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être observée au microscope. A cette épaisseur, tout ce qui peut être translucide sera transparent; une forte lumière nous permettra l'observation à de forts grossissements et le microscope nous dira minutieusement la constitution de la pierre.

Il nous le dira, parce que nous connaissons déjà les caractères de tous les constituants possibles des pierres. Reconnaissant ces caractères dans les éléments de la roche, nous déterminerons du même coup la nature de ceux-ci.

Ces éléments constituants des roches peuvent être d'origine minérale ou d'origine organique. Étant d'origine organique, ils sont d'ailleurs faits d'un constituant minéral déterminé. Il faut donc, pour parvenir à déterminer les éléments des roches, connaître tout d'abord les procédés de détermination des minéraux au microscope, et voilà pourquoi la Lithologie touche de près la Minéralogie et la touche même de si près qu'elle est souvent considérée comme une annexe de cette science. Il faut aussi connaître la manière d'être en sections minces des différents types d'organismes, et cette connaissance devrait être de celles qu'on acquiert couramment en Paléontologie de fait, elle résulte bien plutôt des études des Lithologistes auxquelles les Paléontologues sont redevables fréquemment des renseignements qu'ils possèdent sur cette question.

A l'aide de ces connaissances préalables sur les minéraux et les organismes, nous pouvons aborder l'étude au microscope de la manière d'être des roches et déterminer dans quels rapports se trouvent les uns vis-à-vis des autres dans une roche, soit minéraux de différentes espèces, soit minéraux et organismes, soit organismes de différents groupes. Nous en tirons la connaissance de la texture de la roche, c'est-à-dire du mode d'arrangement de ses éléments. Et ces choses qui se déterminent au microscope sont de celles qu'on ne saurait déterminer à l'œil nu, ou

tout au moins qu'on ne saurait ainsi faire qu'avec très peu de précision.

Le microscope appliqué à l'étude des roches nous permet donc à la fois de déterminer les matériaux qui constituent la roche et d'observer les rapports mutuels de ceux-ci. Ces rapports mutuels se signaleront parfois par leur singularité et poseront des problèmes qu'on ne soupçonnait pas, ou bien ils expliqueront des phénomènes que seules les études stratigraphiques ne permettaient pas de comprendre, ou bien encore ils poseront à nouveau des problèmes mal posés en stratigraphie et pourront en donner la solution.

Quelle est la nature de ces problèmes qui se posent en Lithologie, et comment à l'aide de la Lithologie arrivonsnous à résoudre certains problèmes posés en Stratigraphie ? telles sont les questions auxquelles nous devons maintenant répondre. Mais avant toutes choses nous ne devons pas oublier que la Lithologie ou la Stratigraphie sont des sciences d'observation, et que les problèmes qui se posent dans l'un ou l'autre ordre d'idées résultent du degré d'importance que nous attribuons à certains faits ou de l'étonnement que nous causent certaines concordances de faits, en un mot, de la manière dont nous réagissons vis-à-vis de ce que nous voyons. Ces problèmes ont donc un caractère très net de subjectivité et l'on conçoit qu'ils puissent être souvent la conséquence des idées ou des préoccupations d'une époque.

Je voudrais éclairer la question par quelques exemples, et, si vous le voulez bien, étudier avec vous quelques types de ces problèmes afin de vous montrer comment ils ont été posés et comment on a pu les résoudre.

Tous, Messieurs, vous connaissez l'Ardenne c'est terre belge et française qui loin de séparer nos pays les unit, et les unit d'une façon si intime que bien des familles ardennaises de chez nous sont aussi des familles de chez vous, et je sais, Messieurs, quels sentiments très vifs on

éprouve lorsqu'on est dans ce cas. Vous savez que cette Ardenne est constituée par des terrains anciens dont certains noyaux sont des terrains très anciens.

Dans l'un de ces noyaux qu'on nomme couramment le massif de Rocroi, on voit, à la faveur des profondes entailles qu'y a découpées le cours sinueux de la Meuse, affleurer des roches qui sont pour la plus grande part des schistes, des ardoises, des roches très siliceuses qu'on nomme des quartzites, et qu'on sait appartenir à la série des terrains sédimentaires ; et dans ce complexe nettement schisteux on voit en outre, dans les environs des grands escarpements des Dames de Meuse, vers le petit village de Laifour, apparaître en couches interstratifiées dans les schistes une roche schisteuse elle aussi, mais incontestablement apparentée à la classe dite des roches éruptives par la présence dans sa masse de gros cristaux de feldspaths et de quartz comme ceux qui caractérisent les porphyres. Mais un porphyre est une roche massive, tandis que ces roches à cristaux de la vallée de la Meuse sont schisteuses; elles ne font que ressembler à des porphyres, et c'est pourquoi on les a nommées des porphyroïdes.

