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jouit pas longtemps: il mourut en 1806.

A peine âgé de vingt-quatre ans, Ferdinand-Charles-Joseph, reçut nominalement le commandement supérieur du troisième corps de l'armée autrichienne dans la campagne de 1805 contre la France. Cette division, forte de 80,000❘ hommes, s'empara de la Bavière et entra en Souabe. Mais ce fut en réalité le général Mack, feldzeugmeister, qui dirigeait toutes les opérations en qualité de chef de l'état-major général. Lorsque ce dernier eut laissé tourner ses positions sur l'Iller, entre Ulm et Güntzbourg, et couper ses communications avec la Bavière, l'Autriche et le Tyrol, Ferdinand, | qui commandait l'aile gauche, fut battu le 9 octobre par le maréchal Ney. Malgré le feu de mousqueterie des Autrichiens, les Français passèrent sur la rive droite du Danube, au moyen des traverses des ponts qui avaient été détruits. Ferdinand, le prince de Schwartzenberg, le général Kollowrath et d'autres chefs, pressèrent alors le général Mack de s'emparer de la rive gauche et de gagner Nordlingen, pour sortir de la position désavantageuse où il se trouvait près d'Ulm. Ce fut en vain, et le 14 octobre l'armée autrichienne se vit cernée de tous côtés et enfermée dans Ulm. Ferdinand déclara alors qu'il était résolu de s'ouvrir un passage à la tête de douze escadrons. Le prince de Schwartzenberg en prit le commandement, et il réussit effectivement à traverser les lignes françaises et à atteindre Geislingen, où il espérait faire sa jonction avec le corps du général Werneck; mais celui-ci fut obligé de capituler le 18, près de Trochtelfingen. Ferdinand se retira donc vers OEttingen, où il rallia les débris de la division Hohenzollern. Toute sa troupe ne s'élevait pas alors à plus de 3,000 hommes, dont 1800 de cavalerie. Atteint près de Günzenhausen, sur l'Altmühl, par la cavalerie de Murat, il ne dut son salut qu'aux pourparlers du prince de Schwartzenberg et du général français Klein, pourparlers qui lui laissèrent le temps de s'échapper avec sa cavalerie. Toute l'infanterie et la grosse cavalerie tombèrent entre les mains des Français. Atteint une seconde fois près d'Eschenau, il fut sauvé encore par la

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résistance héroïque de son arrière-garde commandée par le général Mecserey, qui fut blessé à mort et fait prisonnier. Après avoir parcouru cinquante milles allemands en huit jours, au milieu de combats sans cesse renouvelés, l'archiduc arriva enfin à Eger avec moins de 1,500 hommes. Ce fut dans cette ville qu'il reçut l'ordre d'aller prendre le commandement supérieur de la Bohême. Il y organisa le Landsturm et disputa pied à pied le terrain aux Bavarois, qu'il vainquit dans plusieurs combats. A la tête de 18,000 hommes, il fut chargé ensuite de couvrir l'aile droite de la grande armée coalisée jusqu'à la bataille d'Austerlitz.

Nommé, en 1809, commandant en chef du 7o corps d'armée, fort de 36,000 hommes, il traversa la Piliça et entra, le 15 avril, dans le grand-duché de Varsovie. Ce fut en vain qu'il publia une proclamation pour appeler les Polonais à la révolte contre Napoléon et le grand-duc. Poniatowski lui opposa, le 19 avril, une résistance vigoureuse à Rascyn; mais il n'en fut pas moins obligé, le 22, de rendre Varsovie par capitulation et de se retirer à Praga et sur la rive droite de la Vistule. Ferdinand d'Este marcha alors contre Kalisz (Kalisch) et attaqua inutilement Thorn. Poniatowski réussit à tourner les Autrichiens, battit plusieurs corps détachés, et excita un soulèvement populaire à Lublin, qui faisait partie de la Gallicie autrichienne. Les Polonais conquirent ensuite Sandomir, Zamosc, et le 28 mai, Léopol ou Lemberg. Dombrowsky (voy.) traversa la Bzura et força les Autrichiens à évacuer Varsovie. Il est vrai que Ferdinand reprit la Gallicie, mais il ne put empêcher les Polonais de faire leur jonction avec le corps auxiliaire russe sous les ordres du prince Gallitzin. Poniatowski chassa les Autrichiens de Lemberg et de Sandomir et prit possession de la Gallicie au nom de Napoléon. Il entra à Cracovie le 15 juillet. Ferdinand se retira en Hongrie, et l'armistice de Znaim, signé le 12 juillet, vint mettre un terme à cette guerre.

