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ESQUISSE

D'UNE

ÉDUCATION DE L'ATTENTION

I

LES BASES GÉNÉRALES

Beaucoup de définitions différentes ont été données par les psychologues suivant qu'ils considéraient l'attention aux points de vue particuliers de l'orientation de leurs idées, des exigences de leurs systématisations. Les uns, philosophes purs, n'ont voulu voir dans l'attention qu'un état conscient. Pour les spiritualistes, l'attention est une tendance de l'esprit se portant vers une modification consciente unique, se détournant de toutes celles qui apparaissent en même temps sollicitant plus ou moins l'activité intellectuelle par des attirances distrayantes. Pour les matérialistes, l'attention est un état organique conscient caractérisé par la tendance vers le monoïdéisme. Sans doute, les uns comme les autres saisissent dans le phénomène conscient quelque chose de ses caractères essentiels, mais il faut se garder de croire que l'attention n'est que cela. Les cliniciens et les expérimentateurs, soucieux de connaître l'attention moins pour la définir, que pour tenter de la diriger et d'en améliorer le rendement, ont tôt reconnu que le

phénomène conscient ne se produit jamais sans être précédé, accompagné, suivi de modifications organiques inconscientes; celles-ci, l'être attentif les perçoit de façon obscure, mais le physiologiste, le psychologue expérimentateur les observent, les provoquent, les

mesurent.

Si, pendant une longue suite de siècles, l'attention fut étudiée principalement par les philosophes usant de la méthode introspective, si les penseurs illustres qui s'appliquèrent à démêler, à préciser, à interpréter les modifications conscientes qui constituent le phénomène de la tension de l'esprit, en tirèrent des conclusions pédagogiques d'une portée générale; d'autres, s'attachant aux cas particuliers, remplaçant l'appréciation par la mesure, les explications par des démonstrations expérimentales, prouvèrent que, dans le phénomène de la concentration de l'action mentale sur des sensations, sur des mouvements, sur des idées, il n'y a pas que l'élément conscient qui importe, mais encore, dans une mesure parfois très large, les modifications inconscientes qui préparent, soutiennent ou combattent l'action consciente voulue par le sujet attentif.

Il convient donc d'élargir les définitions communėment reçues,de considérer l'attention dans son ensemble à la fois comme phénomène conscient et modification inconsciente ou subconsciente, d'étudier l'être attentif tout entier, d'observer, de mesurer et les modifications organiques et les modifications de l'esprit qui se produisent dans tous les états d'attention.

Pour ne pas nous arrêter à une définition qui, dans l'état actuel de nos connaissances, risquerait d'être inexacte ou pour tout le moins incomplète, nous dirons que l'attention est une attitude à la fois de l'esprit et du corps, une manière d'être, partie consciente, partie inconsciente, se caractérisant par une tension de l'esprit laquelle amène un changement de clarté dans les idées,

images, sensations, émotions, bref, dans l'ensemble des modifications occupant à un moment donné le champ de la conscience; ajoutons que cette tension intellectuelle s'accompagne toujours d'une modification dans la tonicité d'un nombre plus ou moins considėrable de muscles, et qu'elle détermine ou du moins semble déterminer des changements plus ou moins profonds dans la circulation et dans la respiration.

Jusqu'où ces phénomènes secondaires conditionnent, préparent, soutiennent ou suivent la tension de l'esprit, c'est ce qu'il serait prématuré de trancher et en tous cas inutile de rechercher ici.

Ayant en vue la culture, l'éducation de l'attention par l'enseignement scolaire courant et par des exercices orthopédiques appropriés, nous nous contenterons de découvrir dans l'acte d'attention les éléments sur lesquels l'entraînement devra agir.

Passons successivement en revue les quatre groupes de phénomènes inséparables de toute attention et qui sont la tension de l'esprit, la contraction d'un nombre plus ou moins considérable de muscles — contraction qui s'accompagne d'inhibition de mouvements des muscles anatomiquement ou fonctionnellement antagonistes - le changement dans le rythme, la vitesse du cœur, les altérations de la fonction respiratoire.

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La tension de l'esprit a pour effet immédiat une modification de la clarté relative des idées, des images, des sensations actuellement présentes dans la con

science.

L'éminent psychologue de Leipzig, M. W. Wundt, pour expliquer les modifications produites dans la conscience par les déplacements de l'attention, par l'orien

tation voulue de l'activité mentale dans une direction déterminée, a comparé la conscience au champ visuel. Ce dernier est toute la partie de l'espace vue par un œil au repos. Or l'étendue faisant face à la rétine est vue dans son ensemble, mais regardée dans une portion limitée, celle qui fait vis-à-vis à la tache jaune. Tout ce qui, dans le champ visuel, correspond à la tache jaune, est vu avec le maximum de précision; ce qui entoure cette portion privilégiée est vu de moins en moins exactement à mesure qu'on s'éloigne des portions directement opposées à la tache jaune, et les parties encore plus excentriques vont en se dégradant de plus en plus pour devenir à peine visibles sur les bords du champ.

Il en va de même du champ de la conscience. Son ensemble est perçu avec plus ou moins de clarté suivant la portion envisagée et l'intensité relative des parties; son centre est aperçu avec une clarté d'autant plus grande que ce centre est moins étendu ou occupé par un nombre plus restreint d'objets aperçus.

Mais si le champ visuel et son centre correspondant à la tache jaune se déplacent uniquement par suite des changements de position voulus ou spontanés du globe oculaire, le champ de la conscience, et plus spécialement son centre, se déplace sous l'action de deux facteurs antagonistes: la volonté d'une part, l'attrait des modifications conscientes d'autre part. L'attention est opposée à la distraction. Cette dernière n'est que la forme passive de l'attention. Le distrait est celui dont l'attention est attirée par des modifications dont en ce moment il ne convient pas qu'il s'occupe.

Dès lors, pour envisager dans son ensemble le mécanisme de l'attention, il est indispensable d'examiner d'une part l'attention voulue, active, et d'autre part l'attention subie, passive. L'attention voulue, l'orienta

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