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beaucoup plus haut que ne le fait prévoir le titre. Il nous parle successivement des hypothèses de l'optique selon Descartes; de la détermination, par Roemer, de la vitesse de la lumière ; des hypothèses de l'optique selon Huygens; de la théorie des couleurs avant Newton; des hypothèses de l'optique suivant Newton; pour arriver enfin à la partie principale de son étude : l'optique de Malebranche. Il conclut en nous rappelant le vrai motif pour lequel, en optique, le nom du physicien français ne peut être oublié : Malebranche entrevit que les rayons lumineux ne vibraient pas avec la même vitesse, mais que celle-ci augmentait du rayon rouge au rayon violet.

<«<La théorie des interférences, dit à ce propos Duhem (1), devait un jour donner au physicien le moyen de mesurer la durée des vibrations lumineuses, partant de démontrer qu'au long du spectre du rouge au violet la fréquence des vibrations va sans cesse en croissant; sans être en état de prouver cette vérité, Malebranche eut du moins. le mérite de la deviner. »

II. Les Origines de la Statique

Dans le premier chapitre je n'ai fait, pour ainsi dire, que déblayer le terrain, car l'histoire de la statique suggéra à Duhem des travaux de bien plus grande envergure que ceux qu'il consacra à l'histoire de la chimie et de la physique. Il débuta par une note assez courte, mais très remarquée, qu'il donna à la BIBLIOTHECA MATHEMATICA : Archimède connaissait-il le paradoxe hydrostatique ? (2) Dans sa Mécanique Analytique (3), Lagrange avait répondu

(1) P. 89.

(2) 3o série, t. I, Leipzig, Teubner, 1900 ; pp. 15-19.

(3) Première partie, section VI. Dans l'édition des Euvres de Lagrange, publiées par les soins de MM. J. A. Serret et Gaston Darboux, sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique, t. XI, Paris, Gauthier-Villars, M DCCC LXXXVIII ; pp. 189-196.

par l'affirmative. D'après lui, Stevin n'aurait fait que mettre en évidence l'apparence paradoxale de la loi de la pression des liquides sur le fond des vases. Duhem ne se range pas à cet avis, et après une discussion minutieuse des textes d'Archimède, il conclut à la nécessité de reviser le jugement de Lagrange, en restituant à Stevin l'honneur d'avoir posé les vraies bases de l'hydrostatique.

Ce petit travail faisait de nouveau prévoir un maître et Duhem ne tarda pas à vérifier la haute opinion qu'on s'était faite de lui, en commençant la publication des Origines de la Statique.

Les anciens lecteurs de la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES ne peuvent manquer de se rappeler cette magnifique série d'articles qui, de 1903 à 1906, venaient régulièrement tous les trois mois leur ménager une heure de distraction (1). Ils n'ont pas oublié non plus l'impression étrange, disons même parfois un peu déconcertante, que leur laissait, néanmoins cette lecture. Chaque chapitre pris isolément était parfaitement clair; l'ensemble paraissait confus, décousu, écrit sans plan bien arrêté. A plus de quinze ans de distance, il est intéressant d'en rechercher aujourd'hui la cause.

Quatre chapitres avaient paru, sous les titres respectifs de Archimède et Aristote; Léonard de Vinci; Jérôme Cardan; L'impossibilité du mouvement perpétuel, quand m'étant rendu un jour à Louvain, j'y rencontrai le P. Thirion. Il me demanda aussitôt ce que je pensais du mémoire de Duhem dont il venait d'accepter la publication dans la REVUE. Très intéressé, je le félicitai vivement et je le priai de bien vouloir me laisser lire la partie inédite du manuscrit. « Je ne l'ai pas encore, me répondit-il. M. Duhem ne l'a pas achevée. Il lui restait plusieurs lectures à faire.

(1) T. LIV, 1903, pp. 560-576 ; t. LVI, 1904, pp. 9-66 et 394-473 ; t. LVII, 1904, pp. 96-149 et 462-524; t. LVIII, 1905, pp. 115-201 et 508-558; t. LIX, 1906, pp. 115-148 et 383-441; t. LX, 1906, pp. 65-109.

Il m'a promis les chapitres suivants au fur et à mesure qu'il les aurait écrits. >>

<«< En ce cas, lui dis-je, je ne serais pas étonné, si ses nouvelles lectures décidaient M. Duhem à ajouter des compléments à la période dont il vient d'écrire l'histoire. Moi-même j'ai beaucoup lu Stevin. Le Brugeois a approfondi Archimède et Cardan, mais me paraît ignorer totalement Léonard de Vinci, auquel M. Duhem attribue un si grand rôle. Si Stevin a subi l'influence de Léonard, ce n'est en tout cas que fort indirectement. D'autre part, je connais deux petits traités De ponderibus (1) attribués l'un et l'autre à Jordan de Némore. M. Duhem finira par les rencontrer et je serais surpris qu'il n'y attachât pas d'importance. >>

Au moment où je parlais, c'était chose faite, et je pus m'en apercevoir dès le chapitre suivant. Mais j'appris bien d'autres détails sur l'imprévu des découvertes de Duhem, quand, plus tard, je lus la « Préface » (2) des Origines de la Statique publiées en volume séparé. Les remaniements apportés au plan primitif de son mémoire que j'avais simplement soupçonnés, Duhem les avouait, les proclamait bien haut. Écoutons-le.

