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tur concile général, auquel il attribue immédiatement un pouvoir supérieur. La guerre était ainsi en réalité ouverte par un seul homme contre l'Église catholique entière, guerre qui bientôt devait lui susciter de toutes parts des complices: guerre dogmatique où les anciennes sectes se joignaient à lui contre l'unité romaine; guerre de nationalité où les Allemands ses compatriotes secouaient, avec une ardeur jalouse, le joug italien; guerre politique où les petits princes se liguaient contre la suprématie impériale; guerre populaire que, aux accents partout répétés du mot de liberté, le menu peuple mettait à profit pour se délivrer de la glèbe et des charges qui l'écrasaient.

A bout de patience et d'expédients, Léon X lança la bulle de condamnation. Luther la fit brûler solennellement à Wittemberg (1520) 2. Déjà plusieurs princes d'Allemagne, des académies, des villes considérables avaient assez ostensiblement pris parti pour l'audacieux novateur.

Les diètes se succèdent : celle de Worms, tenue par CharlesQuint, publie un ban impérial contre Luther, ses partisans et ses doctrines. Une autre assemblée, réunie à Nuremberg, suspendant les mesures coercitives, demande, pour remédier aux troubles religieux, « qu'il soit convoqué par le pape, du consentement de l'empereur, et dans le délai d'une année s'il se pouvait, un concile, dans quelque ville d'Allemagne, où l'on exposerait en toute vérité ce que chacun jugerait conforme aux intérêts de la république chrétienne 3. » Une seconde diète tenue à Nuremberg par les princes allemands, plus indulgente encore aux réformateurs, publie un décret invoquant de nouveau, pour l'apaisement des discordes, la convocation la plus prompte possible, en Allemagne, d'un concile œcuménique libre. Elle indique la réunion à Spire d'une nouvelle et prochaine diète, qui aurait pour but d'examiner les cent griefs articulés par Luther, de chercher les moyens de pourvoir à

1 Pallavicini, Hist. du concile de Trente. 1. I, ch. xii, no 1. Il y avait eu de tout temps des appels au concile futur. Naguère encore l'université de Paris avait appelé à un concile en protestant contre l'abolition de la Pragmatique Sanction: mais l'appel de Luther fut le premier de ceux qui aboutirent au concile de Trente.

Sleidan, liv. II, p. 31. Fleury, Hist. ecclés., liv. CXXVI, no 81.
Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. II, ch. vIII, no 6.

leur redressement et de préparer les matières du concile général'.

Le légat du pape, le cardinal Campeggio, proteste: il dit qu'on ne pourrait assembler le concile général assez tôt pour en faire un remède appliqué à temps; il promet néanmoins que le souverain Pontife le convoquera dès qu'il se sera mis d'accord avec l'Empereur et les autres princes2. Le pape, de son côté, s'oppose à ce que la diète de Spire tienne un concile laïque qui traite, sans mission et sans droit, des questions religieuses. Il désire, autant que personne, le concile général; mais il y met deux conditions: la paix dans la chrétienté et le consentement des princes.

L'Empereur intervient à son tour. Il blâme la diète de Nuremberg de ne pas avoir exécuté le ban impérial, repousse le concile profane de Spire et refuse à la diète le droit de décréter la convocation d'un concile général, dont la détermination appartient au pape et la proposition à lui-même. Mais en même temps il fait connaitre « que pour déférer, autant que le permettront les circonstances, au vœu des princes allemands, il s'emploiera activement auprès du Saint-Père; il demandera que le concile s'assemble, dans les formes voulues, à Trente, pour que, aussitôt qu'il lui sera possible, il soit en mesure d'y assister comme il en a l'intention 3. » La diète de Spire (1529), réunie bientôt après, tient compte de ces déclarations; elle maintient jusqu'au prochain concile le statu quo dans la situation religieuse. Mais elle n'empêche pas la solennelle protestation de tous les adhérents de Luther, qui en appellent à l'Empereur et à ce futur concile1.

