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trouvait la darse, qui fut prise après une courte résistance. Bientôt l'obscurité de la nuit s'illumine d'une subite clarté que suivit spontanément une violente détonation: Verrina donnait le signal. Aussitôt Jean-Louis et sa troupe se précipitent sur les galères de d'Oria dont les gardiens sont frappés dans les bras du sommeil ou jetés à la mer, pendant que JÉRÔME et OTTOBON de Fiesque, à la tête de soixante combattants, se précipitent sur le poste qui gardait la porte Saint-Thomas sous les ordres du capitaine Lercaro et de son jeune frère, lieutenant d'infanterie (alfiere). Le jeune Lercaro tombe percé de coups, et son frère est obligé de se rendre aux vainqueurs. Dans la ville, le tumulte et la confusion envahissent jusqu'aux quartiers les plus éloignés. Les cloches sonnent à pleine volée, les habitants sortent de chez eux mal armés et à demi vêtus. De tous côtés on voit courir des soldats, des ouvriers portant des torches, des épées, et criant avec enthousiasme : « Fieschi! Gatto! Gatto!» On sait, en effet, que le chat figurait dans les armes de la maison de Fiesque.

Cependant Jean-Louis, voyant que la chiourme des galériens se disposait à fuir, voulut prévenir cet événement qui aurait paralysé le secours qu'il attendait de la flottille. Il se hâte de courir à la galère capitane. Pour y parvenir, il fallait passer sur une planche jetée entre le bord du quai et l'échelle de poupe de la galère. Verrina précède le comte, et, à peine arrivé sur le vaisseau, il se retourne pour lui donner la main. Fiesque ne l'avait pas suivi!.... Il l'appelle. Fiesque ne répond pas. Ottobon se rend alors à la darse pour savoir ce qu'est devenu son frère aîné personne ne peut l'en instruire. Il était urgent de prendre un parti. Ottobon reste pour défendre les galères; Jérôme de Fiesque et Verrina, à la tête de 200 hommes d'élite, entrent dans la ville.

Giannettino d'Oria,réveillé en sursaut, était accouru à la porte Saint-Thomas, armé de sa seule épée et précédé d'un page portant une torche. Les conjurés, qui le reconnaissent, s'empressent de lui ouvrir la porte et le tuent à coups d'ar

quebuse. Plus prudent et mieux informé, le vieux d'Oria se fit conduire au château de Masone, appartenant aux Spinola, à une distance de 15 milles de Gênes. Ce ne fut qu'à Sestri qu'il apprit la mort de son neveu.

Cependant quelques nobles avaient eu le courage de se rendre au palais ducal, où vint les rejoindre l'ambassadeur de Charles-Quint. On envoya une petite troupe, qui fut bientôt dispersée et prise par les conjurés. Verrina se retira sur la galère, afin d'être à portée de fuir si les chances tournaient contre lui. Jérôme de Fiesque, demeuré seul, continua à s'avancer hardiment, joyeux et fier d'avoir à recueillir le magnifique héritage qui semblait lui être promis. Ne sachant quel parti prendre, les sénateurs lui envoyèrent une députation, dont les membres, d'abord pris pour des ennemis par les conjurés, demandèrent à parler au comte de Fiesque. « Il n'y a pas d'autre comte que moi,» répondit Jérôme, ce qui fit regarder comme certaine la mort de JeanLouis et enhardit les sénateurs, qui décidèrent que douze d'entre eux parcourraient la ville en appelant le peuple aux armes. Jérôme vit sa troupe diminuer avec le retour de l'aurore : suivi seule ment de quelques-uns des plus compromis d'entre les conjurés, il se mit en devoir de gagner à tout hasará la porte de l'Arc, dont Corneille de Fiesque, frère naturel de Jean-Louis, s'était rendu maître.

Quand on connut cette retraite dans le sénat, une nouvelle députation fut envoyée à Jérôme pour lui enjoindre de quitter la ville, avec l'assurance que l'oubli et le pardon couvriraient ce qui s'était passé. Il se retira, en effet, au château de Montobbio avec ses parents et amis. Ottobon, Verrina, Calcagno et Sacco, qui s'étaient réfugiés sur la ga lère de Jean-Louis, levèrent l'ancre et firent force de rames pour gagner le port de Marseille. Le lendemain, le sénat envoya deux députés pour offrir à André d'Oria ses compliments de condoléance sur la mort de son neveu et pour le prier de rentrer dans la ville. L'illustre vieillard, ayant acquiescé à cette demande, fut reçu avec des honneurs extraordinai

res et salué par de vives acclamations. Ce jour-là même Benoit Gentile fut élu doge de la république.

On se demandait encore ce qu'était devenu le comte de Fiesque; on craignait qu'il ne se fût enfui pour revenir plus terrible à la tête d'une armée étrangère, lorsqu'enfin on trouva son corps dans la vase. Voulant passer sur la planche qui conduisait au navire, il était tombé dans la mer; nul ne l'avait vu, et le poids de ses armes l'avait empêché de nager. Son cadavre, exposé quelque temps à la vue de la multitude, fut ensuite porté en pleine mer pour y être enseveli dans les flots.

