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Au surplus, les théologiens scolastiques | plus soigneusement que ce sera un moyen avaient déjà donné l'exemple, en posant sûr d'achever la détermination du sens comme essence de Dieu sa nécessité attaché au premier. d'être, dont ils déduisaient ensuite à coups de syllogismes tous ses autres attributs. Ce n'est pas qu'on ne puisse, parmi les traits essentiels d'un être, en distinguer de primitifs ou de dérivés: ainsi, parmi ceux de l'homme, se trouve la faculté de parler, qui n'existerait pas si l'homme n'était d'abord essentiellement raisonnable. Mais quand on entreprend de déterminer les uns et les autres, on a fort à craindre de céder à l'esprit de système.

ne

A vrai dire, nous ne sommes sûrs de connaître complétement l'essence de quoi que ce soit, si ce n'est des concepts de notre esprit. Ainsi on connaît parfaitement les essences dans les sciences purement abstraites ou mathématiques : celle du triangle équilatéral, par exemple, est le nombre de trois côtés et l'égalité de ces côtés. A l'égard des réali- | tés, quoique peut-être leur essence ne nous soit jamais dévoilée qu'à demi, nous savons au moins que leurs propriétés essentielles encore inconnues peuvent être incompatibles avec celles que l'on connaît déjà. C'est pourquoi il n'y a sans doute aucun fondement au soupçon de Locke, relativement à l'identité possible de l'âme et du corps, quant à la pensée. L'erreur de ce philosophe venait de ce qu'ayant admis deux essences, l'une réelle, objective, l'autre nominale, c'est-à-dire exprimée par le nom donné à la notion abstraite de la chose, il crut que la première nous est toujours inconnue, et par conséquent que deux êtres différents quant à l'essence nominale peuvent être identiques quant à l'essence réelle. Il n'en est point ainsi l'essence nominale équivaut à l'essence réelle; seulement elle est souvent ou toujours moins complète, sans que pour cela les qualités encore à découvrir dans 'essence réelle soient telles, qu'elles juissent détruire celles qui ont déjà passé dans l'essence nominale.

D'autres philosophes ont confondu, et l'or confond encore tous les jours, l'essence avec la nature. Nous croyons devoir distinguer ces deux mots d'autant

Essence et nature signifient, dans une chose, ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est, ce qui la constitue; mais l'essence d'une chose, c'est seulement ce sans quoi elle ne serait pas ce qu'elle est, au lieu que sa nature est tout ce que l'observation nous apprend qu'elle est. La première est donc moins étendue, moins compréhensive, mais aussi moins flottante et moins vague; elle spécialise. L'essence ne comprend qu'une ou quelques propriétés fondamentales, principales, de la plus grande importance, que la chose doit nécessairement avoir pour ne point cesser d'être : la nature comprend toutes les propriétés remarquées dans la chose et qui lui sont toutes, non pas nécessaires, mais seulement inhérentes. Il est de l'essence ou c'est l'essence du feu de s'élever, c'est à-dire que c'est là une des propriétés qu'on lui a reconnues et qui composent sa destination, son rôle ici-bas. Il suit de là, comme du reste l'enseigne expressément la métaphysique, que l'essence est invariable ou immuable, puisque, tout en elle étant nécessaire, la moindre altération ferait que l'être ne serait plus ce qu'il est, au lieu qu'on peut fort bien modifier la nature. Ainsi l'homme modifie la nature des végétaux par la greffe et celle des animaux par le croisement, et l'habitude modifie celle de l'homme: l'habitude est une seconde nature, dit-on; et, suivant Pascal, ce que nous prenons pour la nature n'est souvent qu'une première cou

tume.

L'essence est générale; toujours elle répond à un type qui s'applique à toute une classe, et c'est par exception qu'on dit l'essence divine. C'est pourquoi la définition, qui n'a jamais pour objet de faire connaître les individus comme tels, mais seulement les genres et les espèces, a recours à l'essence générique et à l'essence spécifique, sans descendre dans les particularités de la nature. La nature, en effet, admet les particularités, elle peut être individuelle: le méchant homme, entraîné au mal par sa nature, doit chercher à la corriger.

Enfin essence marque qu'il y a eu application de l'esprit pour déterminer la qualité ou les qualités par excellence, fondamentales, essentielles, au lieu que nature indique un ensemble de qualités visibles, apparaissant à la surface et qu'on saisit tout d'abord.

