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républicain effrayant: Eugène épouvanté voulut transférer le concile à Bologne, espérant que, plus rapproché, il échapperait moins à son influence. Les Pères refusèrent d'obéir, se constituèrent audessus du pape et le citèrent à venir en personne à Bâle dans le terme de trois mois, sous peine d'être déclaré contumace. Après deux ans de délais et de tergiversations, le pontife romain fut obligé de céder. Il se rendit à Bâle et confirma tout ce qui y avait été fait. Voy. concile de BALE.

La première session du concile de Ferrare s'ouvrit donc en présence d'un petit nombre de prélats, le 10 février 1438. La peste força bientôt de le transporter à Florence (voy.). Le grand objet de cette assemblée était la réunion de l'Église grecque à l'Église latine, réunion que l'empereur de Constantinople désirait, parce qu'il espérait y trouver des moyens de résistance contre les Turcs. Après de longues disputes sur la procession simple ou double du Saint-Esprit, sur la suprématie du pape, sur la nature du purgatoire, sur l'usage du pain azyme dans la communion, on finit par s'entendre, ou plutôt, de guerre lasse, on feignit de s'entendre, et les Grecs adoptèrent les dogmes de l'Église latine, moyennant la promesse d'une flotte, d'une armée et de subsides. Le décret d'union fut dressé en grec et en latin. On s'embrassa, on signa; après quoi Paléologue partit avec le décret auquel la grande majorité de ses sujets ne voulut jamais se soumettre. Tout l'édifice de l'union s'écroula comme un songe. Le seul qui retira quelque avantage de cette réunion, fut Eugène, qu'on représenta dès lors comme occupé uniquement à pacifier l'Église, que le concile de Bâle ne travaillait qu'à diviser. Le concile néanmoins ne se laissa pas détourner de la route qu'il s'était proposé de suivre, et le pape, n'ayant point comparu sur une nouvelle sommation, il le déposa comme perturbateur de la paix de l'Église, simoniaque, parjure, incorrigible, schismatique et hérétique. Eugène répondit à ce décret par un au

On a attribué cette réconciliation aux efforts de l'empereur Sigismond, lors de son voyage en Italie; mais ce qui y contribua le plus puissamment sans aucun doute, ce fut une nouvelle révolte des Romains, révolte causée par les cruautés de Vitelleschi, favori d'Eugène, et dont le duc de Milan se hâta de profiter. Les Romains, fatigués d'un gouvernement qui les accablait d'impôts et qui ne savait pas les défendre, prirent les armes, proclamèrent la restauration de la république, destituèrent tous les magistrats d'Eugène,en élurent d'autres à leur place, et assiégèrent le pape lui-même dans l'église de Saint-Chrysogone où il s'était réfugié. D'après une autre version, le peuple s'empara de sa personne et le mit en prison dans l'église de Sainte-Marie au-delà du Tibre. Quoi qu'il en soit, il parvint à s'échapper sous un déguisement, descendit le Tibre dans une nacelle au milieu d'une grêle de pierres et de flèches, atteignit Ostie sans accident et se fit conduire de là à Florence. Son autorité ne tarda pas cependant à être réta-tre où il annulait tous les actes du conblie dans Rome par Vitelleschi, qui punit les révoltés avec une sévérité extrême. Ainsi qu'on l'a vu au mot BALE, la bonne intelligence entre le Saint-Siége et le concile ne fut pas de longue durée. Eugène, qui portait impatiemment le jong, profita des dispositions favorables des souverains restés neutres jusque-là pour dissoudre une seconde fois le concile et en assembler un nouveau à Ferrare. L'union des Grecs lui fournissait d'ailleurs un prétexte spécieux: les Grecs refusaient obstinément de traverser les Alpes et d'aller à Båle, qui était pour eux comme au-delà des colonnes d'Hercule.

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cile qu'il appelait un brigandage, où les démons de tout l'univers se sont rassemblés pour mettre le comble à l'iniquité et pour placer l'abomination de la désolation dans l'Église de Dieu. Il déclarait tous ceux qui n'obéiraient pas et ne se sépareraient pas immédiatement excommuniés, privés de toute dignité et réservés aux jugements éternels de Dieu avec Coré, Dathan et Abiron. Le concile n'en poursuivit pas moins ses opérations, et élut pape Amédée VIII, duc de Savoie, qui prit le nom de Félix V. On vit alors se renouveler tous les scandales du grand schisme (voy, ce mot).

