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Le tableau que nous avons essayé de tracer des progrès si rapides réalisés en Italie par les agronomes et les professeurs de sciences naturelles ne montre-t-il pressante nécessité de s'initier de bonne heure à ces connaissances qui nous révèlent le mécanisme des rouages de la vie individuelle et sociale?

Un ancien Ministre français bien connu nous disait un jour, au Ministère de l'Agriculture de Paris : « Si la France marche à la banqueroute, l'Italie fera certainement banqueroute avant nous ». Il y a 20 ans de cela. Or, l'Italie a refait ses finances, malgré les désastres sans précédent et l'entretien ruineux de son armée et de sa flotte, tandis que la France se trouve acculée par ses dépenses au point de se croire obligée de faire main basse sur le milliard chimérique des congrégations. Ce ne sont pas les avocats, politiciens mais les professeurs de sciences physiques et naturelles qui ont réussi à opérer ce prodige, en transformant en peu d'années l'agriculture, l'industrie et le commerce italiens. La Société scientifique de Bruxelles tient à honneur de montrer que, contrairement aux affirmations de nos adversaires, nous ne sommes pas des rétrogrades et que notre foi ne nous empêche aucunement de marcher avec le progrès et de proclamer hautement les triomphes de la science moderne : « nulla unquam inter fidem et rationem vera dissensio esse potest ».

Seulement, nous voulons le prouver par nos actes et non pas seulement par nos discours, contrairement à certains tribuns qui s'affublent du manteau de la science pour conduire cyniquement les nations aux abîmes et à l'anarchie, tout en se dérobant au moment critique. Ce sont bien là les abuseurs du peuple dont parlait Bossuet.

Pardonnez-moi, Messieurs, de m'être écarté un moment des objets spéciaux de cette causerie. En réalité, ces considérations générales ne constituent pas

une véritable digression, car la question de la fertilisation du sol se rattache aussi intimement à l'état moral qu'à l'état matériel des classes rurales.

Gambetta a dit un jour : « Il n'y a pas de question sociale, il n'y a que des questions ».

J'ai répondu au Congrès de Budapest que ce grand rhéteur se trompait à mon avis; que la question sociale par excellence, c'est la rupture de l'équilibre entre les villes et les campagnes par suite d'une protection trop longtemps exclusive de l'industrie et du commerce aux dépens de l'agriculture. La conséquence fatale de cette erreur économique des législateurs formés dans les écoles de droit, fut, comme je le signalais il y a 30 ans déjà à cette tribune, l'hypertrophie des villes et le dépeuplement progressif de nos champs, où la main-d'œuvre fait de plus en plus défaut, où les fermiers ne trouvent plus de femmes capables ou désireuses de les seconder, plus d'ouvriers pour faire la moisson.

Une conséquence plus terrible encore, et non moins inéluctable, c'est la diminution toujours croissante de la natalité, en raison directe du développement anormal des grandes villes et de l'affaiblissement des principes religieux. Le fait est constaté et proclamé aujourd'hui par des médecins et des statisticiens qui ne sont ni catholiques, ni religieux. Encore une fois, ce n'est pas là une opinion personnelle, c'est une réalité brutale qui saute aux yeux de tout le monde.

Dans ces tristes conjonctures, que reste-t-il à faire au législateur prévoyant? La réponse s'impose, nous semble-t-il, et l'on doit rendre à nos chefs qui ont créé le Ministère de l'Agriculture cette justice qu'ils ont mieux compris que leurs devanciers le péril social qu'il s'agit de conjurer. La presse étrangère se plaît d'ailleurs, nous le répétons, à leur rendre périodiquement cet hommage.