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Les huiles volatiles s'extraient ordiBairement par voie de distillation (voy. ce mot). On verse de l'eau sur la plante dès qu'elle est introduite dans l'alamAinsi diffèrent essence et nature, con- bic (voy.), et on chauffe. L'eau et sidérées objectivement; mais essence est l'huile se condensent ensemble dans le beaucoup plus subjectif: ce mot exprime réfrigérant, et se séparent en deux couce qui est impliqué dans la notion abstraite ches et dans un ordre qui dépend de de toute une classe d'objets, et nature, | leur densité. Lorsque l'huile est peu voce qui est effectivement dans un objet. latile, ou ajoute du sel marin à l'eau, On peut donc très bien, avec Locke, ad- afin d'élever son point d'ébullition. mettre une essence nominale par upposition à l'essence réelle, mais non pas une nature nominale par opposition à la réelle. L'essence peut correspondre à des êtres, non pas réels, mais simplement possibles. Il y a telles sciences, les mathématiques, où les essences étant données on en déduit la nature; il y en a d'autres, les sciences naturelles, où l'on ne peut arriver à déterminer l'essence qu'à la condition de connaitre préalablement la nature.

Essence venant d'essentia, traduction latine d'oùcia, qui signifie proprement substance, on pourrait croire qu'il y a confusion possible entre l'essence et la substance; mais il n'en est rien. La substance ne consiste point en une ou plusieurs qualités : c'est le soutien inconnu, quoique certain, de toutes les qualités, et par conséquent de l'essence ellemême.

L-F-E.

Il est important d'employer l'eau en quantité convenable. Trop d'eau nuit à l'opération, à cause de la solubilité de l'essence; trop peu d'eau, au contraire, nuit davantage, en facilitant l'adhérence de la plante au fond de l'alambic, ce qui détermine l'altération du végétal.

Le produit de la distillation est ordinairement reçu dans des récipients florentins, qui sont des flacons coniques, larges au fond, étroits en haut, et munis d'une tubulure immédiatement au-dessus du fond. Au moyen d'un bouchon percé, on adapte à cette tubulure un tube de verre recourbé de telle manière qu'il s'élève à côté du récipient jusqu'aux trois quarts de sa hauteur, où il forme un angle droit, s'éloigne du flacon, et se termine par une petite courbure vers le bas; ou bien l'on introduit dans l'orifice du récipient un tube qui communique au serpentin. L'huile et l'eau se rassemblent ESSENCE (chimie). Les huiles vola-dans le récipient florentin, et l'huile vient tiles ou essentielles, ou les essences, se à la surface de l'eau et occupe la partie rencontrent dans toutes les plantes odo-étroite de l'appareil, tandis que l'eau ocriférantes ; et c'est en se volatilisant qu'el- cupe la partie inférieure plus large. De les répandent l'odeur propre à ces plan- cette manière, il est évident que l'huile tes. On en trouve dans toutes les parties plus légère doit rester, pendant que l'eau des végétaux; mais chez les uns, l'huile s'écoule. volatile réside dans une partie de la plante, chez les autres, dans une autre. Enfin dans certaines plantes, l'huile volatile est répandue partout. Quelquefois il arrive que différentes parties de la mėme plante fournissent des huiles différentes. La quantité d'huile produite varie non-seulement avec l'espèce, mais avec la nature du terrain et du climat. Dans quelques végétaux, elle est enfermée dans des vaisseaux particuliers qui

La distillation une fois terminée, on introduit l'huile dans un flacon. A cet effet, on plonge une mèche de coton dans l'huile, qui passe alors du récipient dans le flacon que l'on tient ou que l'on fix à l'ouverture du récipient. A mesur que l'huile s'écoule du récipient, on y verse de l'eau qui a été distillée, afin que la mèche puisse s'imbiber des derniéres gouttes d'huile; celle qui reste dars la mèche en est exprimée. Il est un petit

nombre d'essences qu'on peut extraire par expression des substances qui les renferment; il en est d'autres que l'on se procure au moyen de lits alternatifs de fleurs fraiches et de coton ouaté et trempé dans une huile grasse incolore et inodore, et dès que les fleurs ont perdu leur odeur, on les remplace par d'autres. On distille ensuite le coton avec de l'eau, et on obtient ainsi l'essence.

