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Ces aveux nous apprennent que, lorsque Fieschi eut conçu la malheureuse idée de sa machine infernale, il alla trouver Morey, qu'il connaissait depuis longtemps pour un ennemi du gouvernement, et qu'il lui en montra un dessin qui excita son enthousiasme. Mais cet homme, déjà d'un certain âge et sellierbourrelier de son état, n'était ni assez actif ni assez à son aise pour l'aider seul à mettre un semblable projet à exécution. Morey avait connu Pépin à la Société des Droits de l'Homme (voy.); il le savait fort exalté dans ses opinions républicaines et capable, par sa position de commerçant et de manufacturier, de prêter une utile coopération. Il mena Fieschi chez Pépin, communiqua à ce dernier leur enthousiasme, et dès ce moment l'attentat fut résolu entre eux et marcha vers un accomplissement rapide. Un logement fut arrêté par Fieschi et Morey sur le boulevard du Temple, et Fieschi en prit possession le 8 mars, sous le nom de Girard. Pendant l'espace de temps qui s'écoula du 8 mars au 28 juillet, Fieschi, aidé de l'argent de Pépin et des conseils de Morey, acheta le bois et les canons de fusil nécessaires pour confectionner sa machine, la dressa luimême, et la chargea avec Morey. La veille du jour de l'exécution, un quatrième complice, mis dans la confidence, le jeune Boireau, consentit à passer à cheval sur le boulevard du Temple pour servir de point de mire à la machine, et cette promenade fit plus tard peser sur lui des charges fort graves. Enfin le 28 arriva, et l'attentat fut consommé; mais une circonstance que nous ne devons pas oublier sauva sans doute les jours du roi. Quelques instants avant de mettre le feu à sa machine, Fieschi aperçut devant sa fenêtre, sur le boulevard, M. Ladvocat avec sa légion. La présence de celui que Fieschi regardait comme un de ses bienfaiteurs renversa toutes ses résolutions: il mit la main aux écrous de la machine pour en modifier la direction, et pensa même à renoncer à son projet. Mais la 12 légion, dont M. Ladvocat était le lieutenant-colonel, fit un mouvement pour changer de position. Au même instant le roi passa, et Fieschi fit feu

Encyclop. d. G. d. Monde. Tome X.

sans rétablir la direction de la machine. On sait le reste.

Avant même que les aveux de Fieschi vinssent éclairer la justice, les accusés étaient déjà entre ses mains. Diverses circonstances avaient mis sur les traces de Morey et de Pépin, mais il ne s'élevait pas contre eux des charges suffisantes; Pépin même, qui s'était évadé à la faveur d'une visite faite en sa présence dans sa maison, écrivait, de sa retraite, au président de la Cour des pairs qu'il viendrait se constituer prisonnier en temps utile si on le lui ordonnait. Il avait même fixé pour délai le 26 septembre; mais il fut découvert et arrêté le 21, à Magny, département de Seine-etMarne. Désormais le procès pouvait s'instruire avec rapidité, et les aveux du principal complice simplifiaient beaucoup la procédure. Morey se renfermait dans d'énergiques dénégations; Pépin, d'un caractère plus faible et plus timide, se perdait au milieu d'une foule d'aveux et de rétractations contradictoires.

Enfin la Cour des pairs, après une longue instruction, entra en séance le 16 novembre. Cinq accusés comparaissaient devant elle, Fieschi, Pépin, Morey, Boireau et Bescher, ce dernier prévenu d'avoir prêté à Fieschi un livret d'ouvrier et un passeport qui devaient l'aider à fuir après l'événement. Dès la première séance, l'innocence de Bescher fut reconnue. Les débats ne furent clos que le 10 février 1836, et l'arrêt fut immédiatement rendu, sur la réquisition du procureur général, M. Martin, du Nord. Fieschi était condamné à la peine de mort et au supplice des parricides; Pépin et Morey étaient également condamnés à la peine capitale, et Boireau à vingt années de détention dans une maison de force. Quelques jours après, dans la matinée du 16 février, l'arrêt recevait son exécution sur la place de la barrière Saint-Jacques. Fieschi, après avoir vu la tête de ses deux complices tomber successivement, monta à son tour sur l'échafaud, adressa au peuple assemblé une courte allocution dans laquelle il protestait n'avoir dit que la vérité en chargeant Pépin et Morey; puis, se retournant vers les exécuteurs, il se livra à

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eux, et trois secondes après il avait cessé d'exister; et il emportait sans doute dans la tombe la triste consolation d'avoir justifié ce pressentiment que son caractère inquiet et vaniteux lui faisait exprimer ainsi, longtemps avant son crime: Quelque chose me dit que je passerai à la postérité! D. A. D.

