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du pays que dans les autres. Leurs auteurs sont ignorés, et de tant de poètes qui chantèrent alors, pas un nom n'a été conservé; ou cite bien un certain Nicolas et un abbé Antonio qui se distinguèrent dans ce genre dès le règne d'Alphonse X; mais on ne désigne point particulièrement les poésies qui leur doivent être attribuées. Éminemment populaires, douées dès leur naissance de l'heureux don d'agir fortement sur la multitude, de la remplir d'enthousiasme et de se graver dans son souvenir, les romances paraissent au contraire avoir été un peu dédaignées par ceux qui se piquaient d'étudier sérieusement les lettres et qui se déco-tues aujourd'hui. Juan Manuel a écrit enraient du nom d'écrivains et de savants. Il ne parait pas par exemple que le roi Alphonse X (voy.), si célèbre de son temps par son amour des lettres et sa grande érudition, ait jamais daigné écrire une romance : il aima mieux s'exercer dans les vers de arte mayor, dont la forme lourde et traînante allait à la tournure pédantesque de son esprit. Deux grands poèmes espagnols intitulés, l'un : Poema del Cid el Campador (voy. CID), l'autre Poema de Alexandro magno, tous deux écrits en vers alexandrins, sont regardés comme ayant précédé les ouvrages d'Alphonse X,et même,selon quel ques-uns, les plus anciennes romances. Leurs auteurs sont inconnus; il est d'ailleurs impossible de rien lire de plus froid, de plus informe, de plus privé de mouvement et d'images, en un mot de plus dénué de toute poésie, que ces deux poè

| trace d'enflure, mais beaucoup de précision et de justesse. Ce livre n'est d'ailleurs qu'une espèce de recueil d'apologues racontés au comte Lucanor par un habile ministre qui lui sert de guide dans toutes ses actions: on en compte quarante-neuf dont la plupart se lisent avec intérêt. La morale, ordinairement exprimée en vers à la fin de chaque apologue, n'offre en général rien de neuf, pour nous qui vivons au sein d'une civilisation avancée; mais il faut se souvenir que don Manuel écrivait au xive siècle, époque à laquelle bien des choses pouvaient paraitre frappantes et utiles qui sont rebat

mes.

Le premier nom vraiment remarquable qui nous frappe dans la liste des littérateurs et des poètes espagnols est celui du prince de Castille, don Juan Manuel, descendant, par une branche latérale de la maison de Castille, du roi saint Ferdinand, et longtemps adelantado mayor des frontières de la Castille du côté de Grenade,sous le roi Alphonse XI. Cet homme, également illustre par sa conduite à la cour et dans les camps, l'est aussi comme auteur de l'ouvrage intitulé Le comte Lucanor, espèce de roman moral où la prose espagnole se montre pour la première fois claire, facile, élégante; où l'on ne trouve, chose remarquable, aucune

core une chronique d'Espagne (Chronica de Espana), un livre des sages (Libro de los sabios), un livre sur la chevalerie (Libro del caballero): tous ces ouvrages sont perdus, ainsi qu'un recueil de poésies. Si ces poésies étaient des romances, comme on a tout lieu de le croire, il est vraisemblable que la plupart se retrouvent dans le Cancionero général, où l'on en voit un grand nombre qui portent le nom de Juan Manuel. Le célèbre roman de l'Amadis de Gaule est aussi du XIVe siècle; mais malgré la vogue étonnante qu'il acquit rapidement, son origine est restée indécise; on ne sait si l'on doit le faire naître en France, en Espagne ou en Portugal. L'opinion qui paraît la plus vraisemblable l'attribue à Vasco de Lobeira, Portugais qui aurait vécu vers 1300 (voy. AMADIS); mais il parait aussi qu'il fut presque aussitôt traduit, remanié et embelli par plusieurs écrivains français et espagnols, de sorte qu'il serait très difficile aujourd'hui de dire ce qui appartient dans cette œuvre à chacun de ceux qui y ont mis la main. Ce qui est beaucoup plus facile à constater, c'est l'influence énorme qu'elle a eue sur le génie espaguol; elle répondait parfaitement aux idées chevaleresques déjà puissantes sur la nation, au goût du merveilleux déjà inspiré par les Maures. Un peu guindee dans la forme, quoiqu'au fond sensuelle et voluptueuse, pleine de sentiments de piété et de maximes morales qui n'empêchaient pas l'amour de se manifester dans son délire, elle flattait tous les traits du caractère espagnol, qui jus

cer fortement; elle les flattait en les exaltant outre mesure, et elle eut ce mauvais fales de pousser les hommes sur lesquels toe agit dans des voies trop exagérées pour que le faux ne s'y rencontrát pas beaucoup plus souvent que le vrai.