La même pensée se poursuit encore à la diète d'Augsbourg (1530), célèbre par la confession luthérienne dont Mélanchton est l'auteur. Charles-Quint y assiste en personne. Déjoué dans ses projets de conciliation, et se conformant de nouveau au désir de toute l'Allemagne, il déclare dans son édit de clôture que,« pour parer aux divers abus tant de l'ordre laïque que de l'ordre ecclésiastique, il s'est entendu avec le Pape et les États

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pour que, dans six mois, soit convoqué un concile chrétien, libre, général, en lieu opportun, et qu'il s'assemble pour le plus tard un an après la convocation'. »

Pendant qu'à travers ces diètes et leurs discussions stériles l'hérésie grandissait, les papes se succédaient rapidement sur le Saint-Siége. Après Léon X, Adrien VI n'avait fait que passer, en laissant quelques essais de réforme tentés sans grand résultat contre le luxe de la cour romaine, et quelques aveux sur les abus qui s'y étaient trop souvent produits 2. Le nouveau pontife, Clément VII, paraissait peu favorable au concile : on lui prêtait des motifs à la fois d'ordre général et d'intérêt personnel pour ne pas désirer la réunion de ces grandes assises de la chrétienté. Accusé de n'être pas d'une naissance légitime et de s'être élevé par des moyens non entièrement purs à la dignité suprême, il craignait une discussion trop approfondie de sa vie privée. Puis, à un point de vue supérieur, et comme plusieurs autres pontifes, il redoutait de partager ou de laisser mettre en question son pouvoir; il ne souhaitait pas de voir une autre autorité intervenir dans les décisions, et de laisser compromettre des droits souverains que Luther en ce moment même attaquait. Les appels pressants que les oppositions de diverses nuances, alors comme à toutes les époques, faisaient au concile, contribuaient à le rendre suspect aux yeux du Pape, vis-à-vis duquel on se faisait une arme de ces insistances comme d'hostilités dirigées contre lui3. Toute la cour romaine, par crainte et par intérêt, n'était pas animée de dispositions plus sympathiques *.

Un motif sérieux d'ajournement surgit bientôt des faits euxmêmes. Pouvait-il être question de réunir dans la concorde toute la chrétienté, quand la mésintelligence profonde soule

1 Pallavicini, 1. III, ch. iv, n° 7. Sleidan, liv. VII, p. 105, 108 et suiv. • Instructions données à Cheregato, nonce du pape, à la diète de Nuremberg, et communiquées assez imprudemment à la diète par ce nonce. Fra Paolo, 1. I, ch. xxv. Fleury, 1. CXXVIII, n° 39. • Pallavicini, l. II, ch. x, no 1 et suiv. Pallavicini lui-même s'exprime ainsi : « Le Pape ne penchait pas vers l'opinion favorable au concile, croyant ce remède peu approprié à la nature du mal général, et d'ailleurs nuisible à ses intérêts dans le temps présent. »

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A la première mention sérieuse qu'on fit d'un concile, le prix de toutes les fonctions vénales de la Cour romaine baissa considérablement. (Lettres des Princes, III, V. Lettre anonyme à l'archevêque Pimpinelli.) — Ranke, Hist. de la Papauté, vol. I, p. 160.

vée entre le Pape et l'Empereur menait jusqu'au lamentable sac de Rome, et renouvelait toutes les horreurs des guerres les plus acharnées? Clément VII, si outrageusement traité par Charles-Quint, avait perdu, avec sa liberté personnelle, tout moyen d'action. Puis, quand la réconciliation eut eu lieu, le Pontife, toujours hésitant et perplexe, écrivait à l'Empereur' << qu'un concile semblait inutile pour juger des erreurs déjà condamnées, que ce serait remettre en question les décisions infaillibles de l'Église, que les temps si agités laissaient craindre la nécessité fâcheuse d'interrompre le concile commencé, que de la réunion d'esprits turbulents, opiniâtres, dont on ne satisferait jamais les exigences, ne pourraient renaître la conciliation et la concorde; mais que néanmoins, pour se rendre au vœu de l'Empereur, il l'autorisait à promettre le concile en son nom, si les hérétiques voulaient s'engager à en accepter le jugement; qu'il indiquait la ville de Rome comme le lieu le plus convenable pour l'assemblée, mais qu'il accepterait également Bologne, Plaisance et même Mantoue, voisine de l'Allemagne et fief impérial. »

