LIBERTÉ RELIGIEUSE EN FRANCE, OU ESSAI SUR LA LÉGISLATION RELATIVE A L'EXERCICE PAR J. NACHET, AVOCAT A LA COUR ROYALE DE PARIS. Ouvrage couronné par la société de la MORALE CHRÉTienne. Reléguée à jamais aux choses de la terre, la loi M. ROYER COLLARD, disc. contre la loi du sacrilège. PARIS, CHEZ LANDOIS ET BIGOT, LIBRAIRES, SUCCESSEURS DE P. DUPONT, RUE DU BOULOI, N° 10. 1830. AVANT-PROPOS. Malgré les efforts des absolutistes, ultramontains ou gallicans, la liberté religieuse n'est plus un vœu stérile des philanthropes, un de ces rêves hardis dont la philosophie confie en hésitant l'accomplissement à l'avenir, et pour lesquels elle semble demander grace au présent; elle est un dogme de la morale publique, une vérité descendue dans les mœurs et inscrite dans les lois. Ce n'est pas qu'elle ne compte encore de nombreux adversaires; mais presque tous la reconnaissent en la combattant, et ne l'attaquent que dans un intérêt qu'ils auraient honte d'avouer. Son procès est gagné auprès de tous les hommes de bonne foi. Le fanatisme religieux n'a plus rien à faire parmi nous; il manque de ses élémens essentiels : une foi vive, jointe à une raison obscurcie d'ignorance. Au temps où nous vivons, on ne croit point encore assez profondément pour se mettre, tout entier, au service d'un symbole, que le prêcher, le répandre et ne se reposer qu'après qu'il a vaincu. D'une autre part, on n'est plus assez ignorant pour ne pas comprendre que la conscience est un élément sur lequel la force n'a pas de prise, que les croyances ne peuvent s'imposer et Dieu n'agrée que des hommages volontaires. Cette franchise de fanatisme, cet abandon, cette confiance en Dieu dans la persécution, qui trop long-temps ont caractérisé l'intolérance chrétienne, ne peuvent plus exister aujourd'hui. Peut-être un jour nous reverrons le prosélytisme ardent, généreux, enthousiaste et dévoué comme au temps de Saint-Paul; nous ne le reverrons plus violent, emporté, farouche, impitoyable comme aux temps de Louis XIV, de Charles IX ou de François I. C'est là le plus beau triomphe de la raison. Mais s'il ne faut plus redouter le fanatisme de bonne foi, il faut craindre les passions qui se couvrent de son masque, affectent ses formes, et persécutent, comme lui, au nom de Dieu. Il faut craindre le despotisme qui se rempare avec les intérêts du ciel et se cuirasse de religion. Il reste encore assez de superstition en France, non pas, peut-être, pour se mettre à la tête d'un mouvement rétrograde, mais pour le suivre et le fortifier. C'est là un |