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aussi moins de brutalitédans leurs amours. Ovide les appelle cornipedes, bicornes, cornigeri. Virgile les nomme les divinités des campagnes.

entre les mains du roi, le droit de conférer ou de retirer les emplois de chefs de vol et de gardes des aires royales; et, dans les chasses au faucon, jouissant exclusivement de l'insigne honneur de poser le faucon sur le poignet du roi. Louis XVI fit des efforts inutiles pour rendre moins dispendieuse cette administration, dont Louis XIV avait encore augmenté l'état et qui engloutissait des sommes exorbitantes; mais bientôt après elle disparut avec tant d'autres devant l'orage révolutionnaire. A. S-R.

FAUCRE. Ce mot appartient à la panoplie du moyen-âge. Il désignait une pièce de fer ou d'acier placée sur le côté droit de la cuirasse des hommes d'armes, et qui servait à soutenir, sans doute à l'aide d'une courroie qu'on y adaptait, la lance(voy.) longue et pesante dont l'usage necessa définitivement qu'au commencement du XVIIe siècle. La forme de cet accessoire, dont les premiers exemples ne remontent guère au-delà du milieu du xiv siècle, a beaucoup varié: tantôt le faucre n'est qu'une sorte de cheville de fer coudée, fixée à vis sur le corps de la cuirasse; tantôt c'est une pièce fort travaillée, munie d'un ressort, et qui peut s'élever ou s'abaisser à volonté.

On a fait dériver le mot faucre de fulcrum, appui; les Anglais l'ont appelé lance-rest, ce qui rend la même

idée.

C. N. A. FAUNA, voy. BONNE DÉESSE et l'art. suivant.

FAUNES, dieux des agriculteurs, fils ou descendants de Faunus, 3o roi d'Italie, prince brave et pieux qui introduisit dans ce pays le culte des dieux, les travaux de l'agriculture, et à qui la reconnaissance publique décerna les honneurs divins après sa mort. La fable dit que Faunus eut pour sœur Fauna ou Fatua, à laquelle il donna le don de prophétie; pour fils, Sterculius ou Stercutius qui, le premier, enseigna aux peuples la manière de fumer les terres. Les poètes ont représenté les faunes avec des cornes de chèvre ou de bouc, et leur ont donné la figure d'un bouc de la ceinture en bas, mais avec des traits moins hideux et plus de gaité que celle des Satyres *. Ces dieux avaient

(*) Parmi les Faunes célèbres dans la sculp

Et vos agrestum præsentia numina Fauni. Le pin et l'olivier leur étaient consacrés. On leur immolait une chèvre :

Capripedi Fauno casa de more capella,

dit Ovide; ou un bouc, suivant Horace :

Nunc et in umbrosis Fauno decet immolare lucis, Seu poscat agnam, sive malit hædum. On célébrait en l'honneur de Faune des fètes appelées faunales, faunalia, le 5 décembre et le 13 février. Cette dernière était la plus célèbre. On immolait des boucs dont les peaux servaient à faire des courroies; des jeunes gens armés de ces courroies couraient les rues en frappant tous ceux qu'ils rencontraient. Les femmes recevaient avec joie ces coups qui devaient leur procurer de beaux enfants et des couches faciles. Le 3 jour de cette fète se nommait lupercalis, selon Ovide. Le 13 février était d'ailleurs un jour néfaste à cause de la défaite des 300 Fabiens (voy. FABIUS), l'an de Rome 277. Tite-Live a cependant placé cet événement au mois de juillet.

Le culte des faunes n'était connu qu'en Italie. Les anciens écrivains grecs n'en parlent point. Voy. LUPERCALES. TH.D.

Plusieurs étymologistes ont pensé que les faunes devaient être confondus avec les ravis des Grecs; quelques-uns ont même regardé l'Égypte comme le berceau de ces divinités. Virgile se fonde sur l'étymologie fari, parler, pour faire des faunes des dieux à oracles.

La mythologie rabbinique admet aussi les faunes, qu'elle regarde comme des créatures imparfaites, prétendant que Dieu avait créé les âmes des faunes, mais que, surpris par le grand jour du sabbat, il n'eut pas le temps de les réunir à des corps. Elle suppose que ces êtres inachevés évitent le sabbat, vivent dans les profondes solitudes des bois et des campagnes.

