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ie de Socrate, par A. ED. CHAIGNET, professeur à la Faculté des lettres de Poitiers. Paris, Didier, 1868, in-12 de xx1-333 p.

Depuis le xvIIe siècle, la Vie de Socrate n'a été en France l'objet d'aucun travail d'ensemble et cette lacune dans l'histoire philosophique, non moins que l'intérêt du sujet a déterminé le choix de M. Chaignet. Il estime que « l'immense service rendu par Socrate est d'avoir proclamé le principe de la souveraineté de la raison individuelle dans la science et dans la vie. » C'est dire beaucoup, car M. Chaignet écrit justement qu'on « ne peut nier ni les lacunes, ni les faiblesses de cette philosophie. » Socrate, en effet, n'a pas formulé un système, il n'a pas découvert une métaphysique, il n'a pas soutenu de doctrine déterminée, » et cependant ajoute-t-il, « il a exercé une influence par ses actes et ses exemples. >> Selon M. Chaignet, Socrate est « le confesseur et le martyr de la vérité. » Cette vérité, Socrate paraît l'avoir trouvée tout seul, car dans son chapitre sur les maîtres de Socrate, M. Chaignet ne recherche même pas, en citant quelques noms comment Socrate a pu recueillir les débris des traditions primitives du genre humain. Tout homme, en effet, est le fils d'un enseignement, et M. Chaignet paraît ne pas s'en être assez souvenu. « Causeur aimable, censeur sévère, Socrate obéit au demonion qui lui parle, » et à cette occasion M. Chaignet recherchant la nature de ce demonion, explique très-bien comment la croyance en des êtres surnaturels, démons ou génies, agents intermédiaires entre les dieux et les hommes, était universellement acceptée dans le paganisme. « La vocation de Socrate est divine et son apostolat lui est ordonné d'en haut,» dit M. Chaignet, et il les rattache aux oracles du dieu de Delphes;

il s'écrie qu'il n'a pas été un fou, mais « le jouet d'une double illusion, » et que ses croyances superstitieuses ont pu s'unir à la raison la plus ferme.» Un savant allemand, M. Grote, a voulu justifier Athènes d'avoir accusé Socrate et de l'avoir fait mourir : M. Chaignet proteste contre cette assertion, car « la condamnation, mesure de réaction, dit-il, a été un crime, une faute et a été aussi inutile qu'injuste. » M. Grote va même jusqu'à douter du repentir d'Athènes, tandis que M. Chaignet y croit. Cette histoire, intéressante, bien conduite, est écrite avec amour, et cette prédilection se reporte sur le temps où Socrate a vécu. M. Chaignet trouve que Socrate a eu le bonheur de naître dans le plus beau siècle de l'histoire,»>< il trouve en général « les historiens sévères jusqu'à l'injustice pour ce siècle, enfant gàté de toutes les gloires.» Assertions dans lesquelles, comme dans plusieurs de celles rapportées tout à l'heure, on sent un peu trop d'enthousiasme, ce nous semble. J'aime mieux lire les protestations généreuses de M. Chaignet contre les sophistes et contre la science allemande, qui a glorifié les négations universelles auxquelles les sophistes ont attaché leur nom.

H. DE L'E.

Lettres inédites de Descartes, précédées d'une introduction par Eugène de BUDÉ. Paris, A. Durand, 1868, in-8° de xxiv-48 pages.

M. Eugène de Budé ayant trouvé parmi les papiers qu'il avait en sa possession un manuscrit intitulé ; Copie des lettres de M. Descartes à M. Pollot, qui ne sont pas imprimées, a vérifié l'exactitude de cette note et ayant reconnu que ces lettres étaient en effet inédites, les a publiées à la suite d'un mémoire communiqué à

l'Académie des sciences morales et politiques. Ces lettres étant des copies, M. de Budé consacre quelques pages intéressantes, d'abord à établir leur authenticité, ensuite à nous faire connaître les destinataires de cette correspondance, M. de Pollot, gentilhomme hollandais, et M. Van-Surck, plus connu sous le nom d'Antoine Studler de Berghem. Les lettres, au nombre de dix-sept, embrassent une période de 10 années (1638-1648, et parlent des attaques dirigées contre Descartes par ses envieux et des relations littéraires qui s'établit entre la princesse Palatine Elisabeth et le grand philosophe. Descartes faisait comme il le dit « bien plus d'estat du jugement de cette princesse que de celuy de ces MM. les docteurs qui prennent pour de la vérité les opinions d'Aristote plustôt que l'évidence de la raison. >>

Un contemporain de Daguesseau. Elude sur le président Bouhier, par Antoine ROBERT. Dijon, 1869, in-8 de 52 p.

