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ments; la fonderie de cuivre avec lami- | dissement est le port de Quillebœuf, situé à l'embouchure de la Seine et où les gros bâtiments qui ne peuvent remonter jusqu'à Rouen déposent quelquefois leurs cargaisons. Le département appartient a la 14° division militaire; les tribunaux sont du ressort de la Cour royale de Rouen; les établissements d'instruction dépendent de l'académie de la même ville. Il y a 4 colléges communaux et 656 écoles primaires, fréquentées par 29,183 élèves, dont 17,439 garçons. Évreux possède une société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres.

noir de Romilly est une des plus importantes. Le tissage de la laine et du coton occupe un grand nombre de bras; les draps de Louviers jouissent d'un juste renom en France et au dehors. Le département compte aussi plusieurs tanneries, verreries, papeteries, etc. A l'exposition de 1834, l'industrie de l'Eure a obtenu 6 médailles d'or et plusieurs autres honorables distinctions. Ces divers articles, ainsi que l'excédant des produits agricoles, forment ie fond d'un commerce étendu. Le nombre des foires est de 150; elles remplissent 177 journées. Le département est traversé par 11 routes royales, 27 routes départementales et 30,100 chemins vicinaux; ces diverses voies de communication et de transport ont un développement de 24,766 kilomètres ou de 6,356 lieues environ.

La population est, d'après le recensement officiel de 1836, de 424,762 individus, dont 204,660 hommes et 220,102 femmes, donnant un excédant de 514 individus seulement sur le recensement de 1831. Le mouvement de cette population a présenté en 1835 les résultats suivants: naissances, 8,917, dont 4,696 Le département est administrative- garçons et 4,221 filles; sur le nombre toment divisé en 5 sous-préfectures, 36 can- tal, 711 enfants naturels. Décès, 9,588 tons et 798 communes. Les chefs - lieux dont 4,701 hommes et 4,887 femmes. On des arrondissements sont : 1° Évreux, voit ainsi que ce département est du tres qui est aussi chef-lieu du département. petit nombre de ceux où la population Cette ville, ainsi qu'on le verra à l'ar- tend à décroitre. Le nombre des mariages ticle comté d'ÉVREUX, est très ancienne, a été de 3,456. Sur cette population, située sur l'Iton, et a 10,000 habi- 87,319 citoyens sont inscrits sur les contants. On remarque dans le même ar- trôles de la garde nationale, dont 22,000 rondissement le château de Navarre, seulement environ forment la réserve. bâti par les ducs de Bouillon sur les Elle fournit annuellement à l'armée 904 dessins de Mansard, et qui a, dans ces jeunes soldats; elle a payé a l'état en derniers temps, servi de résidence à l'im- 1831, pour les dépenses générales, en impératrice Joséphine; et Ivry-la-Bataille, pôts divers, 13,830, 221 fr. 63 c., de labourg sur l'Eure, dont le nom rappelle la quelle somme doit être déduite celle de célèbre victoire qu'Henri IV y remporta 6,023,632 fr. 20 c. qu'elle a reçue du en 1590 sur le duc de Mayenne; 2° Les trésor pour les divers services adminisAndelys, ville située près de la Seine et tratifs. La différence à son désavantage formée de deux parties séparées par une equivaut au cinquième environ du rechaussée d'un quart de lieue d'étendue, venu territorial du département. On avec 5,000 habitants environ. On recompte parmi cette population 181,929 marque dans le même arrondissement propriétaires, dont 2,794 concourent à Gisors, ville ancienne sur l'Epte, peuplée l'élection de 7 députés, et 45,962 ont de 3,500 habitants; 3° Bernay sur la été appelés en 1834 à la formation des Charentonne, avec près de 7,000 habi- assemblées municipales. Le rapport des tants, renommée par sa foire aux che- écoliers à la population est dans l'Eure vaux, qui est la plus importante de la de 1 sur 15, et celui des condamnés de Normandie; 4° Louviers sur l'Eure, avec 1 sur 5,553. P. A. D. 10,000 habitants, dont les fabriques de EURE-ET-LOIR (DÉPARTEMENT draps ont déjà été signalées; 5° Pont-D'). Situé dans la région nord-ouest du Audemer, ville ancienne sur la Rille, avec royaume et formé d'une partie de l'an5,300 habitants. Dans le même arron-cienne Beauce et du Perche, il a pour