FIESCO, voy. Fiesque.

FIESOLE, dont le nom de famille est Santi-Tosini, est aussi connu sous le nom de frère dominicain Beato Giovanni Angelico. Comme Giotto et Masaccio, cet artiste appartient à l'histoire de la naissance de la peinture en Italie, et, comme eux, il est rangé dans l'école florentine. Selon Baldinucci, il naquit en 1387 et mourut en 1455; mais si l'on en croit le père Della Valle, il travaillait encore en 1457 pour la cathédrale d'Orvieto. Il n'a pu être l'élève de Masaccio ni le maître de Gentile da Fabriano si les dates données à leur naissance sont exactes; mais il a pu prendre pour modèle les ouvrages du premier, et les siens ont pu être étudiés par le Fabriano: c'est ainsi qu'il faut comprendre Vasari et Baldinucci. Son maître reconnu est Gérard Starnina; son élève le plus célèbre Benazzo, Gozzoli. Fra Giovanni, sous la conduite de son frère, peignit d'abord des miniatures dans des manuscrits, gen. re dans lequel les Florentins se distinguèrent, notamment le Giotto. Ayant montré son aptitude à exécuter en grand de grandes compositions,, il. peignit à fresque l'église de son couvent à Florence; puis, par ordre de Cosme, dit le père de la patrie, celle de Saint-Marc, et plusieurs autres encore.

Le pape Nicolas V le chargea de décorer sa chapelle particulière au Vatican., Il y représenta différents événements de la vie de saint Étienne et de saint Laurent, martyrs, avec une habileté surprenante. Au mérite de l'ordonnance, de l'exposition sage et naturelle des sujets, ces fresques, dit d'Agincourt (Histoire de l'art par les monuments*), étonnent par la beauté de leur coloris, qui est doux à l'œil étant peu chargé d'ombres fortes, et d'un clair-obscur

(*) Six vol. in-fol., avec 325 pl., chez Treuttel et Würtz.

harmonieux; de près, ces peintures ont tous les charmes de la miniature; de loin, elles produisent, par la vigueur des teintes, tout l'effet d'un pinceau large et libre. Les figures, sans être incorrectes, sont cependant un peu courtes; mais la vérité de leurs attitudes, de leur expression, les heureuses oppositions qui naissent naturellement du caractère des personnages mis en action, méritent beaucoup d'éloges. Ces mérites paraissent être et le fruit du sentiment intime du pieux dominicain et le résultat des tentatives d'une école qui, depuis plus d'un siècle, cherchait la perfection en s'attachant à la simple vérité.

Les ouvrages de Fiesole se partagent en deux classes distinctes: ses fresques, dont nous venons de parler, et ses tableaux de chevalet. Ces derniers sont les plus nombreux et tous exécutés à la détrempe, sans aucun mélange d'huile; ils laissent voir des traces du vieux style de Giotto dans la pose des figures et dans la disposition des draperies, dont les plis, roides et étroits, ressemblent à des tuyaux. Le plus célèbre de ses tableaux de chevalet est le Couronnement de la Vierge par Jésus-Christ dans le ciel, au milieu d'un chœur innombrable d'esprits célestes, de saints et de saintes, tableau que le Musée du Louvre possédait en 1815 et que Vasari considère comme son chef-d'œuvre et comme justifiant, par la rare beauté des têtes d'anges et de saints, le surnom d'Angelico qui fut donné au peintre. Sept sujets, tirés des actions de la Vierge et de la vie de saint Dominique, peints sur un même panneau que nous avons vu également au Louvre en 1815 et qui provenait de l'église supprimée de San-Domenico di Fiesole, ne méritent pas moins d'éloges: ils ont cela de particulier que les tètes de saint François d'Assise, de saint Dominique, de saint Thomas d'Aquin, de saint Pierre dominicain qui y sont représentées offrent des portraits authentiques. On cite encore sa Naissance de saint Jean-Baptiste à la galerie de Florence et son tableau du Paradis dans l'église de Sainte-Marie- Madelaine de Pazzi. Ce dernier, qui est d'une plus grande dimension que ses autres ouvra

sion, de suavité de ton, d'harmonie de
couleurs; il lui a valu l'honneur d'être
appelé par la postérité le Guido Reni de
son siècle.
L. C. S.

ges portatifs, est un prodige d'expressance aux consuls de Gênes. En 1139, cette commune leur accorda le droit d'élever un palais dans la ville même de Gênes; et enfin, en 1198, ils abandonnèrent à la république leur comté de Lavagna et leurs autres fiefs; ils recurent en échange le droit de bourgeoisie et de noblesse.