Dès que les premiers géologues qui explorèrent le pays les eurent observées, ils posèrent le problème de l'origine des porphyroïdes. Et il était légitime de le poser, car n'était-il pas singulier de trouver dans un ensemble de roches qui avaient des caractères très nets de roches sédimentaires une roche dont la masse même paraissait également celle d'une roche sédimentaire, puisqu'elle était schisteuse, mais qui contenait des éléments qu'on n'était alors habitué àvoir que dans les roches éruptives?

Les géologues les plus célèbres s'attaquèrent à la question Constant Prévost, d'Omalius d'Halloy, Elie de Beaumont, de la Vallée Poussin, Renard, Gosselet. On discutait sur le terrain, les sociétés géologiques se réunissaient pour venir étudier les affleurements de ces roches

singulières. Chacun défendait son opinion; et les uns les tenaient pour des coulées ou des tufs volcaniques, les autres pour des roches éruptives qui se seraient glissées entre les couches sédimentaires, ce qu'on nomme des roches intrusives, les autres pour ces roches qu'on appelle métamorphiques parce qu'elles ont subi depuis l'époque de leur dépôt une métamorphose. Tel savant se prononçait une année en faveur d'une hypothèse et l'abandonnait l'année suivante pour une autre. Bref, toutes les idées possibles avaient été émises au sujet de ces roches singuhères et l'on ne savait plus bien ce qu'il en fallait penser. Une étude minutieuse au microscope a permis de résoudre cette vieille question des porphyroïdes, et voici comment.

Il est incontestable que les porphyroïdes de la vallée de la Meuse contiennent des cristaux qui sont caractéristiques des roches éruptives; le microscope le met parfaitement en évidence et nous montre des particularités qui sont des critères. D'autre part il nous montre également avec la plus grande netteté que la masse des porphyroïdes dans laquelle baignent ces cristaux, ce qu'on nomme la pâte de ces roches, n'est schisteuse que parce que des actions secondaires ont transformé la matière primitive de cette pâte. Il nous apprend que, des deux sortes de feldspaths qu'on trouve dans ces roches, l'une essentiellement potassique s'altère peu ou ne s'altère pas, l'autre essentiellement sodique s'altère avec la plus grande facilité et se transforme en une multitude de petites paillettes de mica blanc, d'un mica blanc soyeux qu'on nomme souvent séricite, et l'observation au microscope nous montre que ce feldspath altérable et qui se transforme en séricite formait avec du quartz toute la pâte de la roche.

A l'origine la roche était donc massive : c'était une roche éruptive; elle est devenue schisteuse, parce que la plus grande partie de sa matière s'est transformée en une

phyllite, en séricite. Et c'est parce que les schistes au sein desquels cette roche est située sont eux-mêmes sériciteux qu'elle présente des caractères qui, aux yeux de certains observateurs, devaient la rapprocher des roches sédimentaires.

Le problème des porphyroïdes était donc ainsi résolu : le microscope expliquait la roche.

En même temps que le microscope explique l'origine des porphyroïdes de la vallée de la Meuse, il pose lui-même des problèmes ; car s'il nous montre que l'origine de la pâte phylliteuse des porphyroïdes doit être cherchée dans l'altération des feldspaths sodiques et d'une façon plus générale dans l'altération des feldspaths calciques et sodiques, il pose du même coup la question de l'origine des schistes qu'on trouve avec les porphyroïdes. Eux aussi sont sériciteux et l'on ne peut faire autrement que de se demander si l'origine de la séricite n'est pas, dans les schistes, la même que dans les porphyroïdes. Question d'un intérêt très vif, car elle se pose àpropos de tous les schistes phylliteux qu'on trouve dans des terrains de tous âges mais avec une abondance particulière dans les terrains très anciens.

Après examen microscopique de diverses variétés de schistes phylliteux, on voit que la manière d'être de la séricite, l'association de cette séricite avec d'autres phyllites telles que des chlorites, et la présence très fréquente avec ces minéraux de menues aiguilles d'acide titanique connues sous le nom de rutile, sont des preuves très nettes de la recristallisation de la matière primordiale des schistes; matière dont le caractère détritique reste incontestable, à l'inverse des porphyroïdes, et qui fut à l'origine celle d'un sédiment constitué par une boue dont la nature feldspathique et micacée ne peut faire de doute.

Le microscope, après avoir posé le problème, en fournit la solution. Comme il nous avait expliqué les porphyroïdes, il nous explique les schistes; et par l'explication

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