En zoologie, on appelle faune la description des animaux d'un pays, comme ture, nous mentionnerons celui de la Tribune da Musée de Florence, si léger, si vif, si malin. S.

on a donné le nom de Flore à la description de ses fleurs. Linné en fit, diton, la première application. Nous avons en depuis, en France, une Faune de M. Cloquet, qui ne traite que des animaux utiles en médecine, et une publication intitulée la Faune française qui a été commencée sous les auspices de plusieurs savants, au nom desquels figurent MM. de Blainville, Walckenaër,

etc.

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soires de la capitale ; il devint ensuite juge au même tribunal, et, quelque temps après, substitut de l'accusateur public près le tribunal criminel de Paris. En 1799, il entra au conseil des Cinq-Cents comme député de la Seine-Inférieure. Devenu ensuite, après la révolution du 18 brumaire, membre du tribunat, Faure s'y occupa presque exclusivement de matières judiciaires et fit plusieurs rapports sur cette importante partie. Le 20 février 1800, il fut nommé secrétaire du tribunat; le 4 mai 1804, il vota pour la nomination de Napoléon Bonaparte à l'empire sur la motion de Curée, et répondit à Carnot qui seul, comme on l'a dit à l'article de cet homme célèbre (T. IV, p. 771), avait osé combattre dans un discours le projet appuyé par la plupart des membres du tribunat.

D. A. D. FAURE. Les annales biographiques de France font mention d'un assez grand nombre d'hommes de ce nom connus à différentes époques, et parmi lesquels nous citerons : CHARLES Faure, abbé de Sainte-Geneviève et premier supérieur général des chanoines réguliers de la congrégation de France, mort en 1644, après avoir été le réformateur de l'abbaye de Senlis, de l'abbaye de Sainte-Gene- Napoléon se montra reconnaissant enviève de Paris, et de plus de 50 autres vers Faure : il le nomma successivement maisons, ce qui l'avait fait nommer le président de la section de législation du général de la nouvelle congrégation. Puis tribunat et du tribunat tout entier, le le cordelier FRANÇOIS Faure, qui fut suc- fit chevalier, puis officier de la Lécessivement évêque de Glandève et d'A-gion-d'Honneur, et le créa comte. En miens, le même qui convertit à la religion catholique le duc de Montausier, gouverneur du dauphin, fils de Louis XIV. On a de lui plusieurs oraisons funèbres et une foule d'écrits religieux. Puis encore FRANÇOIS de Faure, qui, né, vers le milieu du xvi1° siècle, à Nimes, au sein d'une famille protestante, fut conseiller au parlement de Toulouse, et mérita par son amour des lettres que Pélisson, son parent et son ami, lui dédiât❘ l'Histoire de l'Académie-Française. Mais c'est à deux hommes politiques de notre époque et du nom de Faure que nous consacrerons spécialement cet article.

LOUIS-JOSEPH Comte Faure, dit de la Seine, l'un des rédacteurs de nos Codes, né au Havre en 1760 (le 5 mars, ou selon d'autres le 17 août), était le fils aîné du conventionnel Faure, à qui le roi, lors de la première Restauration, avait conféré des lettres de noblesse, et à qui l'on doit un parallèle entre les marines d'Angleterre et de France, ainsi que plusieurs autres bons écrits sur cette matière. Avocat à Paris dès 1780, LouisJoseph fut nommé, en 1791, commissaire du roi près les tribunaux provi

Encyclop. d. G. d. M. Tome X.

1805, Faure fit partie de la députation envoyée à Munich pour complimenter l'empereur; c'était lui et le sénateur Fabre de l'Aude (voy.) qui devaient porter la parole, si la commission avait pu atteindre le conquérant.

En avril 1806, Faure fit au Corps législatif un rapport sur les premiers livres du Code de procédure, et en vota l'adoption après en avoir analysé toutes les dispositions. En 1807, lors de la dissolution du tribunat, il entra au conseil d'état où il fit partie de la section de législation. Dans le même temps, il devint procureur impérial près la haute cour. Le 12 septembre (même année), il exposa à la tribune législative, au nom du gouvernement, les motifs d'un projet de loi sur la Cour de cassation. Le 6 et le 7 février 1810, il fit un rapport sur le nouveau Code pénal; le 18 décembre suivant, il fut nommé membre de la commission de gouvernement des départements formés des villes anséatiques, et chargé spécialement de l'organisation des cours et tribunaux.