André d'Oria fit révoquer le pardon accordé aux conjurés. Tous ceux qui avaient pris part à la conspiration furent déclarés criminels d'état. Le superbe palais de Fiesque fnt rasé jusqu'aux fondements; la mémoire du comte JeanLouis fut flétrie à jamais. Jérôme de Fiesque, Assereto, Calcagno, Sacco et Verrina furent pendus. Ils avaient été pris dans le château de Montobbio, où les quatre derniers étaient venus depuis peu pour rejoindre le frère de leur chef. Ottobon de Fiesque et Corneille le bâtard s'étaient retirés à Rome; mais le premier tomba quelque temps après entre les mains de d'Oria, qui le fit mettre à mort sans forme de procès. Le plus jeune des frères, SCIPION de Fiesque, se retira en France, sous le coup d'une proscription qui devait s'étendre jusqu'à la cinquième génération, et fut la souche d'une nouvelle branche de cette famille. Les autres Fieschi, errants et pauvres, se dispersèrent en Italie, en Corse et en Provence.

La conjuration de Fiesque a excité la verve des historiens et des poètes; les uns et les autres sont restés généralement fort au-dessous de la grandeur de ce drame historique. Dans le nombre prodigieux des écrits de toute nature que cet événement a fait éclore, l'histoire d'Augustin Mascardi (Anvers, 1629, . petit in-4°) mérite d'être citée pour l'exactitude des détails, sinon pour l'impartialité de l'historien. Nous pourrons en dire autant d'un roman publié à Milan, 1822, sous le titre de 1l conte di La

vagna, par Giov. Campiglio. La Conjuration de Fiesque, par le cardinal de Retz, n'est qu'une pâle imitation du livre de Mascardi. Schiller a composé une belle tragédie sur la Conjuration de Fiesque, mais il ne faut pas y chercher autre chose que la brillante étincelle d'une imagination féconde; le caractère de Verrina est complétement dénaturé. M. Ancelot a fait représenter en 1824, sur le Théâtre de l'Odéon, une tragédie de Fiesque, où, dans l'intérêt de l'effet dramatique, la vérité de l'histoire est cruellement outragée. C. F-N.

FIÉVÉE (J.), officier de la Légiond'Honneur, ancien conseiller d'état et préfet de l'empire, naquit à Paris le 9 avril 1767; fort jeune il embrassa l'état d'imprimeur. Lorsque éclata la révolution, il n'adopta pas avec enthousiasme, ainsi qu'on l'a prétendu, les principes qu'elle venait de jeter dans le monde: il se rangea parmi ceux qui s'efforçaient d'arrêter l'esprit révolutionnaire. Doué d'un extérieur avantageux, d'un bel organe et de toutes les qualités qui constituent l'homme éloquent, M. Fiévée parut au sein des sections de Paris et y acquit bientôt une grande influence. Nommé président de celle du ThéâtreFrançais (aujourd'hui l'Odéon), il y occupa le fauteuil dans les circonstances les plus orageuses; mais il fut obligé, au 13 vendémiaire, de s'éloigner de Paris pour se dérober aux poursuites du parti révolutionnaire. Cependant rentré bientôt dans la capitale, il y continua la rédaction de la Gazette Française, l'un des journaux de l'époque le plus empreint de royalisme et aussi le plus distingué par les talents de ses rédacteurs. Proscrit de nouveau au 18 fructidor (4 septembre 1797), et compris dans le décret de déportation qui frappait les rédacteurs de journaux dits alors contrerévolutionnaires, il eut encore l'habileté de se soustraire aux persécutions en se retirant en Champagne, où il composa deux romans qui ont eu plusieurs éditions, La dot de Suzette, 1798, in-12, réimprimé en 1803, 1821, 1826, ouvrage plein de grâce et de sensibilité, et Frédéric, 1800, 3 vol. in-18, traduit en anglais en 1802. Lorsqu'après la ré

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litiques ou administratives, peu de variations dans la situation du gouvernement, que l'auteur n'ait eu à traiter. Napoléon resta fidèle à l'engagement qu'il avait pris avec son correspondant de ne jamais le sacrifier. De son côté, M. Fiévée s'exprima avec liberté sur la mort du duc d'Enghien et sur quelques autres points délicats.

M. Fiévée, après avoir été nommé d'abord directeur du Journal de l'Empire (voy. DÉBATS et BERTIN), dont il fut aussi l'un des propriétaires durant plusieurs années, puis chevalier de la Légion-d'Honneur et maître des requêtes, fut, en 1810, envoyé à Hambourg pour opérer la liquidation des départements anséatiques. Au mois de mars 1813, il prédit à Bonaparte sa chute inévitable et cessa de correspondre avec lui.