Dans la campagne de 1815, l'archiduc prit le commandement supérieur de la réserve autrichienne, qui comptait 44,000 hommes. Elle traversa le Rhin

le 26 juin avec deux divisions de cette | chande publique, ou non commune, ou

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ESTER, du latin stare. Ce mot, qui appartient à la langue romane, et qui n'est plus usité que comme terme de jurisprudence, signifiait, dans son sens primitif, être, subsister, exister. Il avait en outre un grand nombre d'acceptions dont nous indiquerons seulement quelquesunes. D'abord on l'employait comme synonyme de s'arrêter. C'est ainsi qu'on it dans les Établissements de saint Louis, kv. I, chap. 87: « Se aucuns hons estrange vient ester en aucune chatellerie de aucun baron. » De là ester s'est dit pour se tenir debout, comme dans Froissart, liv. I, partie 2, chap. 247 : « Si vit devant lui ester messire Bertran du Guesclin. On voit aussi ce mot pris dans le sens de rester tranquille. « Par mon Dieu, mon amy, je veux dormir; laissez-moi ester, attendez le matin. » (Les quinze joyes de mariage, pag. 67, édit. de Rouen, 1596.) Enfin, dans le Roman de la Rose, on trouve laisser ester pour quitter, abandonner:

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Genius ainsi la conforte,

Et de ce qu'il peut luy enhorte, Qu'elle laisse son dueil ester (vers 17,580). En droit, ester en jugement, c'est être partie dans un procès, comme demandeur ou défendeur. Cette expression vient des termes de la loi romaine stare in judicio, dont elle n'est toutefois qu'une traduction inexacte, le mot latin judicium signifiant procès, tandis que c'est la décision du juge (sententia judicis) que nous appelons jugement. L'art. 215 du Code civil porte: « La femme ne peut ester en jugement sans l'autorisation de on mari, quand même elle serait marEncyclop. d. G. d. M. Tome X.

séparée de biens. » Sous l'ancienne législation, en matière criminelle, ester à droit c'était comparaître en personne devant la justice. Suivant l'ordonnance de 1670, lorsque le condamné par contumace ne s'était pas représenté ou n'avait pas été arrêté dans les cinq ans de l'exécution de la sentence par contumace, les condamnations pécuniaires, amendes et confiscations prononcées contre lui, étaient réputées contradictoires. Néanmoins, il pouvait encore ester à droit et se faire juger de nouveau, en obtenant du prince une autorisation spéciale, que l'on nommait lettres pour ester à droit.

E. R. ESTERHAZY DE GALANTHA, une des plus anciennes et des plus puissantes familles hongroises, que les généalogistes cherchent à faire remonter jusqu'à ce prétendu descendant d'Attila, roi des Huns, Paul Estoraz, qui fut baptisé l'an 969; famille qui rendit à la maison de Habsbourg, sous Ferdinand II et Léopold Ier, d'importants services, relativement à la soumission et à la conservation de la Hongrie. Cette famille compte parmi ses aïeux une longue suite d'hommes d'état illustres, de guerriers et d'éminents prélats. Elle se sépara (l'an 1238) en deux branches : celle d'Esterhazy et celle d'Illyeshazy, actuellement éteinte. Elle ajouta à son nom celui de Galantha en 1421, en même temps qu'elle acquit la principauté ainsi nommée, dont le chef-lieu, bourg hongrois du comitat de Presbourg, renferme, comme Esterhaz*, un beau château, résidence de cette famille. Depuis 1594, elle se sépara de nouveau en trois branches encore existantes: celle de Cset

(*) Esterhaz ou plutôt Eszterhaz (de même que la véritable orthographe du nom de famille est Eszterhazy) est un grand village peuplé d'Allemands et situé dans la Basse-Hongrie, comitat d'OEdenburg, près du lac de Neusiedel. Le château, autrefois célèbre, mériterait une des

cription; mais le manque d'espace nous oblige

de renvoyer le lecteur à celle qu'on trouve dans l'Encyclopédie autrichienne, qui donne aussi d'amples détails sur la puissante famille d'Esterhazy, dont le chef a ce singulier privilége d'avoir une garde d'honneur avec laquelle il peut entrer jusque dans les faubourgs de Vienne et garder seul l'empereur si ce monarque vient à séjourner dans l'une de ses terres, etc. J. H. S. 6