Cette lutte, quelque sérieuse qu'elle fût, u'absorbait pas tellement Eugène qu'il ne songeât pas à tenir les promesses faites à Paléologue. Sa sollicitude pour l'empire d'Orient était d'autant plus grande qu'il avait tout à craindre luimême des Turcs qui, d'un moment à l'autre, pouvaient débarquer en Italie. Il envoya donc le cardinal Julien auprès de Vladislaf, qui venait de réunir les royaumes de Pologne et de Hongrie. Ce prince jeune, guerrier, ambitieux, se laissa persuader par l'éloquence du légat. Deux éclatantes victoires, dues surtout à l'héroïque Jean Hunyade, forcèrent le divan à demander la paix. Une trève de dix ans fut jurée sur le Koran et l'Évangile; mais à peine Eugène en eut-il eu connaissance qu'il éclata en reproches et força Vladislaf à violer sa foi, sous prétexte que la paix avait été conclue sans sa participation. Le désastre de Varna, en 1444, qui coûta la vie au roi de Hongrie et à dix mille chrétiens, fut un juste châtiment de leur parjure; et s'il est vrai que ce fut aussi Eugène qui poussa le Dauphin Louis à la guerre contre les Suisses, le sang qui coula à SaintJacques doit également retomber sur sa tête.

Au reste, Eugène ne se montra pas non plus très scrupuleux observateur de ses engagements dans une autre circonstance. Après avoir appelé René d'Anjou en Italie, il l'abandonna dès que le génie et la puissance d'Alfonse d'Aragon eurent prévalu sur l'inconstance et la faiblesse de ce prince. Il chercha dès lors à s'attacher son redoutable voisin par des concessions de toute espèce, ne lui demandant, en récompense de tant de faveurs, que de l'aider à chasser François Sforze, à qui il devait la conservation de ses états. Ce furent là ses dernières opérations politiques. Il mourut en 1447. Il est peu de personnages historiques sur lesquels on ait porté des jugements plus contradictoires : selon les uns, Eugène IV fut un saint; selon les autres, ce fut un monstre. Ici, comme en toutes choses, la vérité est au milieu de ces deux extrêmes. Que ce pape ait eu des qualités, c'est ce qu'on ne peut guère contester quand on le voit, à une

époque de corruption et de dissolution inouïe, rester attaché à toutes les rigueurs de la discipline monacale, se refuser tous les plaisirs et s'abstenir même de vin. Il était bel homme et d'une mine vénéra– ble; quand il paraissait en public, il tenait toujours les yeux baissés. Selon Piatine, son biographe, il parlait avec gravité plutôt qu'avec éloquence, et était peu versé dans la littérature; mais il connaissait fort bien l'histoire. S'il n'était pas savant lui-même, il se plaisait au moins dans la familiarité des savants. I eut pour secrétaires Léonard Arétin, Charles Arétin, Poggio, George de Trébisonde et d'autres hommes remarquables. C'est de leur plume, vraisemblablement, que sont sortis les ouvrages qu'on lui attribue et dont la liste se trouve dans la Bibliothèque pontificale du P. Jacob.

Ces qualités sans doute ont été éclipsées par des vices et des crimes. Les cruautés qu'il exerça dans Rome, pendant la révolte des Colonne, sont inexcusables, plus inexcusables que ses parjures; car ceux-ci, les préjugés de l'époque peuvent les justifier jusqu'à un certain point. Æneas Sylvius l'a jugé, suivant nous, avec impartialité, en disant qu'il avait de l'élévation dans l'âme, mais que son plus grand vice était de n'avoir de mesure en aucune chose, et d'entreprendre toujours ce qu'il voulait, non ce qu'il pouvait. E. H-G.

EUGÈNE (LE PRINCE), l'un des plus grands généraux des temps modernes. FRANÇOIS-EUGÈNE de Savoie-Carignan naquit à Paris, le 18 octobre 1663, d'Eugène Maurice, comte de Soissons, petit-fils de Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie, et d'Olympe Mancini, nièce de Mazarin. Quoique destiné par sa famille à l'état ecclésiastique et d'abord connu sous le nom d'abbé de Carignan, il demanda du service à Louis XIV. Un refus de ce prince lui fit concevoir pour la France une haine qui ne se démentit jamais.

