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insuccès prouverait non seulement l'inopportunité, mais encore la fausseté de l'hypothèse dont nous sommes partis.

» L'hypothèse est ainsi pour la science un auxiliaire très important; elle n'est pas le but (au moins pour ceux qui s'appliquent à l'étude de la nature), mais elle est tenue de justifier sa raison d'être en servant de pont pour relier entre eux les faits d'expérience déjà connus et pour en atteindre de nouveaux. L'utilité d'une bonne hypothèse consiste donc essentiellement à approfondir et à élargir notre connaissance des phénomènes, c'est-à-dire à nous rendre les mêmes services qu'une loi naturelle....

>> Nous sommes aujourd'hui en possession d'un certain nombre de lois expérimentales et d'hypothèses susceptibles de la plus vaste application aux diverses branches des sciences de la nature, et dont l'exposé didactique mérite de précéder celui de ces sciences elles-mêmes ceci est particulièrement vrai pour la Chimie physique actuelle. En effet, le principe de l'indestructibilité de la matière a dû son expression claire et complète à la recherche chimique; le principe de l'indestructibilité de l'énergie a donné naissance à une branche nouvelle de la Chimie, la thermochimie, et le principe de la transformation de la chaleur en travail extérieur (second principe de la théorie de la chaleur) ne s'est montré nulle part d'une façon plus féconde que dans son application aux phénomènes chimiques; enfin l'hypothèse des atomes et des molécules paraît indispensable pour comprendre la nature des combinaisons chimiques...

>> Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si l'hypothèse moléculaire répond à la réalité, ou si elle ne doit son existence qu'à l'impuissance où nous sommes d'arriver à une compréhension approfondie des phénomènes de la nature en partant d'autres conceptions, ou encore si, par le développement de la théorie, nous n'obtiendrons pas un jour des vues sur la matière différentes et plus lucides; le moment n'est pas encore arrivé d'ouvrir une telle discussion. Un fait certain, et c'est la seule chose importante et décisive, c'est que l'hypothèse moléculaire est, dans toutes les sciences de la nature et tout particulièrement dans la Chimie, un auxiliaire tel que jamais la spéculation théorique n'en a fourni d'aussi vaste ni d'aussi puissant. C'est pourquoi dans l'exposé que nous allons faire de la Chimie théorique, nous ne perdrons jamais de vue l'hypothèse moléculaire, et nous l'utiliserons dans tous les cas où l'explication des faits, la netteté et la rapidité de l'expression nous en feront un devoir; comment

ne pas diriger nos efforts pour rendre plus saisissables nos idées sur le monde des molécules et ne pas armer notre œil de microscopes de plus en plus puissants pour arriver à le considérer ? »

Nos lecteurs nous pardonneront cette longue citation elle met en lumière les idées qui ont présidé à la conception et à la composition de l'ouvrage que nous leur présentons, et il nous a paru intéressant de recueillir l'avis du maître de Berlin sur un sujet controversé entre savants également éminents.

Nous n'entreprendrons pas une analyse détaillée du corps de l'ouvrage et nous ne nous attarderons pas à en faire l'éloge : la personnalité de l'auteur et l'influence considérable qu'il a exercée sur les progrès de la science, garantissent l'excellence de ce traité. Quelques indications sur son contenu suffiront à en montrer la richesse et l'intérêt.

C'est de Chimie physique qu'il s'agit ici, et non de la Chimie des préparations: on étudie donc surtout les lois générales des phénomènes physico-chimiques, leur groupement et leur interprétation.

Le premier livre est consacré aux propriétés générales de la matière. Il suppose le lecteur en possession des éléments de l'analyse mathématique, du calcul différentiel et intégral. Les principes de la thermodynamique interviennent très largement, mais non pas exclusivement, pour expliquer l'état gazeux (propriétés générales, lois des gaz, énergie d'un gaz, chaleur spécifique des gaz, thermodynamique des gaz); l'état liquide (propriétés générales, tension superficielle, vaporisation, ébullition, phénomènes critiques); l'état solide (propriétés générales, fusions, état cristallin, cristaux, polymorphisme, état amorphe). Les mélanges physiques, les solutions étendues liquides ou solides (pression osmotique) sont étudiés dans les chapitres suivants.

