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de l'aphasie s'impose, H. Liepmann réclame, comme disposition préalable, qu'on ne soit point esclave des anciennes lois dogmatiques. C'est fort bien; mais il y a pourtant un esclavage qu'il faut subir : celui des faits, et Liepmann prétend bien nous réduire à cet esclavagelà. Or, si les faits ont autrefois imposé des lois dogmatiques, Liepmann aura beau faire, il faudra bien qu'il plie ses idées à ces lois. Parmi ces faits, il en est certains, d'un très grand poids en l'espèce, et qu'on laisse beaucoup trop de côté dans toute cette discussion sur les localisations cérébrales: les faits embryogéniques relevés par Flechsig. Brissaud et Souques, qui y font allusion dans le chapitre des Localisations cérébrales du traité de Médecine que nous avons déjà cité (t. IX, p. 25), concluent, au sujet de la distinction entre la zone des centres de projection et la zone des centres d'association : « Cette théorie de Flechsig n'a pas jeté de lumière nouvelle sur la question qui nous occupe ». Ce jugement est bien sévère. Si la méthode embryologique de Flechsig « n'a pas jeté de lumière nouvelle », ce qui n'est pas tout à fait juste, elle a apporté du moins aux théories déjà ébauchées par Foville et Pinel Granchamp, en 1823, une confirmation histologique, dont les observations cliniques avaient grand besoin.

« Nous ne connaissons les centres du cerveau humain, a écrit P. Marie, que par les phénomènes de déficit qui se produisent à l'occasion de leur destruction (1) » ; ajoutons ou à l'occasion de leur non développement. Cela revient sans doute un peu au même, car des centres non développés, et des centres détruits, étant des centres qui ne fonctionnent pas encore, ou qui ne fonctionnent plus, il doit y avoir, dans les deux cas, des phénomènes de déficit. Mais cette remarque suffit pour légitimer l'introduction, dans l'étude des centres

(1) Revue de PHILOSOPHIE, t. X, p. 213, 1907.

cérébraux, de la méthode de Flechsig, qui permet de révéler ces centres, en se basant sur l'évolution de leurs éléments constitutifs. Cette méthode a même quelques avantages sérieux sur la méthode clinique. Dans celles-ci, c'est la nature elle-même qui se charge de produire la destruction de tel ou tel centre nerveux donné. Cette méthode remplace donc, en quelque sorte, dans l'étude du cerveau de l'homme, la méthode expérimentale si importante pour établir les connexions anatomiques dans le système nerveux des mammifères, avec cette différence cependant que, chez les animaux, nous pouvons produire la lésion au point spécial dont nous désirons étudier les connexions et la limiter à notre gré; tandis que, chez l'homme, la méthode est plus longue et plus laborieuse parce que nous devons attendre que la nature ait produit la lésion désirée, l'ait produite dans les limites requises et n'ait produit qu'elle, ce qui ne s'observe que dans des cas excessivement rares. La méthode embryologique de Flechsig est beaucoup plus maniable (1). » Cette méthode (2), entre les mains de Flechsig lui-même, a donné, au point de vue de l'organisation interne du télencéphale, et spécialement de la subdivision de l'écorce cérébrale en zones spéciales, des résultats dont il faut encore tenir compte. C'est d'après ces résultats, contrôlés par les observations cliniques, que la doctrine classique sur la localisation des centres nerveux et le fonctionnement propre à chacun de ces centres, s'est formulée. L'étude du développement, chez l'enfant, de la fonction du langage, est venue apporter elle aussi, comme nous l'avons déjà dit, à cette doctrine, une confirmation dont il ne faut point exagérer la valeur, mais dont il serait tout aussi injuste de ne pas se soucier. Certains états, avonsnous fait remarquer, qui sont pathologiques chez un

(1) Van Gehuchten: Anatomie du système nerveux de l'homme, p. 773. (2) La méthode embryologique de Flechsig consiste, comme nous l'avons déjà dit, dans l'étude de la marche de la myélinisation des fibres nerveuses.

homme adulte, où ils résultent d'un accident qui supprime ou trouble une fonction déjà établie, sont naturels chez l'enfant dont l'évolution n'est point encore achevée : la non myélinisation, chez lui, des éléments de telle ou telle région de l'encéphale, produit le même résultat que chez l'adulte la lésion de ces zones déjà myélinisées. « A la phase d'organisation de début du langage, chez l'enfant qui comprend le sens des mots et s'en souvient, répond, chez le malade, l'alalie, l'aphasie motrice hystérique ou perte de la mémoire des mouvements d'articulation des mots. A la phase, plus avancée, où l'enfant prononce les mots, mais oublie encore certains sons et les remplace par d'autres, répond chez le malade la perte progressive de la domination des muscles, et de la coordination des mouvements nécessaires à l'émission des mots (mogilalie, paralalie). A la difficulté qui se montre plus tard pour l'enfant à former correctement les phrases, correspondent chez le malade les phrases incomplètes, ou formées par un mot, la confusion des mots (bradyphasie, paraphasic, etc.). Dans la dernière phase d'organisation du langage, enfin, l'enfant suit mal le cours de ses idées; l'amnésique, au début, commence à le perdre, pour peu que sa pensée soit complexe (1). »

Or, à chacun de ces stades répond, chez l'enfant, l'arrivée à maturité de centres spéciaux, et à chacun de ces troubles répond, chez le malade, la lésion de ces mêmes centres. Une pareille coïncidence mérite assurément d'attirer l'attention, et si la revision de l'aphasie s'impose, comme le pense, avec Liepmann, toute la nouvelle école, il n'est nullement nécessaire, pour nous servir de l'expression de M. Grasset, que cette revision prenne les allures d'un « chambardement ».