En 1683, il entra au service de l'empereur Léopold Ier, et fit ses premières armes à la bataille de Vienne, sous les ordres du duc de Lorraine et du prince Louis de Bade. A vingt-cinq

ans il était feldmaréchal - lieutenant. | ennemis de cour firent entendre à l'EmEnvoyé par l'Empereur auprès du duc pereur que son autorité avait été méconde Savoie Victor - Amédée, il l'entraîna nue; on retira même au vainqueur de dans la coalition formée alors contre la Zentha son épée. Une vive rumeur acFrance. A la bataille de Staffarde (1690) cueillit cette injustice, et Léopold rendit où ce prince fut vaincu par le maréchal sa faveur au jeune prince, qui ne conde Catinat, Eugène combattit à côté de sentit à reprendre le commandement qu'à lui. Il commanda un corps de cavalerie condition d'être à l'avenir affranchi de à l'affaire de la Marsaglia (2 octobre la tutelle des courtisans. 1693), et suivit le duc Amédée dans son expédition en Dauphiné. Malgré les mauvais succès du duc de Savoie, Eugène, qui avait fait preuve de valeur et de talents supérieurs, fut élevé au grade de feldmaréchal.

On dit qu'à cette époque Louis XIV lui fit offrir le bâton de maréchal de France, le gouvernement de Champagne et 20,000 pistoles de pension. On ne peut s'empêcher de regretter qu'Eugène n'ait pas alors abjuré son aversion pour Louis XIV et rapporté à sa patrie son génie et son épée.

Il passa en Hongrie et de là attaqua la Bosnie. Ses tentatives furent déconcertées par Mustapha - Daltaban, pacha échappé de Zentha et alors dans l'exil, avec quelques débris de l'armée turque.

Aux opérations militaires succédèrent les négociations, et le 26 janvier 1699 se conclut à Karlowitz un traité par lequel les Turcs cédèrent à Léopold Ier la Transylvanie; aux Polonais, la Podolie, l'Ukraine et cette ville de Kaminiec si souvent attaquée par Jean Sobieski et par le prince Jacques son fils. Le tsar Pierre conserva Azof, dont il était déjà maître, et les Vénitiens gardèrent SainteMaure, des places en Dalmatie et la Morée conquise par leur doge Morosini. Quant aux Hongrois, ils aimèrent mieux se faire sujets des Turcs que d'accepter les conditions que leur offrait l'Empereur. Lorsqu'éclata la guerre de la succes

En 1697, Mustapha II s'étant avancé vers le Danube pour soutenir Tékéli qu'il avait couronné roi de Hongrie, le prince Eugène fut envoyé contre lui, mais avec défense d'engager une affaire générale: il n'avait que 50,000 hommes. Après avoir observé son formidable enDemi et couvert Petervaradin, il vit lesion à la couronne d'Espagne, le prince Sulthan se diriger vers Segedin. Tombant Eugène, qui avait déterminé l'Empereur à alors rapidement sur son arrière-garde, se déclarer contre Louis XIV, fut enil la tailla en pièces. Mustapha, effrayé, voyé ́en Italie (1701) avec 30,000 homjeta un pont sur la Theiss, près de Zen- mes, libre de s'en servir à son gré. Il pétha; mais il avait à peine atteint la rive nètre dans le Trentain, passe l'Adige et opposée que toute l'armée allemande force le poste de Carpi, sur le canal Blanc, vint l'assaillir (11 septembre). Le pont après cinq heures d'un combat opiniâtre. se rompit, et le prince Eugène, débarrassé Son adversaire, le maréchal de Catinat, par cet accident d'une partie de l'armée dont la première idée avait été d'aller auothomane, écrasa tout ce qui n'avait pu devant de lui et qui n'avait pu faire passer la rivière. Trente mille Turcs tués prévaloir son avis dans le conseil, reou noyés, l'artillerie et les équipages du cula jusque derrière l'Oglio. Cette retraite sulthan pris ou anéantis, vingt-sept pa- était sage: aussi Eugène s'arrêta dans chas et le grand-vizir Elmas restés sur le le Bressan. La cour de Versailles, au lieu champ de bataille, tels furent les résul- de mettre Catinat à même de réparer un tats de cette grande journée. De l'autre échec dont elle seule était cause, s'emrive de la Theiss, Mustapha, qui avait vu pressa de lui envoyer un successeur, le la destruction de son armée, se sauva à présomptueux maréchal de Villeroi. Voy. Témesvar et de là à Andrinople, sans ce nom et CAtinat. avoir tenté de réparer cet immense dé

sastre.

Persuadé qu'il réparerait les revers de son prédécesseur, celui-ci repassa Tandis que l'Europe entière applau-l'Oglio et attaqua Eugène à Chiari. I! dissait à la gloire du prince Eugène, ses croyait ne trouver là que 2,000 hom

Eugène prit Caneto, Mascaria, Rodolesco, La Mirandole, et bloqua Mantoue dès le 10 janvier 1702, pendant que les troupes de France et d'Espagne se rendaient à leurs quartiers d'hiver.

