Sayfadaki görseller
PDF
ePub

mployer pour découvrir les forces ou la position de l'ennemi. Alfred-le-Grand be dedaigna pas d'aller lui-même dans le camp de ses ennemis, avec l'habit et la harpe d'un barde, saisir les secrets qui le firent remonter sur le trône d'Angle-pocrisie des fausses caresses qui s'y pro

terre.

L'homme qui a pris part à un acte coupable ou qui en a seulement été témoin ou dépositaire peut, dans la crainte d'être puni ou dans l'espoir d'une rémuneration, ou pour accomplir un devoir de conscience, se faire délateur en révélant le crime dont il a eu connaissance; mais si cet homme n'a pu acquérir cette connaissance que par des rapports empresses et hypocrites avec les personnes qu'il dénonce et dans le but de découvrir leurs secrets, s'il avait mission de participer à leurs actes pour en rendre compte, c'était alors un espion. Toute espece de police, la haute politique, la diplomatie,marchententourées d'espions, malgré l'infamie qui se rattache aux misérables agents dont elles achètent les services, agents toujours méprisés, désavoués de ceux qui les emploient et pumis lorsqu'ils sont découverts, et qui trop souvent, pour gagner leur vil salaire, poussent au crime la malheureuse victime qu'ils doivent saisir. Strada, historien du In siècle, les appelle les oreilles et les yeux de ceux qui gouvernent. L'astuce et la dissimulation étant leurs premières qualités, il n'est pas étonnant qu'ils servent quelquefois avec la même habileté les partis les plus opposés: on les nomme alors espions doubles.

est dit « La famille vit parmi nous sous la protection d'une renommée de vertu que la magistrature tremble de suspecter la famille est un répertoire de crimes, un arsenal d'infamie!... L'hy

diguent a passé dans le style des songescreux. Dans une famille de 20 personnes, la police devrait poser 40 espions.

[ocr errors]

C'est sous ce même Sartine que la machine de la police commença à fonctionner avec régularité: il y avait sous sa lieutenance des espions qui suivaient la cour, et que devait entretenir le prévôt de l'hôtel; les espions politiques, qui étaient employés par le ministre des affaires étrangères, devaient soigneusement l'informer de tous les étrangers de marque venant à Paris et en sortant, ainsi que des motifs de leur voyage et de leur conduite pendant leur résidence. On trouve dans l'état des dépenses annuelles de la police sous les lieutenants généraux que celle de l'espionnage montait à 20,000 livres seulement. Cette somme était certainement modique, mais le lieutenant de police avait à donner des places et des récompenses; il avait le droit de prélever des rétributions sur les académies de jeux, il pouvait obliger et punir, ce qui le mettait à même de satisfaire tous les espions qu'il employait.

Notre société actuelle, en reprenant dans son sein les malheureux envoyés par forme de punition à l'école du crime et flétris par la marque indélébile que ce séjour et le fer du bourreau leur ont imprimée, oblige la police à s'environner Dans les armées, ils furent souvent d'espions, choisis parmi ceux-là même utiles; ils y sont indispensables pour dont elle redoute les projets criminels. eviter les embuscades et les surprises. C'est ce qui explique l'importance qu'un Autrefois, et jusqu'à la fin du siècle der- magistrat, chargé de la police de Paris, nier, on jugeait et tuait les espions enne-attachait à la conservation d'un agent más en vertu d'anciennes traditions; ils trop fameux aujourd'hui pour qu'il soit étaient pour ainsi dire hors la loi, et les nécessaire de le désigner par son nom, généraux livraient aux prévôts ou en- « Il est dans les choses possibles, écrivaitvoyaient prévôtalement à la mort les indi-il à un procureur du roi en 1816, que vidus suspectés d'espionnage. En France, quelque malfaiteur bien pervers, qu'il le Code pénal de 1793 est intervenu: aurait précédemment arrêté, ou ses amis aujourd'hui les espions sont jugés par les et complices, aient voulu s'en venger en conseils permanents, sans que leur sort y cherchant à l'impliquer dans leur affairs at trouvé beaucoup d'amélioration. et priver la police de Paris d'un agent dont le zèle, l'intelligence et l'activité ne sont utiles. Comme il les connaît, ainsi

On frémit à la lecture d'un rapport attribué à M. de Sartine (voy.) où il

que leurs habitudes, personne n'est plus | cret, selon lui, se résumait en deux mots : redoutable pour eux. » avouer toujours.

