Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Les fils de ce géomètre marchèrent sur

ses traces.

JEAN - ALBERT Euler, l'aîné de ces fils, né à Saint-Pétersbourg le 27 novembre 1734, fut aussi un géomètre distingué, sans égaler toutefois le génie de son père. On lui doit une foule de mémoires répandus dans les collections de plusieurs académies d'Europe. En 1761, il partagea avec Bossut (voy.) le prix proposé par l'Académie des Sciences de Paris à l'auteur qui indiquerait la meilleure manière de lester et d'arrimer les vaisseaux. L'année suivante, il concourut avec Clairaut (voy.) et fut couronné comme lui pour un savant mémoire sur la théorie des comètes. Dès l'âge de 20 ans, il fut membre de l'Académie de Berlin; puis successivement secrétaire, inspecteur de l'académie militaire, conseiller de cour au service de Russie, conseiller d'état, etc., il mourut comblé d'honneurs à Saint-Pétersbourg, le 6 septembre 1800.

calcul des fonctions circulaires, répandit | 3 vol. in-4°. Voir Condorcet, Éloge de nouvelles lumières sur l'analyse indé- d'Euler et un autre Éloge, par N. Fuss, terminée, la théorie des nombres, et per- Pétersb., 1783, in-4°. fectionna, concurremment avec d'Alembert, le calcul intégral aux différentielles partielles. Mais ses travaux ne se bornèrent pas à la spéculation: il sut les diriger vers un but d'utilité positive et réelle. Grâce à ses efforts, secondés plus tard❘ par ceux des Lagrange et des Poisson, la mécanique, éclairée par le flambeau de l'analyse, repose aujourd'hui sur les principes les plus rigoureux, et le génie maritime lui saura toujours gré d'avoir appliqué le premier les mathématiques à la construction et à la manœuvre des vaisseaux. Physicien, il acquit un nouveau titre à la reconnaissance des arts en contribuant à l'invention des lunettes achromatiques; philosophe, il se distingua par une tendance marquée vers les idées religieuses: il chercha à démontrer en forme l'immatérialité de l'âme, et défendit la révélation contre les attaques des esprits forts. Jamais écrivain ne fut plus laborieux ni plus fécond : le nombre de ses écrits s'élève à plus de 400, et cependant cette prodigieuse abondance n'a rien de CHARLES Euler, deuxième fils de Léostérile, rien ou presque rien que la cri- nard, né à Saint-Pétersbourg en 1740, tique la plus sévère voulût en retrancher. | s'adonna à l'étude de la médecine et de Fuss, le père, a dressé un catalogue des l'histoire naturelle. Médecin de l'empeouvrages d'Euler, qu'on trouve à la fin reur et membre de l'Académie impédu 2e volume des Institutions de calcul riale des Sciences, il remporta en 1760 différentiel publiées par ce grand géo- | le prix proposé par l'Académie de Paris mètre. Parmi les productions qui ont sur la question de savoir si le mouvefait le plus d'honneur à son génie, il suf- ment moyen des planètes conserve toufira de citer les suivantes: Mechanica jours la même vitesse, ou si, par la sucanalytica, Pétersbourg, 1736, 6 vol. cession des temps, il ne subit pas quelin-4°; Methodus inveniendi lineas cur- que modification. vas, Lausanne, 1744, in-4°; Theoria motús planetarum et cometarum, Ber- | lin, 1744, in-4°; Scientia navalis, Pétersbourg, 1749, 2 vol. in- 4o; Institutiones calculi differentialis, 1755, 2 vol. in. 4°; nouv. éd. Pétersb., 1804; Instit. calculi integralis, Pétersbourg, 1770, 3 vol. in- 4°; Lettres à une princesse d'Allemagne (la princesse d'AnhaltDessau) sur quelques sujets de physique et de philosophie, Pétersbourg, EULOGIES (du grec ɛùλoyśw, je bé1772, 3 vol. in-8°, ouvrage qu'Euler nis), choses bénites, bénédictions. écrivit en français. Le style en est géné- Dans la primitive Église, tous ceux ralement incorrect et la métaphysique | qui assistaient à la célébration de la liSurannée. Dioptrica, Pétersbourg, 1771, | turgie participaient à l'hostie immolée;

CHRISTOPHE Euler, le troisième fils, né à Berlin en 1743, étudia les mathématiques, qu'il appliqua spécialement au génie militaire. Promu par Catherine II au grade de major d'artillerie, il fut envoyé par l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg pour observer le passage de Vénus sur le soleil, en 1769. Sa vie ne présente aucun fait qui puisse intéresser l'histoire des sciences. EM. D.

