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Je me permets d'aimer, d'un effrayant cynisme,
Celui qu'on nomme paysan,

Alors qu'il est, luttant contre notre égoïsme,
A sa corvée âpre artisan.

J'irais même baiser son vêtement sordide,
Emblême de la pauvreté;

S'il était, comme ailleurs, des oripeaux avide,
Il l'aurait tantôt rejeté.

Qu'il est noble à mes yeux, sous l'enveloppe vile,
Celui qui nous donne du pain!

Que va-t-il rencontrer dans l'antre de la ville?
La discorde et son vieux levain.

Il y tournoie alors dans l'ivresse fiévreuse,
De la cité funeste don,

Broyant peuples et rois dans sa fougue orageuse,
Et rallumant torche et brandon.

Août 1856.

6*

Cette existence est belle, amis, que vous en semble?

Vous aimez donc les toits dorés,

Tumulte, chars, coursiers, le faste qui rassemble
Ses papillons évaporés ?

Le bouge aérien, où l'humide froidure.
Fait grelotter un souffreteux,

Le lupanar infect, la vie austère et dure.
De l'ouvrier nécessiteux ?

Le laboureur, sortant de sa couche grossière,
De sa cabane, étroit réduit,

Voit d'un large horizon s'épancher la lumière
Et le soleil naissant qui luit;

I hume à pleins poumons, sous la zône éthérée,
L'aurore et ses fraîches senteurs,

Et vit au sein de l'air, dans la plaine altérée,
Qui gerce aux brûlantes ardeurs.

Humble pâtre en naissant, errant à l'aventure,
Bravant l'orage et les autans,

A sa mâle vigueur préluda la nature.

Pour les labeurs d'un autre temps.

Quand le pays le veut, en phalange immortelle,
Il sait aussi vaincre et souffrir;

Patient, plein de cœur, la fortune infidèle.
Sans frissonner l'a vu mourir.

Il vint comme un seul homme, alors que
Saisissait un peuple ébranlé,

le vertige

En heurtant, de son vote, un sinistre prestige

Dans le cahos entremêlé;

Et son héros, porté sur ses larges épaules,
Du haut de ses pavois d'airain,

Nous a fait resplendir, jusqu'aux glaces des pôles,
Comme un arbitre souverain.

Il voulut désormais, l'homme de la charrue,

Un pouvoir fort et sérieux,

Sans avoir arraché les pavés de la rue

Sous le glaive des factieux.

Depuis, il a donné ses enfants à la guerre
Pour venger un antique affront,
Et la riante paix, qui refleurit naguère,
De lauriers a paré son front.

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ALLOCUTION

prononcée par M. BONNET, président de l'Académie,
dans la séance publique du 24 juin 1856,

Messieurs,

Vous avez hâte d'entendre les orateurs qui doivent donner à cette séance un intérêt si vif et si sérieux; vous êtes empressés de voir se dérouler devant vous le tableau d'une vie qui vous fut sympathique,* et dont les phases vous seront retracées par M. de Polinière, avec ce sentiment profond qui, sans rien enlever à la fidélité de l'histoire, colore et anime jusqu'à l'impartiale justice. Ce n'est pas avec une curiosité moins impatiente que vous venez de même prêter votre attention à deux artistes distingués, MM. St-Jean et Desjardins. Vous savez que de tels esprits associent au culte des arts celui des belles lettres, et que, tout habitués qu'ils sont à rendre leur pensée par le crayon et le pinceau, ils ne savent pas moins bien l'exprimer par le langage.

Je partage votre empressement, et je voudrais n'en pas retarder la satisfaction; mais n'est-il pas juste aussi de rappeler à votre souvenir les travaux de nos collègues qui ne peuvent se faire entendre dans cette solennité? Et les évènements qui intéressent la compagnie tout entière ne doiventils pas vous étre racontés?

Cette pensée me dicte presque un devoir et m'encourage à vous signaler la décision récente prise par l'Académie de faire entrer ses Mémoires dans le domaine de la publicité, et de ne

Biographie du Dr Viricel.

plus se contenter de leur envoi au cercle restreint de quelques correspondants. Vous parler de nos Mémoires et de notre désir de les répandre, n'est ce pas s'engager à vous indiquer au moins les sujets qui y sont abordés? J'hésite à entreprendre cette tâche, énumération fastidieuse, si je veux être complet; véritable déni de justice, si je fais des éliminations à mon gré. Je l'essaierai cependant: il est de l'honneur des Sociétés savantes de prouver leur activité collective. Héritières d'institutions fondées et développées par nos pères, elles ont à rendre compte du legs qui leur a été confié : chargées de maintenir le culte des lettres et des sciences, elles doivent montrer qu'elles comprennent leur mission, et qu'elles savent la remplir.

Ces principes ont toujours été ceux de l'Académie. Depuis l'époque de sa réorganisation, il y a cinquante six ans, ses secrétaires ou ses présidents ont publié, chaque année, pendant près d'un demi-siècle, le compte-rendu de ses travaux. Mais quel que fût le mérite et la fidélité de ces analyses, les œuvres littéraires y perdaient leur grâce et la spontanéité de leur forme originale, et les travaux scientifiques l'ampleur de leur développement et la précision de leurs preuves. Frappée de ces imperfections, la Compagnie décida de publier intégralement ses Mémoires et d'adopter, sous ce rapport, les traditions de toutes les grandes Compagnies savantes. Telle était la richesse des matériaux dont elle pouvait disposer, que ses Mémoires, dont la publication n'a commencé qu'en 1845, forment aujourd'hui, à la fin d'une période simplement décennale, treize volumes, témoignage irrécusable d'activité et de persévérance.

Ces volumes comprennent d'abord l'éloge de tous les personnages illustres morts récemment, et qui, par leur naissance, leurs bienfaits ou leur association à l'Académie, appartenaient à la société lyonnaise.

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