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chaire de philosophie du Lycée de Lyon où il a fait tant de bien, où il a laissé de si précieux souvenirs.

Tels sont les sentiments, tels ont été et tels seront les travaux de la Faculté des lettres. Mais vous aussi, Messieurs, n'oubliez pas que la Faculté des lettres à besoin de vous, qu'elle ne vit que par vous. Devant de rares auditeurs, malgré nous, nous sommes un peu froids et languissants, devant une salle remplie nous avons plus d'ardeur et de zèle. N'est-ce donc pas, me direz-vous, an professeur à faire l'auditoire et non à l'auditoire à faire le professeur? Il est vrai; mais soyez généreux avec nous, intervertissez les rôles; faites d'abord le professeur, c'est à dire, animez-le par votre présence, et peut-être vous en serez récompensés par des leçons un peu meilleures, par plus d'élévation, d'intérêt, de chaleur dans notre enseignement.

BIBLIOGRAPHIC

LES ÉPHÉMÈRES, sonnets par Joséphin SOULARY.

Voici un poète qui, depuis longtemps, n'en est plus à chercher sa forme; il l'a trouvée et il lui est fidèle. M. Soulary produit peu et à de longs intervalles, premier mérite qui ne manque pas d'habileté, s'il est le résultat d'un parti pris. L'auteur des Éphémères n'est pas de ceux qui n'osent se présenter au public qu'à la tête d'un formidable convoi de poèmes grands et petits. Devant ceux-là qui prisent avant tout la quantité, la critique, pour les juger sainement, est souvent tentée de faire deux parts de leurs ouvrages, et de laisser alternativement un vers pour la raison et un pour la rime. M. Soulary est tout l'opposé de ces partisans de la fécondité à tout prix; aussi ne livre-t-il cette fois à la publicité que trente-huit sonnets, un peu plus de cinq cents vers, mais cinq cents vers châtiés, choisis, richement rimés, d'une ciselure nette et vigoureuse. Dès les débuts de l'auteur, il était facile de reconnaître dans son vers une tendance à se resserrer et à se concentrer de façon à devenir le moule précis de la pensée. Cet amour de la concision devait mener M. Soulary à choisir la forme poétique la plus propre à condenser une idée et à en détacher nettement le contour. Naturellement, le sonnet a présenté son cadre; quoique nous ne partagions pas l'opinion de Boileau sur les difficultés du sonnet et que « les rigoureuses lois » aient été dépassées de bien loin par les tours de force des rimeurs modernes, nous reconnaissons que le sonnet a ce grand avantage de comprimer la pensée de l'auteur, d'en réduire l'expression au strict nécessaire et de laisser au lecteur le plaisir de deviner l'auteur et de le compléter.

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M. Soulary renferme presque toujours un tableau complet dans un seul sonnet; rarement il lui arrive, débordé par l'idée, d'ajouter un second sonnet complémentaire du premier, comme ces vieux maîtres qui peignaient des deux côtés leurs panneaux volants. Tels sont les sonnets jumeaux de La Pipe et ceux du Casseur de pierres, idées à double face.

Chaque vers des Éphémères porte plus ou moins l'empreinte de cette découpure vive et mordante qui marque les œuvres de M. Soulary à son sceau, qui les fait siennes et leur donne une originalité tranchée et indiscutable. Surtout, par dessus tout, avant tout, le poète a horreur de la cheville et du lieu commun. Haine sacrée ! que tout écrivain devrait porter dans ses entrailles. N'est-ce pas assez, bon Dieu! que le lieu commun nous enveloppe, nous étreigne, nous barre à chaque instant le passage dans la vie réelle, sans le retrouver encore étalé dans les livres où nous cherchons contre lui un dernier abri?

Nous indiquerons parmi les sonnets les plus remarquables des Éphémères, la Mère, le Fossoyeur, Nessus, Pastorale, Dans la plaine, l'Horloge, et, pour terminer, on ne peut mieux, cette appréciation, nous citerons le sonnet Des pas sur le sable :

C'était un pied mignon, pied de vierge sans doute,
Mutin, cambré, furtif, se posant finement;
Pour trouver Cendrillon au bout, le prince-amant
Aurait suivi ce pied cent ans de route en route.

Un pied? non, c'en était la marque seulement.
Je verrai Cendrillon, dis-je, ct, coûte que coûte,
Me voilà sur sa trace et chaque pas ajoute
A la fée idéale un nouvel agrément.

Je suivis cette empreinte, ainsi, durant deux lieues,
Tant qu'enfin j'arrivai près du lac aux eaux bleues ;
Le joli pied s'était arrêté juste au bord.

