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par ces habiles intrigues, et le lendemain de sa mort, 2 septembre 1715, le duc d'Orléans faisait casser son testament en plein parlement, et se faisait déférer purement et simplement la régence.

duire cette accusation odieuse, toujours démentie par l'événement: ce fut là pour le cœur du prince, vicieux sans doute, mais incapable de pareils forfaits, la punition la plus cruelle du mépris qu'il avait toujours montré pour l'opinion*. Cependant Louis XIV, avant de mourir, avait rendu des édits qui accordaient aux princes légitimés tous les titres et les prérogatives des princes du sang, même celle de succéder à la couronne. De plus, un testament secret, mais dont le duc d'Orléans parvint à avoir connaissance, conférait au premier des légitimés, au duc du Maine (voy.), la surintendance de l'éducation du jeune roi et le commandement de sa maison militaire, tandis que lui-même, premier prince du sang, n'avait que la présidence du conseil de régence, « Peut-être, dit Lemontey, l'exercice du pouvoir n'aurait pu séduire sa mollesse; mais, dès qu'on lui persuada que l'exclusion de la régence rendait son courage suspect, il sortit de son engourdissement, et laissant la palette des peintres et l'appareil des chimistes, reprit ses avantages naturels. » Avec cette rapidité de coup d'œil qui le caractérisait dans ses moments d'action, il vit tout ce que sa position avait de favorable. Ses vices avaient pu lui aliéner l'opinion; mais son adversaire en avait un qui nuit plus en France que tous les autres: il était sans courage. Quant à lui, sa disgrâce même lui ralliait les jansénistes, les chefs du parlement, tous les adversaires d'un règne expirant. Aux princes du sang il promit l'abaissement des légitimés, aux ducs et pairs la victoire dans leurs débats d'étiquette avec le parlement, au parlement lui-même le droit de remontrances qui lui était ravi depuis 50 ans, aux grands seigneurs l'établissement aristocratique de plusieurs conseils. Bref, le vieux monarque n'avait pas encore fermé les yeux que sa cour était démontée pièce à pièce (*) Lorsque parurent les Philippiques de Lagrange-Chancel, il les lut avec son indifférence ordinaire pour les satires dirigées contre sa personne et son gouvernement; mais, arrivé à l'endroit où on le représente préparant la mort du jeune roi, Saint-Simon le vit tout à coup changer de visage et se tourner vers lui, les larmes aux yeux, et près de se trouver mal, « Ah! c'en est trop, dit-il; cette horreur est plus forte que moi!»

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Le premier usage que le régent fit de son pouvoir ne fut pas moins adroit que les moyens employés par lui pour y parvenir. Tout en montrant envers les personnes une modération qui ne coûtait rien à son caractère, il opérait dans les choses une réaction presque complète. Les ministères furent remplacés par des conseils dont la première idée appartenait au duc de Bourgogne. Le duc de Noailles, président de celui des finances, formait avec le maréchal d'Uxelles et le chancelier d'Aguesseau (voy. ces noms) ce que l'on appela le premier triumvirat de la régence. Des remises sur les impôts, des essais d'économie, l'établissement d'une chambre de justice pour juger les financiers étaient autant de satisfactions faciles données à l'opinion publique. Les plans de Fénélon pour le bonheur des peuples, les utopies aristocratiques de Boulainvilliers, et jusqu'aux rêves de l'abbé de Saint-Pierre étaient mis à l'ordre du jour. En même temps, l'établissement de la banque de Law (voy. tous ces noms), les encouragements accordés à la Compagnie des Indes produisaient dans le pays un mouvement financier et industriel, donnaient à la marine et au commerce un essor, qui survécurent à l'exagération et aux folies du moment. Enfin, ce relâchement même de mœurs et de croyances dont le chef de l'état donnait si hautement l'exemple, et que l'historien moraliste lui reproche d'avoir imprimé à tout un siècle, ne paraissait alors qu'une réaction naturelle contre l'hypocrisie des dernières années de Louis XIV. A l'extérieur, un système pacifique était substitué aux guerres sans fin du règne précédent, et l'on devait en savoir d'autant plus de gré à Philippe qu'il avait fait ses preuves sur les champs de bataille. Le symptôme le plus remarquable de cette politique fut la triple alliance, bientôt changée en quadruple alliance, qui opéra une révolution dans les rapports internationaux de l'Europe. Elle fut principalement l'œuvre de l'abbé Dubois,

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qui, de sous-précepteur du prince, devint conseiller d'état, puis premier ministre (il forma avec Law et d'Argenson le second triumvirat) et bientôt cardinal, et qui justifiait au moins par son habileté cette élévation rapide dont ses vices le rendaient si indigne.