La figure de Jean Bouhier (16731746) est le type de ces grands magistrats de nos anciens parlements dont la vie est une leçon toujours bonne à avoir sous les yeux. M. Robert, avocat à Dijon, s'est surtout attaché à faire ressortir ce côté pratique du modèle qu'il a voulu nous peindre; c'est-à-dire qu'il ne nous donne point une sèche biographie, et qu'à côté des renseignements curieux se trouvent les considérations élevées. Il nous montre dans Bouhier le digne héritier d'une illustre famille bourguignonne, le travailleur infatigable, le savant modeste, le grand jurisconsulte, le président intègre, consciencieux et éclairé, l'homme de lettres qui vivait dans l'intimité des anciens, le bibliophile dont la belle collection est la plus grande richesse de deux de

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Voltaire à la Cour, par M. Gustave DESNOIRESTERRES. Paris, Didier, 1869, in-8°.

M. Desnoiresterres continue à nous donner Voltaire, son Voltaire à lui. par le menu. Un volume de près de 500 pages pour une courte étape de cinq ans (1745-1750), à travers cette vie presque centenaire! C'est qu'il a la prétention de nous faire voir autour de Voltaire la société française au XVIIIe siècle; projet de haute visée qu'il justifie peu. En intitulant ce tome: Voltaire à la Cour, a-t-il voulu nous révéler la cour de Louis XV et d'autres cours à propos de son grand homme? Nous ne savons. En tous cas, Voltaire courtisan est le titre qu'il aurait dû préférer, car tout le long de ces pages, le prince des philosophes courtise les courtisanes, les souverains, les ministres, la police, toutes les influences haut placées qui peuvent assurer un succès à sa vanité, une vengeance à sa haine, une fructueuse affaire à son avarice. M. Desnoiresterres entasse, comme précédemment, les anecdotes; il en reçoit de toute main. De son commerce avec les histoires et les historiettes du temps, il rapporte un si lourd bagage qu'il n'en veut rien perdre; tant pis pour le lecteur s'il crie assez; qu'il attende que l'auteur

ait donné son dernier cancan et son dernier mot. Ici donc, la qualité ne vaut pas la quantité; on amuse plus qu'on n'instruit. Tout senible écrit au courant de la plume, ce à quoi la littérature ne gagne pas toujours : les anecdotes sont mises bout à bout, et voilà la trame du récit, émaillée çà et là de réflexions pour la plupart banales ou hasardées. M. Desnoiresterres nous fait voir Voltaire aux genoux de Mme de Pompadour, aux portes de l'Académie, à Cirey, près de la divine E.nilie, chez le roi Stanislas et chez le despote Frédéric, vers lequel l'ont poussé une fàcherie de la Pompadourette, le dépit de n'être pas en cour ce qu'il voudrait être, et surtout le désir d'éclipser à Potsdam ce d'Arnaud Baculard dont le roi bel esprit s'est avisé, dans une lettre, de célébrer le talent supérieur.

L'auteur avait là bien des faces de Voltaire; il les a étudiés en apologiste. Il le dit noble, généreux, désintéressé, français, civilisateur. Ses génuflexions et ses hypocrisies religieuses pour entrer à l'Académie qu'il a tant conspuée, ses procédés inqualifiables envers les Travenol, son activité fébrile, digne d'un limier de la police, pour faire taire ses contradicteurs, sont ici dans un clair obscur. M. Desnoiresterres, malgré tout le bien qu'il veut au demi dieu, est forcé de convenir qu'il a devant lui un personnage immensément vaniteux, implacable, à qui tout est bon pour assouvir une rancune; dont l'improbité, dans le procès contre les Travenol, ne recule ni devant l'hypocrisie, ni devant un abus de confiance, un flagorneur de despotes et de favorites; un ingrat qui récompense les complaisances de Crébillon en refaisant ses pièces pour se venger du censeur et faire oublier le poete tragique. Comment, après cela, peut-il écrire si souvent au bas du portrait de Voltaire: « beau, sublime,