les absents la recevaient par le ministère | et les côtes du Pont-Euxin jusqu'à Trades diacres sous le nom d'eulogies. Cet pezus, contrées où les armes macédousage servait à maintenir l'union entre les niennes n'avaient pas encore pénétré. évêques qui s'envoyaient souvent l'eulo- Eumènes, vainqueur d'Ariarathe, acheva gie. Quand la piété eut diminué parmi la conquête des deux premières avec l'aples chrétiens, on se contenta de bénir du pui de Perdiccas et malgré l'opposition pain pour ceux qui ne communiaient d'Antigone. pas. Alors les eulogies n'étaient plus l'eucharistie (voy.) comme dans les premiers temps, mais seulement du pain bénit, suisant la prescription du concile de Laodicée, tenu vers le milieu du iv siècle. Dans l'Église grecque, après qu'on a séparé ce qu'il faut de pain pour le sacrifice, tout le reste est coupé en petits morceaux distribués aux assistants ou envoyés aux absents sous le nom d'eulogies. Chaque fidèle reçoit avec respect ce morceau de pain bénit, comme un mémorial de l'eucharistie. Voy. ANTIDORON. Aux siècle, le pape Léon IV, le concile de Nantes et plusieurs évêques renouvelèrent le canon du concile de Laodicée.

Au milieu des troubles qui suivirent la mort d'Alexandre, Eumènes resta fidèle à la cause des enfants de ce prince. Pendant la guerre que Perdiccas, administrateur de l'empire, fit aux chefs ligués contre lui, Eumènes, qui n'avait pu empêcher qu'Antipater et Craterus ne franchissent l'Hellespont, les vainquit dans un grand combat*, et tua de sa main Néoptolème. Cratère fut aussi blessé mortellement dans cette bataille. Eumènes eut ensuite à combattre Antigone à Orcinium, en Cappadoce (320 av. J.-C.), mais trahi par Apollonide, chef de sa cavalerie, il fut défait. Avec 500 hommes dévoués, il se sauva à Nora, forteresse entre la Cappadoce et la Lycaonie, et sut pendant un an déconcerter toutes les attaques dirigées contre lui. L'ambitieux Antigone, dont le but était de dépouiller les enfants d'A

Nous voyons dans les Acta sanctorum des Bollandistes, dans le Père Gretser et dans les Siècles bénédictins de dom Mabillon, qu'on ne bornait pas le nom❘ d'eulogies au pain bénit, qu'on l'éten-lexandre, voulut s'attacher un si redoudait à tout autre objet que l'on se donnait en signe de paix et d'amitié, que cet objet fût consacré ou non par la prière. Cette dénomination s'étendit aussi aux choses offertes à l'Église. J. L.

table adversaire : il lui proposa un projet de traité par lequel ce dernier devait s'engager à n'avoir d'autres amis que les siens. Au nom d'Antigone Eumènes substitua les noms de Philippe Aridée, d'Olympias mère, et des rois fils d'Alexandre, et renvoya le traité ainsi modifié et qu'il avait eu l'adresse de faire sanctionner par les troupes macédonien

EUMÈNES, né de parents obscurs à Cardie, dans la Chersonèse de Thrace, fut d'abord secrétaire intime de Philippe, roi de Macédoine et père d'Alexandre-le-Grand, puis de ce derniernes qui l'assiégeaient dans Nora. Ce désqu'il suivit en Asie (335 av. J.-C.). Aussi vaillant sur les champs de bataille qu'habile dans les conseils, il mérita et obtint le commandement de l'un des deux corps appelés hétères. Pour récompenser ses services, Alexandre lui fit épouser la sœur de sa femme Barsine, fille de Darius. Dans le premier partage des états du conquérant de l'Asie (323 av. J.-C.), Eumènes * eut la Cappadoce, la Paphlagonie

[blocks in formation]

intéressement lui assura la confiance de la reine Olympias, d'Aridée et de Polysperchon, tuteur des jeunes rois. Le siége de Nora fut levé. Eumènes passa en Cappadoce, l'an 319 av. J.-C., pour agir contre Antigone; il avait sous ses ordres tout ce qui restait des vieux soldats de Phi