Dans aucun pays du monde, écrit le Professeur Wagner d'Ettelbrück, dans le journal de la Société Royale d'agriculture allemande, le progrès agricole depuis un quart de siècle n'a été aussi intensif et aussi rapide qu'en Belgique et cela notamment sur le terrain des associations agricoles. L'organisation du commerce des principaux produits agricoles n'y est pas moins parfaite le cheval belge a, pour ainsi dire, fait la conquête du monde à l'heure qu'il est, grâce à l'organisation éclairée, méthodique et appropriée de son élevage et de sa vente. L'enseignement agricole y est organisé sur les bases les plus larges, tant dans les écoles publiques que dans les écoles privées. La Belgique est devenue pour ainsi dire la terre classique de l'enseignement ménager agricole. Cela est d'ailleurs reconnu par les partisans et les adversaires du régime scolaire en Belgique, par tous les étrangers indistinctement (1). »

Cette appréciation impartiale nous venge, croyonsnous, de tous les pamphlets dont la passion politique a dicté l'inspiration aux adversaires du Gouverne

ment.

A. PROOST.

(1) Cet article a été traduit et publié l'an passé dans le JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'AGRICULTURE DE BELGIQUE.

SUR

LES QUATRE PROPRIÉTÉS PROVIDENTIELLES

DE L'EAU

En 1880, j'ai fait, à l'Académie, une lecture ayant pour titre Voyages et métamorphoses d'une gouttelette d'eau (1); à cette occasion, j'ai examiné successivement comment, voyageuse infatigable, la gouttelette ne s'arrête dans aucune contrée; comment elle a fait partie des vastes bassins des mers; par quelle action mystérieuse elle a été dissociée en une infinité de parcelles invisibles, s'est élevée dans l'atmosphère, a parcouru d'immenses étendues dans l'espace, puis a été ramenée à la figure d'une perle liquide, ou métamorphosée comme par enchantement en une parcelle d'une fine aiguille de glace; dans quelles circonstances elle a quitté les régions aériennes pour retomber sur la terre sous forme de pluie, de neige ou de grêle; enfin comment elle a fini par regagner ses compagnes de l'Océan pour recommencer ses métamorphoses et ses pérégrinations. En cherchant à découvrir l'origine de sa puissance, j'ai tâché de soulever un coin du voile qui couvre les fonctions si belles et si nombreuses qu'elle remplit dans la nature.

Dans le travail que je viens de rappeler, je n'ai pas signalé les propriétés pourtant tout à fait exception

(1) BULL. DE L'Acad. Roy. DE BELGIQUE. 2me série, t. L, no 12, 1880.

nelles et extrêmement importantes pour l'humanité tout entière. C'est pourquoi je crois bien faire en complétant l'énumération des services que nous rend partout et toujours le corps à la fois le plus commun et le plus répandu. C'est assez dire que je le regarde plus que jamais comme le plus digne de notre admiration, malgré la vulgarité qui nous laisse indifférents au milieu de toutes les merveilles dont nous sommes entourés, et qui cependant sont les plus propres à rendre manifestes la bonté et la toute puissance du Créateur.

En conséquence, je vais passer en revue les quatre qualités fondamentales de l'eau, au point de vue du rôle qu'elle joue dans les grands phénomènes de la nature. Car les exploits de la gouttelette énumérés plus haut ne sont possibles qu'en vertu des propriétés exceptionnelles dont je vais m'occuper successivement.

I

Et d'abord, sans devoir citer les vastes bassins des mers, je puis dire que l'eau est répandue partout où l'homme peut supporter le climat, dans les régions glacées du Nord comme dans les pays tropicaux ; les champs de neige et de glace, qui couvrent les montagnes, finissent toujours par descendre dans les vallées, par s'y fondre et par alimenter les nombreux ruisseaux qui se réunissent dans des cours d'eau déversés dans les rivières et dans les fleuves. Faut-il citer encore les jets d'eau qu'on peut faire jaillir même dans les contrées les plus arides, en creusant le sol jusqu'à la profondeur des nappes souterraines reposant sur un fond imperméable, et communiquant avec des réservoirs situés plus ou moins éloignés et à une plus grande hauteur? Ne savons-nous pas qu'on obtient souvent ainsi une provision d'eau suffisante pour la formation

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