Les huiles essentielles varient beaucoup par leurs propriétés physiques. Quelques-unes sont colorées en jaune,

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Les Esséniens, au nombre de 4,000 seulement, n'habitaient guère que la Palestine, dans la contrée solitaire de la côte occidentale de la mer Morte. Ils formaient une société close où l'on n'était admis qu'après certaines épreuves et un noviciat de trois années. Ils avaient quatre degrés d'initiation. Comme les autres Juifs, ils s'abstenaient de toute liaison avec les incirconcis. Il n'y avait point d'esclaves parmi eux, parce qu'ils regardaient l'esclavage comme impie et contraire à la loi de la nature, qui a fait tous les en rouge, en bleu ou en vert; générale-hommes égaux et frères. Cependant, par ment elles sont incolores. Leur densité une règle peu en harmonie avec ces prinest aussi très souvent plus faible que cipes, les Esséniens du grade supérieur celle de l'eau. Leur point d'ébullition s'é- s'abstenaient, comme d'une souillure, de lève ordinairement à 160°. Le point de tout contact avec ceux du grade inférieur, congélation est dans le voisinage de zéro; et quand ils en avaient touché un, ils se il en est cependant de solides à la tem- purifiaient. Fuyant les grandes villes, ils pérature ordinaire. Exposées à l'air, les habitaient en général les campagnes, viessences changent de couleur, absorbant vaient réunis en petites communautés, et de l'oxigène. L'eau en dissout peu, l'al- ne s'adonnaient guère qu'à l'agriculture cool davantage, et d'autant plus qu'il est et aux professions paisibles qui ne servent plus rectifié. Ces dissolutions dans l'al- ni à nuire aux hommes ni à les corromcool constituent les eaux odoriférantes, pre. La plupart d'entre eux demeuraient telles que l'eau de lavande, l'eau de Co- dans le célibat, les uns parce qu'ils se logne, etc. Voy. COLOGNE, EAUX DIS- défiaient de la fidélité des femmes, les TILLÉES, etc. autres parce qu'ils attachaient à la continence une plus haute idée de pureté. Leurs biens étaient en commun, chacun y avait une égale part; l'administration en était confiée à un certain nombre d'entre eux, élus par les autres. Simples et ennemis des plaisirs, ils méprisaient les richesses; ils condamnaient l'usage du serment et ne l'admettaient que pour l'initiation des novices. Quoique allant plus loin encore que les autres Juifs dans l'observation superstitieuse du sabbat et de quelques pratiques extérieures, ils se distinguaient d'eux par des idées plus pures du culte qu'il convient de rendre à Dieu; car ils plaçaient la sainteté intérieure et la pratique des vertus morales au-dessus du culte cérémoniel. Ils n'offraient point de sacrifices. Quoique leur tendance religieuse fût essentiellement pratique, ils se livraient aussi à des spéculations abstraites sur le monde invisible, s'occupaient de théosophie et avaient une doctrine secrète. C'est ce que prouvent le soin avec lequel ils tenaient cachés les anciens livres de leur secte

A-É. ESSENIENS ou ESSÉENS. C'était une secte juive dont l'origine est incertaine. Josèphe l'appelle une secte ancienne. L'opinion la plus commune est qu'elle se forma du temps des Macchabées, environ 150 ans avant J.-C., pendant la persécution d'Antiochus Épiphane, roi de Syrie, qui porta un grand nombre de Juifs à s'enfuir dans les déserts, où ils s'accoutumèrent à une vie austère et la borieuse. Ils disparurent après la destruction de Jérusalem par les Romains, car on n'en entend plus parler depuis cette époque. L'origine de leur nom est également inconnue. Philon le dérive du mot grec dos, sanctifié, pieux; mais cette étymologie peu régulière est bien hasardée. Tout ce qu'on sait de cette secte est iré de Philon et de Josèphe, qui vivaient, I premier du temps de Jésus-Christ, le second un peu plus tard, au temps de la detruction de Jérusalem. Ces deux auteurs ne s'accordent pas entièrement dans leur récit, mais Josèphe mérite plus de confiance.

