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LES IDÉES D'UN VIEUX PASTEUR

SUR

L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES NATURELLES

On commence enfin à se préoccuper officiellement de la pédagogie et de la méthodologie spéciales à l'enseignement des sciences naturelles dans les humanités. Il n'y a rien de bien étonnant à constater que dans notre pays ces questions aient été jusqu'ici laissées un peu de côté. Depuis une vingtaine d'années, on a enseigné les sciences en s'inspirant surtout de l'expérience des anciens. La littérature française sur la question étant restreinte à quelques ouvrages écrits par des philosophes et pour des philosophes, le corps professoral ne pouvait y trouver des notions pratiques et des méthodes précises. C'est pour ces raisons sans doute qu'il a paru utile aux organisateurs du Congrès de Bonne Espérance de réserver une section spéciale à l'enseignement des sciences.

Les rapporteurs auront trouvé, dans l'abondante littérature anglaise et allemande, tous les éléments nécessaires pour renseigner leurs collègues sur les méthodes employées par nos voisins. Je n'ai donc nullement la prétention de rien ajouter à toutes les bonnes choses qu'ils auront écrites. Le présent article offre plutôt un intérêt rétrospectif et historique et je souhaite seulement en l'écrivant compléter l'ensemble des questions

qui ont été abordées dans ce Congrès, par un hommage d'admiration à celui qui, le premier à ma connaissance, aborda systématiquement la méthodologie spéciale de l'enseignement des sciences naturelles. Son nom est pourtant resté, pendant un siècle, ignoré de tous ceux qui se sont occupés d'enseignement et de pédagogie en général.

Il n'est cité nulle part par les auteurs allemands, ses compatriotes pourtant, qui depuis vingt ans se sont efforcés, avec succès, de modifier et de régénérer en quelque sorte les méthodes pédagogiques particulières à ces branches si importantes.

C'est grâce au hasard que le livre écrit par un humble pasteur saxon, G.-E. Fischer, en l'an 1800, a revu le jour depuis quelques années. Il a été retrouvé par M. Friedrich Klinkhardt au fond de la bibliothèque de l'Université d'lena, et celui-ci en a fait connaître quelques extraits dans la revue NATUR UND SCHULE (1).

En les présentant aux lecteurs, Klinkhardt fait la remarque suivante : « Celui qui, dit-il, s'occupe avec amour et plaisir de l'histoire d'une branche quelconque de la science, fait parfois l'amère expérience de constater combien souvent les esprits les plus éminents et les plus clairvoyants, qui devançaient leurs contemporains, n'ont été ni compris, ni appréciés des gens de leur temps, et sont tombés peu à peu dans l'oubli. »

Ce fut bien le cas pour les idées et le livre que publia le pasteur saxon, alors qu'il était encore diacre à Zschaitz près de Döbeln. On cherche en vain son nom dans les ouvrages classiques qui traitent de la pédagogie des sciences naturelles. On le trouve seulement mentionné par Arthur Hacse qui signa, dans le traité encyclopédique de Rein sur la Pédagogie, l'article

(1) Ein vergessener Methodiker des naturkundlichen Unterrichts aus dem Anfange 19 Jahrhunderts, von Friedrich Klinkhardt. NATUR UND SCHULE, Bd. 5, p. 185.

rend

intitulé « Zoologischer Unterricht >> » ( (1). On y hommage à ses idées et à son mérite, et on exprime l'opinion que les travaux du vieux pasteur étaient dignes d'un meilleur sort.

Après quelques recherches, l'auteur établit comme suit le curriculum vitae de notre vieux naturaliste : Gottlieb Eusebius Fischer, magister, né le 23 mai 1769, à Gobzen, diacre à Zschaitz 1798-1800, archidiacre à Wurzen 1801, pasteur à Ranis 1810, superintendant à Sangerhausen 1819, émérite 1844, mort le 22 décembre 1847.

Pour bien juger de la valeur des idées pédagogiques de Fischer, il est nécessaire de se reporter à l'époque à laquelle il écrivait, et de considérer quelles étaient en ce temps les méthodes employées dans l'enseignement.

Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, les philosophes étaient les seuls pédagogues attitrés qui enseignassent les sciences. Elles faisaient partie de l'universalité des connaissances requises pour devenir docteur en Philosophie. Pourtant, à partir de ce moment, quelques naturalistes s'étaient déjà spécialisés, mais on se bornait encore le plus souvent, dans les leçons, à répéter de confiance ce que les anciens avaient écrit et pensé des animaux et des plantes; on croyait encore inutile de faire des observations personnelles, on avait foi dans l'autorité des prédécesseurs. Peu à peu on en arriva à trouver insuffisante la sagesse qu'on puisait dans les livres, et l'on revint à observer directement de la nature, à rechercher les animaux et les plantes, à les décrire d'après des observations personnelles.

Les matériaux nouveaux s'accumulèrent bientôt en telle quantité que le besoin de les classifier se fit sentir. On en rapportait de tous les coins de la Terre, dans les explorations lointaines aux continents nouveaux. C'est

(1) Rein. Enzyklop. Handbuch der Pädagogik., Bd. 7, p. 850.

alors que Linné créa sa fameuse classification, définit l'espèce, le genre, l'ordre, la classe, etc., et établit une terminologie logique par l'emploi de la nomenclature binaire. Les sciences biologiques prirent dès ce moment leur place, petit à petit, dans l'enseignement universitaire, d'abord avec un seul titulaire, puis enfin avec des titulaires spéciaux pour chaque branche, vers le milieu du siècle dernier.

Les pédagogues et les philosophes avaient senti le besoin de laisser à des hommes spécialisés dans ce genre d'études, la tâche de les enseigner. C'est à ce moment que le livre de Fischer parut sous le titre : << Manuel complet d'une Histoire naturelle technologique et économique à l'usage des bourgeois allemands, agriculteurs, et de leurs enfants, par M. G. E. Fischer, Diacre à Zschaitz près Döbeln, 1800. »

Le livre est devenu rare aujourd'hui, et Klinkhaardt est parvenu, après un an de recherche, à le retrouver; mais il est incomplet, il ne comprend plus que quatre volumes. Ils sont tous dédiés à des personnalités universitaires de l'époque qui ont joui d'une grande réputation scientifique, et ont attaché leur nom à l'une ou l'autre découverte ; ce sont les professeurs Blumenbach de Göttingen, von Screber d'Erlangen, Batsch d'Iéna. Ce fait démontre que l'auteur était en relations d'amitié avec les autorités scientifiques de son temps. Toute son œuvre démontre d'ailleurs surabondamment qu'il était absolument maître de la littérature, et qu'il avait lui-même une expérience personnelle et une connaissance approfondie des matières qu'il traita. Dans son quatrième volume, il a consacré un chapitre spécial à l'Enseignement de l'Histoire naturelle, et c'est précisément sa méthode et ses idées qui sont appliquées et suivies par tous les pédagogues modernes allemands et américains. Ils ont donc mis un siècle à retrouver et à appliquer enfin, d'une manière systématique, les prin

cipes pédagogiques que le vieux pasteur saxon avait exposés d'une manière si claire, si pleine de bons sens, en l'année 1800.

:

Son traité de méthodologie d'Histoire naturelle est divisé en deux parties dans la première, il énonce quelques règles générales sous forme d'avertissement; dans la seconde, il considère la leçon d'Histoire naturelle pour des âges particuliers, puis pour les écoles, gymnases et Universités. Ce traité est le premier où ces questions ont été abordées avec une vue d'ensemble aussi complète, avec autant de pénétration et d'expérience de la matière à enseigner.

Il m'a paru intéressant de le faire connaître en Belgique, à un moment où la nécessité de l'enseignement des sciences naturelles est encore mise en doute par une foule de personnes qui ont chez nous la responsabilité de l'enseignement, et qui lui dénient même toute valeur éducative. Il en est beaucoup qui reconnaissent simplement l'utilité de cet enseignement, mais ignorent les méthodes spéciales indispensables pour les bien enseigner. Je crois que la connaissance des idées de Fischer pourrait aider beaucoup à ce que l'histoire naturelle soit enseignée d'une manière convenable, et apprise d'une manière à la fois pratique et éducative.

On peut traiter, dit-il, ces diverses matières de deux façons, l'une populaire, l'autre scientifique. Cette dernière est nécessaire aux savants et à ceux qui veulent le devenir; la première convient au reste du peuple qui n'a pas cette prétention.

Les méthodes devront donc être différentes, et s'appliquer à des circonstances diverses; mais elles devront toutefois rester suffisamment liées entr'elles, pour permettre aux écoliers de passer sans inconvénient de la méthode populaire à la méthode scientifique.

La première est destinée à tous les hommes, elle

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