Cependant l'opposition contre le régent, désarmée d'abord par ses premières mesures, ne tarda pas à se réveiller. Les partis opposés, qu'il avait joués l'un par l'autre, se retrouvèrent tous également mécontents. Le jansénisme par ses querelles, les ducs et pairs et les princes légitimés par leurs prétentions contraires, le parlement par ses envahissements, d'abord tolérés, mais bientôt incommodes, dans le domaine de l'administration, les mécomptes qui succédèrent à la folle ivresse excitée par les créations financières de Law, lui créèrent de graves embarras à l'intérieur, tandis qu'au de- | hors l'hostilité du roi d'Espagne, toujours jaloux d'une part d'influence dans les affaires de la France, l'entraînait vis-à-vis de l'Angleterre dans un système de concessions où la dignité nationale pouvait paraître sacrifiée à un intérêt de famille. Mais le régent, au milieu de toutes ces attaques, fit usage des hautes facultés qui semblaient s'éteindre dans les désordres honteux de sa vie ordinaire. Dans un lit de justice du 26 juillet 1718, il trouva le moyen de frapper à la fois le parlement dont il cassa les arrêts, les princes légitimés qu'il réduisit au rang de leur pairie, et le duc du Maine qu'il dépouilla de la surintendance de l'éducation du roi. La présence d'esprit, la hauteur d'autorité qu'il déploya dans cette circonstance, remplirent ses ennemis de stupeur et ne contribuèrent pas peu à consolider son autorité. La cabale des intérêts froissés par ce coup d'état et ameutés par la duchesse du Maine, produisit, en s'unissant à celle de l'Espagne, la conspiration avortée de Cellamare (voy.) et la révolte des gentilshommes bretons. Le gouvernement, sans abuser de sa victoire, sut, par un heureux mélange de sévérité et de clémence, faire à chacun sa part de culpabilité. La guerre avec l'Espagne devenait nécessaire, et la force des armes continua heureusement ce que

la politique avait commencé; mais bientôt cette puissance, par son adhésion au quadruple traité, mit fin aux complications de la politique extérieure (17 février 1720).

Ainsi arriva, sans secousses et sans altération dans les conditions du pouvoir dont le régent était dépositaire, le jour de la majorité du jeune roi (22 février 1723*). Du reste, rien ne fut changé dans la direction des affaires : Louis XV eut le titre, d'Orléans la puissance, Dubois l'action et la volonté. La mort de ce dernier ayant suivi de près, le prince fut premier ministre après lui, mais il ne lui survécut que de quelques mois, et fut enlevé à l'âge de 50 ans par un coup de sang, le 25 décembre 1723. « Le roi, dit Saint-Simon, touché de son respect et de ses attentions à lui plaire, le pleura et n'en parla jamais qu'avec regret. Le peuple, qui l'avait tour à tour conspué et applaudi, sembla ne voir d'abord, dans le prince qu'il venait de perdre, que la dupe de Law, ou le premier des roues (c'est le nom qu'il avait donné lui-même aux compagnons de ses orgies). » La postérité reconnaît avec Lemontey que « l'indolent, le scandaleux régent orna le pouvoir, qu'il déshonorait par ses vices, des charmes d'une bonne nature, de l'ascendant si puissant parmi nous de la gloire militaire, et des étincelles de cet esprit supérieur qui a été donné à quelques princes de sa race. »

Philippe d'Orléans eut de son mariage avec Mlle de Blois (Françoise-Marie de Bourbon, morte le 1er février 1749), outre une fille morte en bas âge: 1o MARIE-LOUISE-ÉLISABETH d'Orléans, connue sous le nom de duchesse de Berry (voy.), digne fille du régent par ses mœurs, et idolatrée de son père, qui s'était résolu à braver les odieuses interprétations que le public donnait à sa tendresse; 2o LOUISE-ADÉLAÏDE, Mlle de Chartres, née le 13 août 1698, abbesse de Chelles et fougueuse janséniste, morte le 20 février 1743; 3° CHARLOTTE-AGLAÉ, Mlle de Valois, née le 22 octobre 1700, mariée à François d'Este, prince de Modène,

(*) C'est par une faute d'impression qu'à l'àr- : ticle Louis XV, T. XVI, p. 757, on lit 1725, au lieu de 1723.

S.