Voici d'abord, sur l'état rudimentaire où il trouvait l'histoire de la statique, quelques constatations.

<< Avant d'entreprendre l'étude des origines de la statique, dit-il, nous avons lu les écrits peu nombreux qui

(1) Liber Jordani Nemorarii viri clarissimi, de Ponderibus propositiones XIII & earumdem demonstrationes, multarumque rerum rationes sanc pulcherrimas complectens, nunc in lucem editus. Cu(m) gratia & privilegio Imperiali, Petro Apiano Mathematico Ingolstadiano ad XXX. annos co(n)cessum.

A la fin Excussum Norimbergae per Io. Petreium, Anno Domini M. D. XXXIII.

Jordani opusculum De Ponderositate, Nicolai Tartaleae studio correctum novisque figuris auctum. Venetiis, apud Curtium Trojanum; M. D. LXV.

(2) Paris, Hermann, t. I, 1905; t. II, 1906.

traitent de l'histoire de cette science; il nous avait été facile de reconnaître qu'ils étaient la plupart du temps bien sommaires et bien peu détaillés, mais nous n'avions aucune raison de soupçonner qu'ils ne fussent pas exacts, au moins dans leurs grandes lignes. En reprenant donc l'étude des textes qu'ils mentionnaient, nous prévoyions qu'il nous faudrait ajouter ou modifier bien des détails, mais rien ne nous laissait soupçonner que l'ensemble même de l'histoire de la statique pût être bouleversé par nos recherches. »>

Or, voilà pourtant ce qui arriva, mais Duhem ne s'en aperçut qu'après la publication des premiers chapitres de ses Origines de la Statique. C'est cette remarque tardive qui l'obligea, par exemple, à traiter, dans le chapitre V, le problème des sources alexandrines de la statique du Moyen Age, qui aurait dû venir beaucoup plus tôt ; c'est elle encore qui lui fit consacrer les chapitres VI et VII à la statique de Jordan de Némore, qui aurait dû être étudiée avant celle de Léonard de Vinci et celle de Cardan; c'est elle, enfin, qui au chapitre VIII fait revenir Duhem sur la statique de Léonard de Vinci à laquelle il avait déjà consacré le chapitre II. Mais il est nécessaire d'entendre en tout ceci les termes mêmes de son plaidoyer justificatif (1).

<« Nous avions commencé à retracer le développement de l'histoire de la statique, en les pages hospitalières de la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, nous avoue-t-il, lorsque la lecture de Tartaglia, dont aucun historien de la statique ne prononce même le nom, vint inopinément nous montrer que l'œuvre déjà commencée devait être reprise sur un plan entièrement nouveau. »

Soit dit en passant, lorsqu'il affirmait qu'aucun historien de la statique n'avait parlé de Tartaglia, Duhem commettait une inexactitude, qu'il rectifia d'ailleurs plus tard,

(1) P. II.

dans la «< Préface » du second volume des Origines de la Statique (1). La mécanique de Tartaglia avait fait l'objet d'un mémoire important de M. Vailati, présenté, en 1897, à l'Académie Royale des Sciences de Turin (2). Mais continuons:

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Tartaglia bien avant Stevin et Galilée avait déterminé la pesanteur apparente d'un corps pesant sur un plan incliné. Il avait très correctement tiré ces lois du principe dont Descartes devait plus tard affirmer l'entière généralité. Mais cette belle découverte, dont aucune histoire de la mécanique ne faisait mention, n'était pas le fait de Tartaglia, elle était dans son œuvre un impudent plagiat; Ferrari le lui reproche durement et revendique cette invention pour un géomètre du XIIIe siècle, pour Jordan de Némore.

>> Deux traités avaient été publiés au xvIe siècle comme présentant la statique de Jordan de Némore,- ce sont précisément ceux auxquels j'ai fait allusion ci-dessus, -- mais ces deux traités étaient si différents, ils se contredisaient parfois si formellement, qu'ils ne pouvaient être l'œuvre d'un même auteur. Si nous voulions connaître exactement ce que la mécanique doit à Jordan et à ses disciples, il nous fallait remonter aux sources contemporaines, aux manuscrits.

>> Force nous fut donc de dépouiller tous les manuscrits relatifs à la statique que nous avons pu découvrir à la Bibliothèque Nationale et à la Bibliothèque Mazarine. Ce dépouillement nous a conduit à une conséquence tout à fait imprévue. » J'abrège, mais voici la fin de la citation de Duhem résumée en deux propositions: Le Moyen Age occidental a reçu, tantôt directement, tantôt par l'intermédiaire des Arabes, certaines théories helléniques rela

(1) P. I.

(2) Il principio dei lavori virtuali da Aristotele a Erone d'Allessandria, ACCADEMIA REALE DELLE SCIENZE DI TORINO, Vol. XXXII, séance du 13 juin 1897. Je donne cette indication d'après Duhem.

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