dont la complexion est généralement robuste, sont surtout exposés aux affections pulmonaires. En 1832, 850 individus périrent du choléra, sur 1657 qui furent atteints dans le département. Un rang distingué doit lui être assigné entre tous sous le rapport agricole : ses vastes plaines, légèrement onduleuses, se

sons qui en font un des greniers de la France. La culture y est parfaitement entendue, et toutes les bonnes méthodes sont volontiers accueillies par les populations exemptes de cet esprit de routine qui retarde ailleurs les progrès. Sur 548,304 hectares qui forment la superficie totale du département, les ter

limites, au nord, le département de Eure, à l'est celui de Seine-et-Oise, sad ceux du Loiret, de Loir-etCher et de la Sarthe, à l'ouest celui de TOrne. Le département se trouve divisé par la ligne de faite commune à la Manche et à l'Atlantique en deux portions presque égales. Il affecte ainsi deux penles générales, l'une au nord, sur le bas-couvrent chaque année de riches moisin de la Seine, l'autre au sud, sur celui de la Loire. A l'est, la ligne de faite forme dans le département le plateau d'Orléans ou de la Beauce, dont la hauteur moyenne est d'environ 85 toises, et la plus grande largeur de 7 lieues. La pente nord a pour cours d'eau principal Eare, affluent gauche de la Seine (voy. Particle précédent), et la pente sud leres labourables comptent pour 435,277, Loir, affluent de la Loire, auquel ses eaux parviennent par l'intermédiaire de la Sarthe et de la Mayenne. L'Eure y reçoit par la droite la Voise et la Vesgre, et par la gauche la Blaise et l'Arve; SOD cours y est d'environ 40,000 metres, pendant lequel il reçoit la Connie par la droite, l'Ozane et la Yere par la gauche. Aucun de ces cours d'eau n'est navigable. On pêche dans la plupart des truites, des brochets et des écrevisses d'une remarquable grosseur. Le département compte 22 étangs principaux : celui de Bois-l'étendue du territoire, 5,625 hectares Pallu est alimenté par une source qui, à certaines époques de l'année, vomit de gros poissons qu'on voit subitement disparaitre; quelquefois aussi cette source cesse de couler pendant des années et l'étang reste à sec.

ou pour les quatre cinquièmes. En 1835, la récolte s'est élevée à 1,543,461 hectolitres de froment excellent, et 1,958,864 hectolit. d'avoine. Le département produit aussi, année moyenne, 200,000 hectol. de vin médiocre et une quantité à peu près égale de cidre provenant des plantations considérables de pommiers qui existent dans le département. Les prés occupent 22,581 hectares, et les bois, dont le chêne et le bouleau sont les espèces dominantes, 49,426. Dans toute

seulement sont en landes et bruyères. Le département d'Eure-et-Loir est ainsi, après la Seine, celui qui a le moins de ces sortes de terres; encore une partie de cette surface pourrait-elle être rendue à la culture. Le lin et le chanvre sont d'assez bonne qualité; la gaude, l'ognon, le navet sont encore des produits agricoles du département qui doivent être signalés. Les bestiaux qu'on y élève servent à l'approvisionnement de la capitale. En 1830, le nombre des animaux de race bovine était évalué à 86,161, et celui des bêtes à laine à 700,820. La race des moutons indigènes y est en général belle et de haute taille; le croisement avec des mérinos a produit des métis dont la laine est de très belle qualité. On évalue le produit annuel en laines à environ un million de kilogrammes, dont près de moitié mérinos ou métis. Le nombre des chevaux est de 40,000. On s'occupe en

Le département, quoique assez élevé, De renferme aucune montagne; son sol se compose de terres grasses et fertiles qui reposent sur un fond calcaire ou siliceux où se trouvent de fort belles pétrifications. Les mines métalliques y sont rares; on en retire toutefois du minerai de fer d'assez bonne qualité, ainsi que des sables blancs ou coloriés, de l'argile avec laquelle on fabrique la tuile et la faïence commune, des grès, etc. Le département possède quelques sources ferrugineuses. Le climat est généralement sain et tempéré. On y compte ordinairement de 120 à 150 jours de pluie; les vents soufflent le plus fréquemment de l'ouest ou du nord-est. Les habitants, | grand de l'éducation des abeilles. Le re