neck, celle de Zolyom et celle de Frakno | viron 20,000 volumes. La résidence d'été ou de Forchtenau*: la dernière fut des Esterhazy, dans la ville d'Eisenstadt, élevée dès 1626 à la dignité de comte de (comitat d'OEdenbourg), où il fit ensel'Empire; les deux premières le furent en velir avec pompe les restes du célèbre 1683. La branche de Frakno se subdivisa Haydn, est devenue par ses soins un encore en celle de Papa et celle de Frak- temple de la musique et de la botanique. no; et le comte PAUL IV, chef de celle-ci, | Quand Napoleon etait à Vienne en 1809, obtint en 1687, avec le titre de prince de ific entendre au prince Nicolas qu'il pourl'Empire, la régale de la monnaie, le droit | rait disposer en sa faveur de la couronne de conférer la noblesse, etc. Le décret de Hongrie, pour affaiblir l'Autriche par impérial qui confère ce titre dit, entre cette separation; mais il s'était mépris autres: Parce que des documents vala- sur les dispositions du prince, aussi bien bles font remonter leur race au-delà du que sur celles du peuple hongrois; d'une déluge. » La branche princière s'augmenta part Esterhazy ne se prêta pas à un pareil de tant de possessions et de domaines, par arrangement, et de l'autre il n'aurait nulledes donations, des mariages et des héri- ment été accepté du peuple. Nicolas IV tages successifs, qu'on regarde le pos- mourut le 25 novembre 1833, à Côme, sesseur de son majorat comme l'un des en Italie, où il avait trouvé une douce et plus riches propriétaires fonciers, non- paisible retraite. Le chef actuel de la seulement de la monarchie autrichienne, famille est son fils, PAUL - ANTOINE, mais peut-être aussi de l'Europe tout prince Esterhazy, né le 11 mars 1786, entière. On évalue son revenu annuel à et qui a épousé en 1812 Marie-Therèse, 1,800 000 florins; mais les biens sont princesse de la maison souveraine de la tellement grevés d'hypothèques qu'ils Tour et Taxis. Il est depuis plusieurs ansont sous sequestre et qu'il n'est alloué nées ambassadeur d'Antiche à Londres, au chef de cette maison que la somme chevalier de la Toison d'Or, etc. Son annuelle de 80,000 florins **. frère NICOLAS CHARLES, prince Esterhazy, est grand-officier de la maison de l'empereur, et leur sœur MARIE-LEOPOLDINE, princesse douairière de Lichtenstein (voy, est grande dame du palais.

Le prince NICOLAS IV, né le 12 décembre 1765, mérite une attention toute particulière. Il parcourut dans sa jeunesse presque toute l'Europe, et séjourna longtemps surtout en France, en Angle- Les autres branches de la maison terre et en Italie. Comme son père Ni- d'Esterhazy ne portent que le titre de colas III et son frère Antoine, qui, tué comie; mais tous les membres de celle de devant Belgrade, fut vivement regretté Frakno sont nés princes, en vertu d'une de Laudon, il prit du service dans l'arpatente impériale accordée à la famille mée; mais il eut bientôt à remplir des en 1783. C. L. missions diplomatiques dans des circon- ESTHER, fille juive, dont, suivant stances importantes. Les arts et les scien-l'Écriture, le premier nom fut Edissa*. ces lui ont d'immenses obligations. Il est le premier fondateur de la magnifique galerie de tableaux qu'on admire à Vienne (faubourg Mariahilf), dans le palais Esterhazy, entouré de vastes jardins, qui avait appartenu auparavant au prince Kaunitz: c'est là qu'il a réuni ses immenses collections de gravures et de dessins, ainsi qu'une bibliothèque d'en

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Elle eut pour père A bihaïl, cousin de Mar-
dochée et descendant de Saul. La Bible
ne nomme point sa mère. Après que l'é-
dit de Cyrus eut rendu la liberté aux
Juils expulsés de leur pays par Nabucho-
donosor, la famille d'Esther vint s'éta-
blir a Suze, siége de l'empire des Per-
ses. Orpheline en bas âge, et adoptée
par son parent Mardochee, Esther vivait
auprès de lui dans une profonde retraite;
et c'est peut-être de là qu'elle reçut ce
nom d'Esther, dont le sens en hébreu
est: celle qui se cache (abscondita) **.
(*) On Hadassa.

