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pellent chrétiens; ainsi, toutes les Eglises particulières sont des membres de l'Église de Pierre, qui est l'Église romaine. Celle-ci est donc la mère de toutes les Églises de la chrétienté (1), toutes lui sont soumises comme une fille à sa mère. L'Église romaine se charge du soin de toutes les autres Églises (2), elle peut exiger d'elles honneur, respect, obéissance (3). Comme mère, elle commande à toutes les Églises et à tous les membres qui y appartiennent, tels que les empereurs, les rois, les princes, les archevêques, les évêques, les abbés, et les autres fidèles (4). En vertu de sa puissance, elle peut les instituer ou les déposer (5); elle leur confère le pouvoir, non pour leur gloire, mais pour le salut d'un grand nombre. Ils doivent donc à l'Église une humble obéissance (6); et quand ils se jettent dans des voies criminelles, cette sainte mère est tenue de les arrêter et de les mettre dans les meilleurs sentiers (7); autrement elle participerait à leurs crimes (8). Mais quiconque s'appuie sur cette tendre mère, quiconque l'aime, suit ses conseils et la protége, reçoit d'elle protection et munificence (9). Quelque résistance qu'éprouve celui qui tient sur la terre

(1) Epist., v. Append., 11, 15; II, 1; iv, 28; 1, 29. Petri Damiani, Epist., ap. Baron., ann. 1057.

(2) Id., II, 1.

(3) Id., 1, 24.

(4) Id., 1, 60; VIII, 21 (lettre d'une grande importance).

(5) Id., vII, 4; II, 18, 32, 5.

(6) Id., VIII, 21.

(7) Id., v, 5; II, I.

(8) Id., HI, 4; Iv, 1; 11, 5. Append., 1, III, 4.

(9) Id., 1, 58; ш, 11.

la place de Jésus-Christ, il doit lutter, rester ferme et souffrir, à l'exemple de Jésus-Christ (1). Le monde est plein de scandales (2); le siècle est de fer (3); sur toute l'étendue du globe, l'Église est dans une grande détresse (4); ses serviteurs sont criminels, il faut qu'ils se corrigent et se convertissent (5). C'est du chef que doivent partir la réforme et la régénération (6); c'est lui qui doit déclarer la guerre au vice, l'extirper (7), et jeter les fondements de la paix du monde (8); c'est lui qui doit prêter main-forte à tous ceux qui sont persécutés pour la justice et la vertu (9). La persécution et la viclence ne doivent pas l'en détourner (10); car celui qui menace l'Église, qui lui fait violence et lui cause de l'amertume, est un enfant du démon, et non de l'Église; elle doit le bannir et le retrancher de la société humaine (11). Il faut donc que l'Église soit indépendante, que tous ceux qui lui appartiennent soient purs et irrépréhensibles: accomplir cette grande œu

(1) Epist., Iv, 24.

(2) Id., v, 7, 15, 1, 9, 42 principalement; III, 15; II, 1. Mansi, Coll. Concil., xx, p. 629.

(3) Epist., 1, 9; 11, 5 (très-forte); 11, 49. Cf. Petri Damiani, Epist. ad episc., in Baron., ann. 1057.

(4) Epist., v, 10; 1, 42, et surtout 70; vii, 25; VIII, 9; II, 45.

(5) Id., 1, 27, 28; II, 45; vii, 10; 1, 30.

(6) Id., v, 5; iv, 28; ix, 21.

(7) Id., II, 1.

(8) Id., vi, 1; vIII, 9.

(9) Id., vi, 12.

(10) Id., App. 1, 15, p. 629, dans Mansi; v, 7; ix, 2. Voy. principalement ix, 21; vi, 1; vii, 3.

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vre, c'est le devoir du pape (1). L'Église sera libre (2).

Voilà les pensées de Grégoire, telles qu'elles se trouvent dans des lettres écrites à diverses époques (*). Il n'y a pas de doute qu'elles ne fussent, dans son esprit, un sujet de sérieuses réflexions lorsqu'il monta sur le trône pontifical. Il voyait bien clairement qu'il lui fallait toute l'énergie de son âme, toute l'autorité de son rang, pour briser deux liens qui attachaient le clergé à l'État, les évêques aux souverains, et qui mettaient l'Église sous la dépendance du pouvoir. Ces deux liens étaient l'incontinence des clercs, l'investiture ou la simonie.

