souvent été l'objet de fortes discussions. Ceux qui la soutiennent, et ce sont la plupart des théologiens chrétiens, prétendent qu'on doit l'accepter, d'abord parce qu'elle est enseignée dans les Actes des Apôtres; et ensuite comme reconnue vraie par l'Église, qui se fonde sur la décision du Concile OEcuménique de Nicée (en 325), qui condamna la doctrine des Ariens. Les catholiques romains allant jusqu'au point de ne pas même permettre la moindre réflexion à ce sujet, ainsi que sur aucun autre dogme, pour tâcher d'en comprendre la possibilité, ont soin de déclarer que ce sont des mystères incompréhensibles pour l'intelligence humaine, et que la plus simple discussion à ce sujet, voire même le plus léger doute, constituent déjà un grave péché.

Les Protestants soutiennent bien la même thèse, mais ils permettent toutefois le libre examen sur cette grave question, afin que chacun puisse trouver d'une manière quel

conque les preuves d'après lesquelles il pourrait se convaincre qu'il se peut que trois personnes n'en constituent cependant qu'une seule. En effet, est-il bien possible à un homme de s'imposer volontairement une croyance à laquelle il ne croit pas? Or cette difficulté ne repose que sur une simple faute de logique de la part de ceux qui enseignent ce dogme, voulant d'une part, pour tenir fermement au texte de l'Écriture Sainte, qu'on considère le Créateur, le Saint-Esprit et Jésus comme trois Êtres différents, tandis que de l'autre on doit aussi ne croire qu'à un seul Dieu.

Quant au Saint-Esprit, l'explication est facile, si l'on considère ce nom comme un simple synonyme des autres désignations sous lesquelles on nomme la Divinité, qui, en réalité, n'a qu'un seul nom, celui de DIEU, tandis que toutes les autres dénominations sous lesquelles on parle d'elle ne sont que celles de l'un de ses attributs. C'est ainsi qu'on nomme Dieu l'Etre Suprême, l'Éternel, le Tout-Puissant, le Créateur, c'est-à-dire celui qui est au-dessus de toute chose, qui n'a ni commencement ni fin, dont le pouvoir est illimité, et qui a tiré l'univers du néant; et c'est également ainsi que Dieu qui n'est qu'Esprit peut aussi être désigné sous le nom de Saint-Esprit.

Pour ce qui est de Jésus-Christ, comme troisième personne de la Trinité, l'affirmation pourrait encore être soutenue jusqu'à un certain point, si l'on voulait s'en tenir ririgoureusement au texte de l'Apôtre Saint Jean, et ne considérer le Sauveur que simplement comme la Parole de Dieu, c'est-à-dire comme l'Interprète par lequel le Créateur a parlé aux hommes; en d'autres termes que sa parole doit être considérée comme étant celle de Dieu même; mais il y a loin de là à une identité parfaite avec le Créateur. Enfin, si allant plus loin encore, on voulait regarder Jésus-Christ comme étant réellement le CRÉATEUR INCARNÉ, ainsi que le prétendent la plupart des sectes chrétiennes, admettant que Dieu a pris en lui la qualité physique de l'espèce humaine, de

même qu'on dit qu'il a pris la forme d'une colombe, lors du baptême de Jésus, il faudrait du moins qu'on restât conséquent avec ce dogme, et ne pas soutenir tantôt que le Christ est le Créateur même, tantôt qu'il n'est que le Fils de Dieu, et tantôt, en le considérant comme le Messie (Christ); c'est-àdire comme n'étant que le descendant du Roi David; car ici commence le grand embarras de l'inextricable thèse paradoxale des orthodoxes.

En effet, comment comprendre que le Créateur, sous la forme d'une colombe, soit descendu sur lui-même, ayant aussi en même temps la forme de Jésus? Ensuite, comment Jésus a-t-il pu appeler le Créateur son Père, et être ainsi à la fois le Fils de lui-même, et dire, comme on le verra plus loin, qu'il retourne auprès de son Père, etc.? Enfin comment a-t-il pu adresser des prières à lui-même. surtout le Pater? Ce sont là de ces contradictions qu'il est impossible d'expliquer, et par cela seulement qu'on a adopté inconsidérément un principe erroné qui fausse tout, à quoi il se trouve mêlé.