(*) Cette victoire d'Eumènes dans laquelle pourtant il s'était montré aussi généreux que

vaillant, le rendit odieux aux Macédoniens; car,
disaient-ils, il avait appris aux Barbares à vain-
cre leurs phalanges (voir Plut., in Eumen., 5-7.
Diod. Sic., XVIII, 29-32, etc.). Il fut mis en quel
que sorte au ban de la nation, et l'on fit plusieurs
tentatives pour le faire assassiner par ses propres
soldats.
S>

lippe et d'Alexandre; mais ce dernier n'était plus là pour enchaîner leur volonté aussi Eumènes ne put-il leur assigner à son gré des quartiers d'hiver. La lutte dura plusieurs années : le brave Eumènes suivit le satrape rebelle dans l'intérieur de l'Asie et soutint avec vigueur, malgré les embarras que lui suscitait Peucestas, chef de sa cavalerie, la cause des deux jeunes rois. On en vint à une bataille décisive en Gabiène, l'an 315 av. J.-C.: Eumènes mit d'abord en déroute l'armée d'Antigone; mais ce dernier, profitant de la trahison de Peucestas, tourna la phalange macédonienne et s'empara du dépôt où les Argyraspides plaçaient ordinairement leurs familles et leurs richesses. Il leur offrit ensuite de leur tout rendre s'ils voulaient lui livrer Eumènes ces vétérans de l'armée d'Alexandre consentirent à cette hon-sis (voy.); mais il y a nécessairement un

teuse transaction. Après quelques hésitations, Antigone fit égorger Eumènes.

Ainsi périt, à l'âge de 44 ans, ce grand homme, auquel était promis un brillant avenir. A toutes les qualités du guerrier et de l'homme d'état i joignait une droiture, une élévation de caractère qui le mettaient au-dessus de tous ses rivaux. Ceux-ci, délivrés de son opposition, firent mourir bientôt après Olympias, les jeunes rois et leurs mères, et prirent euxmêmes la couronne, après avoir partagé définitivement entre eux le vaste empire créé par le génie d'Alexandre.

On trouve la vie d'Eumènes dans Plutarque et dans Cornélius Népos. On consultera aussi avec fruit l'ouvrage de Mannert intitulé Geschichte der unmittelbaren Nachfolger Alexanders, Leipz., 1787, in-8°.

J. L-T-A.

EUMÉNIDES, voy. FURIES.

EUMOLPUS. Une tradition le faisait descendre de Triptolème; elle ajoutait que, le premier, il avait institué les mystères d'Eleusis. On n'accordait pas toutefois que ce fût le même qu'Eumolpus de Thrace, car il ne fallait pas que la civilisation d'Athènes eût une source étrangère: les prétentions de l'orgueil national ne le permettaient pas. Cependant les traditions qui, pour consacrer cette manie, faisaient naitre un autre Eumolpus, étaient loin d'être aussi générales. D'autres

auteurs soutenaient qu'Eumolpus était le père de Céryx, et qu'ainsi la race des Ceryces avait une commune origine avec celle des Eumolpides, que nous n'appellerons pas les descendants d'Eumol pas, mais les membres de la maison dont il fut le chef. Suivant la fable, Eumolpus était fils de Poseidon (Neptune) et de Chioné. Il fit avec Eleusis la guerre contre Érechthee. Thucydide et Platon nous en parlent. Érechthée était son bisaïeul, car il avait pour fille Orithya, femme de Borée, et celle-ci fut la mère de Chioné, en sorte qu'Eumolpus se rattachait par la naissance aux rois athéniens de la race de Cécrops. Ainsi que le fait observer M. Creuzer, c'est là sans doute une tradition ou une généalogie de conciliation pour expliquer d'une manière satisfaisante l'origine des mystères d'Éleu

fond historique, autrement Thucydide n'eût point parlé de cette guerre. Érechthée y périt, et de même le fils d'Eumolpus. La paix fut conclue à condition qu'Eumolpus et sa race exerceraient la juridiction sur les crimes commis contre la religion et le sacerdoce suprême, mais qu'Erechthée et ses descendants conserveraient la royauté. Euripide avait fait de cette guerre un sujet de tragédie, et elle était bien propre à cela, puisqu'Erechthée immola sa fille Perséphone pour apaiser les dieux. Les sœurs de l'infortunée jeune fille ne voulurent point lui survivre et s'immolèrent ellesmêmes. Ces expiations passèrent ensuite dans la famille des Eumolpides; le glaive des guerriers devint le couteau du sacrificateur. Précédemment, Érechthée avait sacrifié aux puissances souterraines, et l'une de ses filles s'appelait Chthonia. On retrouve jusque dans la naissance d'Eumolpus l'idée d'alliance de l'eau et de la terre, puisque sa généalogie se rattache aux Érechthides ou hommes de la terre et qu'il est fils de Neptune. Les sacrifices s'adressaient sans doute aussi à Proserpine, la déesse des profondeurs, fille de Neptune, qui pouvait arrêter les fureurs de son père. La transaction qui termine la guerre a encore le même sens.