Une nuit, Villeroi dormait paisiblement dans Crémone. Le prince Eugène s'y introduit par un égoût qu'un prêtre lui avait vendu. Il prend Villeroi au moment où, éveillé par la fusillade, il se rendait à la place d'armes. En quelques heures la ville est au pouvoir de l'audacieux Eugène ; mais d'Entragues, colonel de royal-vaisseaux, soutenu par les régiments irlandais, repousse enfin, après onze heures de combat, les Allemands et les chasse de Crémone, ne leur laissant pour trophée que le général en chef.

mes; il y en avait 11,000 fortement re- | rough, qui représentait l'Angleterre, et tranchés. Plusieurs fois repoussé avec le prince Eugène, au nom de l'Empire. une perte énorme, il renonça enfin à son Le maréchal de Marsin avait passé le projet. Catinat, quoique simple volontaire, Danube avec 30,000 hommes; les Badirigea la retraite de l'armée, et la mit❘ varois pressaient Vienne menacée d'un à couvert derrière l'Oglio. autre côté par Ragotzi et les Hongrois : l'Empire semblait toucher à sa perte. Mais Eugène fut joint par Marlborough, qui, après un combat sanglant, avait pris Donauworth et franchi le Danube (2 juillet). Alors une affaire générale devint inévitable: l'armée franco-bavaroise était de 60,000 hommes; Eugène et Marlborough n'en avaient que 52,000. Tallard, Marsin et l'électeur de Bavière prirent les plus mauvaises dispositions. Ils combattirent avec valeur, mais sans ensemble, et avec une imprévoyance qui révé– lait l'ignorance la plus complète de la guerre. En quelques instants, Marlborough, avec son impétuosité et sa présence d'esprit ordinaires, enfonça l'aile droite des Français, et s'empara sans coup férir de 11,000 hommes retranchés ou plutôt oubliés dans le village de Blenheim près de Hochstædt (voy.). Après avoir éprouvé une forte résistance à l'aile gauche où étaient Marsin et l'électeur, Eugène vainquit enfin. La bataille avait commencé le 13 août 1704 à midi, et la victoire était décidée avant la nuit. Les vainqueurs perdirent 9,000 hommes, il est vrai; ils eurent 8,000 blessés ; mais ils avaient presque entièrement détruit l'armée franco-bavaroise; car, après la bataille, on put à peine rassembler 20,000 hommes. Douze mille morts, 20,800 prisonniers, toute l'artillerie, un nombre prodigieux de drapeaux et d'étendards, tous les équipages, plus de 1,200 officiers de marque avec l'un des généraux en chef faits prisonniers, 100 lieues de pays perdues, tels furent les résultats de cette victoire due à la valeur de Marlborough, aux combinaisons stratégiques d'Eugène et surtout au parfait accord de ces deux capitaines.

Vendôme vintremplacer Villeroi. Alors s'ouvrit une campagne d'observation, où brillèrent du plus vif éclat les talents de Vendôme et d'Eugène.

Vendôme, secouru par le roi d'Espagne, put enfin réparer les fautes de son prédécesseur. A Santa-Vittoria, il força les impériaux à lever le siége de Modène, et gagna la bataille de Luzzara(août 1702), moins indécise que ne le prétendirent les alliés et le prince de Ligne, puisque Eugène y perdit l'élite de son armée, ses meilleurs officiers, entre autres le prince de Commercy, son ami et son compagnon d'armes, et qu'il ne put même empêcher Vendôme et le roi d'Espagne de s'emparer de Luzzara, de Borgo-Forte et de Guastalla. Le poste d'Ostaglia resta seul aux vaincus.

Néanmoins Eugène, rappelé à Vienne, fut nommé président du conseil aulique de la guerre et administrateur de la caisse militaire (1703).

Il quitta momentanément ce poste Pendant que les alliés triomphaient en élevé auquel il dut de pouvoir agir dé- Allemagne, Vendôme, en Italie, avait sormais avec plus de liberté, pour vaincu le duc de Savoie, alors ennemi de passer en Bavière (1704) où était déjà la France. Eugène fut envoyé à son seMarlborough. Alors se forma un trium-cours. Après de savantes marches eut virat fatal à la France, entre Heinsius, lieu à Cassano (16 août) une bataille grand pensionnaire de Hollande, Marlbo- sanglante où Eugène, deux fois blessé et

vaincu, fut obligé, malgré toute son ha- | pela encore une fois au sort des armes.