En 1814, Faure adhéra l'un des premiers au rétablissement des Bourbons

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contre lesquels il s'était élevé avec beau- | successivement pair de France (11 octocoup de force, en mai 1804, dans sa ré- bre 1832) et conseiller à la Cour de casponse au discours de Carnot; il passa sation. Comme membre de la première au conseil d'état, dans le comité du con- chambre il a fait partie de toutes les comtentieux. Exclu, le 20 mars 1815, par missions d'instruction dans les procès Bonaparte, à son retour de l'ile d'Elbe, politiques. E. P-C-T. il reprit ses fonctions de conseiller d'état FAUSSAIRE, voy. Faux. à la seconde rentrée du roi, et ne quitta plus ce poste jusqu'à sa mort, arrivée à Paris en juin 1837.

FAUSSE-BRAIE. Le vieux mot de braie signifiait haut-de-chausse, et particulièrement l'ouverture antérieure du haut-de-chausse. En fortification, la braie était, au moyen-âge, un avant-mur, une barbacane (v.) masquant l'issue ou la por.

Il eut un frère qui, après avoir exercé la profession d'imprimeur, entra dans l'administration comme sous-préfet du Havre, et fit partie de plusieurs législa-te d'une forteresse; mais lorsque les entures sous l'empire et en 1815.

ceintes de fortification se bastionnèrent, La Haute-Loire, la Charente-Infé- la braie, plus étendue, prit le nom de rieure, etc., eurent aussi, à différentes fausse-braie c'était une deuxième enépoques, des députés du nom de Faure, ceinte plus basse que le corps de place, et dans ce moment même il en siége deux et immédiatement adossée à son escarpe à la chambre des députés, M. Faure, (voy.), que les anciens ingénieurs conavocat et membre du conseil général des struisaient autour des places fortes. L'obHautes-Alpes et député de l'arrondisse-jet de cet ouvrage était de défendre, par ment de Gap, et M. Faure-Dère, con- un feu plus rapproché, plus rasant, et seiller à la cour royale de Toulouse, dé-surtout moins decouvert du dehors que puté de l'arrondissement de Castel-Sarrasin (Tarn-et-Garonne).

Il nous reste à ajouter deux mots sur M. Félix Faure, pair de France, qu'on a souvent confondu avec le célèbre légiste du même nom.

M. JOSEPH-DESIRE-FÉLIX Faure naquit près de Grenoble vers 1775, et fit ses études à Lyon et à Paris. D'abord avocat, il devint, sous l'empire, conseiller auditeur à la cour royale de Grenoble, substitut du procureur général et avocat général. Sa nomination de conseiller près la même cour fut une espèce de disgrace. Nommé député à la chambre de 1815, par le département de l'Isère, le 1er mars 1816, il fit au gouvernement de la Restauration une opposition modérée qui laissa des doutes sur son indépendance au collége dont il avait été le mandataire. Il ne fut point réélu avant 1820, époque où les électeurs de la Haute-Vienne jetèrent les yeux sur lui; et dès lors jusqu'à sa promotion à la pairie il ne cessa plus de prendre part aux débats législatifs, assis au côté gauche de la Chambre. En 1830, il siégea parmi les 221, et après la révolution de juillet, il fut nommé premier président près la Cour royale de Grenoble, Depuis, il a été nommé

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celui du corps de place, les fossés et les
chemins couverts. Cette étroite enceinte
n'avait guère que cinq à six toises de lar-
geur, y compris le parapet et la ban-
quette. Mais on a observé que l'ennemi,
une fois maître du chemin couvert (voy.`,
pourrait aisément plonger du haut des
glacis dans les faces de la fausse-braie
et les faire abandonner. D'ailleurs, quand
le rempart était revêtu en maçonnerie,
les éclats de pierres ou de briques ren-
daient très dangereuse l'occupation d'un
emplacement aussi resserré. Outre ces
inconvénients, la fausse-braie servait d'é-
chelon à l'escalade (voy.) et de rampe à
la brèche du corps de place, et donnait
ainsi de la facilité pour prendre les pla-
ces, lorsque le fossé (voy.) était sec, et
même, dans les grandes gelées, lorsqu'il
était plein d'eau. Tous ces désavantages
ont déterminé Vauban à en condamner
l'usage et à y substituer un ouvrage dé-
taché en avant de la courtine, qui porte
le nom de tenaille.
C-TE.

FAUSSET, comme écrit l'Académie Française, ou plutôt faucet, comme il serait plus naturel d'écrire, puisque ce mot est dérivé de fauces, gosier, voy. Voix.