L'organisation de sa brigade de súreté remonte à 1812; elle fut d'abord composée de quatre agents, et s'augmenta successivement. En 1823 et 1824, le nombre de ces limiers de la police s'éleva à 20 et même à 28. A cette époque, elle ne coûtait que 50,000 fr., M. Delavau ayant permis à ses agents de tenir sur la voie publique un jeu de trou-madame, dont le produit, du 20 juillet au 4 août 1823, s'éleva à 4,364 fr.

On s'est beaucoup occupé du personnel de l'espionnage: le lieutenant de police Berryer avait reconnu la néces

On sait en effet quels services cet homme a pu rendre par sa manière adroite de s'emparer sans bruit de criminels décidés à faire payer leur arrestation, en les prenant comme s'il se fût agi de voler un mouchoir. L'enlèvement, à Sceaux, de l'assassin de la belle Normande, en défiant ce scélérat de lui prouver qu'il n'a pas son chien, s'offrant d'ailleurs de lui payer 12 francs pour sa journée, est un acte qui fait honneur à son habileté. Il ne fut pas moins heureux dans l'arrestation de Lézier, assas sin de son propre beau-père, cultivateur à Montreuil-aux-Pêches, en 1823. «L'as-sité de se servir de voleurs échappés sassin de votre beau-père est arrêté, lui dit-il en entrant avec un autre agent qui le suivait. Pas possible; qui est-il donc? On n'en sait rien encore; mais il vient d'être arrêté à l'instant même et il est chez M. le maire. Je viens vous prier de prendre la peine de venir voir si vous ne le reconnaîtrez pas pour l'avoir vu rôder dans le pays. » En route, l'agent principal et son suivant donnèrent le bras à l'assassin, qui, arrivé chez le maire, demandait à voir l'homme arrêté : pris par la main et conduit devant une glace, le misérable apprit bientôt que c'était lui.

des mains de la justice, et de les admettre au nombre des observateurs, espions et recors; à la moindre prévarication de ces agents, qu'on appelait alors échappés de Bicétre, on les réintégrait en prison, où ils étaient forcés de rester aux cachots, de peur d'être massacrés comme traîtres ou apostats par leurs anciens camarades. Cette crainte rendit leurs services plus actifs et moins chers. Mais, ainsi qu'on le dit dans les Mémoires tirés des archives de la Police et publiés sous le nom de Peuchet (t. II, pag. 128), << entre le bas peuple et les subalternes de la police, il y a lutte continuelle. Ce sont des chiens mal appris qui saisissent avec fureur l'occasion de se mordre.... La police n'apprendra pas à respecter

Mais si ce Croquemitaine des voleurs se fût trouvé chargé de faire espionner d'honnêtes gens, nul doute qu'il n'eût été plus à craindre que les voleurs eux-l'ordre tant que ses surveillants seront mêmes, puisqu'il aurait pu, à l'aide de faux rapports et quelquefois de faux témoins, compromettre la sûreté de citoyens paisibles, surtout ayant la manie de toujours trouver un coupable de quelque manière que ce soit.

[merged small][ocr errors]

tirés du bagne et auront des revanches à prendre sur le tiers et le quart. Quand ces deux éléments de la lie nationale sont en contact, ils entrent en fermentation. » La police paraît avoir aussi employé avec avantage des domestiques retirés du service, de même que la police autrichienne tient à ses gages tous les laquais de place. Les bons résultats qu'elle obtint de sa surveillance et de ses rapports avec les cochers de voitures publiques, les logeurs, certains marchands, les maîtresses de maison, etc., firent tenter d'établir ces mêmes rapports avec les domestiques: M. Pasquier renouvela une ordonnance modifiée qui les forçait de recourir aux livrets et de les faire viser à la préfecture, chaque fois qu'ils sortiraient ou

entreraient chez un maître. On sentit trop bien la portée de cette ordonnance pour que personne consentit à de tels rapports avec la police.

mettre en circulation par la frayeur, les surveiller après les avoir forcés de se produire en évidence, et par ce moyen les suivre partout pour frapper à propos sur eux et sur leurs complices un coup ferme et décisif. A la police, les hommes d'état ne se décident pas pour peu; ils