De retour, nul indice! A droite, à gauche, impasse !
Cendrillon s'était-elle envolée en l'espace?

Le lac dormait profond, profond comme la mort!

Sauf « agrément » qui est faible, ce charmant petit poème résume la manière de l'auteur et donne surtout une idée de ses finales, toujours terminées par un trait court, énergique et profond. Armand FRAISSE.

LE PUBLIC AU THÉATRE,

SES HABITUDES,

SES DROITS, SES INTÉRÊTS.

Il s'établit depuis quelques mois à notre théâtre, comme en de plus hautes sphères, une froideur sensible entre les deux grandes parties contractantes. Artistes et public, réciproquement, paraissent vouloir reprendre la pénible attitude qui caractérise l'époque des débuts. De part et d'autre on s'attend, on s'observe; l'on semble déjà calculer les moyens d'agression et de résistance. Avant que les hostilités ne s'ouvrent, essayons d'un arbitrage: si c'est, pour l'exercer, un titre suffisant que d'en avoir deviné l'opportunité, je serai heureux par quelques simples explications d'épargner aux deux intéressés les ennuis d'une mésintelligence aussi contraire aux progrès de l'art qu'aux plaisirs publics.

L'état que je signale n'est point un fait nouveau, imprévu, exceptionnel. Sur la scène, ainsi que partout ailleurs, c'est l'effet infaillible, le constant résultat de toute prospérité trop soutenue. L'homme est ainsi créé. Pour conquérir ses droits, il crie, réclame, s'insurge, bouleverse au besoin. Sont-ils à lui? la jouissance le fait taquin, exigeant, pointilleux, despote, même aux dépens de l'objet dont il avait rêvé la possession. Constatons-le sans nous en étonner. Si la vie humaine n'est qu'un long désir, comment serait-elle autre chose qu'une longue plainte?

L'habile dispensateur de nos plaisirs lyriques n'a pu échapper à cette loi. Plus il prodigue de variété dans le répertoire, plus il déploie de zèle, s'impose de sacrifices pour compléter son personnel, pour porter le luxe intelligent de la mise en scène à un point inconnu jusqu'ici, et plus ce bizarre symptôme, ce besoin inné de mécontement devait, à un terme donné, n'im

porte par quelle issue, faire explosion. Quant à lui, il n'a point à se plaindre. On lui tient compte de ses efforts vraiment méritoires; on suit avec une curiosité d'ami le mouvement de rénovation générale imprimé par une administration aussi loyale qu'éclairée. La mode est aux jeux de la scène. C'est un succès de caisse, croissant: et comme le disait excellemment ces jours-ci l'un de nos plus spirituels collègues : « Il n'y aura plus cet hiver possibilité d'avoir de la place au théâtre, si l'on en juge par la difficulté qu'on a maintenant d'y avoir de bonnes places! » Le public s'amuse... Donc quelqu'un doit souffrir! Ce n'est certes pas la Direction (voyez plutôt son livre de compte). Alors ce seront les artistes.

Il faut qu'on le sache en effet, il faut l'apprendre à cette foule cruelle sans le savoir. L'homme ne vit pas seulement de pain, ni l'acteur de ses émargements. L'approbation, s'il s'en rend digne, les applaudissements, quand il les a mérités, voilà sa ration de chaque soir, le but pour lequel il travaille, il souffre, il abrége sa carrière. C'est ce battement de mains, ce sympathique murmure qui fait son ambition tout le jour, toute la nuit sa torture, s'il a manqué. Qu'il l'avoue ou non, qu'il le cache sous l'indifférence feinte ou sous un superbe dédain, débutant ou vieil athlète, prima dona ou humble coryphée, pour tous le repos, la joie, la santé bien souvent sont dans ce moment unique. Une mère, une épouse l'attendent la main pressée sur le cœur. Elles savent, elles, les vraies confidentes, quel prix on y attache, par quel labeur on s'y est préparé, quel coup il doit porter sur la destinée d'un être chéri !

Et, cependant, de l'autre côté du rideau, je vous vois, spectateur impassible, distrait, blasé, paisiblement assis sur le velours privilégié où vous venez digérer plus qu'entendre. Voilà un effet fort bien rendu, dites-vous!... Mais, dam, n'ai-je pas payé mes 3 fr. 50? -Renard est décidément en progrès cette année, en voix ce soir!... Un instant! le coquin a son engagement signé pour l'opéra: ne le gâtons point par de trop chauds transports. Je ne me trompe pas; c'est, ma foi, bien un si naturel, et triomphalement enlevé !... Doucement, ne l'ai-je pas déjà applaudi, il y a quinze

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