on a parlé dans un article séparé. Dans cet arrondissement se trouvent Courville, bourg près duquel est le château gothique de Villebon où mourut Sully; Épernon, petite ville qui fut érigée en duchépairie par Henri III en faveur de Jean de Nogaret de la Valette, l'un de ses favoris (voy. ÉPERNON); Maintenon, qui possède encore le superbe château bâti pour cette célèbre veuve Scarron dont Louis XIV fit son épouse; 2° Chateaudun, petite ville située près du Loir, avec 6,500 habitants, dont l'intelligence vive et prompte est devenue proverbiale dans ces contrées; 3° Dreux, sur la Blaise, avec environ 6,000 habitants (voy, comtes de DREUX). Dans le même arrondissement est Anet, joli bourg de 1,500 habitants, célèbre par le château que Henri II y fit construire pour Diane de Poitiers, et dont une aile seulement a pu échapper aux ravages de la révolution; 4° Nogent-le-Rotrou, ville ancienne située sur l'Huisnes ou Huigne, avec près de 7,000 habitants.

venu territorial est porté à19, 419,000 f. Le département possède divers établissements industriels qui ne doivent pas être passés sous silence. On y remarque un haut-fourneau et quatre forges, une fonderie en fer et en cuivre avec fabrication de poterie en fonte, une fabrique de papier mécanique, plusieurs filatures de coton et fabriques de tissus de laine, une fabrique de sucre de betterave et des tanneries importantes. Ces produits, ainsi que ceux du sol, donnent lieu à un commerce assez étendu, dont les grains et les bestiaux forment la base. Il se tient dans le département plusieurs marchés considérables. Il n'est pas rare de voir vendre sur celui de Chartres, en un seul jour, jusqu'à 10,000 quintaux de blé. Des femmes organisées en corporation depuis des siècles sont seules chargées, moyennant un léger salaire, de recevoir le grain vendu, de vider le sac dans la mesure et d'en compter le prix au vendeur, opération qui s'effectue ainsi avec le plus grand ordre et sans que jamais le moindre soupçon attaque la probité de ces femmes, reconnue intacte. Les volailles qu'engraissent les habitants, et les pâtés de Chartres, qui doivent surtout leur renommée à l'oiseau appelé le pluvier-guignard et dont la chair est très délicate, forment également un article de commerce intéressant. Il y a 99 foires occupant 135 journées. Le département est traversé par 8 routes royales, 18 routes départementales et 8,188 chemins vicinaux dont le parcours total est de 8,208 kilomètres.

Le département d'Eure-et-Loir envoie à la Chambre 4 députés, qui sont nommés par 2,107 électeurs; 28,167 citoyens ont été appelés en 1834 à composer les assemblées municipales; en 1832, on comptait 145,331 cotes foncières, et 56,053 individus inscrits sur les contrôles de la garde nationale, dont 34,184 sur le contrôle de service ordinaire; le contingent annuel pour l'armée est de 569 jeunes soldats. Le département a payé à l'état en 1831, en impôts divers, 9,363,627 fr. 81 cent., La population est, d'après le recense- et il n'en a reçu, par l'intermédiaire des ment officiel de 1836, de 285,058 habi- divers départements ministériels, que tants, dont 137,755 hommes et 147,303 3,920,417 fr. 83 cent., ce qui établit à femmes, chiffre qui présente un excé- sa charge un excédant de près de 5 mildant de 6,238 individus sur le recense- lions et demi pour les dépenses génément de 1831. Le mouvement de la rales du pays. Il appartient à la prepopulation a offert en 1835 les résultats mière division militaire, dont le chefsuivants : naissances, 7,376, dont 3,827 lieu est à Paris; il forme un diocèse garçons et 3,549 filles; sur ce nombre, épiscopal dont le siége est à Chartres; 557 enfants naturels. Décès, 7,081, dont il dépend, pour la justice, de la Cour 3,564 hommes et 3,517 femmes. Cette royale, et, pour l'instruction publique, population est répartie entre quatre ar- de l'Académie universitaire de Paris. rondissements administratifs, 24 cantons On compte dans ce département trois et 451 communes; les chefs-lieux d'ar-colléges; il y a à Chartres une école norrondissement sont : 1o Chartres, qui est male et une sociéte d'agriculture; le aussi chef-lieu du département, et dont nombre des écoles primaires est de 482,