irment alors commençaient à se pronon-mier ouvrage fut un chant funèbre sur la mort de son ami. L'idée a quelque rapport avec le commencement de l'Enfer du Dante; mais dans l'execution l'auteur s'est montré plus souvent érudit qu'inspiré. Son poème intitule le Manuel des favoris (el Doctrinal de privados), et qui roule sur la disgrace et la mort d'Alvar de Luna, favori de Jean II, paraît d'un ordre supérieur. Le reste des ouvrages poétiques de Santillane est de peu d'importance. On a conservé de lui, comme ouvrage critique, une dissertation adres

Le xv siecle vit monter Jean II sur le rise. Avec lui y prit place cet amour des tres que l'on avait dejà vn régner sous Apaanse X et sous Alphonse XI. Jean II latan prince faible qui ne sut pas tenir d'une main assez assurée le gouvernail de etat, ebranle alors par des factions vio-sée au prince de Portugal, dans laquelle eates; cependant la protection constante il avance des opinions assez étranges, jali accorda aux écrivains de son temps comme celle, entre autres, que la poésie est a releve son nom. Parmi ces écrivains se tout entière fondée sur l'allégorie. Juan trouvaient de grands seigneurs qui, sui- de Mena, né dans la classe moyenne, at l'exemple de don Juan Manuel, par- n'en fut pas moins admis dans l'intimité tageaient leur vie entre l'étude, la poli- de Santillane, et même du roi Jean, qui que et la guerre. Ils récompensèrent lui témoigna toujours une grande consitan II par une fidélité constante, par un dération; son Labyrinthe, appelé encore devouement sans bornes, de l'amour qu'il les trois cents stances (las Trecientas), Ba montré pour ce qui faisait le bon- écrit en vers de arte mayor, est un ouheur et le charme de leur vie. A la tête vrage très singulier, où l'imitation du de ces seigneurs nous placerons le mar- Dante est visible, mais où le génie du Enrique de Villena, descendant par Dante a manqué au poète. C'est un grand soa pere des rois d'Aragon et par sa mère tableau allégorique de la vie humaine, dides rois de Castille. Ses connaissances visé en sept ordres, à cause des sept pladans les sciences abstraites étaient si éten- nètes, et où l'on trouve trois grandes dues pour son temps qu'elles le firent roues qui représentent le passé, le prépasser pour magicien. Ses ouvrages sont: sent et l'avenir; il y a des passages rethe comedie allégorique dans laquelle on marquables par un sentiment élevé et toyait agir comme principaux personna- éloquent de nationalité. Le Calamicleos sla Justice, la Verité, la Clémence, la que Juan de Mena dédia au marquis de Pax; les travaux d'Hercule (Trabujos Santillane, et que l'on a désigné depuis de Hercules, conte mythologique en sous le nom plus simple de la Coronaprose; une traduction de l'Enéide, per-cion, est une suite de questions ou d'édae; enfin une espèce de poétique qui nigmes en vers dactyliques que les deux est regardée comme l'ouvrage le plus an- poètes s'adressent l'un à l'autre. Juan de cien de ce genre dans la littérature espa- Mena entreprit dans sa vieillesse un autre ole; elle est intitulée : la gaie Science poème intitulé Traité des vertus et des Lagara Ciencia), et adressée au marquis vices, où il chantait sur le ton de l'épode Santillane, auquel Villena raconte ses pée la guerre de la raison contre les pasforts pour établir en Castille les jeux sions. Il n'eut pas le temps d'achever cet rox deja adoptés en Aragon, et pour ouvrage, 1456. ntroduire les formes poétiques limousibes et aragonaises dans la langue castillane. De là, il remonte à des considéralos générales sur la poésie; puis il donne les règles de la prosodie castiilane. Ce marquis de Santillane (Inigo Lopez de Mendoza, élève et ami de Villena, marcha avec ardeur sur ses traces. Son pre

Autour de ces trois poètes principaux de la cour de Jean II se groupe une foule d'auteurs secondaires dont nous croyons inutile de rappeler les mœurs et les ouvrages; il suflira, pour donner une idée de la fécondité du xve siècle, de dire qu'il a produit cent trente-six poètes lyriques dont les œuvres sont réunies, avec d'au

tres plus anciennes et d'autres du même | siques, qui, non contents de mettre dans temps restées anonymes, dans le Cancionero general.