(**) Esther paraît être un nom royal, le même

Dans la 4° année de son règne, As- | doublé l'orgueil, s'était rendu avant le mérus* répudia la reine Vasthi, qui, fi- jour à la porte du palais, pour obtenir dèle aux habitudes des femmes de l'O- du roi la permission de faire, dès cette rient, avait refusé de paraître sans voile même journée, suspendre Mardochée à aux yeux des convives de son époux. Es- une potence de 60 coudées de hauteur, ther obtint la préférence sur toutes celles qu'Aman avait fait élever devant sa maiqui, conformément aux ordres du roi, son. Assuérus, ayant fait entrer son fase présentèrent pour remplacer Vasthi; vori, lui demanda de quels honneurs il mais, docile aux conseils de son oncle, devait récompenser l'homme qui avait le elle ne revela point son origine à Assué- plus de droits à sa reconnaissance. Aman, rus. Mardochée s'était procuré dans le persuadé qu'il allait parler pour luipalais des intelligences auxquelles il même, conseilla au roi de revêtir des dut la découverte d'un complot tramé ornements royaux celui qu'il voulait hocontre les jours du roi par les eunuques norer, et de le faire conduire, dans toute Tharès et Bagatha: il le fit savoir à Es- la ville de Suze, par le premier seigneur ther, qui en instruisit le monarque. Cet de la cour, qui, tenant la bride du cheavis valut à Mardochée son admission val, obligerait tous les habitants à se prosdans l'intérieur du palais et quelques terner à son passage. Assuérus ordonna présents. Cependant il se refusait à flé- à Aman d'exécuter à l'égard de Mardochir le genou devant le favori Aman, chée tout ce que lui-même venait de auquel, d'après un ordre d'Assuérus, proposer, et ce fut après avoir servi de tous les Perses devaient rendre cet hon- héraut au triomphe de son ennemi que neur. Aman, qui était de race amalécite, l'insolent ministre vint s'asseoir à la table ennemie du peuple juif, pour venger d'Esther. Un plus grand châtiment l'y sur ce peuple la ruine de ses ancêtres attendait. et satisfaire sa haine personnelle contre Mardochée, persuada au roi que les Juifs ne cessaient de conspirer pour lui arracher la vie et l'empire, et il obtint ainsi de ce prince crédule un édit de proscription contre tous les Israélites répandus dans ses états. Le même arrêt livrait à la cupidité de l'ambitieux ministre les dépouilles de la nation proscrite. Cet édit fut porté la 12° année du règne d'Assuérus, huit ans après le couronuement d'Esther.

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A la suite du banquet, le roi, transporté de joie et d'amour, ayant conjuré Esther de lui demander tout ce qu'elle pouvait désirer, avec serment de la satisfaire, elle se jeta à ses pieds, en le suppliant de sauver sa vie et celle de son peuple. Aussitôt, lui avouant son origine, elle lui dévoila les trames d'Aman et sa haine contre Mardochée. Le roi, ému de colère, fit livrer Aman au supplice que celui-ci avait fait préparer pour le parent d'Esther. L'anneau royal, gage de la faveur du monarque, passa de la main d'Aman dans celle de Mardochée, qui fut fait grand-maître du palais. Non-seulement l'arrêt de mort porté contre les Juifs fut révoqué sur-le-champ, mais un nouvel édit d'Assuérus leur permit de se défaire de leurs ennemis, dans toute l'étendue de la Perse, au jour qui avait été indiqué pour leur propre ruine. Suivant

Avertie par Mardochée du danger qui menaçait sa nation, Esther, malgré la défense formelle d'aborder le roi sans être appelé devant lui, se rendit auprès de son époux, et l'invita pour le jour suivant à un festin où elle désirait qu'Aman fut aussi admis. La nuit d'après, Assuérus, ne pouvant trouver le sommeil, se fit lire les annales de son règne. Arrivé au récit de la conspiration décou-l'Écriture, ce contre-ordre coûta la vie verte par Mardochée, il s'étonna qu'il eût été si peu récompensé. Aman, dont l'invitation de la reine avait encore re

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à 75,000 hommes. Il en périt 800 à Suze, outre les 10 fils d'Aman, qui partagèrent le sort de leur père. L'Écriture dit qu'ils furent pendus à une croix, ce qui laisse quelque équivoque sur le genre de leur supplice. Esther et Mardochée se hâtèrent d'expédier, dans les 127 pro

vinces soumises à la domination d'Assuérus, des courriers porteurs de lettres qui contenaient le récit de ces événements et l'ordre aux Juifs d'en célébrer à jamais l'anniversaire, pendant deux jours appelés purim, c'est-à-dire jours des sorts.