et le serment qu'ils faisaient prêter aux | qui séparent Jésus-Christ des Esséniens; neophytes de ne point révéler aux étran-car les dogmes et les usages particuliers ser ce qu'on leur aurait enseigné. Com- de cette secte sont presque tous condamis n'ont publié aucun ouvrage, onnés par Jésus-Christ et par ses apôtres, e connait qu'imparfaitement leurs doc- par exemple leurs ablutions et leurs morrimes particulieres. Ils interprétaient la tifications superstitieuses, l'excessive riLased une manière allégorique. Ils attri-gidité avec laquelle ils observaient le sabmaient tout à Dieu et enseignaient une bat, le refus qu'ils faisaient de manger de espece de predestination et de fatalité. Ils certaines choses que Dieu a créées pour gardaient les ames comme immortelles, l'usage des hommes, leur opinion sur le quant à leur nature, comme ce qu'il mariage, l'inévitable nécessité à laquelle ya de plus subtil dans l'éther. Les trois ils soumettaient les hommes dans toutes scants fondamentaux de leur morale leurs actions. Les Esséniens formaient quent d'aimer Dieu, la vertu et les une société close, fuyaient le monde, et tommes, et ils faisaient consister les ver- n'allaient pas même aux fêtes solennelles as dans l'abstinence et dans la mor- à Jérusalem: Jésus vivait au sein de la cation des passions. Ceux qui en société, conversait avec tout le monde, mt dans leur société s'engageaient fréquentait les péagers et les pêcheurs, sisteilement à honorer et servir Dieu prenait part aux fêtes de famille, assisde tout leur cœur, à observer la jus- tait aux solennités religieuses dans le are envers les hommes, à ne faire de temple de Jérusalem, et suivait tous les ma: a personne, quand même on le leur usages de la vie ordinaire des Juifs. Les commanderait, à avoir de l'aversion pour Esséniens avaient une doctrine secrète; mechants, à assister de tout leur Jésus recommanda à ses apôtres de prêpouvoir les gens de bien, à garder la foi cher sur les toits ce qu'ils avaient appris a tout le monde, et particulièrement aux en particulier: aussi n'eurent-ils jamais la overains, parce qu'ils tiennent leur pensée de faire de leurs disciples une sopuissance de Dieu. Ils repoussaient de ciété close et secrète. La morale des Esleur société ceux qui étaient convaincus seniens était exagérée et fanatique : Jésus de quelque crime. Comme ils se distin- enseigne à vivre au milieu du monde, en ment par une vie pieuse et pacifique, recommandant seulement de ne point se se firent estimer de tous les partis au laisser séduire par ses vanités et ses cormaieu des agitations politiques de la Pa-ruptions. En un mot, l'esprit de sa doclestine, et mème des paiens.

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trine et la forme qu'il a donnée à son église attestent suffisamment que les Esséniens n'avaient point été ses maîtres.

Quelques écrivains ont prétendu que jesus-Christ n'était qu'un disciple des Easeniens, et que sa religion tire son ori- On peut consulter au sujet des Essézine de leur secte. Mais cette assertion niens: Josèphe, Antiq., XVIII, 2; De la de repose sur aucun fondement histori-guerre des Juifs, II, 12; Philon, Omnis e et ne s'appuie que sur des présomp-probus liber, p. 678, édition de ColoODs, auxquelles on s'est vainement ef- gne; De vitá contemplativá, p. 638, orte de donner une couleur de probabi-même édition; Pline, Hist. Nat., V, 17; Lite. On ne peut admettre comme preuve Prideaux, Histoire des Juifs, t. IV, elques ressemblances entre la religion p. 78; Néander, Histoire eccl. (en allechretienne et les doctrines et les usages mand), vol. I, p. 56; Brucker, Hist. des Esseniens. Si leur morale s'accorde crit. phil.; dissertation de Lüderwald, en certains points avec celle de l'Évan- sous le titre Ueber den angeblichen UrEe, il y a bien plus de conformité encore sprung des Christenthums aus der jüentre la morale de Jésus-Christ et celle dischen Secte der Essæer, dans le Magades philosophes païens: en conclura-t- sin pour la philosophie religieuse, l'exé que la religion chrétienne est tirée du gèse et l'histoire ecclésiastique de Henk, paganisme? Ces présomptions perdent t. IV. leur poids des qu'on jette les yeux par les différences tranchées et profondes

R. C. ESSEQUEBO, voy. GUIANE AN

GLAIse.