Les EUMOLPIDES rapportaient leur origine à Musée, fils d'Eumolpus, et,

comme il avait pour mère la lune, ses descendants se disaient médiateurs entre la lumière et les penchants matériels, conducteurs ou guides des mystères (mystagogues), chanteurs par excellence (ɛ- | pool). Les Thesmophories (voy.), fêtes athéniennes instituées 1568 ans av. J.-C., furent aussi confiées à la direction des Eumolpides. A Éleusis, l'hiérophante était de la branche aînée de cette race T. IX, p. 344); il introduisait les néophytes dans le temple, il les initiait. Il fallait que ses mœurs fussent sévères et qu'il se vouât au célibat; on ne parvenait à ce degré suprême qu'à un âge fort avancé et qu'après avoir traversé tous les degrés du sacerdoce. L'hiérophante était nommé à vie; il avait un trône et un diadème, et l'on exigeait de lui une belle voix. Voir Sainte-Croix sur les Mystères du paga- | nisme, et les Religions de l'antiquité par M. Guigniaut (Creuzer). P. G-Y.

historien. Il écrivit une histoire des Césars en 14 livres, depuis Claude II, 268 ans après J.-C, jusqu'au règne des fils de Théodose, Arcadius et Honorius, en 407. Il n'en reste que quelques fragments. Cet ouvrage, écrit sous l'inspiration d'un sentiment païen si violent que l'auteur fut forcé de publier une seconde édition corrigée, devait contenir sur la lutte religieuse du Ive siècle des renseignements précieux, et c'est ce qui rend sa perte infiniment regrettable. Les vies des philosophes ont été publiées avec une version latine par Jonghe (Junius), Anvers, 1568, in-8°, et par Commelin, 1596, in-8°, mais d'après des manuscrits défectueux. La seule bonne édition d'Eunape est celle de M. Boissonade, Amsterdam, 1822, 2 vol. in-8°; elle contient la vie des sophistes et les fragments d'histoire, avec un excellent commentaire. M. Cousin a publié sur Eunape et sur cette édition dans le Journal des Savants, 1826 et 1827, quatre articles fort instructifs qui se retrouvent dans les Nouveaux Fragments philosophiques (Paris, 1828) du même auteur.

F. D.

EUNUQUES. Ce mot et l'origine de l'état qu'il désigne ont été expliqués à l'article CASTRATION, et à l'article CasTRAT il a été dit quel parti on a cherché à tirer pour la musique d'une opération monstrueuse et infâme. Ici, c'est seulement sous le rapport historique que nous voulons parler des eunuques, dont le nom grec, composé de zuvn, couche, et de xw, j'ai, j'occupe, signifie gardien du lit, et rappelle le service des eunuques près des femmes mariées des Orientaux riches ou puissants.

EUNAPE, de Sardes en Lydie, florissait au commencement du v° siècle. Élevé dans la religion païenne par le sophiste Chrysanthe, son parent, grandpontife de la Lydie, il fut, comme lui, l'ennemi du christianisme. A l'âge de seize ans, il alla achever ses études à Athènes, qui était encore la métropole de la littérature et de la philosophie. Étant arrivé gravement malade, il y❘ trouva l'hospitalité la plus généreuse dans la maison de Procrésius, sophiste célèbre qui le soigna et l'aima comme un fils. Après cinq ans de séjour et d'études à Athènes, il se disposait à partir pour Egypte, voyage obligé de tous les philosophes d'alors, lorsqu'il fut rappelé en Lydie par sa famille. C'est là qu'à la demande de Chrysanthe, son maître, il écrivit, pour glorifier la philosophie païenne, les vies des philosophes et sophistes de son temps. Cette biographie contient vingt-trois notices dont quelques-mière, songea à priver des hommes des unes sont assez détaillées. Le style en est organes de la virilité pour les mieux as incorrect et prétentieux; on y trouve les servir dans sa cour. Des aberrations reopinions les plus superstitieuses et d'ar-ligieuses avaient aussi introduit la casdentes préventions contre les chrétiens. tration parmi les galles (voy.), prêtres Néanmoins c'est un ouvrage fort utile pour de Cybèle. De temps immémorial, les l'histoire philosophique et littéraire, et eunuques ont servi à garder les femmes la principale autorité pour le néoplato- dans les sérails de l'Orient, et à remplir nisme de cette époque. Outre sa qualité près des souverains ou des riches seide sophiste, Eunape était médecin et gneurs des contrées asiatiques les fonc

S.