EURIPIDE, le plus jeune des trois tragiques grecs, naquit à Salamine la première année de la 75° olympiade 480 ans av. J.-C.), le jour même où les Grecs remportèrent sur les Perses la célebre victoire qui porte le nom de cette le. Son père se nommait Mnésarque et sa mère Clito; le poète comique Aristophane prétend que celle-ci était une marchande d'herbes, mais l'on ne saurait ajouter entièrement foi à une semblable autorité. Quoi qu'il en soit, le père d'Euripide, ayant consulté l'oracle sur la destinée de son fils, en reçut une réponse qui lui fit croire qu'il devait être élevé en athlète pour obtenir des couronnes dans les jeux publics de la Grèce. Le jeune Euripide remporta en effet le prix aux fêtes d'Éleusis et à celles de Thésée; mais il ne fut pas admnis, à cause de son ige, à concourir aux jeux olympiques. Il quitta bientôt cette carrière peu conforme à ses goûts : il étudia quelque temps la peinture, puis il s'attacha au sophiste Prodicus et au philosophe Anaxagore; enfin il s'adonna à la poésie dramatique qui devait l'immortaliser.

qui sont fréquentées par 25,179 élèves, | cher servilement sur les traces de ses dont 13,802 garçons; le rapport des prédécesseurs; il affectait même de traielèves à la population est 1 sur 12 ha- ter différemment les sujets qu'ils avaient bitants, et celui des condamnés 1 sur déjà mis sur la scène; il adoptait des tra5,451. P. A. D. ditions opposées et moins généralement connues. La crainte de paraître imiter Sophocle le força plus d'une fois de recourir à des moyens que ce grand tragique avait heureusement bannis de la scène. Enfin les études préliminaires d'Euripide, les leçons de Prodicus et d'Anaxagore, sans doute aussi sa liaison avec Socrate, qui, bien que plus jeune que lui de 13 ans, devait néanmoins exercer sur sa manière de voir un certain ascendant, contribuèrent évidemment à donner à ses compositions quelques-uns des mérites et quelques-uns des défauts que l'on s'accorde à y trouver. Les anciens auteurs qui nous ont transmis des détails sur la vie d'Euripide ne sont pas d'accord sur le nombre des pièces qu'il a composées : Varron en compte 75, Thomas Magister 92. De toutes ces pièces, il nous reste 18 tragédies complètes, un drame satyrique et des fragments peu étendus ou simplement les titres de 57 autres. Des 18 tragédies, les plus estimées, sous le rapport de la conduite du drame et de la peinture des caractères, sont: Médée, les Phéniciennes, ou la mort d'Étéocle et de Polynice; Hippolyte, Iphigénie en Aulide. Les autres offrent toutes des scènes d'un grand intérêt ou des passages d'une noble poésie, mais elles pèchent plus ou moins sous le rapport de la vraisemblance ou sous celui de la composition générale; ce sont : Hécube, Oreste, Alceste, Andromaque, les Suppliantes : cette dernière tragédie est ainsi nommée des femmes argiennes qui viennent demander la protection de Thésée pour ensevelir les guerriers d'Argos morts au siége de Thèbes; Iphigénie en Tauride, les Troyennes, ou la mort d'Astyanax; les Bacchantes, ou la mort de Penthée; les Héraclides, Hélène,

Il avait 25 ans lorsqu'il disputa pour la première fois le prix de la tragédie ; il n'obtiat que la troisième place. Quoiqu'il fût contemporain de Sophocle, qui n'avait que 17 ans de plus que lui, Euripide Be trouva pas chez les citoyens d'Athènes qui assistaient à ses pièces les mêmes dispositions, le même esprit, qui avaient favorisé les succès de Sophocle. L'accroissement des richesses, conséquence des victoires et des expéditions heureuses que la république avait dues à sa marine, l'exercice d'un pouvoir sans contrôle par l'assemblée des citoyens, les flatteries des orateurs et des démagogues, les discussions subtiles des rhéteurs et des sophis-Ion, Hercule furieux, Electre, et Rhéles, toutes ces circonstances réunies sus; mais celle-ci, dont le sujet est tiré avaient nécessairement influé sur le goût du dixième livre de l'Iliade, ne paraît des Athéniens et devaient, sinon obliger, pas être d'Euripide. Le drame satyrique du moins entrainer le poète à le satisfaire est intitulé le Cyclope; il a pour sujet les d'une manière différente. D'un autre aventures d'Ulysse dans la caverne de cóté, Euripide ne se souciait pas de mar-Polypheme: c'est le seul échantillon qui Encyclop. d. G. d. M. Tome X.