FIESQUE. C'est le nom francisé de l'une des plus illustres familles génoises, celle DE' FIESCHI (au singulier Fiesco), comtes de Lavagna*.

L'origine des comtes de Lavagna se perd dans l'obscurité des premiers siècles du moyen-âge. Un diplôme de l'année 994, appartenant à l'ancienne abbaye de San-Fruttuoso, fait mention des comtes de Lavagna et nomme sous ce titre : Tedisius, fils d'Obertus, Aribert, Albéric, Goffroy, Lanfranc, Brumeng et Guibert. Il paraît qu'à cette époque la Ligurie était partagée entre quatre familles puissantes : les comtes de Vintimille et les marquis Carretti à l'ouest, les comtes de Lavagna et les marquis Malaspina au levant. Toutes quatre, peut-être, étaient unies par les liens du sang, et descendaient, à ce que l'on suppose, d'une noble race de Bourgogne ou d'Allemagne. Giustiniano, Prierio, Panza, Sansovino et autres historiens, attribuent l'origine des Fieschi aux ducs de Bourgogne ou de Bavière, et les disent issus de deux frères dont l'un fut appelé Friscus, corruption de Fiscus, attendu qu'il était chargé du recouvrement des droits appartenant au fisc impérial. Federico Federici, le plus savant et le plus digne de confiance des historiographes de cette famille, affirme que plusieurs écrivains ont appelé ce même Friscus du nom de Roboald. L'autre frère donna naissance à la famille des Obici.

Les comtes de Lavagna étaient en guerre avec les Génois depuis 1110; vaincus, ils souscrivirent, pour avoir la paix, à de certaines conditions qu'ils cessèrent d'observer en 1132; mais l'année suivante, après avoir vu leurs châteaux pris et détruits, ils se soumirent de nouveau et prêtèrent serment d'obéis

(*) Lavagna est un bourg situé à quelques milles de Gênes, dans la partie orientale de la rivière. C'est un lieu renommé depuis une haute antiquité par ses carrières d'ardoises (pietra lavagna).

Les Fieschi avaient des fiefs dans le Parmesan, le Plaisantin et la Lunigiane; ils possédaient Massa et Carrara; puis Voghera en Lombardie, Vercelli dans le Piémont, Mugnano dans l'Ombrie, le comté de Saint-Valentin dans le royaume de Naples, et environ cent cinquante terres ou châteaux dans la Ligurie.

Dans les dignités ecclésiastiques, cette noble famille compte deux papes, Innocent IV et Adrien V, trente cardinaux et plus de trois cents patriarches, archevêques ou évêques; il ne faut done pas s'étonner de la voir figurer au nombre des Guelfes les plus zélés. Dans les dignités séculaires, il devient impossible d'énumérer les titres dont les Fieschi furent revêtus: on y voit plusieurs nobles du Saint-Empire, un général de l'Église, un grand maréchal de France sous Louis IX (JACQUES Fieschi), un général des Milanais, deux généraux des Florentins, quatre amiraux de Gênes et cinq lieutenants suprêmes perpétuels de la république génoise. Enfin les Fiesques s'allièrent à la plupart des maisons royales de l'Europe.

Telle fut cette puissante famille des Fieschi à qui il était réservé de voir naître, au xviR siècle, le plus hardi, le plus généreux, le plus séduisant des conspirateurs, Jean-Louis, dont nous parlerons plus bas, et au xix°, dans l'un de ses obscurs rejetons transplantés en Corse, un assassin qui a conquis la plus déplorable célébrité *.

CONJURATION DE FIESQUE. Vingt années s'étaient écoulées depuis que le plus illustre amiral du moyen-âge, André Doria ou d'Oria, avait rendu à sa patrie l'indépendance politique. On sait

(") Nous ignorons sur quelles preuves ce rapprochement s'appuie. Il a été dit à l'article FIESCHI que l'auteur de l'attentat du 28 juillet 1838 ne s'est jamais attribué une si noble ori、 gine.