FAUSSETÉ. La fausseté est à la fois

|

un travers de l'esprit et un vice du cœur; | sciences physiques. Il ne serait pas imelle vient de la perfidie et va à l'impos- | possible que les ordres monastiques, ture. Chez les hypocrites, elle se couvre ennemis jurés de l'imprimerie, se fusdu masque de la dévotion; chez les égoïs-sent appliqués à brouiller les idées du tes, elle emprunte les dehors de la bien- peuple sur ces deux personnages, en veillance. Quand elle parle, c'est le men- mettant sur le compte du Fust mayensonge; quand elle agit, c'est la convoi-çais les imputations de sorcellerie et de tise ou la haine. Elle fait germer le soup- pactes diaboliques, qui ont rendu si céçon entre les amis, engendre les querel- lèbre et flétri tout à la fois la mémoire les, jette le trouble et la dissension au de son homonyme du xviR siècle. Quoi sein de la famille et de la société. Le qu'il en soit, le dernier seul doit nous genre de fausseté le plus odieux peut- occuper ici : il sera question de l'autre à être est celui qui revêt la malveillance l'article TYPOGRAPHIE et IMPRESSIONS. des couleurs de l'amitié, et qui fait tomber la confiance au piége de la flatterie; mais la fausseté la plus dangereuse est celle qui prend l'extérieur d'une franchise poussée jusqu'à la brusquerie. Le fourbe le plus à craindre est celui qui dit à l'homme dont il veut faire sa dupe: Vous savez bien que moi je ne vous flatte jamais! >>

Plusieurs ouvrages semi-historiques et semi-légendaires, très répandus en Allemagne pendant les XVII et xviie siècles, ont puissamment contribué à conserver le souvenir du magicien Faust. De nos jours, un homme de génie, en s'emparant de cette tradition, a jeté sur le nom de Faust le poétique éclat qui donne une vie immortelle aux créations

pour motiver quelques détails sur un être aussi singulièrement privilégié, et sur les bizarres croyances qui ont servi de salutaire épouvantail élevé contre les esprits forts des temps passés.

Il est au contraire une espèce de faus-imaginaires (voy. GOETHE): c'en est assez seté qui cesse d'être malfaisante, tant elle est aisée à reconnaître : celle-ci s'affiche par ses exagérations. Prodiguant l'adulation aux personnes présentes, dénigrant sans mesure tous les absents, elle ne peut laisser d'illusions sur la valeur de ses éloges qu'aux gens doués d'un amour-propre assez aveugle pour éteindre chez eux le jugement. Ici l'excès du mal en devient l'antidote : quand la fausseté se laisse reconnaître à travers son masque, c'est comme si elle le déposait. Voy. DUPlicité.

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Le lieu où le docteur Faust vit le jour est incertain: Wiedmann nomme le pays d'Anhalt ; d'autres auteurs prétendent qu'il naquit dans la ville de Maulbronn en Souabe, ou dans quelque ville du Brandebourg. La même incertitude règne sur l'année précise de sa naissance : nous ne pensons pas être loin de la vérité en la Dans un sens beaucoup plus restreint plaçant à la fin du xv siècle ou dans les et presque matériel, le mot fausseté dé- premières années du xvio. Un parent assigne la qualité d'une chose fausse. Ainsi sez riche, et sans lignée directe, ayant enon dit la fausseté d'un récit, d'un accord, trevu les hautes capacités du jeune Faust, d'un acte, etc. P. A. V. le fit étudier et lui légua plus tard sa FAUST. On confond ordinairement fortune. Ce fut à Ingolstadt en Bavière, deux hommes qui ont porté ce nom: l'un, puis à Wittenberg en Saxe, que Faust se JEAN FUST OU Faust, orfèvre à Mayence, livra à l'étude de la théologie, de la juvivait au milieu du xv° siècle; c'est l'as-risprudence et de la médecine. Mais à socié de Guttenberg (voy.), de l'inventeur de l'imprimerie; l'autre, JEAN FAUST, célèbre nécromancien, est lecontemporain de Luther, de Mélanchthon, de Trithémius, qui ont connu cet être mystérieux et partagé peut-être les croyances populaires répandues et accréditées sur son compte par des esprits superstitieux, étrangers aux premières notions des

