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à quelque distance du château de la Bâtie, le jeune homme dit en montrant ses hautes tourelles :

- Hirmantride, c'est ici que vous m'avez rendu père. La dame rougit, baissa la tête et ne dit rien de la soirée. Le lendemain, un cavalier partit au point du jour; un grand remuement se faisait dans le château. Isambert donnait des ordres et chacun s'empressait d'obéir. Hirmantride reposait encore, et on voulait que tout fût prêt pour son réveil. Quand la nourrice vint annoncer que sa maîtresse était levée et qu'elle se disposait à descendre, Isambert s'élança et monta dans l'appartement de la châtelaine.

- Douce amie, descendez au plus vîte, venez voir une couvée

de petits louveteaux qu'on m'a apportée ce matin.

A ce mot de louveteaux, la châtelaine s'arrêta tremblante, et, la main appuyée contre le chambranle de la porte, elle sembla attendre l'arrêt d'une condamnation.

Douce amie, d'où vient cette hésitation? Craignez-vous quelque danger? Ces louveteaux sont jeunes, il y en a huit, mais ils ne sont pas méchants.

La châtelaine devint plus pâle encore, ses genoux fléchirent et il lui sembla qu'un voile s'abaissait sur ses yeux.

-Allons, venez, donnez-moi le bras. Vous aurez passé une mauvaise nuit, et la fatigue d'hier ne s'est pas complètement dissipée.

Tous deux descendirent l'escalier; la jeune femme se laissait entraîner, elle marchait sans but, sans pensée; il lui semblait qu'elle allait au supplice; le visage de son époux n'avait cependant rien d'irrité.

Depuis longtemps j'ai remarqué, belle amie, que toujours vous vous troublez quand on parle de louveteaux. Vous serait-il arrivé, dans nos bois, quelque aventure! Vous n'avez, du reste, rien à craindre de ceux-ci.

La châtelaine demeura immobile et comme foudroyée sur le seuil de la grande salle; au milieu de la chambre, huit petits garçons habillés de même, du même âge et de la même taille, attendaient, debout et rangés à côté les uns des autres; tous ressemblaient à son époux.

La châtelaine poussa un cri; elle passa sa main sur ses yeux. Etait-ce un rêve ? ---- Pardonnez-moi! dit-elle au châtelain; puis, s'élançant, prompte comme une biche, elle courut vers les enfants. Ils sont à moi ! s'écria-t-elle; et, les pressant dans ses bras, les couvrant de baisers: ils sont à moi! Oh! quelle que soit la punition que j'aie méritée, je suis contente, je puis mourir, j'ai revu mes enfants.

Tout-à-coup, à travers ses larmes, elle aperçut son époux qui lui tendait les bras.

-Tu m'aimes encore? dit-elle en s'élançant vers lui et cachant sa tête dans son sein, moi, si coupable! dis-moi que tu m'as pardonnée!

Douce amie, nous avons bien souffert; maintenant que ferons-nous de ces enfants? ils sont grands et forts; les élèverons-nous avec notre fils?

-Oh! j'aurai assez d'amour pour tous !

La châtelaine aperçut Marguerite qui pleurait dans un coin de la salle.

- Et vous, Marguerite, me pardonnez-vous !

Marguerite ne répondit qu'en se jetant aux pieds de la châtelaine.

- Pauvre femme ! vous vous êtes noblement vengée; ce ne sera pas trop de l'amitié de toute ma vie pour me dédommager auprès de vous.

Le soir il y eut fête au château de la Bâtie. Les châtelains des environs vinrent partager la joie des deux époux, et Aubry, plus gai qu'à l'ordinaire, disait en remplissant les hanaps: - C'est du vin de l'évêque de Màcon; je n'ai rien bu de meilleur, depuis le jour où nous avons bouleversé les caves du prieur de Montverdun, et défoncé ses tonneaux; ah ! la belle fête que nous fîmes ! Pouvez-vous rappeler ces souvenirs! disait Gertrude. -Ah! c'était le bon temps, alors; j'étais jeune et je n'étais pas marié c'est la plus belle époque de ma vie.

Aimé VINGTRINIER.

BIBLIOGRAPHid

LES MERVEILLES DU CORPS HUMAIN, ou Précis méthodique d'anatomie, de physique et d'hygiène dans leurs rapports avec la morale et la religion, par le docteur J.-B.-F. DESCURET, avec cette épigraphe: Le corps est l'instrument de l'âme, et l'âme l'instrument de Dieu (1); compterendu par M. MORIAU.

« Il n'est guère de médecins, de magistrats, d'ecclésiastiques, désireux de se tenir au courant de la science et d'étudier 'avec fruit l'influence des aberrations de l'esprit sur l'organisme, qui n'aient dans leur bibliothèque la Médecine des Passions, du docteur Descuret. Ce laborieux et savant médecin vient d'ajouter un indispensable complément à son œuvre, en publiant les Merveilles du Corps humain. En effet, ce livre, qui rappelle avec précision, clarté, exactitude la composition anatomique de l'homme et le mécanisme de nos fonctions, peut être considéré comme le premier tome de la Médecine des Passions. Outre d'excellents principes d'hygiène, il renferme des aperçus philosophiques et religieux qui conduisent le lecteur d'une manière simple et naturelle à l'étude des infirmités morales de l'humanité. »

Cette opinion d'un savant anatomiste sera partagée, nous n'en

(1) Paris, 1856, un vol. in-8, chez Labé, éditeur, place de l'Ecole-deMédecine; Lyon, chez Savy, place Bellecour, et chez Périsse frères, rue Centrale.