S.

que d'Oria avait quitté le service de François Ier pour celui de Charles-Quint, et qu'il avait chassé les Français de la ville et des forteresses de Gênes. Le libérateur, ainsi qu'on l'appelait alors, vivait dans une fastueuse retraite ; il avait une cour à l'égal des rois, et ce n'était que pour mieux conserver l'influence décisive qu'il exerçait dans le maniement des affaires publiques qu'il n'avait pas voulu accepter le vain titre de doge; mais il se parait de celui de censeur perpétuel de la république. Le palais habité par d'Oria, dont on peut encore aujourd'hui admirer l'imposante architecture, était situé hors des murs de la ville, et sur le bord de la mer, près la porte Saint-Thomas. C'est là que se tenait la cour du libérateur et d'où partaient les ordres que recevaient avec soumission les autorités politiques et le doge luimême. Cependant les innovations introduites dans le gouvernement de la république, bien qu'elles eussent ramené le calme là où régnait la tempête et assoupi les querelles des Frégose, des Adorne, des Montalto et des Guarchi, ne pouvaient plaire à tous les partis; la faction populaire avait été abattue, et les formes du gouvernement aristocratique avaient succédé à celles du gouvernement démocratique *. Il n'en fallait pas davantage, dans un état qui s'intitulait républicain, pour qu'on dit que la liberté avait été tuée; et, dans le fait, il en était ainsi : d'Oria était un dictateur que les Génois toléraient, plutôt par respect pour sa gloire militaire que pour les services qu'il leur avait rendus. C'était surtout l'insolence de son neveu Jeannetin (Giannettino) que le peuple et la noblesse s'accordaient à détester. Autour de cette idée de liberté venaient se grouper les jalousies privées, les ambitions rivales, les haines de familles et toutes les mauvaises passions qui, selon l'usage en semblable circonstance, se cachaient sous le masque hypocrite du bien public. Au dehors, les ennemis de la république étaient attentifs à fomenter ces querelles intestines, épiant le moment favorable de les faire (*) Voy. ce que nous en avons dit à l'article

DOGES DE GENES, et ce qui en sera dit encore à l'article GENES.

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tourner à leur profit: tels étaient en première ligne le roi de France, le pape et le duc de Plaisance. François Ier cherchait, on le conçoit, à rattacher à sa couronne ce fleuron que la trahison de d'Oria en avait détaché violemment. La chaire pontificale était alors occupée par Alexandre Farnèse, couronnésous le nom de Paul III. Ce pontife voyait avec peine le développement prodigieux de la puissance impériale; il avait à se venger du refus que lui avait fait Charles-Quint de céder le duché de Milan à son fils PierreLouis Farnèse (voy.), et récemment encore il avait été contraint de dévorer en silence l'affront que lui avait fait souffrir André d'Oria en séquestrant quatre galères de l'Église. Ces motifs avaient déterminé le pape à embrasser le parti de la France. Enfin le duc de Plaisance, Pierre-Louis, attaché au souverain pontife par les liens du sang, recevait avec respect l'impulsion que lui donnait la cour de Rome.

Telle était, vers la fin de l'année 1546, la situation des affaires au dehors et au dedans de la république, lorsqu'un noble rejeton de l'illustre famille des Fieschi conçut le projet de délivrer son pays de la tyrannie des d'Oria.

JEAN-LOUIS de Fiesque, à peine âgé de vingt-trois ans, se trouvait déjà chef de sa race et possesseur de fiefs considérables. Aux avantages de la jeunesse et de la fortune il réunissait ceux de l'esprit, du cœur et de la beauté. Il était allié à l'une des plus anciennes familles génoises, celle de Cibo, et la gracieuse Éléonore, sa femme, qui entrait alors dans sa vingtième année, achevait de rallier aux Fieschi ceux que le comte n'avait pu s'attacher. A tant d'éclat se mêlait une ombre importune: Fiesque était fait pour commander, et il obéissait; le premier rang lui était dû, au moins après le vieux d'Oria, et ce rang était occupé par l'insolent Giannettino, neven et héritier du chef de la république.