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morte le 19 janvier 1761; 4o Louts d'Or- | et se retira à l'abbaye Sainte-Geneviève, leans, héritier du nom, dont l'art. suit; où il mourut, le 4 février 1752, dans la 5o LOUISE-ÉLISABETH, Mile de Mont-pratique des vertus chrétiennes. Il a laissé pensier, née à Versailles, le 11 décembre quelques ouvrages de théologie et de sco1709, mariée, le 20 janvier 1722, à Louis, lastique. On trouve dans les œuvres de prince des Asturies, devenu roi d'Espa- J.-J. Rousseau une oraison funèbre de gne en 1724, veuve la même année, ce prince, composée pour l'abbé d'Arty. morte à Paris le 16 juin 1742: Lemontey Il n'eut de son mariage qu'une fille, morte a donné sur cette princesse une biogra- | à l'âge de 2 ans, et un fils, héritier du phie des plus piquantes; 6o PHILIPPE nom. ELISABETH, Mile de Beaujolais, née le 18 décembre 1714, fiancée à don Carlos, depuis roi de Sicile, morte en France, le 3 mai 1734, sans avoir été mariée; 7o | LOUISE-DIANE, née à Paris, le 27 juin 1716, mariée, en 1734, à Louis de Bour

Louis-Philippe d'Orléans naquit à Versailles, le 12 mai 1725. N'étant encore que duc de Chartres, il obtint du roi un régiment d'infanterie qui porta son nom. Il prit part aux différentes campagnes qui eurent lieu de 1742 à 1757, et

bon, prince de Conti, morte le 17 septem-se distingua notamment aux affaires de bre 1736. Le duc d'Orléans eut encore, de la comtesse d'Argenton, trois enfants naturels, dont le second, Jean-Philippe, | dit le chevalier d'Orléans, fut seul reconnu; né à Paris, en 1702, il devint grand-prieur de France de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand d'Espagne, etc.

Les principaux ouvrages à consulter sur Philippe d'Orléans et sur la régence sont la Vie de Philippe d'Orléans, Amst., 1736, 2 vol. in-12; Mémoires de la Régence, par le chevalier de Piossens, Rouen, 1729, 3 vol. in-12; les Mémoires de Saint-Simon, de Duclos et de Marmontel; le 1er vol. de l'Histoire de France pendant le XVIII° siècle, par M. Lacretelle, et surtout l'Histoire de la Régence, par Lemontey, Paris, 1832, 2 vol. in-8°. M. Capefigue a publié Philippe d'Orléans, régent de France, Paris, 1838, 2 vol. in-8°.

Louis, duc d'Orléans, premier prince du sang, naquit à Versailles, le 4 août 1703. La vie de ce fils du régent est tout entière dans le surnom de Louis le Dévot, qu'on lui donna, et dans ces mots de son père : « Vous ne ferez jamais qu'un honnête homme. » En effet, bien que les ennemis du duc de Bourbon, devenu premier ministre après la mort de Philippe, aient essayé de se rattacher au nom du duc d'Orléans, Louis n'avait ni les qualités ni les défauts d'un chef de parti, et rencontra dans un cloître sa véritable vocation. Marié, en 1724, à une princesse de Bade, il la perdit deux ans après,

Dettingen, Fontenoi, Rocoux, Lawfelt et Hastenbeck. Le grade de lieutenant général et le gouvernement du Dauphiné furent la récompense de ses services. Il avait épousé, en 1743, Louise-Henriette de Bourbon-Conti. Veuf le 9 février 1759, il s'entoura d'artistes et d'hommes de lettres, fit construire dans sa maison de campagne de Bagnolet un théâtre dont Collé (voy.) composait les pièces, et dont le prince lui-même était l'un des acteurs; en un mot, il mena une vie de plaisirs où la décence n'était pas toujours assez respectée, mais où l'intelligence du moins avait plus de part qu'aux amusements de beaucoup de grands seigneurs du même temps. Vers la fin du règne de Louis XV, on s'efforça de le mettre à la tête de l'opposition de la noblesse contre le chancelier Meaupou (voy.); mais il aimait trop le monarque et sa propre tranquillité pour se prêter à rien de ce qui pouvait ressembler à une guerre civile, et il ne tarda pas à se réconcilier avec la cour. Pour prix de cette soumission, il obtint la permission d'épouser secrètement la marquise de Montesson (voy.), veuve d'un lieutenant général des armées du roi, femme de beaucoup d'esprit, qui composa plusieurs pièces de théâtre jouées dans l'intimité d'une société choisie. Ce second mariage du prince eut lieu en 1773. Le duc d'Orléans mourut le 18 novembre 1785. Il avait eu de sa première femme deux enfants qui furent inoculés, en 1756, par Tronchin, opération dont le succès assura en France

le triomphe de cette découverte remplacée depuis par la vaccine : le premier fera l'objet de la notice suivante; l'autre, LOUISE-MARIE-THÉRÈSE-BATILDE, née à Saint-Cloud, le 9 juillet 1750, épousa, en 1770, le duc de Bourbon (voy. CONDÉ), et en eut le malheureux duc d'Enghien (voy.). Cette princesse est morte subitement, à Paris, au milieu d'une procession qui se faisait à Sainte-Geneviève, le 10 janvier 1822.