Le 13 mars 1813, il reçut de l'empereur sa nomination à la préfecture de la Nièvre, poste qu'il occupa jusqu'au 22 mars 1815; cessant alors de faire partie de toute administration, il n'écrivit plus que pour le public.

volution du 18 brumaire, qui livra la France à Bonaparte, il eut repris, de retour à Paris, la direction de la Gazette, et que, de concert avec La Harpe, Fontanes, etc., il coopérait à la rédaction du Mercure (en 1800), une de ses lettres ayant été saisie et imprimée par les soins de la police dans un volume qui avait pour titre Correspondance anglaise, M. Fiévée fut arrêté par ordre de Fouché en janvier 1799, et détenu au Temple durant quelques mois. Dans l'intervalle, plusieurs articles que M. Fiévée avait déjà mis dans les journaux frappèrent le premier consul, et lorsqu'en réponse à un livre intitulé: Art de rendre les révolutions utiles, l'ex-prisonnier du Temple publia sa brochure Le 18 Brumaire opposé au système de la Terreur (Paris, 1802, in-8°), Napoléon, bien persuadé que M. Fiévée prenait parti pour son gouvernement, lui fit proposer par M. Roederer un voyage en Angleterre. « Plus « j'étudie ce pays dans les livres, lui dit Napoléon, moins je m'en fais une idée. Allez, voyez, et ce que vous m'en écri« rez, je le croirai. » M. Fiévée partit en 1802 pour l'Angleterre, d'où il n'adressa, dit-il, que trois notes au premier consul, tandis qu'il envoyait souvent de longues lettres au Mercure de France; ces lettres, réunies à son retour, furent publiées sous le titre de: Lettres sur l'Angleterre et Réflexions sur la philosophie du xviii siècle (Paris, 1802, 1 vol. in-8°); elles attirèrent à leur auteur une vive critique de la part des journaux anglais, surtout de l'Edinburgh Review. C'est qu'en effet M. Fiévée y portait des jugements bien sévères sur le pays qu'il avait visité. Rentré à Paris, il se livra de nouveau à la rédaction des journaux. Ce fut aussi à cette époque que, sur l'insistance de Bonaparte pour qu'il lui continuât la correspondance commencée de Londres, le journaliste fit avec lui le pacte qu'il lui dirait la vérité et qu'il serait obligé de l'entendre. Les communications que M. Fiévée adressa donc au premier consul et ensuite à l'empereur ont été publiées en 1837 sous le titre de Correspondance et relations de J. Fiévée avec Bonaparte, premier consul et empereur, de 1802 à 1813. Il est peu de questions po

Sous la Restauration, M. Fiévée défendit souvent la cause royaliste contre les royalistes eux-mêmes, notamment dans le Conservateur. Il n'a pas cessé dès lors aussi de lutter avec talent et conviction contre les divers ministères qui se sont succédé, soit en coopérant tour à tour et souvent simultanément à la rédaction de la Quotidienne, du Journal des Débats, etc., où ses articles se trouvent presque toujours signés des deux lettres T. L.*, soit par les divers ouvrages qu'il publia de 1815 à 1828. Celui qui contribua le plus à la réputation de son auteur est sa Correspondance politique et administra tive, commencée au mois de mai 1814 et continuée jusqu'en 1819 (15 parties in8°). Les vives attaques de cet homme de lettres contre les actes du pouvoir ont donné lieu, en 1818, à une condamnation, prononcée contre lui en police correctionnelle, de 50 francs d'amende et 3 mois de prison.

Outre les ouvrages dont nous avons parlé, M. Fiévée a encore publié: Les

(*) Depuis, M. Fiévée a écrit dans le Temps et aussi, dit-on, dans le National, sous le nom da S. Lacroix.

rigueurs du Cloître, comédie en 2 actes, | dont tout l'ensemble a été traduit en jouée avec succès en 1790 et imprimée allemand par M. Schlosser, qui y a ajouté en 1798 (in-8°); six nouvelles (1803, 2 des notes. M. Fiévée a en outre coopéré vol. in-12); Le Divorce, roman (1805); à la rédaction de la Nouvelle BiblioObservations et projet de décret sur l'im-thèque des Romans, Paris, année 1799 primerie et la librairie (1809, in-4°); et suivantes (112 vol. in-12), au RéperDes Opinions et des intérêts pendant la toire du Théatre-Français (Paris, 1823, révolution (1815, in-8°); et à différentes etc., 23 vol. in-8°), auquel il a fourni reprises, l'Histoire des sessions 1815 à quelques notices. La Biographie Univer1816, 1816 à 1817, 1817 à 1818, 1820 selle et celle des Contemporains lui doià 1821, et un grand nombre de brochu- vent aussi plusieurs bonnes notices. Enres politiques. Il donna suite à l'un de ses fin, en 1830, il a fait paraître une broprincipaux ouvrages dans la Nouvelle chure ayant pour titre: Causes et ConséCorrespondance politique et adminis-quences des événements du mois de trative (Paris, 1828, in-8°), ouvrage juillet 1830.

E. P-C-T.

FIN DE LA DEUXIÈME Partie du tome dixième.

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