Déjà vers l'année 1541, Fiesque s'était mis en rapport avec un de ses compatriotes, César Frégose, qui jouissait d'un grand crédit à la cour de France; mais ce dernier ne put rien obtenir : l'obstination qu'il mit à cacher le nom du chef de la con

ces et ses observations: le vieux d'Oria n'en tint aucun compte.

spiration inspira à François Ier des doutes qui nuisirent au succès de la négociation; mais plus tard le roi entra en relation avec Fiesque par l'entremise de son ambassadeur et principal agent en Italie, Guillaume du Bellay (voy.).

Le comte de Fiesque, jugeant alors que le moment favorable était venu, se rendit à Plaisance, où il n'eut pas de peine à s'entendre avec Pierre-Louis Farnèse à qui il acheta quatre galères. A peine le marché était-il conclu que Fiesque envoya un des navires à Gênes, annonçant publiquement qu'il le destinait à courir sur les corsaires barbaresques. Lui-même visita le pape Paul III, qui le mit immédiatement en rapport avec Augustin Trivulce, cardinal, protecteur de France, et parent de Fiesque. On convint que la révolution aurait pour objet de remettre Gênes sous l'autorité du roi de France.

Tout étant préparé, Jean-Louis invita les d'Oria a venir passer la soirée du 4 janvier (1547) dans son palais. Le motif de cette invitation reposait sur l'alliance prochaine de la sœur de Giannettino avec le frère de la comtesse de Fiesque, Jules Cibo, marquis de Massa. Les d'Oria devaient trouver la mort au moment même où ils prendraient place au banquet qu'on leur offrait. Ils refusèrent l'invitation: l'amiral souffrait de la goutte aux mains, et Giannettino devait partir pour une tournée qui le retiendrait hors de Gênes pendant un mois environ. L'époque marquée pour la réélection du doge approchait; le vaisseau de la république devait demeurer alors sans pilote pendant plusieurs jours. Ce moment d'inquiétude et d'agitation parut favorable aux conspirateurs : l'ordre fut donné, en con

pour la nuit du 2 janvier.

Dans la journée désignée, Fiesque envoya Verrina parcourir la ville pour s'assurer de sa disposition et convoquer les conjurés. Lui-même, afin de mieux cacher ses desseins, affecta de faire plusieurs visites de cérémonie; le soir, il se rendit au palais des d'Oria et fit sa cour au vieux amiral; puis, prenant dans ses bras les enfants de Giannettino, il les baisa tendrement, et se retira satisfait d'avoir si bien réussi à endormir ses victimes. De là il se rendit à son château, où il trouva nombreuse compagnie. Quiconque s'y présentait entrait librement, mais personne n'en sortait. Fiesque, ayant réuni ses hôtes autour de lui dans la grande salle du château, employa pour séduire les uns et raffermir les autres tout ce que l'éloquence a de plus entraînant, faisant sonner bien haut le despotisme des d'Oria et l'asservissement des Génois.

Rentré à Gênes, Fiesque convoqua les trois hommes qui lui étaient le plus dé-séquence, aux conjurés de se tenir prêts voués, Vincent Calcagno, de Varèse, Raphael Sacco, jurisconsulte de Savone, qui remplissait les fonctions de juge sur les terres du comte, et Jean-Baptiste Verrina, fils d'un riche négociant génois, homme d'exécution et doué d'une imagination très vive et de passions impétueuses. Quand ces trois hommes eurent entendu le rapport de Fiesque, il fut décidé que le cointe persévérerait dans son projet, mais en agissant toutefois avec le seul secours de ses amis et des Génois, sans la participation de la France. Cependant le duc de Plaisance levait 2,000 fantassins qu'il s'était engagé à mettre à la disposition des conjurés. Ce mouvement de troupes éveilla les soupçons du gouverneur de Milan, qui transmit à l'ambassadeur impérial à Gênes l'ordre de faire connaître à d'Oria ce qui se passait dans les états de Parme, et de l'inviter à veiller attentivement à la sûreté de la république; mais d'Oria, qui affectionnait vivement le jeune et brillant comte de Fiesque, se refusa à voir en lui autre chose qu'un aimable étourdi qui pourrait, avec le temps, devenir l'honneur de la république, mais jamais un chef de conjurés. L'envoyé impérial renouvela vainement ses instan

Vers le milieu de la nuit les portes du palais furent ouvertes, et les conjurés sortirent en bon ordre, précédés d'une compagnie de 450 hommes choisis parmi les plus intrépides et les plus vieux soldats. Les premiers postes enlevés, on se dirigea vers l'arsenal de mer où se

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