Sayfadaki görseller
PDF
ePub

cendres dispersées des antiques sacrifices, et le Panthéon fut appelé Santa Maria ad martyres. Deux siècles plus tard, Grégoire IV le consacra à tous les saints dont il venait d'instituer la fête (830). Pour justifier l'admiration que les générations vouèrent au Panthéon, disons qu'il appartenait au type de ces temples que les anciens appelaient Tholi. Comme chez les Grecs, on y pénétrait par un pérystile extérieur, garni de colonnes cannelées qui servaient à supporter le fronton dont le tympan était garni de figures de bronze, et dont les angles et le sommet étaient surmontés de socles appelés accrotères portant des vases ou des statues.

Au fond de la Cefla, c'est-à-dire en face de la porte d'entrée s'élevait l'Edicule, lieu où l'on plaçait la statue du dieu principal. Dans le soc du piédestal qui la soutenait, l'architecte ménageait une retraite penetralia, où les prêtres seuls avaient accès. La coupole était revêtue intérieurement de caissons de bronze doré et extérieurement de marbre blanc. Quatorze colonnes de jaune antique soutenaient cette coupole, et le monument tout entier comptait cent trentedeux pieds dans sa hauteur et dans son diamètre. La lumière pénètre encore aujourd'hui, comme au temps d'Auguste, par une large ouverture de forme ronde placée au centre de la coupole. Les anciens, qui avaient au suprême degré le sentiment du beau, comprenaient tout le parti qu'on pouvait retirer en éclairant ainsi un édifice religieux. La prière n'at-elle pas eu toujours besoin du demi-jour si propre à inspirer le recueillement? La source de toute lumière, de toute consolation n'est-elle pas toujours venue du ciel, et l'homme malheureux a-t-il jamais su faire autre chose au milieu de ses maux que de tendre ses bras vers la mystérieuse immensité des cieux?

Aujourd'hui, le Panthéon est bien déchu de son ancienne splendeur; les portes de bronze, les magnifiques caissons

ciselés et dorés de sa voûte ont été enlevés. La pluie, depuis dix-huit siècles, descendant par l'ouverture supérieure a fini par déchausser le marbre de l'arca. Sans l'âme du grand siècle qui a vu naître ce bel édifice, sans les tombes de Raphaël et de la brillante pléiade de ses rivaux et de ses amis, qui l'entourent comme aux jours de sa vie, sans la vénération attachée aux cendres des martyrs, sans cet imposant passé de dix-huit siècles, le Panthéon n'inspirerait de l'intérêt qu'à l'architecte intelligent, qui cherche dans les monuments du passé les enseignements de son art et le charme de ses loisirs.

Laissons pour un instant tant de nobles souvenirs, descendons de cet olympe pour aller rendre une petite visite au signor Antonio Lepre, restaurateur romain. L'admiration n'a jamais escamoté l'appétit, et je suis bien sûr que si le grand Montesquieu refaisait la grandeur et la décadence de l'Empire Romain, il se serait posé la question suivante :

Quelle différence existait-il entre le menu du simple mais indomptable Cincinnatus et celui du voluptueux Vitellius? et sur cela il aurait trouvé une mine inépuisable de vérités neuves et irréfutables. Comme Carême, je crois que l'état de l'art culinaire d'un peuple indique sa prospérité ou sa décadence. Le restaurant du sérénissime signor Antonio Lepre vient parfaitement à l'appui de cette maxime qui pourra paraître hardie mais qui n'est que juste dans la modeste sphère du rang qu'on lui a donné. Quoi qu'il en soit, ô Antonio, tant que je vivrai, je te verrai toujours accourir à nous avec ton costume de cuisinier d'opéra comique et toujours j'entendrai cet éternel dialogue: « Qu'avez-vous, signor Lepre? —Tout. - Mais encore.- Ici le maestro, avec un empressement et une volubilité indescriptibles: - Bifteeks, côtelettes de veau, soupe anglaise, macaroni, poulet rôti, chèvres à la Marengo, etc., etc.

-Eh bien servez-nous un bifteek. Ah signor, quel malheur, il n'y en a pas aujourd'hui. Alors donnez-nous du veau. Nous n'en avons pas davantage.