La nécessité d'un espionnage régulier fit sentir le besoin de relever cet office aux yeux du public : « Nous avons été privés, disait Agier, le père, dans un rap-attendent que le trésor de la conspiraport du Comité des recherches aux représentants de la Commune, le 30 novembre 1789, d'un nombre suffisant l'observateurs, espèce d'armée qui était anx ordres de l'ancienne police et dont elle faisait un si grand usage. Si tous les districts étaient bien organisés, si leurs comités étaient bien choisis et peu nombreux, nous n'aurions vraisemblablement aucun sujet de regretter la privation d'une ressource odieuse que nos oppresseurs ont si longtemps employée contre nous. » Le rapporteur se flattait de rendre l'espionnage national en le transformant:

tion se grossisse pour faire un plus riche présent à l'échafaud. L'indiscrétion d'un ministre est un moyen de première force dans ce calcul, surtout avec des gens qui sont obstinés. »

Nous aurons occasion de revenir sur les talents que ce premier ministre de la police sut déployer dans les moments les plus difficiles. Voy. FOUCHÉ, POLICE, etc.

Les deux faits d'espionnage de notre époque qui firent le plus de bruit sont celui de Simon Deutz, protégé de madame la duchesse de Berry, dont il procura l'arrestation, et celui de Conseil, envoyé par le ministre de l'intérieur en Suisse, et que le ministre des affaires étrangères désavoua. Conseil fut sur le point de brouiller la France avec la Confédération helvétique, où il surveillait les réfugiés de tous les pays, sans que l'ambassadeur fût dans le secret. Ces deux affaires sont encore trop fraichement imprimées dans tous les souvenirs pour qu'il soit nécessaire de salir nos pages par le récit que nous en ferions. L. L-T.

Pendant que le bureau central exerçait a surveillance sur la capitale, et que le ministre de la police Fouché l'organisait ar une plus vaste échelle pour toute la France, les agents secrets des princes 'occupaient d'une contre-police. Dupey, qui en devint le directeur, promit, un mémoire adressé à M. Hyde de enville: 1° d'obtenir tous les jours du reau central les rapports de police; de connaître les dénonciations qui s'y ESPONTON ou SPONTON. Les offimaient contre les royalistes; 3o de sa- ciers d'infanterie portèrent jusqu'en 1776 quels seraient les individus que la l'esponton au lieu de piques et de demiice mettrait en surveillance; 4° d'être piques; les officiers des compagnies bourruit à temps de tous les mandats d'ar-geoises en étaient encore armés au com* qui devraient être lancés contre des mencement de la révolution ; dans l'armée onnages attachés à la cause, et 5o de anglaise, les sergents ont conservé l'eserre les individus dont on lui don- ponton, quoique la troupe ait le fusil. rait la liste. L'esponton est une sorte de pique de huit Par un rapport du 7 janvier 1800, Du-pieds de long au plus, les uns, dit Sainton avertit le chevalier de Coigny Remy, dorez, les autres de relief, ou j- était mis en surveillance, et que tout unis, à vive arreste, la lame d'un Hyde de Neuville était menacé. L'o- grand pied sur le bois de Biscaye. grondait. Le ministre Fouché avait mancé au bureau central qu'il existait conspiration tendant à rétablir l'anregime, en l'invitant à redoubler de ance: Si Fouché parlait de la sorte, Pachet (ouvrage déjà cité, t. IV, pag.

c'est qu'il ne voulait pas encore parer des gens, mais seulement les

Nous présumons que les officiers furent armés de l'esponton parce que cette arme était moins embarrassante que la pique,qui avait 20 à 21 pieds de longueur, et moins lourde que la pertuisane et la hallebarde. Il y avait des espontons qui se brisaient par le milieu et se séparaiert en deux parties qu'on réunissait par une

sa pénétration, sa vivacité, son caractère, se peint dans l'homme physique, particulièrement dans la physionomie, dans

douille; c'était sans doute pour les por- | qui parle*. L'esprit ou l'âme, son activité, ter plus facilement en route. C. A. H. ESPRIT (spiritus, souffle). Ce mot semble d'abord avoir désigné la condition et le signe même de la vie, l'air, la respi-le regard, dans l'attitude de tout le corps, ration*; plus tard, il signifia la vie même, le principe vivant qui anime le corps; on conçut ensuite ce principe isolé du corps; on lui donna conscience, connaissance, volonté, en un mot on en fit un esprit. Réuni au corps, l'esprit s'appelle proprement âme (voy.). Cependant on distingue quelquefois entre l'âme et l'esprit, l'âme s'entendant plutôt de l'activité appétitive, sensible ou inférieure, et l'esprit de l'activité intellectuelle, rationnelle et supé-❘ rieure. Nous ne nous arrêterons point à cette distinction, attendu que le principe qui sent est le principe qui connaît.