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nous soit resté de ce genre de composi- | tion burlesque qui accompagnait la représentation des tragédies. Parmi les fragments, le plus remarquable est celui de Phaeton, qui se compose de près de 120 vers, et qui a été découvert en 1818 dans un manuscrit des Épîtres de saint Paul qui se trouve à la Bibliothèque royale de Paris.

La carrière dramatique d'Euripide ne fut pas semée de beaucoup de succès; car, au rapport de Varron et de Suidas, il ne fut couronné que cinq fois. Il fut aussi fréquemment en butte aux railleries d'Aristophane, qui parodiait ses vers et tournait sa personne en ridicule (voy. ARISTOPHANE, T. II, p. 259-60). Cependant, si l'on en croit Plutarque, cela n'empêcha pas qu'il ne fût un poète populaire et que plusieurs passages de ses pièces ne fussent retenus par les spectateurs. En effet, lors de la déroute des Athéniens en Sicile, plusieurs d'entre eux durent leur salut et leur liberté à l'avantage qu'ils eurent de pouvoir réciter aux Siciliens des vers d'Euripide, et à leur retour ils s'empressèrent de lui en témoigner leur reconnaissance.

Euripide ne fut pas heureux dans sa famille: il épousa, dit-on, deux femmes, simultanément suivant les uns, successivement suivant les autres, et n'eut pas lieu de se féliciter de cette double union. Deux ou trois ans avant sa mort, qui eut lieu l'an 406 av. J.-C., dégoûté du séjour d'Athènes, il se retira auprès d'Archélaus, roi de Macédoine, qui le reçut avec beaucoup de distinction et lui accorda toute sa confiance. On raconte qu'ayant été mordu par les chiens de chasse de ce prince, il succomba aux suites de ses blessures. La nouvelle de sa mort fut un

sujet de deuil pour les Athéniens; Sophocle fit paraitre ses acteurs sans couronnes sur la scène. On réciama auprès d'Archélaūs le corps du poète, et sur son refus on éleva à Euripide un cénotaphe qui portait cette inscription: « La Grèce « entière est pleine de sa gloire; mais ses « os sont en Macédoine, où il a terminé ◄ ses jours. >>

Le jugement que les anciens ont porté sur Euripide lui est en général plus favorable que celui des modernes, parce que

ceux-là l'ont considéré moins comme un auteur dramatique que comme un moraliste, un rhéteur, un habile écrivain aussi est-il mis par Quintilien au niveau si ce n'est au-dessus, de Sophocle. Mais les critiques modernes, en particulier ceux de notre siècle, le trouvent bien inférieur à ce grand poète tragique et lui reprochent d'avoir précipité l'art vers sa décadence. Le principal mérite d'Euripide, comme auteur dramatique, vient du talent avec lequel il sait émouvoir les spectateurs; il sentait bien que c'était par là qu'il pourrait donner à ses pièces un cachet particulier aussi a-t-il concentré vers ce but tous ses efforts. Il a excellé dans les caractères qui supposent le dévouement et la résignation, comme ceux de Polyxène, d'Alceste, d'Iphigénie, de Macarie; il a donné à la peinture des passions les couleurs les plus vives que lui fournissait son imagination; il a représenté avec plus d'énergie que ses prédécesseurs les effets de l'amour, de la jalousie, de la folie; mais en même temps il a sacrifié bien des fois la dignité de ses personnages au désir d'inspirer pour eux de la pitié; ils s'abandonnent au désespoir, ils se livrent à toute la fureur de la vengeance, ils se croient les jouets d'une divinité ennemie plutôt que les instruments d'une destinée inflexible. Tels sont sans doute les motifs pour les quels Aristote appelle Euripide le plas tragique des poètes; mais le grand critique ajoute aussitôt qu'il échoue ordinairement dans la conduite de ses pièces. En effet, il a substitué à l'unité du sujet celle du personnage principal de la tragédie; il a introduit, pour soutenir l'inté rêt qui languissait, des épisodes qui sont trop étrangers à l'action; il fait débiter, dans des moments peu opportuns, des récits d'une longueur démesurée, où il déploie une grande richesse de poésie descriptive; il se permet souvent des digressions où il énonce ses opinions par

la bouche de ses personnages; il fait des allusions trop directes à des événements qui ont eu lieu peu de temps avant la composition de ses pièces. Les chants de ses chœurs sont rarement liés à la marche de l'action, de manière à entretenir l'effet produit par les scènes pré

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