L. BOULE, S. J.

(1) Viault et Jolyet, Traité élémentaire de physiologie humaine, p 875.

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Dans les deux derniers articles de notre étude sur les Mathématiques au Moyen Age, nous avons décrit le vaste mouvement intellectuel de l'Europe aux XII et XII siècles, siècles des croisades, siècles de la formation des communes, siècles des universités naissantes. Nous avons indiqué les conditions nouvelles de l'étude et de l'enseignement des sciences en cette période de transformation de la société chrétienne. Nous avons montré les Mathématiques véritables faisant leur entrée dans l'Europe latine, qui depuis de longs siècles vivait de quelques débris de la science gréco-romaine vers 1120, l'arabisant Adélard de Bath révèle l'antique Géométrie grecque aux savants de l'Occident latin, par sa version d'un texte arabe ou plutôt d'une accommodation arabe des Éléments d'Euclide (2) ; en l'espace de quelques années, le même moine anglais Adélard et ses premiers imitateurs, tels que Robert de Rétines, Jean de Séville, Gérard

(1) Histoire des Mathématiques, par W.-W. Rouse Ball. Édition française, par L. Freund. · Deux tomes. Paris, A. Hermann, 1906-1907.

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Voir REVUE DES QUEST. SCIENT., 3o série, t. XVII, avril 1910, pp. 606-615, et t. XIX, avril 1911, pp. 600-616.

(2) A la page 604 de notre dernier article (avril 1911), ligne 4o de la première note, nous avons écrit par inadvertance: le texte latin de la recension de Théon; au lieu de : le texte grec de la recension de Théon.

de Crémone, élaborent en Espagne et publient coup sur coup diverses traductions latines de deux manuels arabes, composés trois cents ans plus tôt à Bagdad par Mohammed-ben-Mouça, surnommé Al-Khorizmi, - De Numero Indorum et Al djebra et al mukabalah, et ils dotent ainsi l'Europe chrétienne de deux sciences arabes, toutes neuves pour elle : une Arithmétique décimale caractérisée par un merveilleux algorithme, et l'Algèbre. Nous verrons plus tard l'influence vraiment immense exercée par ces deux humbles manuels de l'illustre et savant bibliothécaire du khalife Al-Mamoun sur le développement de la science européenne.

Complétons ici ce que nous avons dit déjà, dans notre article dernier, de la personne et des écrits de quelques-uns des laborieux arabisants, appartenant aux pays les plus divers, Robert de Rétines, Hermann le Dalmate, Rodolphe de Bruges, Jean de Séville, Gérard de Crémone, qui au second et au troisième quarts du XII siècle furent les brillants continuateurs de l'œuvre scientifique de Platon de Tivoli et d'Adélard de Bath (1).

Robert de Rétines, ou plutôt de Reading (2), est le premier qui nous apparait marchant sur les traces d'Adélard. Était-il

(1) A propos de Platon de Tivoli, ou Plato Tiburtinus, dont nous nous sommes occupés dans l'avant-dernier article, ajoutons que nul peut-être ne saura jamais le nom véritable caché sous le pseudonyme grec. Ouvrier de la première heure, il a eu la gloire, par sa version Liber Embadorum du Traité des Aires de Savasorda, d'introduire le premier en Occident, dès 1116, la Géométrie pratique gréco-arabe. - Sous le même pseudonyme, il a donné les traductions latines de nombreux ouvrages, soit astronomiques soit astrologiques, de Ptolémée (le Quadripartitum), de Théodose (les Sphériques, qui sont une introduction géométrique à l'Astronomie), d'Al-Battani (l'Opus astronomicum, ou De motu Stellarum voy. REV. DES QUEST. SCIENT., avril 1906, pp. 663-667, art. de H. Bosmans), d’Al-Manzor (De Judiciis), d'Al-Imrami (De Electionibus voy. BIBL. MATHÉM. d'Eneström, déc. 1905, p. 238), etc. Voy. B. Boncompagni, Delle versione fatte da Platone Tiburtino, Rome, 1851. Voy. aussi Riccardi, Biblioteca Malem. Ital., 1870, col. 287, et l'art. consacré par B. Hauréau en 1862 à Platon de Tivoli dans la Biogr. génér, de Hoefer.

Le De Geometria practicâ de la Biblioth. Nation., anc. Fonds latin, n. 7224, et le Liber Embadorum, même Biblioth., Supplém. latin, n. 774,- indiqués par Hauréau, art. cité, sont deux copies d'une même œuvre, sous deux titres différents : ces deux mns. ont servi à Curtze pour son édition du Liber Embadorum de 1902; le second de ces mns. avait été signalé et décrit par Libri en 1838.

(2) Reading, sur la Tamise, à quarante milles en amont de Londres. Voy. notre art. précédent, avril 1911, p. 605, note.

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