Quant à la croyance que Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu, titre qu'il n'a, ainsi que je l'ai déjà dit, non-seulement jamais accepté et contre lequel il s'est même formellement prononcé, comme on le verra un peu plus bas, elle n'est fondée d'abord que sur un rêve de SAINT JOSEPH, ensuite plus particulièrement sur une simple exclamation d'admiration de SAINT PIERRE, et enfin sur la prétendue annonciation faite à MARIE par l'Ange GABRIEL, qu'elle était enceinte par la vertu du SAINT ESPRIT, événement dont parle seul SAINT LUC dans la compilation de son Évangile; tandis que n'ayant écrit que longtemps après la mort de Jésus-Christ, il ne l'a très-probablement pas même connu; pendant que SAINT MATTHIEU et SAINT JEAN, les deux principaux Évangélistes qui ont été du nombre de ses Apôtres, ni même SAINT MARC, le quatrième Évangéliste, mais qui ne fut pas non plus Apôtre, ne font absolument aucune mention de ce grand événement qui au

rait précédé la naissance de Jésus-Christ, quoiqu'ils eussent le plus grand intérêt à faire connaître cette prédiction, pour faire croire à l'origine divine de leur maître, et par là mieux assurer le triomphe de sa sublime doctrine.

Or ce silence des trois principaux Évangélistes sur un fait aussi important constitue déjà une forte preuve que l'assertion de SAINT LUC n'est qu'une simple invention de sa part, ayant tous les caractères d'un véritable Mythe. Mais ce qui le prouve mieux encore, c'est que non-seulement dans la ville où habitait la famille de Jésus, où il était connu comme fils de Saint Joseph (Saint MATTHIEU, XIII, 55), personne ne crut à son extraction divine, pas même ses parents, ainsi que cela ressort d'un passage de l'Evangile de SAINT JEAN (VII, 5), où il est formellement dit que ses propres frères ne crurent point en lui. Or personne mieux que ses parents ne put connaître sa véritable filiation. Par l'analyse purement historique des quatre Évangiles que je donne ci-après, où je n'ai pas cru devoir me permettre d'avancer ce qu'on pourrait appeler une opinion fondée sur une interprétation quelconque, sans l'abandonner comme telle au jugement du lecteur, et surtout jamais une opinion contraire à la lettre du texte, on verra quel degré de foi on peut attacher à la véracité de chaque Evangéliste ou historiographe de Jésus-Christ, et spécialement de SAINT LUC, qui n'a été que le secrétaire de SAINT PAUL, dont il a écrit l'histoire des voyages apostoliques; sous le titre d'Actes des Apôtres, ouvrage dont le premier Livre, qui en forme comme une espèce d'introduction et parle de l'histoire de Jésus-Christ, en fut séparé plus tard sous le titre d'Evangile de Saint Luc, et où, à l'instar de SAINT MARC, qui n'était également pas Apôtre, cet auteur a d'ordinaire copié plus ou moins fidèlement SAINT MATTHIEU OU SAINT JEAN, et cela fort souvent à la virgule près; ce qui prouve qu'il n'était, de même que SAINT MARG, nullement témoin des faits qu'ils rapportent; et lorsqu'ils parlent d'événements dont les autres Évangé

listes ne font pas mention, ce sont pour la plupart précisément ceux dont la réalité est la plus douteuse, étant d'ordinaire en contradiction avec ce qui est dit dans les Évangiles de ces Apôtres; observation qui s'applique plus particulièrement à SAINT LUC, qui paraît avoir recueilli tout ce qu'on disait de Jésus-Christ, sans avoir peut-être eu l'intention d'écrire spécialement l'histoire de sa vie, mais uniquement une Notice devant servir d'avant-propos aux Actes des Apôtres.

Or si SAINT MARC, et surtout SAINT LUC, ont en grande partie puisé dans les Évangiles de SAINT MATTHIEU et de SAINT JEAN, ils n'ont pas dû se faire scrupule d'emprunter également divers faits à d'autres, et rapporter même de simples histoires populaires, ou des variantes, semblables à celles que nous trouvons souvent, de nos jours, sur les événements actuels.

Personne ne nourrit au fond du cœur le sentiment d'une plus profonde admiration que moi pour les sublimes qualités de Iésus-Christ, dont la douceur de caractère, l'ineffable bonté portée jusqu'à la plus généreuse indulgence, et surtout la piété si rigoureusement pure, commandent la plus respectueuse vénération pour lui; pour lui qui a porté sa fervente foi et l'amour envers le prochain jusqu'à se vouer à la mort des martyrs, pour sceller de son sang la nouvelle alliance en Dieu, qu'il a formée dans sa personne, entre ses disciples, en donnant par là aux hommes le sublime exemple de mieux aimer souffrir le supplice le plus affreux que de faiblir le moins du monde dans l'épreuve de leur foi en Dieu, sacrifice par lequel il a réellement été, comme on le verra plus loin, le SAUVEUR DE L'HUMANITÉ ENTIÈRE, en faisant comprendre aux hommes quels étaient leurs véritables devoirs envers l'Étre Suprême. Mais ma conscience ne me permet toutefois pas de l'élever dans mon esprit jusqu'à l'assimiler à la Divinité même, en acceptant comme article de for l'assertion de ceux qui, de leur propre chef, l'ont pro

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