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Christo, qui n'ait une chaise de poste dans son bagage, dans sa malle? M. de Mirecourt n'a pu s'en passer.

Un homme s'est trouvé, cependant, qui a porté un rude coup aux gasconnades et aux bravacheries du biographe pourfendeur. Cet homme, d'un courage froid et d'un esprit positif, a fait souvent ses preuves, comme on dit. Son dernier duel a été le plus tristement célèbre du dernier règne ; il a juré de n'en plus avoir. Attaqué avec une violence extrême par M. de Mirecourt, M. Émile de Girardin a demandé réparation aux tribunaux. M. de Mirecourt a été condamné à 500 francs d'amende, aux dépens et à l'insertion, à ses frais, du jugement dans trois journaux ; ces frais montaient à douze cents francs.

Le 1er août 1854, M. de Mirecourt écrit à M. de Girardin: « Envoyez, Monsieur, toucher vos douze cents francs à la «< caisse des Contemporains; mon éditeur paiera. » (Taylor, 13).

Lecteur précieux, remarquez bien cette phrase. M. de Girardin n'a plus qu'à passer à la caisse; n'est-ce pas ? mais vous ne connaissez pas cette caisse; elle ressemble à s'y méprendre au fameux coffre-fort de Robert-Macaire, qui s'ouvrait à midi et trois quarts et se fermait à une heure moins un quart. En effet, le 2 novembre suivant, nouvelle lettre de M. de Mirecourt à M. de Girardin :

« Monsieur, depuis hier j'ai l'inappréciable avantage d'être « logé à vos frais dans l'intérieur (1) de la prison pour <<< dettes.

«< ..... Tous les motifs de mon refus de paiement ne vous « sont pas connus. »

Un refus de paiement, grand Dieu ! mais que voulait donc

(1) Il serait plus curieux que M. de Mirecourt fût logé à l'extérieur de ladite prison.

dire cette pompeuse invitation: Passez à la caisse des Contemporains! Qu'est-elle devenue cette triomphante caisse?

« Où diable avez-vous appris qu'un malheureux écrivain << ait jamais eu douze cents francs en poche?....... Bref, je «< ne paierai donc pas, cher hôte..... j'ai à satisfaire à des «< créances plus sérieuses, plus sacrées et plus saintes. Vous << m'approuverez, j'en suis certain, de ne pas jeter à ces. <«< insertions gourmandes les modestes bénéfices de ma « plume, le bien-être de ma famille, le pain de mes en«fants.» (Samson, 1).

Voilà qui est tout à fait attendrissant, et rien d'aussi touchant ne s'était vu depuis que l'Intimé présentait à Dandin l'intéressante progéniture de son client. Mais la Caisse, la Caisse des Contemporains, où est-elle ? a-t-elle donc été sauvée, cette malheureuse caisse ? et cet éditeur fantastique, cet éditeur «< qui paiera, » disait M. de Mirecourt, s'est-il donc évanoui comme un vain rêve ? Le chemin parcouru par l'infortuné biographe pour arriver à cette piteuse exposition de ses malheurs est curieux à suivre. Au premier moment la gasconnade a le dessus : « Envoyez toucher vos douze cents francs à la caisse, Monsieur! » Cet élan de fierté est beau comme l'antique; mais, quand il s'agit de revenir sur ce sublime mouvement, et de passer de la pose théâtrale du capitan à la modeste attitude du débiteur insolvable, M. de Mirecourt ne sait plus trop comment graduer sa chute. Il commence par une querelle d'écolier: « Je n'irai pas payer, il faut «< que vous veniez, » puis il déclare qu'il lui paraîtra curieux de voir jusqu'où M. de Girardin poussera l'oubli de ses principes de liberté; il plaisante avec une grâce d'ours en cage sur la prison de Clichy, cette charmante retraite; il s'y trouve bien, il ne veut pas en sortir, il ne paiera pas. Puis il chicane sur le prix ; douze cents francs, c'est bien cher; il marchande; enfin, après toutes ces circonlocutions, vient cette déclaration

piteuse « Je ne peux pas payer, à moins d'ôter le pain à mes enfants. » Le pauvre homme !