Le livre II est intitulé Atome et Molécule. L'auteur expose la théorie atomique (système périodique des éléments, spectres des éléments, distribution des raies spectrales des éléments); la théorie cinétique des molécules (théorie cinétique des gaz équation de van der Waals- des liquides et des solides; théorie de Tammann pour les solutions concentrées); détermination des poids moléculaires; constitution des molécules (valences, stéréochimie du carbone, de l'azote et des autres éléments); propriétés physiques et architecture moléculaire (réfraction moléculaire des composés organiques, constante diélectrique, magnétisme, absorption de la lumière, théorie des matières colorantes, etc.).

Les chapitres suivants s'occupent de la dissociation des gaz, de la dissociation électrolytique, des propriétés physiques des solutions salines, de la théorie atomique de l'électricité (ions et électrons), de l'état métallique, de la radioactivité et de l'état colloidal.

Dans un dernier chapitre, l'auteur résume à grands traits les travaux des physiciens en quête d'une appréciation quantitative de la grandeur absolue des molécules: la confrontation des résultats amène l'auteur à conclure: « Nous pouvons considérer les dimensions moléculaires comme établies avec une remarquable certitude, ce qui délivre la conception atomistique de son caractère primitivement hypothétique ».

N. N.

XI

PONTS EN MAÇONNERIE, par A. AURIC, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. (Ouvrage faisant partie de la Bibliothèque de Mécanique appliquée et Génie de l'Encyclopédie scientifique). Un vol. in-18 jésus de 375 pages avec 109 figures dans le texte. Paris, Doin, 1911.

L'art de construire les ponts a, dans la période contemporaine, été révolutionné par l'emploi, de plus en plus général, du fer, puis de l'acier, et, plus récemment encore, par l'introduction du béton armé pour lequel, aujourd'hui, se produit un véritable engouement. On aurait pourtant tort de croire que les ponts en pierre ont fait leur temps; outre que considération qui a son importance lorsqu'il s'agit des ouvrages à édifier à l'intérieur des villes elle se prête incomparablement mieux aux beaux effets architecturaux, la pierre a l'avantage, par rapport au métal tout au moins, de donner lieu à un entretien infiniment moins dispendieux, voire d'assurer à peu de frais, quand elle a été choisie de bonne qualité, une durée à peu près indéfinie aux ouvrages qu'elle a servi à construire. L'exemple des grands viaducs que nous a légués la civilisation romaine est particulièrement caractéristique à cet égard.

Or, l'art de construire les ponts en pierre n'a guère été exposé jusqu'ici que dans des traités magistraux comme ceux de Morandière, de Croizette-Desnoyers, de Degrand et Résal, que les spé

cialistes auront, d'ailleurs, toujours grand profit à consulter. II était éminemment souhaitable d'en voir dégager les principes essentiels en un exposé synthétique, conçu dans un esprit plus strictement scientifique; c'est un tel programme qu'avec un talent des plus distingués et une incontestable maîtrise M. l'lngénieur en chef Auric vient de réaliser en un des petits volumes de l'Encyclopédie scientifique, où il a su faire tenir, avec ordre et clarté, tout ce qu'il y a de fondamental à connaître relativement à l'évolution historique des formes et des procédés de construction des ponts en pierre, à la description rationnelle de leurs dispositions d'ensemble, à l'application de la mécanique tant à la détermination de leurs principales dimensions qu'à la façon de les réaliser.

