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Sforza! L'heureux et habile condottiere n'eut plus dès lors qu'à échanger son titre de gouverneur des milices de la république milanaise contre celui de duc de Milan pour devenir le seigneur et maître de cette ville infortunée.

Guichenon dissimule autant qu'il le peut les circonstances de ce fait si important dans l'histoire de la Savoie et si facheux en même temps pour la mémoire du duc Louis. Il tronque son récit en l'entremêlant de détails étrangers propres à détourner, du moins à diviser l'attention du lecteur. Ne voulant ou ne pouvant dévoiler toute la vérité, il se fait obscur à dessein, ne laissant deviner sa pensée que dans une phrase aussi courte que timide: Quant au duc de Savoie, dit-il, quoiqu'il fût au voisinage des Milanais et que la conjoncture fût favorable, il ne s'en sceut prévaloir. Il se hâte ensuite de décorer le duc Louis de toutes les qualités qui peuvent rehausser un prince dans l'estime de la postérité. Dans l'appréciation qu'il nous donne sur l'ensemble du règne du duc Louis, il ne craint pas d'avancer qu'il fut aussi glorieux, aussi profitable que celui d'Amédée VIII, son père, témoignage unanimement désavoué par les historiens venus après Guichenon. Autant, dit M. le marquis Costa de Beauregard, Amédée s'était montré doux, conciliant, ferme et sensé, autant Louis se montra violent, faible, vaniteux et dépourvu de jugement, opinion que confirment pleinement les documents et les faits.

Nous avons hasardé cette brève excursion sur l'histoire généalogique de la maison de Savoie dans l'unique but de démontrer que cette composition, faite sous l'empire de la dépendance et des entraves qu'impose à un auteur le titre officiel d'historien, nous paraît, quant à la véracité des faits et des jugements, offrir des garanties beaucoup moins sérieuses que l'Histoire de Bresse et de Bugey. Il est temps de sortir du domaine des digressions et de rentrer dans notre sujet. Jules BAUX.

DESCRIPTION

DE LA VOIE ROMAINE

DÉCOUVERTE A LYON

Dans le quartier du jardin des plantes, en 1854,

PAR

E.-C. MARTIN-DAUSSIGNY (1),

Lue à l'Académie de Lyon, dans la séance du 1er avril 1856.

En publiant notre description de la voie romaine découverte dernièrement à Lyon, dans le quartier du jardin des plantes (2), nous avons annoncé qu'un appendice à ce premier travail ferait connaître le résultat de nos recherches aussitôt que l'achèvement des travaux de canalisation nous aurait permis de compléter cette étude intéressante pour l'histoire des premiers temps de notre cité; c'est ce que nous nous empressons de faire aujourd'hui, les fouilles étant terminées dans cette partie de la ville.

Nous avons dit que la voie romaine découverte depuis la place Saint-Vincent, suivait l'axe de la rue Saint-Marcel, puis

(1) La première partie de ce travail a paru dans les Mémoires de l'Académie de Lyon, et a valu à M. Martin-Daussigny, de la part de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, une mention honorable, faveur précieuse que ce complément viendra encore justifier.

A. V.

(2) Voyez Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, classe des Lettres, nouvelle série, tom. IV.

tournait à gauche avec la côte des Carmélites, qu'elle remontait jusqu'à la rue Neyret. Nous avons démontré aussi que sous la petite place des Carmélites, la voie antique avait un embranchement à droite, allant aux thermes dont les restes ont été reconnus par Artaud, il y a trente ans environ, sous la place Sathonay (1).

Dans toute cette étendue, et lors de la découverte, nous avions pu, le crayon et le compas à la main, suivre et examiner attentivement ces restes précieux au fur et à mesure qu'ils étaient découverts, excepté dans la partie de la côte des Carmélites comprise entre la rue Bouteille et celle de l'Annonciade, espace qui n'avait pas encore été fouillé. C'est le résultat de nos observations sur ce point que nous avons à faire connaître en premier lieu.