bienfaisant, ami de l'humanité? » C'est affaire à lui de mettre d'accord son panégyrique et les actes qu'il ne peut céler. Ses justifications à l'endroit de Voltaire ne sont pas sérieuses; les faits réfutent ses éloges. Ajoutons que l'historien ne se pique pas de morale. Les laides amours de Mm du Châtelet lui inspirent des badinages de plume fort osés; bien mieux cette femme athée et crument impudique éveille en lui de singuliers enthousiasmes. Croit-il sauver les principes par un mot furtif de blâme jeté cà et là sur une telle vie et bien vite effacé par le ton lyrique de l'éloge? L'impiété et l'impudicité de la newtonienne ne font pas baisser d'une note le diapason continu de son admiration; il y a plus : quand Voltaire pardonne au nouvel amant de sa maîtresse et lui donne des conseils du dernier cynisme, M. Desnoiresterres applaudit, il le trouve bon prince, d'une clémence à faire oublier celle d'Auguste, et que relève encore le côté utilitaire de cette magnanimité. Veut-on, au surplus, un spécimen des préventions voltairiennes de l'auteur? A peine arrivé en Prusse, Voltaire fait chasser Baculard, parce qu'il a sur le cœur les louanges littéraires que Frédéric a décernées à ce rival. Baculard affirme que Voltaire lui a fait dire, dans une préface qu'il était chargé de revoir, des choses horribles contre la France. Formey, dans ses Souvenirs d'un citoyen, certifie ce fait eh bien! non, la chose n'est pas possible; pourquoi? parce que Voltaire, le véridique Voltaire qui érige le mensonge en système, nie cette fois comme il nie toujours, quand il est compromis par quelque infamie. Est-ce à dire qu'il n'ait pas eu de bons moments, qu'il n'ait été parfois, et comme par éclair, généreux et compatissant, serviable mème? Ce serait exagérer. Voltaire n'a besoin que de la vérité pour rester indigne d'affection

:

et d'estime. M. Desnoiresterres a beau chercher les circonstances atténuantes ou glorifiantes dans ses plaidoyers impossibles; le parti pris n'est pas une preuve. Avant lui, Voltaire a été jugé, pièces en main, et bien jugé. GEORGES GANDY.

siècle.

Une famille au XVIe Document original précédé d'une introduction par M. Charles de RIBBE et d'une lettre du R. P. FÉLIX. Seconde edition corrigée et augmentée de notes explicatives. Paris, J. Albanel, 1868, in-12 de 144 p.

Le document publié par M. de Ribbe dans cet intéressant petit volume mérite d'être signalé ici, comme l'un des rares écrits présentant, dans une « peinture d'une vérité absolue et d'une simplicité charmante, » « l'histoire naïve, simple, vraie, authentique, d'une famille chrétienne, telle qu'elle s'est montrée au soleil d'un siècle évanoui. » La «généalogie de messieurs du Laurens, descrite par moy Jeanne du Laurens, veufve à M. Gleyse, et couchée nayvement en ces termes, » nous initie admirablement aux sentiments, aux habitudes, aux mœurs d'une famille patriarcale du commencement du xvie siècle. On y voit des gentilshommes vraiment fils de leurs œuvres, pratiquant cette maxime de l'un d'eux : Tout enfant qui se fie au bien de son père ne mérite pas de vivre, » et honorant les diverses professions

qu'ils embrassent par toutes les vertus chrétiennes et civiques. « Ce tableau, » comme le dit très bien le P. Félix dans la lettre placée en tête du livre, « ce tableau exquissé par une main d'une faible femme, nous montre l'autorité, l'amour, le courage, la tendresse et le dévouement conspirant sous les regards de Dieu, avec une persévérance plus forte que tous les obstacles à élever une postérité nombreuse, chaste et virile, » qui laisse après elle, « dans les situations les plus honorables, de nombreux héritiers de son nom, préparés à l'accomplissement de tous les devoirs par l'héritage de toutes les vertus. >>

Procès du Chevalier de La Barre. Mémoire de M. GAILLARD D'ETALLONDE. Paris et Arras, 1869, in-18 de xvi-53 pages.

M. Pouy nous donne une réimpression du mémoire curieux et devenu rare qui fut présenté à Louis XVI par M. d'Etallonde pour se justifier des accusations portées contre lui dans l'affaire de la mutilation du crucifix d'Abbeville, affaire qui conduisit le chevalier de la Barre sur l'échafaud. M. d'Etallonde avait pris la fuite; on le croyait complice: il șe justifie dans ce mémoire, qui forme la quatrième publication des pièces rares ou inédites données dans la Picardie historique et littéraire.

VICTOR PALMÉ.

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