Si l'on ajoute aux ouvrages que nous venons de nommer le Mingo Rebulgo, attribué par les uns à Rodrigue de Cota, par d'autres à Juan de Mena, le roman dialogué de Calixte et Mélibée, commencé par le même Rodrigue de Cota, terminé par Fernando de Roxas, quelques biographies bien écrites, entre autres celle du comte Alvar de Luna, on aura un tableau à peu près complet de l'état de la littérature espagnole au xvi° siècle, état sur lequel nous avons cru devoir nous étendre d'autant plus qu'il est moins

connu.

Au xvi siècle, l'Espagne qui, jusqu'alors, avait eu des destinées à peu près indépendantes de celles du reste de l'Europe, se trouva tout à coup, par l'avènement de Charles - Quint, engagée dans le mouvement général dont elle devint même, pour un siècle, un des rouages principaux; en même temps, l'unité de la monarchie se trouvait accomplie par la réunion de l'Aragon et de la Castille, et par la soumission de Grenade. Unité, obéissance au dedans, sous la main puissante d'un seul souverain, rapports fréquents au dehors avec des nations jusqu'alors peu pratiquées, telles furent les conditions nouvelles de l'existence des Espagnols au XVIe siècle. La littérature s'en ressentit comme le reste on y vit se développer un esprit d'imitation qui jusqu'alors, avait été complétement repoussé. Boscan Almogaver (voy.) transporta le premier les formes italiennes dans la poésie castillane. Son ami Garcilaso de la Vega, qu'il ne faut pas confondre avec l'historien de ce nom, surnommé l'Inca (voy. VEGA), adopta le même système; tous deux répandirent dans leurs poésies une élégance, une souplesse, une douceur inconnues à tous ceux qui les avaient précédés; ils tempérèrent, sans le détruire entièrement, ce penchant à l'exagération, cet amour de l'hyperbole et des métaphores outrées qui fut de tout temps un des traits les plus marqués du génie espagnol. On peut les désigner comme les premiers qui aient mérité dans leur patrie le titre de clas

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leurs ouvrages de la verve et de l'imagination, aient encore voulu y joindre le goût et la délicatesse. Mais un homme bien autrement remarquable fut don Diego de Mendoza (voy.): celui-ci a su mériter le titre du classique et rester cependant tout-à-fait original. Dans ses poésies, il est vrai, il s'est, comme Boscan et Garcilaso, attaché à l'imitation italienne et particulièrement à celle de Pétrarque; encore là même, avec une élégance digne de la leur, se montre-t-il plus énergique, plus hardi, plus plein de pensées fortes et neuves. Mais dans sa prose, loin de se traîner sur les traces d'un modèle, il s'est lui-même placé assez haut pour être proposé à l'admiration et à l'étude de ceux qui viendraient après lui; il a porté la langue espagnole au plus haut point de perfection où elle pût atteindre dans son Histoire de la guerre des Maures de Grenade sous Philippe II; et dans son roman de Lazarille de Tormes, il l'a fait voir non moins comique et non moins plaisante que Cervantes ne l'a montrée depuis dans son Don Quichotte. Si l'on songe que Mendoza était en même temps un des hommes d'état le plus souvent consultés par CharlesQuint et Philippe II, un des hommes de guerre qu'ils se plaisaient le plus à employer dans leurs armées; qu'il fut ambassadeur auprès du concile de Trente, puis auprès du pape Paul III, qu'il gouverna sept ans avec une autorité absolue une grande partie des possessions espagnoles en Italie, on sera saisi sans doute d'un vif étonnement et d'une juste admiration. A cette époque, où l'Espagne se montra si glorieusement féconde, elle produisit encore Hernando de Herrera (voy.), qu'on regarde comme celui de ses lyriques qui s'est élevé le plus haut, que l'on a surnommé le Pindare espagnol et auquel on donna aussi le titre de divin; il écrivait du temps de la bataille de Lépante, et il a laissé sur cette bataille une ode célèbre dans laquelle, à la vérité, loin de s'en tenir à la sage sobriété de Boscan et de Garcilaso dans le choix des images, il s'est laissé entraîner à des métaphores de l'exagération la plus outrée. Au contraire, Luis Ponce de Léon son