Nous insérons avec empressement dans la Revue cet article que veut bien nous adresser M. Moriau, ancien proviseur du Lycée de Lyon, sur le travail d'un savant, notre compatriote. M. Descuret, qui habite Châtillond'Azergues depuis plusieurs années, a, du fond de ce pays retiré, publié à Paris plusieurs ouvrages d'un haut mérite et de grande valeur.

doutons pas, par tous ceux qui liront les Merveilles du Corps humain. Pour nous, nous tenons à signaler au bon goût du public quelques-uns des passages qui nous ont vivement intéressé dans ce nouvel ouvrage digne, en tous points, de la réputation que l'auteur s'est acquise par sa Médecine des Passions et par sa Théorie morale du Goût.

Jaloux de justifier le titre de son livre, l'auteur s'attache particulièrement à montrer les moyens pris par le suprême ingénieur dans la composition et le jeu de notre admirable organisation. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de donner une nomenclature anatomique plus courte, plus claire, plus instructive, que celle qui termine les Notions préliminaires..

Quant aux descriptions anatomiques elles-mêmes, loin d'avoir cette sécheresse qu'on pourrait craindre d'y rencontrer, elles nous semblent présentées avec un certain charme de style qui leur donne quelque chose d'attrayant. Par exemple qui ne reviendrait avec plaisir à la description de l'épiderme : « L'épiderme est une sorte de vernis protecteur, tombant sans cesse et sans cesse renouvelé par la sécrétion du derme, sur lequel il se moule sans lui rien ôter de sa souplesse. Production inorganique, c'est à dire dont la structure écailleuse ne laisse apercevoir ni nerfs ni vaisseaux, il se trouve jeté sur les papilles nerveuses comme une gaze demi-transparente et insensible, au travers de laquelle passent les poils ainsi que les fluides de la transpiration et de l'absorption. »

Les usages des paupières ne sont pas énumérés avec un style moins attachant : « Les usages des paupières sont : de protéger le globe de l'œil en s'abaissant au-devant de lui; - d'arrêter, à l'aide du petit grillage formé par les cils, les corpuscules qui pourraient gêner la vision; - de rendre l'œil insensible aux rayons lumineux, dont l'éclat troublerait le sommeil ; -- enfin, dans leurs mouvements alternatifs d'abaissement et d'élévation, les paupières concourent à étendre le fluide lacrymal, et à maintenir ainsi l'appareil dans un état permanent de fraîcheur. En revenant sur les cils si bien espacés, si avantageusement dirigés en dehors, et qui, dans le clignotement, permettent de distinguer les objets

comme à travers autant de barreaux filiformes, pourrions-nous ne pas reconnaître la prévoyante bonté du Créateur! Non contente de ménager et d'orner les yeux avec quatre rideaux gracieusement frangés, sa sollicitude les a disposés de manière que nous pouvons les transformer en persiennes pendant le jour, en volets pendant la nuit. »

Nous avouons qu'en lisant ces lignes si gracieuses, nous reconnaissons, nous aussi, et nous bénissons la prévoyante bonté du Créateur, qui nous a donné ces deux persiennes naturelles que nous pouvons joindre à volonté devant le soleil éblouissant du midi, et ces deux volets que nous fermons la nuit et même le jour pour ne pas voir des objets désagréables.

Si l'espace le permettait, nous rapporterions un grand nombre de définitions heureuses, d'idées saisissantes, de conseils hygiéniques empreints de la morale la plus pure parce qu'elle s'appuie toujours sur la religion; mais nous ne saurions résister au plaisir de citer un magnifique morceau d'ensemble qui ne pouvait sortir que de la plume d'un philosophe profond, d'un éloquent écrivain et d'un excellent chrétien.

« Après avoir terminé l'étude des fonctions qui composent la vie de l'homme, en concourant d'une manière si merveilleuse à la conservation de l'individu et à la reproduction de l'espèce, jetons un coup-d'œil philosophique sur les trois règnes de la nature, ou plutôt sur le mode d'existence propre à chacun d'eux. En admirant l'ensemble des êtres que Dieu a semés dans le temps et dans l'espace, tâchons de soulever le voile mystérieux qui couvre la vie considérée en général, et d'entrevoir les destinées promises à l'être privilégié appelé à si juste titre le roi de la création.

« Cette roche, ces cailloux, que nous foulons aux pieds ontils toujours existé tels qu'ils s'offrent à nos regards? Non; ils se sont lentement formés dans les entrailles de la terre qui les emprisonnait, dépourvus d'organes, de chaleur propre, de sensibilité, de mouvement, si ce n'est du mouvement moléculaire insensible, ils grossissent par couches superposées, pour tomber en fragments, en poussière, ou pour entrer dans des composés nou

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