LOUIS-PHILIPPE-JOSEPH, duc d'Orléans, né à Saint-Cloud, le 13 avril 1747, reçut en venant au monde le titre de duc de Montpensier, et en 1752 celui de duc de Chartres. Doué d'un extérieur avantageux, habile à tous les exercices du corps, affable jusqu'à la familiarité avec ceux qui l'approchaient, ce prince tenait de son aïeul le régent un goût irrésistible pour le plaisir, et du duc d'Orléans, son père, une espèce de laisser-aller dans ses habitudes, dans le choix de ses sociétés et de ses amusements, qui le faisait tour à tour applaudir et critiquer à la ville, et le déconsidérait à la cour. Du reste, les folies qu'on lui reprochait lui étaient communes avec la plupart des jeunes seigneurs de son âge, et même avec un prince du sang dont on parlait beaucoup alors. Seulement, au lieu de faire payer ses dettes par l'état, comme celui-ci, il cherchait à combler les vides causés par ses dissipations au moyen de spéculations jugées indignes de son rang. Ainsi les constructions qu'il éleva autour du Palais-Royal et les nouvelles industries qu'il y abrita, lui attiraient, à cette époque, de la part du public, une foule d'attaques que les désordres de sa vie privée méritaient à plus juste titre.

Depuis longtemps, les familiers de la maison d'Orléans y avaient en quelque sorte établi la maxime qu'un peu d'opposition contre la cour était nécessaire à la splendeur de cette branche de la maison royale, et déjà le jeune duc de Chartres avait épousé la querelle des parlements contre le chancelier Maupeou (voy.) avec une vivacité qui l'avait fait exiler momentanément dans ses terres. Partisan de toutes les idées nouvelles, on P'avait vu tour à tour se faire initier aux

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Encyclop. d. G. d. M. Tome XVIII.

prétendus mystères de la franc-maçonnerie, monter dans un des aérostats rẻ cemment découverts par Montgolfier, emprunter à l'Angleterre ses jockeys, ses courses de chevaux, ses modes; et à l'Amérique affranchie ses théories d'émancipation universelle. Lorsque la guerre fut déclarée à la première de ces puissances, il sollicita vivement la charge de grand-amiral que son beau-père, le duc de Penthièvre (voy.), consentait à lui céder; mais il n'obtint qu'un commandement d'honneur sur le vaisseau le Saint-Esprit dans la flotte de la Manche. Sa conduite au combat d'Ouessant (voy.), le 27 juillet 1778, donna lieu aux versions les plus contradictoires. La vérité est que le jeune prince, comme le constatait une lettre du ministre de la marine au duc de Penthièvre, sans avoir l'honneur ni la responsabilité du commandement réel, avait suivi avec l'ardeur de son âge et de son caractère l'impulsion donnée par son chef. Toutefois, la cour importunée par les ovations bruyantes auxquelles il avait eu peut-être le tort de se prêter un peu trop complaisamment, laissa la Gazette de France, imprimée sous ses auspices, se rendre l'écho de ces imputations vagues qui rendent l'apologie difficile; et la reine, qu'une antipathie mutuelle séparait du duc de Chartres, fut chargée de lui intimer l'ordre de quitter le service maritime, et de lui envoyer, par une prétendue faveur qui pouvait passer pour une sanglante ironie, au lieu du brevet de grand-amiral qu'il se flattait d'obtenir, celui de colonel général des hussards.

A partir de cette époque, le duc d'Orléans (il prit ce titre à la mort de son père, en 1785) s'éloigna de plus en plus de la cour, quoique l'irrésolution de son caractère ait longtemps retardé une rupture définitive. C'est ainsi qu'après avoir osé interpeller personnellement Louis XVI, au lit de justice du 19 novembre 1787, et rédigé une protestation qui le fit exiler à Villers-Cotterets, il écrivit ensuite une lettre d'excuses, et reparut Versailles. Président du 3o bureau aux deux assemblées des Notables, il combattit avec véhémence les propositions ministérielles; député aux États-Géné

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à

les auteurs présumés de ces désordres n'amena contre eux aucune preuve positive; et le prince rentrait en France, le 7 juillet suivant, après avoir publié un Mémoire justificatif et un Exposé de sa conduite depuis le commencement de la révolution.