Au mois d'avril 1855, les fouilles furent reprises sur la place des Carmélites, et dirigées en remontant la côte, afin de relier les derniers travaux avec ceux faits précédemment, au-dessus de la rue de l'Annonciade. Le lendemain, en alignement avec la maison Gros et celle vis-à-vis, furent trouvés, à 50 cent. de profondeur, des restes de constructions, dont les moëllons entremêlés de cailloux étaient disposés en travers de la côte et perpendiculairement à son axe. Ces restes paraissant avoir appartenu aux murs de l'ancienne porte Saint-Vincent, autrefois sur cet emplacement, ainsi que nous l'avons dit dans la première partie de notre travail, se reliaient à ceux d'une muraille trouvée en même temps à 90 cent. de profondeur et allant presque dans l'axe de la côte, quoique dérivant légèrement à droite. Ce mur, placé à deux mètres environ en avant de la maison Gros, nous a donné la mesure de la largeur de la côte au

(1) Voyez Artaud, Lyon souterrain, p. 96 et 205.

moyen âge: elle n'avait que quatre mètres sur ce point (1). Ces différents restes de fondations étaient assis sur le pavé antique, retrouvé lui-même à la profondeur de 1 mètre 95 centim.

Trois jours après, tout à côté de la base de cette muraille et un peu au-dessus du pavé antique, on découvrit à 1 mèt. 50 cent. de profondeur, un squelette de femme couché sur le côté droit. Sur la partie gauche de sa poitrine, était une petite demi-figurine en ivoire, servant de manche ou de poignée à une tige de fer, paraissant avoir été ronde et de 15 à 20 cent. de longueur. Rongée par l'oxide, elle se brisa entre les mains de l'ouvrier qui la ramassa. La petite figurine, en ivoire de neuf ans, transparente, est très-bien conservée. Elle a le corps nu d'une femme et la tête d'un homme coiffée d'une espèce de bonnet d'une forme assez singulière, ayant quelque analogie avec celle du casque en usage au XVIe siècle et roulé de chaque côté en volutes semblables à la coquille de l'escargot. Cette figurine tient un cœur dans sa main droite posée sur la poitrine, et de la gauche, passée derrière, une espèce de bandelette qui se sépare en deux parties, formant autour du cou une manière de sudorium. Le caractère de la tête est expressif, la forme correcte et fine, une fcrte moustache couvre sa lèvre supérieure. Quant au corps, il est sans caractère et sans forme, et ne correspond nullement à la bonne exécution de la tête. L'ensemble de cette figure a quelque chose de burlesque et pourrait être la caricature de quelque personnage de l'époque. On n'y remarque d'autre avarie qu'une légère fissure dans sa partie inférieure où la soie de la lame est restée engagée.

(1) Elle en a six aujourd'hui dans cet endroit, et plus haut elle s'élargit encore davantage. Les nouveaux projets doivent la porter à quinze mètres dans toute sa longueur.

Peu de jours après, de l'autre côté de la voie et vis-à-vis le squelette dont nous venons de parler, des ossements d'homme furent aussi découverts, et près d'eux une épée dont la lame fortement endommagée par la rouille, se cassa en deux. Une partie, longue de huit à dix pouces et presque informe, fut jetée par les ouvriers. Le tronçon qui resta attaché à la poignée a 45 cent. de long, ce qui, joint avec le fragment perdu, porte la longueur totale de la lame au moment de la découverte à 70 cent. environ, sur une largeur de quatre. La garde, tout en fer et en forme de croix, dont une des branches a été trouvée brisée, et n'était plus du reste qu'un amas d'oxide et de graviers, a, d'une extrémité à l'autre, 25 cent. environ; la poignée, recouverte en bois dont se voit encore un léger fragment, est longue de 15 cent. Le pommeau de fer paraît avoir été énorme. Défigurées par la rouille, la garde et la poignée ne peuvent être mesurées bien exactement, leurs extrémités n'étant plus qu'une masse d'oxide. La lame, évidée d'un centimètre au milieu, tranche encore parfaitement sur un grand nombre de points que la rouille a épargnés.

Nous avons détaillé avec soin ces deux objets, quoique ils aient peu d'importance par eux-mêmes, mais parce que, trouvés avec les ossements de ceux à qui ils appartenaient probablement ils sont pour un homme d'étude un indice à peu près certain de l'époque à laquelle les cadavres ont été enfouis. Ils semblent, l'un et l'autre, appartenir au XVIe siècle (1).

Quant à la découverte des deux squelettes, elle rappelle

(1) Ces deux objets, au moment de leur découverte, ont été déposés dans notre cabinet pour être soumis à nos observations. Puis, par nos soins, ils ont été remis dans les mains de MM. les Ingénieurs de la Compagnie des Eaux chargés de recueillir les antiquités qui pourraient être trouvées dans les fouilles.

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