Ah! certes, les motifs allégués par M. de Mirecourt pour son refus de paiement sont sacrés, et jamais la pensée de s'en railler ne fût venue à personne si cette plate humiliation n'était mise aux pieds de l'homme pour lequel le biographe n'a pas eu assez de fiel et d'invectives; si elle ne venait pas après les plus grotesques rodomontades et si elle n'en était pas suivie. En effet, le soir même du jour où la lettre de M. de Mirecourt fut publiée, M. de Girardin, suffisamment vengé par cette humiliation publique, le fit mettre en liberté. Quinze jours après, le biographe recommence ses hâbleries ridicules. « Ah! cher hôte, pourquoi me renvoyer si vite? pourquoi vous fatiguer si tôt de ma correspondance ?.... (J. Janin, 1). » Il ne reste plus qu'à hausser les épaules.

Passons à la dissection littéraire des brochures de M. de Mirecourt (1).

Armand FRAISSE.

(1) La dernière partie de ce travail sera publiée dans la prochaine livraison de la Revue.

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Sans songer à faire une dissertation, j'ai désiré émettre mon opinion sur quelques passages latins, qui ne m'ont pas paru assez éclaircis par celles des traductions que j'ai vues.

I.

Thrason, personnage de l'Eunuque de Térence, est un capitaine fanfaron qui a fait en sa vie deux jeux de mots, et qui, après les avoir racontés mille fois au parasite dont il est suivi, les lui répète encore (scène 1, acte 3). Il avait donné un festin à une courtisane; un petit jeune homme entreprend de jouer avec elle et de se railler de lui; il l'arrête par ces mots :

Quid agis, homo impudens ?

Lepus tute es, et pulpamentum quæris?

La Fontaine, dans sa traduction en vers, transforme le jeune homme en Ganimède, et fait dire par Thrason

Que les restes de Mars seroient pour Adonis.

L'allusion est ingénieuse, mais le capitaine peint par Térence

n'est pas si savant; et, d'ailleurs, il ne céde pas sa Vénus à un Adonis.

Après La Fontaine, l'abbé Lemonnier a dit :

Quoi, mignon, il te faut une mignone?

Thrason, qui veut injurier et punir un audacieux, ne se serait point borné à une réprimande aussi douce.

Enfin, M. Desforges, dont M. Nisard a adopté la traduction, a dit fort plaisamment : « Voyez-vous ce lapin qui vient chasser sur nies terres ?» C'est ainsi que parlerait un caporal de zouaves.

Mais, pour Thrason, lepus n'est pas un lapin, c'est, par un double sens, un lièvre, un efféminé. Pulpamentum, par un autre double sens, lui représente sa belle courtisane et la nourriture de l'athlète. Il dit ainsi, en termes plus ou moins couverts, à son indigne rival : « Tu es un lièvre, va broûter et ne touche pas «<au mets d'un hommie de guerre. »

II.

Horace adresse à un auteur dramatique ces deux vers de son Art poétique (154 et 155).

Si plausoris eges aulaea manentis, et usque
Sessuri donec cantor vos plaudite dicat...

Le Père Jouvency voit dans aulaea la toile tendue perpendiculairement entre l'acteur et le spectateur. Il rappelle que, de nos jours, la toile, fixée au faîte du théâtre, remonte de bas en haut à l'ouverture de la scène, et redescend de haut en bas à la fin du spectacle, tandis qu'à Rome le mouvement était inverse. La toile était attachée au parquet; une machine la remontait de bas en haut après le dernier applaudissement que le hérault avait demandé au public. Cette explication donnée, le Père Jouvency considère le spectateur dans la seule attente de la fin du drame, qui serait signalée d'abord par la toile replacée et ensuite par l'apparition du hérault. Il attribue ainsi à Horace une redondance fort irrégulière; mais il cédait à l'autorité de Dacier, de Marolles et d'autres écrivains dont le commentaire, français ou latin, faisait d'aulaca d'immenses toiles qui cachaient la scène avant et après

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