dans les mouvements, dans la parole, dans les goûts, les habitudes, et surtout dans les ouvrages qui demandent quelque réflexion. Ce sont là autant de signes destinés à traduire l'âme au dehors, à la rendre visible. Mais ici encore il faut se donner de garde de prendre la lettre pour l'esprit; les apparences sont quelquefois trompeuses.

Le mot esprit a aussi en français un sens particulier assez difficile à caractériser (voy. BEL- ESPRIT): c'est dans ce sens que l'on dit d'une personne qu'elle a de l'esprit.Cette tournure intellectuelle, qui parait portée à un plus haut degré chez le Français que chez aucun autre peuple, a quelque chose d'essentiellement léger, de scintillant et surtout de piquant. Cet esprit, sans être opposé à l'étendue et à la profondeur, parait au premier abord peu compatible avec ces deux ca

On peut distinguer les esprits en quatre grandes classes: ceux qui sont au-dessous de l'homme, celui de l'homme, les esprits intermédiaires entre l'homme et Dieu, et enfin Dieu lui-même. Pour ce qui est des esprits inférieurs, de l'âme des bêtes (car nous ne savons s'il y a des esprits purs inférieurs à l'âme humaine), voy. AME.ractères de la force intellectuelle, préciQuant aux esprits purs ou éthérés qui pourraient tenir le milieu entre l'homme et Dieu, nous renvoyons au mot DÉMONOLOGIE, et pour l'esprit divin, au mot DIEU. Le mot esprit a une foule de significations dérivées des précédentes. C'est ainsi qu'il signifie, dans l'art de la prononciation de certaines lettres en grec (esprit doux, esprit rude), une modifica- | tion particulière de l'organe vocal; les aspirations qu'on retrouve dans toutes les autres langues ont une dénomination analogue. C'est ainsi que l'on distingue dans le sens des paroles l'esprit de la lettre, l'esprit étant ce qu'il y a de véritablement pensé et d'intentionnellement exprimé, la chose cachée sous la lettre, tandis que celle-ci en est comme le corps, le signe; mais un signe trompeur, si l'on ne veut pas entrer dans la pensée de celui (*) Il en est de même dans toutes les langues: en hébreu et avεuos en grec, comme spiritus en latin, dérivé de spirare, souffler, signifient à la fois vent et esprit. Le mot allemand Geist, vient du vieux mot geisten, souffler. Le mot russe

Loukh a également les deux sens de souffle, haleine, et d'esprit, génie; doucha, âme, est un mot de la même famille.

S.

|

sément parce qu'il les dédaigne et semble s'efforcer de les faire oublier. L'esprit n'a pas non plus la marche compassée de la méthode et de la science: il n'en veut point, il en a une espèce d'horreur; il ne veut pas marcher, ni surtout marcher longtemps et en ligne directe : il veut seulement sauter, se reposer quand il lui plaît, prendre le côté de la pensée qu'il préfère sans s'obliger à le suivre. Le but de la science n'est point celui de l'esprit: l'une veut connaître, l'autre veut s'amuser et surtout amuser, car on ne fait pas de l'esprit tout seul et pour soi. L'esprit est donc un tour de caractère éminemment social; car tandis que l'homme d'esprit recherche le monde pour y faire briller sa pensée, on le recherche avec non moins d'empressement pour jouir de ce feu d'artifice intellectuel essentiellement propre à distraire, et d'autant plus propre à nous amuser que notre vanité y trouve son compte sans qu'elle coure le risque du ridicule. En effet, l'esprit des autres est comme une étincelle

(*) Car la lettre tue, mais l'esprit donne la vie (2 Cor. III, 6).

S.

