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mais ce quil a lui-même éprouvé; en sorte que la déclaration des droits dont une association politique ne doit jamais s'écarter, soit plutôt le langage qu'il tiendroit s'il avoit l'habitude d'exprimer ses idées, qu'une science qu'on se propose de lui enseigner com

» Cette différence, MESSIEURS, est capitale; et comme la liberté ne fut jamais le fuit doctrine travaillée en déduca une tions philosophiques, mais de l'expérience de tous les jours, et des raisonnemens simples que les faits excitent, il s'ensuit que nous devons mieux entendre à proportion que nous nous approchons dayantage de ces raisonnemens. S'il faut employer des termes abstraits, nous les rendrons in telligibles

en les liant à tout ce qui peut rappeler les sensations qui ont servi faire éclore la liberté, et en écartant, autant qu'il est possible, tout ce qui se présente sous l'appareil de l'innovation.

» C'est ainsi que les Américains ont fait leurs déclarations de droits: ils en ont, dessein, écarté la science; ils ont présenté les vérités politiques qu'il s'agissoit de fixer, sous une forme qui peut devenir facile

ment celle du peuple, à qui seul la liberté importe, et qui seul peut la maintenir.

» Mais en nous rapprochant de cette méthode, nous avons éprouvé une grande difficulté; celle de distinguer ce qui appartient à la nature de l'homme, des modifications qu'il a reçues dans telle ou telle société ; d'énoncer tous les principes de la liberté, sans entrer dans les détails, et sans prendre la forme des loix; de ne pas s'abandonner au ressentiment des abus du despotisme, jusqu'à faire moins une décla ration des droits de l'homme, qu'une déclaration de guerre aux tyrans.

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» Une déclaration des droits, si elle pouvoit répondre à une perfection idéale, seroit celle qui contiendroit des axiomes tellement simples, évidens et féconds en con séquences, qu'il seroit impossible de s'en écarter sans être absurde, et qu'on en ver roit sortir toutes les constitutions.

» Mais les hommes et les circonstances n'y sont point assez préparés dans cet eme pire, et nous ne vous offrons qu'un très foible essai que vous améliorerez sans doute, mais sans oublier que le véritable courage

de la sagesse consiste à garder, dans le bien même, un juste milieu ». Mirabeau lut ensuite le projet.

Projet de déclaration des droits de l'homme en société, présenté par MM. du comité chargé de l'examen des déclaration's de droits.

Les représentans du peuple Français, constitués en assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli, ou le mépris des droits de l'homme, sont l'unique cause des malheurs publics et de la corruption dés gouvernemens, ont résolu de rétablir dans une déclaration solennelle les droits natu rels, inaliénables, imprescriptibles et sa❤ crés de l'homme, afin que cette déclara tion constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif et exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les ré clamations des citoyens, fondées désor mais sur des principes simples et incontes

tables, tournent toujours au maintien de lá constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l'assemblée national reconnoît et déclare les articles suivans:

ARTICLE PREMIER.

Tous les hommes naissent égaux et libres; aucun d'eux n'a plus de droit que les autres de faire usage de ses facultés naturelles ou acquises; ce droit, commun à tous, n'a d'autre limite que la consciencé même de celui qui l'exerce, laquelle lui interdit d'en faire usage au détriment de ses semblables.

I I.

Tout corps politique reçoit l'existence d'un contrat social exprès ou tacite, par lequel chaque individu met en commun sa personne et ses facultés sous la suprême direction de la volonté générale, et en même tems le corps reçoit chaque individu comme portion du tout, et lent promet également à tous sûreté et protection..

I I I.

Tous les pouvoirs auxquels une nation

se soumet, émanant d'elle-même, nul corps, nul individu ne peut avoir d'autorité qui n'en dérive expressément. Toute association politique a le droit inaliénable d'établir, de modifier ou de changer la constitution, c'est-à-dire, la forme de son gouvernement, la distribution et les bornes des différens pouvoirs qui le compo

sent.

I V.

Le bien commun de tous, et non l'intérêt particulier d'un homme ou d'une classe d'hommes quelconque, est le principe et le but de toutes les associations politiques. Une nation ne doit donc reconnoître d'autres loix que celles qui ont été expressément approuvées et consenties par elle-même, ou par ses représentans souvent renouvelés, légalement élus, toujours existans, fréquemment assemblés, agissant librement selon les formes prescrites par la constitution.

V.

La loi étant l'expression de la volonté générale, doit être générale dans son ob

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