La première partie, dite historique, est très intéressante, et d'un intérêt vraiment général pour tout esprit cultivé, en dehors même du cercle des spécialistes qui y saisiront, pour leur part, la genèse des principales règles de leur art, règles souvent imposées par la tradition avant qu'une étude rationnelle n'en soit venue fournir la justification a posteriori.

M. Auric, après avoir rappelé les procédés primitifs de construction des voûtes, soit par assises horizontales en encorbellement, soit par tranches verticales, ou inclinées, juxtaposées (ce dernier, reconstitué, comme on sait, par Auguste Choisy), nous fait assister à l'évolution de la voûte à joints convergents depuis ses origines étrusques jusqu'à nos jours. Successivement, il montre les perfectionnements réalisés dans son emploi pendant la période romaine, les transformations que lui fait subir le génie oriental à la suite de son introduction en Asie mineure et en Perse par les Romains, la fusion qui s'opère, dans les constructions occidentales, entre la tradition romaine et les influences d'Orient, à la suite des croisades, puis, à partir de la Renaissance, les progrès successivement réalisés d'une part dans un emploi plus rationnel des matériaux en vue d'atteindre à une plus grande légèreté, d'autre part, dans la réalisation de formes de plus en plus élégantes, progrès auxquels la création en France, au début du XVIIIe siècle, du corps des Ponts et Chaussées a apporté une large contribution qui ne s'est point interrompue jusqu'à nos jours, les types nouveaux créés en ces dernières années par M. l'Ingénieur en chef Séjourné (dont le Pont Adolphe, à Luxembourg, est un si magistral exemplaire) étant là pour l'attester. Tout cet exposé est d'ailleurs illustré d'exemples particulièrement bien choisis qui le rendent plus vivant.

A cette partie historique succède une partie analytique dans laquelle l'auteur examine en détail toutes les dispositions d'un pont en commençant par les dispositions générales en plan, en élévation et en section transversale. Nous signalerons en particulier les résultats de l'étude, à laquelle il s'est livré personnellement, des courbes de raccordement osculatrices pour le profil en long, dont il a fait une si élégante application au Pont de Valence.

La description sommaire des diverses parties constitutives d'un pont lui est l'occasion de développer de façon fort intéressante la théorie géométrique des courbes d'intrados en passant en revue les types utilisés ou proposés par divers ingénieurs dans la période contemporaine. La question de l'épaisseur des voûtes est également traitée avec soin par M. Auric qui se trouve conduit, en ce qui concerne l'épaisseur à la clef, à substituer aux formules antérieurement proposées une formule qui peut être regardée comme une généralisation d'une autre donnée autrefois par Navier et dont la justification résulte d'indications fournies par la théorie. Les considérations développées au sujet de la décoration générale s'inspirent du plus louable souci d'esthétique s'alliant très heureusement chez l'auteur à la mise en œuvre des principes les plus véritablement scientifiques.

A la suite de cette description des ponts en berceau simple, l'auteur consacre aux autres types de ponts un chapitre qui s'ouvre par des considérations générales du plus vif intérêt, faisant ressortir sous une forme géométrique, qui ne laisse pas d'être saisissante, le degré d'indétermination mathématique des problèmes à résoudre, et esquissant la solution idéale qui pourrait en être donnée comme étant tout au moins de nature à orienter la solution pratique à réaliser.

La satisfaction que peut procurer à un esprit à tendance scientifique une vue rationnelle des choses se retrouve, plus complète encore s'il est possible, dans le paragraphe consacré, en tête de la troisième partie, dite synthétique (et à la suite d'un remarquable résumé des propriétés mécaniques des maçonneries), aux considérations générales sur la stabilité des voùtes. Ces considérations, qui, avec une précision remarquable, mettent en pleine lumière les véritables difficultés du problème, se terminent par les lignes suivantes que nous nous reprocherions de ne pas reproduire et qui résument, en quelque sorte, toute la philosophie du sujet : « ..... Si une solution absolument exacte est aujourd'hui impossible à obtenir, on peut, dans

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