Qu'avez-vous

donc? De tout, signor, de la chèvre, des macaroni, de la soupe anglaise, mais demain croyez que...Et dire que tous les jours c'était mêmes demandes, mêmes réponses, mêmes résultats, même résignation. O Montesquieu! pourquoi n'as-tu pas, comme nous, dîné chez l'incomparable Antonio Lepre?

Après diner, je ne connais rien de mieux, même à Rome, que de fumer un cigare et de prendre une tasse de café; ce mot chez les Romains s'écrit par deux f mais là seulement ne gît pas la seule différence; quand vous entrez dans un estaminet, on vous demande imperturbablement : «< Che volete? - Un caffe nero, répondez-vous, si vous voulez sucrer avec des morceaux de sucre entier et payer cinque baiochi. Si vous répondez; mezzo caffe, on vous apporte du plâtre ou de la poussière de marbre légèrement sucrée, et vous déposez sur la table deux baioches. J'ai toujours été étonné que l'on n'eût pas posé une question plus simple et plus claire: « Voulez-vous ou ne voulez-vous pas courir une ou deux chances de plus d'être ou de n'être pas empoisonné? Et tout eut été dit. Le mezzo caffe disparaîtrait de la carte de l'estaminet romain. Le théâtre qui, dans quelques circonstances, peut être une distraction à Rome, à l'époque du moins où nous y séjournâmes, fut presqu'impossible. Nous pûmes cependant assister au théâtre à une pièce traduite de Scribe et intitulée Pauline. Tout le monde causait, acteurs et spectateurs, sans oublier le souffleur qui lisait la pièce d'un ton plus élevé encore. Les scènes comiques étaient rendues par d'atroces grimaces, toujours les mêmes; les scènes passionnées avec une violence hors nature, sans ajouter que dans l'opéra du Trovatore, j'ai vu des morts ressusciter, des

[ocr errors]

captifs sortir de prison et briser leurs fers pour faire les trois saluts d'usage après des applaudissements octroyés par le public.

Pour être juste, j'ai meilleure opinion du théâtre italien, et un juge ne peut ni absoudre ni condamner sans entendre plusieurs fois les deux parties. Je ne raconte donc le fait que comme un simple souvenir.

E. DE LA COTTIÈRE.

DEUX LETTRES INÉDITES DE MOUTON-DUVERNET.

La Revue du Lyonnais avait donné, dans son N° d'octobre 1852, deux lettres longues et intéressantes de MoutonDuvernet, tirées de la bibliothèque lyonnaise de M. LouisAntoine Coste. Aujourd'hui que cette collection précieuse appartient à la ville, M. Monfalcon nous permet de prendre copie de deux autres lettres, moins importantes sans doute, mais dont l'une fait connaître, d'une manière douloureuse, la position dans laquelle le général était tombé. Nous les faisons précéder du signalement envoyé par le ministre de la police. Ces documents, si petits qu'ils soient, servent à établir ou rectifier l'histoire, si souvent pleine des plus grossières erreurs. On va en juger.

Quelques biographes, Bouillet entre autres, font naître le général à Paris, d'autres, comme la Biographie lyonnaise de MM. Bréghot du Lut et Péricaud, le font mourir le 19 juillet 1816, quelques-uns encore, comme M. Ogier, dans sa France par cantons, se trompent d'un an, et mettent sa mort à l'année 1815. D'après l'inscription de son tombeau et son interro gatoire devant ses juges, Mouton-Duvernet était né au Puy, le 3 mars 1770; d'après la Biographie universelle, la légende d'un de ses portraits gravé par Béville, et d'autres documents consultés pour la rédaction du catalogue de M. Coste, il était né en 1769; condamné à mort le 19 juillet 1816, il fut fusillé à Lyon, sur le chemin des Étroits, le samedi 27 du même mois, à 6 heures du matin. On voit qu'il n'est pas facile d'écrire l'histoire avec exactitude, même l'histoire contemporaine.

Voici son signalement que nous trouvons dans les pièces de son procès:

Signalement du lieutenant-général Mouton-Duvernet, transmis par son excellence le Ministre de la police générale du royaume. François-Régis-Barthélemy Mouton - Duvernet, né au Puy, département de la Haute-Loire, âgé de 45 ans, taille de 5 pieds

« ÖncekiDevam »