I bileté, de renoncer à passer l'Adda. Vendòme battit encore le comte de Reventlan à Cassinato. Il se préparait même à attaquer Turin, lorsqu'il fut rappelé pour commander en Flandre, à la place de l'incapable Villeroi, qui venait de compromettre encore la France par la perte de la bataille de Ramillies.

Eugène alors reprit l'offensive, passa le Pô, prit Correggio, et alla avec 30,000 hommes en attaquer 80,000, retranchés devant Turin. Le jeune duc d'Orléans (depuis le régent), qui commandait là, voulait aller au-devant du prince; mais un ordre de la cour l'arrêta dans ses lignes. Il fut attaqué le 7 septembre 1706 et vaincu par Eugène. Turin fut délivré, l'armée française dispersée, son matériel détruit et sa caisse militaire enlevée. L'Italie et Naples tombèrent au pouvoir du vainqueur.

Enhardis par de si grands succès, Eugene et le duc de Savoie se jetèrent sur la Provence. Toulon fut assiégé; mais les deux princes, forcés à une retraite précipitée, n'obtinrent pour tout résultat de cette expédition téméraire que la prise de la ville de Suze.

Marlborough et Eugène ouvrirent la campagne de 1709 avec 80,000 hommes; le maréchal de Villars, avec 70,000 seulement, prit une position inattaquable qu'il ne quitta qu'après avoir vu prendre Tournai et assiéger Mons. Il s'arrêta à Malplaquet (voy.). Là eut lieu une bataille longtemps incertaine, où Eugène et Villars furent blessés; les Français eurent 7,000 tués et 10,000 blessés. Les alliés durent se regarder comme vainqueurs, car ils eurent le champ de bataille, mais jonché de 25,000 de leurs morts. Bouflers, volontaire sous Villars, fit la retraite en bon ordre et alla se mettre à couvert entre Le Quesnoy et Valenciennes.

Cependant un changement subit avait fait perdre à Marlborough la faveur de la reine Anne, et le gouvernement anglais, fatigué d'une guerre longue et sans résultats positifs, ouvrit des négociations qui furent bientôt suivies de la paix.

Eugène et Heinsius n'en poursuivirent pas moins la ruine de Louis XIV. La Hollande et l'Empereur firent de nouveaux efforts: 100,000 hommes, sous les ordres d'Eugène, envahirent la France en 1712, et les avant-postes des alliés pénétrèrent jusqu'à Reims.

Villars, en observation dans les lignes d'Arras avec 80,000 hommes, dernier espoir de la France, attendait quelque occasion de surprendre son redoutable adversaire. Cependant Landrecies était assiégée; il ne pouvait même empêcher cette ville de tomber au pouvoir du prince de Savoie, lorsqu'une faute majeure commise par ce capitaine fournit à Villars le moyen de le vaincre et de sauver la France. Eugène avait trop étendu ses lignes; ses principales forces étaient réunies devant Landrecies, et Marchiennes, dépôt de ses magasins, quoique bien for

En 1708, Eugène passa en Hollande pour raffermir les États dans leurs intentions hostiles contre la France; ensuite il rejoignit Marlborough et força avec lui, à Oudenarde, Vendôme et le duc de Bourgogne à une retraite qu'on peut regarder comme une défaite, puisque Lille fut assiégée et prise par les alliés, malgré son héroïque défense. Vendôme n'avait pu agir : des ordres de cour enchaînaient sa volonté. Exalté par ces succès inespérés, un officier dit un jour devant Eugène qu'il ne désespérait pas d'aller jusqu'à Bayonne. « Vous irez, ré⚫pondit le prince, si le roi de France • vous donne un passeport pour reve⚫nir. » Malgré les difficultés qu'il trou-tifiée, se trouvait éloignée de lui. D'un auvait à conquérir la France, Eugène avait certainement en vue son démembrement. Duclos a vu un mémoire où le prince avait développé ce vaste projet.

Louis XIV, réduit aux plus fâcheuses extrémités, demandait la paix. Les alliés ne voulant la lui accorder qu'à des conditions humiliantes, il en ap

tre côté, le comte d'Albemarle pouvait être attaqué sans espérance d'être secouru à propos dans ses lignes de Denain (voy.). Ce vice dans les dispositions d'Eugène n'échappa point ou fut indiqué à Villars. Sur-le-champ il se met en mouvement, donne le change à l'ennemi en simulant une attaque vers Landrecies,

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