Mais esprit ne s'emploie pas seulement par rapport aux individus, il sert aussi à désigner collectivement les dispositions intellectuelles ou morales d'une nation ou d'une époque. Nous en donnerons deux exemples: le premier, ce sont les termes esprit national et esprit public dont il sera traité aux mots PATRIOTISME, NATION et OPINION PUBLIQUE; le second est celui qui fait l'objet de ce qui suit. S.

qui allume le nôtre, ou qui nous donne | tient qu'il en embrasse les opinions, qu'il du moins l'avantage d'apprécier celui que en défend les principes, qu'il en épouse nous voyons briller, ce qui n'est possible même les préjugés. qu'à la condition d'en avoir un peu soimême. C'est par la vivacité de l'imagination, la fraîcheur du souvenir, les rapprochements inattendus, les contrastes heureux et piquants que l'esprit se fait remarquer. Il faut pour cela une certaine étendue, et surtout une certaine pénétration, connue plus particulièrement sous le nom de sagacité. Ainsi l'esprit peut être étendu et pénétrant; mais s'il n'est que cela, il ne mérite plus ce nom. L'étendue et la pénétration ne sont donc pas la chose principale: il faut surtout qu'il soit frivole et aisé. Les saillies qui sentent le travail perdent leur sel, et par conséquent leur prix, leur agrément : ce ne sont pas des saillies; il leur manque la spontanéité, la rapidité et l'éblouissant de l'éclair. Il faudrait infiniment d'art pour faire de l'esprit à force de réflexion; il en faudrait presque autant que pour faire de l'esprit sans en avoir. Aussi l'esprit qu'on fait (voy. bon MOT, CALEMBOURG) déplait-il souverainement: c'est le pédantisme de la société.

L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a. On fait le faiseur d'esprit avec autant de soin pour le moins qu'on met d'empressement à rechercher l'homme d'esprit. On distingue du reste plusieurs sortes d'esprits suivant le trait dominant: ainsi il y a l'esprit éclatant, l'esprit piquant, l'esprit fleuri, jovial, etc. (voy. BEL-ESPRIT, ESPRIT FORT, etc.) Jh T.

[ocr errors]

ESPRIT DU TEMPS. Chaque siècle a sa physionomie spéciale qui se révèle à la fois dans les actes et dans les écrits de l'époque: c'est ce qu'on peut appeler l'esprit du temps. Pour n'en chercher d'exemples que dans notre histoire, les croyances superstitieuses, les légendes dévotes furent l'esprit des premiers temps de la monarchie; plus tard, ce fut la manie des croisades; puis, dans le moyen-âge, la chevalerie et les productions qu'elle inspira. Dans le xviR siècle, avec les guerres de religion arrivèrent les discussions théologiques; au XVII, les esprits se tournèrent principalement vers la littérature, et la piété même dut avoir l'éloquence pour compagne. Une autre spécialité du grand siècle, ce fut l'adulation générale pour le grand roi; adulation qu'on trouvera pourtant excusable en songeant qu'elle tenait à une admiration sincère, que la monarchie était encore un objet de culte, et que Louis XIV ne se trouvait pas le seul, à beaucoup près, qui pensât de bonne foi que l'État c'était

lui.

cence des mœurs et l'épicuréisme devinrent l'esprit du temps au commencement du siècle suivant.

Le mot esprit, outre l'acception spé- On sait assez que, dans les dernières ciale et primitive qu'on vient d'expliquer, années de ce siècle, l'hypocrisie et le biest employé encore de différentes ma- gotisme vinrent remplacer l'esprit relinières. Il est quelquefois synonyme d'hu-gieux. Par une réaction naturelle, la limeur ou de caractère, comme dans ces locutions: il a l'esprit souple, c'est un esprit remuant. D'autres fois, il se prend pour la disposition, l'aptitude, qu'on a à Vers 1750, l'esprit philosophique, l'esquelque chose, et dans ce sens on attri- prit d'examen, surgit à sou tour; mais bue à une personne l'esprit des affaires, ses graves productions n'empêchèrent l'esprit de chicane, l'esprit de parti (voy. pas que la littérature ne restât en PARTIS POLITIQUES). L'esprit de corps, grande partie frivole. Elle eut ses moainsi qu'on l'a vu au mot CORPS, est la des, comme la toilette : tantôt ce furent disposition d'un membre d'une corpora- les portraits, puis les synonymes, ention qui s'identifie tellement à la compa- suite les bouts-rimés, les histoires de nie ou corporation à laquelle il appar-folles, etc. Par une bizarre inconséEncyclop. d. G. d. Monde. Tome X.

3

« ÖncekiDevam »