Depuis des siècles, et dans toutes les parties de la chrétienté, les empereurs, les rois et les princes étaient dans l'habitude de donner aux évêques et aux abbés l'investiture de leurs dignités, auxquelles était toujours attaché un fief. Ils la donnaient en remettant au dignitaire élu l'anneau et le bâton pastoral. Cette coutume avait sa source dans le régime féodal, dans la piété d'un grand nombre de seigneurs et de souverains, et dans la conviction où l'on était que l'Église et ses ministres avaient besoin de possessions territoriales. Au dixième siècle, cet usage, déjà ancien, devint plus général : aussitôt qu'un évêque ou un abbé était mort,

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(*) On ne peut nier que ces pensées ne soient celles de Grégoire; cependant nous devons prévenir le lecteur qu'elles ne se trouvent pas, pour la plupart, littéralement dans ses écrits, L'auteur les a puisées dans l'esprit de ses épîtres, plutôt que dans la lettre même. (Note du trad.)

son évéché ou son abbaye revenait au seigneur, qui pouvait nommer et investir un nouveau dignitaire. Le choix et l'inféodation, le sacre et l'investiture, rendaient seuls un évêque ou un abbé légitime, car le fief et la dignité n'étaient jamais séparés. On doit bien penser que les choix que faisait le suzerain étaient conformes à ses intérêts; ainsi il choisissait communément un homme qui, par les qualités de l'esprit, par ses dispositions guerrières (quand le temps l'exigeait), par ses richesses et son nom, exerçait une grande influence dans la société, et portait l'épée aussi bien que la croix. En recevant l'investiture, le clergé contractait toutes les obligations féodales; ainsi l'évêque ou l'abbé était obligé, en temps de guerre, de joindre sa bannière au drapeau du prince. Il arrivait souvent que le prêtre, ayant à peine quitté l'autel, reçût de son suzerain l'ordre de ceindre l'épée et de rejoindre l'armée. Pour se former à la guerre, les ecclésiastiques se livraient à la chasse, qui, quoique pour la plupart un plaisir, devenait pourtant un exercice en quelque sorte nécessaire. De là résultait que les hauts dignitaires de l'Église étaient en contact perpétuel avec le monde, qu'ils tenaient une espèce de cour où l'on ne voyait que pompes et festins, et qu'ils oubliaient les devoirs et les convenances de leur état. Et quand l'anneau et le bâton pastoral ne se donnaient plus que pour de grandes sommes d'argent, quand une coupable rivalité se manifestait dans ces enchères, alors la seule pensée fut d'aviser aux moyens d'amasser des richesses. De là l'op

pression des sujets, de là leur haine et leurs murmures. Les dignités ecclésiastiques étant ainsi adjugées au plus offrant, il arriva que plusieurs villes avaient deux évêques à la fois (1). Il est facile de concevoir que les ministres de Dieu avaient perdu toute indépendance, qu'ils étaient soumis aux princes temporels, surtout en Allemagne, où l'empereur abusait plus particulièrement du droit d'investiture. Or, suivant Grégoire, cela ne devait pas être l'Église et ses ministres devaient être indépendants.

Depuis longtemps on parlait aussi de la simonie: la vente et l'achat des dignités ecclésiastiques étaient regardés comme un crime horrible qui appelait la vengeance du Ciel (2), parce qu'en le commettant on trafiquait avec les dons du Saint-Esprit. Ce vice s'est introduit dans l'Église avec les richesses; mais il y a toujours eu des hommes pieux qui l'ont combattu avec force dans leurs écrits (3) et dans les synodes. Plus ce vil commerce s'accroissait, plus les avertissements devenaient sévères (4).

Depuis que Hildebrand était à la tête des affaires ecclésiastiques, on s'élevait contre la simonie dans tous

(1) Bruno, de Bello sax. On en vit plusieurs exemples du temps de Henri IV, empereur d'Allemagne.

(2) Gratian., Decret., 11, p. 299.

(3) Tel que Grégoire le Grand, dont Grégoire VII aimait à étudier les ouvrages. Voy. sa 57 lettre, lib. ix (Labb., t. v, p. 1469), qui en offre un exemple remarquable.

(4) On en trouve un grand nombre dans l'Hist. ecclés. de Schræckl, XXII vol., p. 581 et suiv.

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