a

Tels sont en substance les faits renfermés dans le livre d'Esther, dont nous abandonnons l'examen à un critique plus compétent dans ces matières. On lit dans la lettre de saint Jérôme à Paulin, sur l'étude de l'Écriture sainte: « Esther, « qui a été la figure de l'Église, délivre « son peuple du danger où il était, et « ayant fait perdre la vie à Aman, qui signifie l'iniquité, fait part de son fes<< tin à la postérité, et lui donne l'espé«rance de la joie dans une grande fête. » Sans entrer ici dans le sens mystique de cette narration, nous dirons que la noble et douce figure d'Esther offre le modèle de la simplicité au sein des grandeurs, et de la vertu modeste sur le trône *. C'est sous cet aspect que Racine l'a présentée, dans la tragédie à laquelle il a donné son nom, et dont il a fait un chefd'œuvre, quant au style et à l'admirable précision avec laquelle il a reproduit tous les traits de la Bible. C'est surtout après avoir lu cette pièce que l'on peut dire du poète ce que lui-même fait dire à Esther par Assuérus:

Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce
Qui me charme toujours et jamais ne me lasse.

On sait que la tragédie d'Esther, comme plus tard celle d'Athalie, fut composée pour les jeunes élèves de la Maison royale de Saint-Cyr. Le choix même du sujet était un trait d'heureuse flatterie; mais si, à l'égard de Mme de Maintenon, l'intention de l'auteur était évidente, la malignité alla peut-être plus loin qu'il n'aurait voulu, en reconnaissant Me de Montespan et Louvois sous les noms de Vasthi et d'Aman. La représentation d'Esther eut lieu à Saint-Cyr, en 1689, un an après la révocation de l'édit de Nantes. Ce rapprochement de dates eût pu en faire faire un autre en

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tre Esther et Mme de Maintenon, n'aurait pas été à la gloire de celle En effet, la reine de Perse s'exposanti courroux d'un époux et d'un roi pa sauver le peuple juif, condamnait hạ tement par cet exemple la conduite la favorite qui, née protestante, avait de son crédit pour appeler la persécuti sur les protestants.

Avant Racine, le sujet d'Esther av déjà été mis cinq fois au théâtre. La tra gédie que Du Ryer donna sous ce titra en 1644, est la seule digne d'être cité N. Poussin a représenté, dans un de s plus beaux tableaux, l'entrevue d'Esth et d'Assuérus, et, dans le siècle dernie les principaux traits de la même histoir ont fourni à Restout le sujet d'une suit de compositions au nombre de sept, su périeurement gravée par Beauvarlet.Cett collection a joui longtemps d'une vogu justifiée, sinon par la pureté et l'éléva tion du style, au moins par le charme et l'éclat de la composition. P. A. V.

LIVRE D'ESTHER. Ce livre de l'Ancien-Testament raconte un épisode de l'histoire des Juifs, dont on vient de lire le récit. Plusieurs critiques, ne pouvant regarder cette composition comme faisant partie des livres historiques proprement dits de l'Ancien - Testament, mais le classant parmi les poèmes historiques, ont vivement attaqué l'exactitude des faits qu'il raconte, et sont allés jusqu'à contester l'existence d'Assuérus et fait mention *. Ce ne sont pas seulement celle de toutes les personnes dont il y est des auteurs frivoles, comme Voltaire, ou bien des rationalistes, tels que Berthold (Hist. krit. Einleit., t. V, Erlang. 1816, p. 2425), de Wette (Einl. in d. 4. T., Berlin 1833, p. 250), et d'autres,

(*) Ceux qui admettent la réalité historique de ces personnages ont vu dans Assuérus, on Da rius Hystaspe, ou Cambyse, ou Artaxerxès Longuemain, ou enfin Xerxes. Cette dernière opinion est rendue assez probable par Eichhorn (Eint, in d. 4. T., t. III, 1823, p. 641); il pense qu'Es ther pourrait bien être la même qu'Amestris, épouse de Xerxès. Cependant, même après avoir examiné la question avec le plus grand soin, on dira encore avec E. Dupin (Dissertat. prelim. sur la Bible, t. I, Paris, 1701, p. 297): « La chose nous paraît du moins aussi incertaine après toutes ces recherches qu'elle nous le semblait auparavant. >>

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