En même temps, le Pape ne cessait de redouter que les hérétiques demandassent le concile dans le seul but d'y venir faire une démonstration bruyante de leurs opinions, et de récuser ensuite son autorité s'il les condamnait. Il avait donc envoyé 2 à Charles-Quint les conditions précises de son acceptation, entre autres, que les sujets de discussion fussent trèsstrictement déterminés, et que le concile fùt couvert de l'autorité et de la présence même de l'Empereur. Enfin il se décide à adresser à tous les princes chrétiens (1er décembre 1530) un bref qui donnait l'assurance formelle de la réunion du concile. Et trois ans encore écoulés au milieu de difficultés, de guerres et de troubles sans cesse renaissants, Clément VII, comme si rien n'était résolu, agite à nouveau les mêmes questions dans une conférence à Bologne avec l'Empereur, et, sans s'être complétement entendu avec lui, il publie un autre bref (10 janvier 1533) où il confirme l'assurance de la convocation du concile dans un délai rapproché. Il pose encore quelques condi

1 Lettre écrite de la main de Clément, tom. II des Lettres des Princes. 31 juillet 1530.

2 Recueil d'instructions et de divers écrits concernant le concile, dans les archives du Vatican relevées par Pallavicini, 1. III, ch. ш, no 1 st 8.

tions; il fait encore quelques réserves; il sonde encore. François Ier; il a même une entrevue avec lui à Marseille, où il conclut le mariage de sa petite nièce Catherine de Médicis avec Henri, fils du roi de France'. Et sans avoir atteint le but, il meurt, au milieu de toutes ces négociations, après un long et malheureux pontificat 2.

Son successeur Paul III (1534) entre bien plus résolument dans la pensée du concile sa première parole est pour faire connaître sa décision ; et en même temps « il exhorte les cardinaux à faire sur eux-mêmes et dans toute la cour romaine. une réforme exemplaire 3. » Bientôt, après une entrevue avec l'Empereur, il promulgue une bulle solennelle en date du 29 mai 1536, convoque le concile dans la ville de Mantoue pour le 23 mai de l'année suivante, et envoie à tous les princes catholiques et protestants des nonces pour leur notifier l'indiction du concile.

On semblait toucher au terme de tant d'efforts, quand le duc de Mantoue éleva une difficulté et demanda au Pape d'entretenir dans sa ville une garde militaire. Paul III craignit que l'emploi d'une force armée ne fournit aux hérétiques des motifs de défiance ou des prétextes de récrimination il se hâta de faire part de cet incident à chacun des princes convoqués, et prorogea jusqu'au 1er novembre la réunion. Puis, ayant obtenu le consentement de la république de Venise, il publia une nouvelle bulle par laquelle il transférait le concile à Vicence pour le 1er mai 1538.

On ne fut pas encore prêt pour cette époque : l'Empereur et le roi de France, entre lesquels le Pape essaya à Nice d'établir la paix ou du moins une longue trève, s'entendirent pour demander un nouveau délai; les évêques ne vinrent pas, et une prorogation pour un temps indéterminé fut reconnue nécessaire (1539).

1 Fra Paolo, liv, I, ch. XLVIII et L. et XX.

Guichardin, Hist. d'Italie, liv. XIX

• Pallavicini, 1. III. ch. xôi, noa 2 et suiv. — Raynaldi, ad ann. 1534, no 2. Pallavicini, 1. III, ch. xvii, no 3.- Fleury, liv. CXXXIV, no 159 et 160. Il fut convenu, dans le consistoire tenu à cette occasion, qu'on ne mettrait pas dans la bulle la clause: Selon la forme des précédents conciles, par égard pour les adversaires et parce que cette clause n'avait pas été insérée dans l'acte de convocation des conciles de Constance et de Bâle (Pallavicini, 1. III, ch. XIX, no 2).

Fra Paolo, liv. I, ch. LVI. - Fleury, Hist. ecclésiast., liv. CXXXVIII, no 17.

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