Ingolstadt on avait remarqué dans ce jeune homme une tendance extraordinaire, un esprit orgueilleux, impatient de toute entrave, appliqué non-seulement à toutes les sciences licites, mais à celles qu'on nommait occultes, telles que l'as trologie, la chiromancie, la démonologie; de plus, un grand penchant à la bonne chère, à toutes les jouissances sensuelles

et mondaines, partant un incessant be- | tins, sur leur sort futur et sur l'enfer en soin d'argent, et le désir de s'en procurer général, sont entamées par lui avec une par tous les moyens possibles. Il n'en fal- précision toute scientifique. Plus d'une lait pas plus à une époque crédule pour fois il s'écrie avec contrition : « Ah! si faire naître les soupçons les plus étran- j'étais homme, j'implorerais la grâce diges et les plus extravagants. Aussi dès ce vine ! » moment la fable et l'histoire se confondent si bien dans la biographie de Faust qu'il n'est plus possible de les séparer sans briser le tissu tout entier. Le bon esprit du lecteur fera lui-même le triage, et trouvera facilement les faits réels cachés sous le voile de la fiction populaire.

Méphistophélès paraît de même s'être livré avec succès à l'horticulture et avoir appris son secret à son associé. Le jardin de Faust était admirable et servait de lieu de rendez-vous aux plus belles dames, qui aimaient à y trouver en plein hiver les fruits dorés du Midi et à entendre gazouiller dans une magnifique

A la cour d'Anhalt, la comtesse régnante se trouvait grosse; Faust lui dit: « Votre Altesse n'éprouverait-elle pas quelque velléité? » La comtesse lui répond: « Volontiers je mangerais du raisin mûr. » Et Faust, grâce à son collaborateur, lui procure sur-le-champ des raisins délicieux. Or, notez que l'on se trouvait en plein janvier!

A

Méphistophélès toutefois ne fournissait pas ces belles choses pour l'amour de Dieu. L'acte que Satan avait fait souscrire préliminairement à Faust était en règle autant que peut l'être un acte notarié, et portait que le signataire renonçait à Dieu, qu'il vouait haine aux prêtres, qu'il ne fréquenterait aucune église, qu'il ne se marierait point en légitime mariage, qu'il finirait par céder son corps au diable, moyennant lesquelles conditions

Censuré par le recteur de l'université de Wittenberg à propos de ses mauvai-volière les oiseaux au plumage tropical. ses mœurs, de ses occupations extraordinaires et des bruits sinistres qui se répandaient sur son compte, Faust se défendit avec beaucoup d'assurance, en sommant le puissant dignitaire de prouver ses allégations hardies. Le recteur de- | meura muet par l'influence et le secours de l'esprit infernal invoqué par le jeune adepte; car le moyen qu'un recteur magnifique de l'université de Wittenberg ait tort! Ne connaît-on pas d'ailleurs l'endroit précis où Faust conjura le diable? Dans un carrefour près de Wittenberg, placé au milieu d'un triple cerceau, pendant trois heures entières, le docteur somma le malin de venir à lui; et d'abord il vit une boule de feu, puis il entendit un ouragan qui pliait jusqu'à terre les arbres de la forêt voisine; enfin le diable lui-même apparut, mais sous une forme tellement terrible que le magicien intimidé lui dit : « De grâce, ne pourriez-vous pas prendre une autre figure? Non, car je suis le prince des démons; mais je t'enverrai un démon familier, sous la forme d'un petit moine gris.» Ce démon familier est Méphistophélès, dont Goethe a tiré un parti si admirable dans son poème. Mais, dans la légende populaire, ce n'est point cet esprit infernal, pétri d'ironie, de fange, et de philosophie matérialiste : le Méphistopheles bourgeois est un assez bon diable, qui se fait le médecin, le pourvoyeur et le trésorier de Faust. S'il aime à ergoter, ce n'est point pour pousser son élève vers un scepticisme absolu; loin de là: des discussions très graves sur le rang et les espèces des diables et diablo

ce dernier s'engageait à servir Faust pendant vingt-quatre ans. Ce terme lui laissait de la latitude, c'était presque une vie d'homme!

Dans les meubles du magicien se trouvaient un domestique et un chien familier. Le premier, du nom de Waiger (le Wagner de Goethe), était le bâtard d'un prêtre; Faust l'avait adopté par commisération; puis il l'initia dans tous ses secrets, et finit par l'instituer son légataire universel. Son chien noir, Prestigiarius, avait des yeux d'escarboucle et la singulière propriété de changer de couleur dès qu'on caressait son poil. Ce caméléon d'espèce canine passa entre les mains d'un abbé de Halberstadt, à qui il présagea très charitablement sa mort.

Malgré son pacte criminel, Faust se

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