contemporain, qui a conquis parmi les | prit moderne, le second répandait les trésors d'une imagination et d'une verve inépuisables dans des drames dont le nombre prodigieux étonne la pensée. Caldéron venu un peu après Lope, avec une fécondité presque aussi étonnante, avec des ressources non moins merveilleuses dans son imagination, mit plus

lyriques une place voisine, si même elle n'est pas égale, ne s'est jamais écarté dans ses douces et pures poésies des lois de la raison et du goût, et n'en a pas été pour cela moins poétique. Ce poète, qui mourut, en 1591, général de l'ordre des augustins à Salamanque, n'a écrit que sur des sujets pieux et mystiques aux-d'art dans la conduite de ses drames, quels la douceur de son âme et l'enthou- répandit sur son style un coloris plus siasme de sa piété ont donné un grand éblouissant et plus magique, eut le boncharme. Deux célèbres Portugais, Saa heur inouï enfin, en succédant à celui de Miranda (mort en 1558) et Monte- que ses contemporains avaient surnommé mayor (mort en 1561), doivent être nom- le prodige de la nature, de se placer à més ici, puisque leurs ouvrages les plus un rang plus élevé encore. C'est dans importants, surtout ceux de Jorge de Caldéron que l'on peut voir l'art draMontemayor, ont été écrits en castillan. matique espagnol arrivé à sa forme la Tous deux se sont distingués dans la poé- plus complète; forme qui, malgré des désie pastorale. Saa de Miranda, chez lequel fauts que nous ne cherchons pas à nier, l'expression est toujours un peu négligée, est cependant si riche et si éclatante, si passe à juste titre d'ailleurs pour unique animée, qu'au premier coup d'œil elle dans son genre, quant à la naïveté et à semble jeter dans l'ombre toutes celles l'abandon. Montemayor est auteur du ro- qu'on veut lui comparer. L'auteur de man pastoral de Diane publié en 1562, Don Quichotte prétendit aussi à la gloire qui a eu un grand nombre d'éditions, et dramatique : les comédies qu'il a laissées dont il existe six traductions en français; sont médiocres; mais dans la pièce inticet ouvrage, mélange de prose et de vers, tulée Numance, et qui a pour sujet la n'est plus connu aujourd'hui que par prise de cette ville par les Romains, se la mention qu'en fait le curé dans l'in- révèlent parfois des traits d'une grande ventaire de la bibliothèque de Don Qui- force tragique. Avant lui, sous le règne chotte, quoiqu'il renferme des beautés de Philippe II, un dominicain nommé qui lui mériteraient de l'être pour lui- Bermudez s'était déja essayé dans ce même; ceux qui ont conservé dans leur genre du tragique sombre et terrible qui mémoire le détail exact de l'inventaire ne reçut jamais la sanction du goût natiode la bibliothèque peuvent se souvenir nal. Les deux pièces qu'il composa (il les aussi que ce roman a eu beaucoup de publia sous les noms d'Antonio de Selva) continuateurs, parmi lesquels Gil Polo sont toutes deux l'histoire d'Inez de Cas(mort en 1572) est le seul qui se laisse lire. tro; on y remarque un penchant prononcé Si les règnes de Charles - Quint et de pour les formes classiques et l'imitation Philippe II furent glorieux pour la litté- des anciens. L'aîné des frères d'Argensola rature espagnole, ceux de Philippe III (voy.), contemporain de Cervantes et de et de Philippe IV le devinrent davan- Lope de Véga, a écrit aussi des tragédies, tage encore. C'est alors qu'on vit paraitre l'Isabelle et l'Alexandra; Cervantes leur ces hommes dont la renommée ne devait prodigue dans Don Quichotte de beaupas rester bornée aux limites du pays qui coup trop grandes louanges. Dans ces leur donnait le jour, mais était destinée pièces, le goût classique se fait voir surà s'étendre sur l'Europe entière, à être tout dans le style. Ces deux frères se sont confirmée par l'admiration de tous les également distingués par des poésies lysiècles et de tous les pays; c'est alors riques, des épîtres et des satires, où la que l'on vit briller les noms immortels❘ manière d'Horace est saisie et imitée de Cervantes, de Lope de Véga, de Cal- avec un rare bonheur. Barthélemi, le déron. Tandis que le premier créait, second, a laissé de plus une histoire de sous la forme modeste du roman, l'un la conquête des îles Moluques et une condes plus grands chefs-d'œuvre de l'es-tinuation des annales d'Aragon par ZuEncyclop. d. G. d. M. Tome X.