Déjà dans le livre de Job il est question des eunuques. Ammien Marcellin et Justin assurent que Sémiramis, la pre

parce qu'ils avaient la cruauté de faire eunuques non-seulement ceux de leur secte, mais tous ceux qu'ils rencontraient. On les nommait aussi Valésiens, à cause de l'Arabe Valésius, leur chef. Même aujourd'hui, il existe encore en Russie une secte d'Origénistes pratiquant cet indigne usage. A. S-R.

tions les plus intimes de la domesticité. Quelquefois ils acquirent, par des moyens honteux et par des complaisances odieuses, un grand ascendant sur leurs maîtres, comme Bagoas sur Alexandre, Sporus sur Néron, Photin sur le Ptolémée qui fit périr Pompée, Philétère sur Lysimaque, Ménophile sur Mithridate, etc. Lorsque les empereurs romains imitèrent le luxe et la molle et superbe étiquette des despotes orientaux, ils eurent aussi des eunuques dans leur palais. Pour n'en citer qu'un exemple, nous rappellerons cet Eutrope qui, après de ridicules et imaginaires exploits, souilla de son nom les fastes consulaires sous le faible Arcadius, fils de Théodose, et finit par une mort misérable. Peu d'eunuques montrèrent du génie ou de la vigueur d'âme; on cite cependant Favorinus le philosophe; Aristonicus, général de l'un des Ptolémée; Narsès, qui livra l'Italie aux Lombards; Haly, grand-visir de Soliman.

En général, on a remarqué que les eunuques ont tous les caractères de la faiblesse : ils sont souples, menteurs, lâches et méchants. A Rome, ils ne pouvaient pas servir de témoins; l'Église les repousse du ministère des autels. Origène (voy.), en interprétant d'une manière trop littérale un passage de saint Matthieu*, où il est parlé de ceux qui se font eunuques pour le royaume des cieux, avait armé ses propres mains contre lui-même. Il eut des imitateurs excités par un faux zèle de perfection. A l'exemple du concile de Nicée, les empereurs ont souvent publié des défenses très rigoureuses de faire des eunuques ou d'accomplir sur soi-même cette cruelle mutilation.

Tavernier dit qu'au royaume de Boutan on fait tous les ans 20,000 eunuques qu'on envoie vendre en divers pays; mais on sait que les récits de ce voyageur ne sont pas toujours dignes de foi. On en fait encore aujourd'hui, soit en Syrie, soit en Perse, soit en Afrique; et leur prix varie selon que l'opération a été plus ou moins complète.

Il y eut, dans le 11 siècle, une secte d'hérétiques nommés eunuques,

(*) Matth. xix, 11.12.

EUPHÉMISME, mot grec composé de ɛ, bien, et de onui, je dis. L'euphémisme voile, par l'expression, des idées tristes, odieuses ou déshonnêtes; c'est la figure favorite des bienséances. Grâce au déguisement qu'elle opère, l'écrivain de goût ne choquera jamais son lecteur; l'orateur surtout lui empruntera les tours les plus heureux; le poète, des images pleines de chasteté et de réserve. Les anciens en ont fait un fréquent usage, eux qui pensaient, aveuglés par la superstition, qu'articuler certains mots pouvait attirer quelque malheur. De là cette recommandation d'être favorable de la langue (favete linguis), faite au commencement de leurs cérémonies. La délicatesse de l'euphémisme n'appartient pas seulement aux civilisations avancées: on trouve cette figure dans la Bible et dans Homère, et c'est à tort que Mme Dacier a traduit κεῖτον Πάτροκλος (Il., ch. XVIII, ν. 20 ) par Patrocle est mort. Aignan a mieux senti cet euphémisme d'Antiloque :

Patrocle est sur la poudre, etc.

C'est ainsi que dans la tragédie de Raynouard la terrible catastrophe des Templiers nous est annoncée par ces mots :

Mais il n'était plus temps... les chants avaient cessé.

Certaines idées ont nécessairement recours à cette figure pour se produire en bonne compagnie. Molière fait dire à Béralde, dans le troisième acte du Malade imaginaire : « Allez, monsieur, on voit bien que vous n'avez pas accoutumé de parler à des visages. » On eùt justement sifflé le mot propre. Trop souvent l'euphémisme sert à déguiser des pensées licencieuses. L'auteur qui se respecte doit suivre scrupuleusement le précepte de Quintilien : Non-seulement l'expression, mais l'idée ne sera jamais

« ÖncekiDevam »