Après l'arrestation du roi à Varennes, une pétition, attribuée à Laclos, secrétaire du duc d'Orléans, et à Brissot, protégé de Me de Genlis (voy, ces noms), fut le signal d'une réunion tumultueuse au Champ-de-Mars et de la proclamation de la loi martiale (voy. BAILLY et LA FAYETTE). Du reste, ni dans cette circonstance, ni plus tard, au 20 juin et au 10 août, il ne se mit personnellement en avant. Il y eut même vers cette époque un commencement de rapprochement entre lui et la cour. Le ministre de la marine, Thévenard, dans l'espoir de le rattacher au parti du roi, l'avait fait nommer amiral. Sensible à cette faveur, il s'empressa d'aller remercier le monarque, qui n'avait jamais montré contre lui de malveillance personnelle; et ils eurent une conférence dont l'un et l'autre furent également satisfaits. Mais le dimanche suivant, le prince, s'étant présenté au lever du roi, essuya de la part des courtisans de si sanglants outrages*, qu'il fut obligé de se retirer sans avoir vu personne de la famille royale. Ainsi, cette haine aveugle qui avait repoussé La Fayette dans une circonstance semblable, créait au malheureux Louis XVI un ennemi irréconciliable dans sa propre famille.

raux par le bailliage de Crespy, en Valois, les instructions adressées aux électeurs de ses domaines et les cahiers de ses commettants furent remarqués entre tous par l'étendue des réformes dont le vœu y était consigné. Dans la chambre de la noblesse, il se rangea toujours du parti de la minorité, soit dans la question du vote par ordre, soit lorsque cette minorité se réunit, le 25 juin, au tiers-état, soit enfin dans tous les votes qu'elle émit depuis en faveur du parti populaire. C'est alors que l'on commença à parler du parti d'Orléans : le nom du prince était prononcé dans plusieurs des scènes qui servaient de préludes à la crise prochaine; son buste était promené dans les rues avec celui de Necker, lors du renvoi de ce ministre; la veille même du 14 juillet (voy. BASTILLE), on le désignait dans différents groupes, à Paris, pour lieutenant général du royaume; tout enfin, jusqu'aux abondantes aumônes qu'il avait répandues dans le rigoureux hiver de 1788-9, la circonstance que le jardin de son palais était le centre des premiers mouvements, que les couleurs de sa maison étaient celles qu'adoptait la municipalité nouvelle, faisait désigner dès lors le duc d'Orléans comme l'auteur de tous les troubles par ceux qui ne comprenaient pas qu'on achète, comme l'a dit Mme de Staël, ni un peuple, ni une révolution. Quant à lui, siégeant à l'extrême gauche dans l'Assemblée nationale, dont il avait refusé la présidence, flatté sans doute d'un avenir confus, il agissait assez pour se faire accuser, pas assez pour réussir; et si ses partisans avaient en effet des projets, il dut les désespérer plus d'une fois par son inconstante ambition. Ce fut surtout après les funestes événements des 5 et 6 octobre que l'opinion publique, auxiliaire en cette circonstance de l'opinion de la cour, désigna le duc d'Orléans comme le promoteur de tous les excès révolutionnaires. La Fayette lui intima l'ordre de s'éloigner, ordre mal déguisé sous le prétexte d'une mission diplomatique en Angleterre; et le prince n'osa résister, comme le lui conseillait Mirabeau, que l'on indiquait comme son complice (14 oct. 1789). La procédure qu'on poison. En descendant l'escalier, il reçut pluinstruisit pendant son absence contre

Dès lors, le duc d'Orléans ne reparut plus au château; il se jeta dans le parti de Danton, et s'abandonna tout entier au tourbillon révolutionnaire qui devait finir par le dévorer lui-même. Nommé par le dép. de Seine-et-Marne membre de la Convention nationale sous le nom de Philippe-Égalité qu'il avait accepté de la commune de Paris, il continua d'y siéger à l'extrême gauche, mais ne prit guère la parole que dans des questions pour ainsi dire personnelles. C'est ainsi

(*) Comme il passait dans une salle où le couvert était mis: « Couvrez les plats,» s'écria-t-on comme si l'on avait en peur qu'il n'y jetât du

sieurs crachats sur la tête et sur ses habits.

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