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Tout à la fin du xvIe siècle se form l'école des Gongoristes, que pour le fau goût, les expressions recherchées, l'affec tation et la bizarrerie, on peut compare à celle des Marinistes en Italie. Ce fu vers la même époque que le goût com mença ainsi à se dépraver chez les deu peuples. On a remarqué que, comm Marini était Napolitain et élevé parmi de Espagnols, c'etait à l'Espagne que l'o devait rapporter l'origine de cette nou velle et pernicieuse manière qui se déve loppa simultanément chez elle et en Ita lie, et dans laquelle, en effet, on retrouv beaucoup des caractères de ses ancien poètes, avec un surcroît d'exagération d'amphigouri. Don Luis de Gongor (mort en 1627), chef de l'école qui port son nom, mêla parfois beaucoup d'espri aux extravagances qu'il débita dans se poésies et au style tout particulier qu'il voulut introduire; mais chez ceux qui l suivirent, l'extravagance paraît avoir to talement étouffé l'esprit.

rita (voy.), qui le placent honorablement | palme refusée à son altière voisine parmi les meilleurs historiens, sans en faire l'égal du célèbre Mariana (voy.), qui, ayant commencé à écrire sous le règne de Charles-Quint et n'étant mort qu'en 1623 à l'âge de 90 ans, appartient à la fois à deux siècles et à trois règnes. Son Histoire générale d'Espagne est trop universellement connue pour que nous ayons bescin d'insister sur son mérite et d'en relever les défauts. Nous devons encore compter au nombre des historiens estimables Antonio de Solis (voy.), auteur de l'Histoire de la conquête du Mexique, et qui, en même temps qu'il s'illustrait dans ce genre grave, se montrait, dans les comédies de cape et d'épée, l'un des plus heureux émules de Caldéron. Les succès de celui-ci et de son devancier Lope de Véga avaient donné un tel élan aux poètes que la liste complète de ceux qui composèrent des drames serait beaucoup trop longue pour trouver place ici: nous nous contenterons de citer Augustin Moreto, bon imitateur de Térence; Juan de Hoz, qui a laissé une excellente comédie intitulée l'Avarice punie; Tirso de Molina, qui le premier a traité le sujet de don Juan; Francisco de Roxas, celui de tous qui a su imaginer les imbroglio les plus compliqués; enfin Guilhen de Castro, qui traita le sujet du Cid, immortalisé un peu plus tard par Corneille.

Nous avons déjà parlé des nombreu imitateurs de Caldéron et de Lope d Véga; Cervantes n'en eut pas moins : le noms de cette foule d'écrivains de romam et de nouvelles qui, dès qu'il eut publi son Don Quichotte, se mirent à travaille d'après lui, ne méritent guère de se gra ver dans notre mémoire. Nous nous re procherions cependant de passer sou silence le nom de Matheo Aleman, auteu de Gusman d'Alfarache, traduit dan toutes les langues, comme Lazarille d Tormes et Don Quichotte.

Cette époque si riche des rois de la mai son d'Autriche a encore donné Queved (mort en 1645) et Villegas (mort en 1669Quevedo (voy.), aussi surnommé y Ville gas, fut l'un des adversaires les plu ardents du gongorisme, et, venu un pe après Cervantes et les frères d'Argensola il rendit un culte constant à l'élégance e au bon goût dont ils avaient donné l'exem

Cette même époque vit naître beaucoup de poèmes épiques, dont le plus connu au-delà des Pyrénées, quoique d'autres peut-être méritassent plus cet honneur, est l'Araucana (1569) de don Alonzo de Ercilla y Zuniga. Voltaire en a rapporté de beaux passages, ce qui n'empêche pas le poème d'être dans son ensemble ennuyeux et illisible. Le décousu dans le récit, l'absence d'intérêt soutenu, l'exagération trop fréquente des images et des pensées, détruisent dans ce poème tout l'effet que pourraient produire quelques beautés de détail. On en peut dire à peuple. Ses ouvrages sont nombreux et tou de chose près autant des autres : après les avoir lus, on reste convaincu que l'Espagne, malgré les efforts de plusieurs de ses poètes, ne possède point d'épopée. Le Portugal devait seul cueillir, par la main du Camoëns (voy.), cette

écrits en vers, sauf quelques-uns qui trai tent de théologie. Il a excellé surtou dans le genre satirique, où il nous sem ble que personne dans sa patrie ne l' surpassé, ni même égalé. Estevan Ma nuel de Villegas (voy.) est regarde

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