ESSEX (ROBERT DEVEREUX, comte D'). Les Devereux tiraient leur nom et leur origine de la ville d'Évreux en Normandie. Walter (Gauthier) Devereux, premier comte d'Essex, avait offert à Elisabeth de soumettre et de coloniser, en partie à ses frais, la province d'Ulster en Irlande. Il mourut à la peine, laissant une veuve, Lætitia, que le comte de Leicester, son ennemi, épousa secrètement, et un fils à peine âgé de dix ans, auquel, dit-on, il fit recommander avant de mourir de prendre garde à sa 30 année, que ni lui ni son père n'avaient dépassé et que celui-ci ne devait pas atteindre. Né le 10 novembre 1567 à Nethewood, sa première jeunesse n'offrit rien de remarquable; mais présenté à la cour sous les auspices de lord Burleigh, son tuteur, et du mari de sa mère, le comte de Leicester, il ne tarda pas à inquiéter de sa faveur naissante et le vieux ministre et le courtisan jusque-là préféré. Au | titre de chevalier banneret, qu'il obtint après la bataille de Zutphen (1585) en Hollande, Élisabeth ajouta l'ordre de la Jarretière et les grades de maître, puis de général de la cavalerie. Ces honneurs accumulés sur un jeune homme de 21 aus firent prévoir, à la mort de Leicester (1588), que la place de favori ne resterait pas longtemps vacante. Brave, généreux, ambitieux, plein de talents et d'éloquence, ornement de la cour, idole de la cité, patron des hommes de lettres et d'épée, appui des catholiques et des puritains persécutés, d'Essex fut traité, | qu'on nous passe le mot, en véritable enfant gâté par la fortune et par sa souveraine. A peine, dans l'âge des passions, Leicester avait-il reçu des faveurs aussi éclatantes que celles dont une reine aux cheveux gris comblait le jeune comte. Mais la société de « la vieille femme » avait peu d'attraits pour lui, et l'amour de la gloire, peut-être celui de l'argent (il avait déjà 22,000 livres sterling de dettes) le jetèrent dans diverses expédi- | tions aventureuses celle sur les côtes le Portugal (1589), où il faillit prendre lisbonne à la tête d'une poignée de baves; celle de Cadix, qu'il emporta à la pointe de l'épée (1596), admirable coup de main qui fit perdre à l'Espagne

d'immenses approvisionnements et 13 vaisseaux de guerre, sans compter l'active coopération qu'il prêta aux armes de Henri IV en Normandie et sous les murs de Rouen. Chacune de ses apparitions à la cour était signalée par quelque imprudence qui amenait une brouillerie avec la reine et enfin de nouvelles faveurs. Un duel avec sir Blount au sujet d'une distinction dont le comte était jaloux, et plus encore son mariage avec la fille de Walsingham, irritèrent Élisabeth, qui pardonnait plus aisément une prétention publique à ses bonnes grâce qu'un engagement avec une autre femme, ce qui ne l'empêcha pas de le nommer successivement membre du conseil privé (1593) et grand-maître de l'artillerie, puis grand-maréchal (1597).

Dès ce moment, la fortune d'Essex ne fit plus que déchoir. Doué de toutes les qualités qui procurent une élévation rapide, il n'avait aucune des vertus ni même aucun des vices qui font conserver le pouvoir. Des querelles avec Raleigh, avec les ministres, avec sa souveraine elle-même, compromirent son repos et sa dignité. Dans une de ces dernières occasions, il s'oublia jusqu'à tourner le dos à la reine; Élisabeth lui donna un soufflet le comte mit la main sur son épée, et, malgré la différence de sexe et de rang, on ne sait où se serait arrêtée cette étrange querelle si le grand-amiral ne s'était trouvé là. Après une réconciliation où les avances ne paraissent pas être venues de la part du sujet, d'Essex fut nommé vice-roi d'Irlande. Mais cette province, fatale à son père, fut aussi la cause de sa ruine. Il semblait la prévoir dans une lettre curieuse conservée au Muséum britannique et où l'on remarque cette phrase: « Quel service Votre Majesté peut-elle attendre de moi, puisque mes services passés ne me valent qu'un bannissement dans la plus maudite des îles? » Bientôt, après quelques actions insignifiantes, une trève avec le comte de Tyrone, chef des rebelles, parut une trahison à la cour, qui ne tenait compte ni de l'état des esprits ni de la nature des lieux. Aussitôt, bravant la défense d'Élisabeth, il accourt à Londres, et, tout poudreux encore, pénètre, malgré

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