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soit d'entrer en guerre, mais que si l'on parloit d'une convention de la neutralité, la chose étoit bien différente, parce que nous serions obligés de promettre quelque chose, et que ce seroit là le point qui embarrasseroit dans l'exécution. Sur quoi il me demanda pourquoi nous ne ferions pas comme en 1733, sauf nos engagements. Je lui dis que dans ce cas nous nous engagerions à faire plus que l'Angleterre ne demande à présent de nous et que cela pourroit être tourné contre nous, si les choses alloient à une plus grande extrémité entre l'Angleterre et la France, et que s'ils faisoient la paix, soit entre eux seuls, soit par médiation à notre inscu, comme l'Angleterre avoit fait avec la Prusse, sans nous en rien dire, nous aurions la honte d'avoir fait un pareil acte à pure perte et serions moqués de n'avoir pas été mieux au fait. Sur quoi il me dit, qu'il étoit informé que l'Angleterre ne seroit pas fâchée que nous fissions une convention de neutralité avec la France. Je lui dis que je l'avois aussi oui dire, mais que cela m'avoit paru suspect comme si l'Angleterre vouloit rejetter sur la République les mauvais effets de leur propre foiblesse et inconsistence, ce qui (n'est) pas du tout notre compte, et qu'en un mot je le priais de peser bien les conséquences et les suites des deux partis: rester neutres en de kat uit den boom kijken ou s'engager de rester neutres quoi qu'il arrive. Nous primes Rousset 1) et, après avoir lu la convention de 1733, je le priai de ne pas s'arrêter à cette pièce seule et isolée, mais de lire tout le régistre de Hollande de 1733, où il verroit quelle différence il y avoit dans les circonstances et dans les tems d'alors et d'à présent, mais que je le priois surtout d'y observer tous les soins et toutes les précautions qui

1) Rousset, Recueil hist. d'actes, négociations etc.

avoient précédé et suivi cette convention, mais plus particulièrement encore l'attention que l'on avoit apportée pour la conservation de l'alliance, et les représentations des Etats-Généraux avec le Conseil d'Etat pour la sûreté des frontières de la République et l'augmentation faite vers ce tems-là, dont la date ne m'étoit pas présente. Hop a écouté tout cela avec beaucoup d'attention et a dit qu'il faloit certainement y bien penser et bien délibérer. Je lui dis sur la déclaration touchant 1674 et la promesse en forme qu'il vouloit de ne nous plus rien demander après les 6000 hommes, qu'il sentoit bien que cela n'étoit guères exécutable, que ce seroit tout d'un côté et le quart de l'autre côté. Il parla aussi de ce que l'Angleterre nous doit et qui est réel, et insista sur ce que dans les derniers troubles on avoit si mal observé en Angleterre le traité de 1674; que l'on avoit pris 400 vaisseaux apartenants aux sujets de la République, mais le resultat fut, sans qu'aucun point fut constaté, que nous nous verrions le lendemain chez Hasselaar où ses confrères seroient. Sur le total Mr Hop, qui aime à disputer et à subtiliser, m'a tourné de tous côtés pour voir s'il pouvoit pénétrer, si j'avois quelque chose à proposer à quoi je les voulois mener, mais j'ai toujours resté sur la défensive, disant que, convenant des principes généraux, l'un d'éviter la guerre, l'autre de conserver l'ancien [système], j'attendois d'eux les moyens. Il s'est enfin lassé, et voyant que tout ce que je disois tenoit ensemble, que je lui répondois net sur ce que je savois et avouois que j'ignorois ce que je ne savois pas, il s'est tranquillisé. Le même Dimanche je soupai chez lui avec son fils, sa belle fille et le ministre Châtelain 1), et avant souper je le

1) J. S. Châtelain, ministre de l'église wallonne à Amsterdam depuis 1732.

trouvai tout assis. Il fut question du Prince de Weilburg, dont-il me parla comme d'une chose qu'il ne voyoit pas jour à arrêter avec effet, vu la lâcheté qui règne et le tempérament de la Princesse Caroline. Il me parla aussi très vigoureusement sur l'éducation du jeune [stadhouder], avec des réflexions très sages sur les malheurs qu'on avoit à attendre de le voir si mal élevé et dans de si faux principes, et sur le manque de secours au cas qu'on voulut prendre les mesures d'ailleurs convenables pour une chose si grave.

Lundi 16 Février 1756.

Je dinai chez Mr Hasselaar où étoient les quatre bourguemaîtres, Hasselaar président, Temmink, Hop et De Dieu, moi cinquième. Le diner fut fort sobre, quoique Hasselaar pressat fort more solito de boire. Pendant tout le diner, les domestiques étant de tems en tems sortis, tantôt l'un tantôt l'autre mettoit quelque point sur le tapis qui auroit pu servir à mettre en train sur les matières du tems, mais Hasselaar venoit toujours à la traverse avec quelque ragoût ou condition ou mauvaise plaisanterie, accompagnée de donder et de blixem; puis parloit de chirurgie, d'anatomie, puis de navigation et puis fit une philippique contre Schrijver '), dans laquelle il dit plusieurs choses très hazardées, que je ne voulois pas relever, parce que je ne voulois pas l'échauffer d'avantage ni m'échauffer, mais me conserver pour l'objet principal, d'autant plus qu'il s'adressoit toujours à moi. Voyant que personne ne lui répondoit, il s'emporta tout seul et s'échauffa à un point qu'il fut obligé de s'arrêter et se mit à jurer contre lui-même: „De donder ik word soo heet. Ik zal eens „drinken," et but un grand verre d'eau de Pirmont. 1) L'amiral C. Schrijver.

Enfin les domestiques retirés et personne ne parlant, il s'addressa à moi et me demanda, ce que j'en penserois si la France vouloit nous donner une neutralité, comme en 1733, et si cela ne seroit pas bon. Je dis qu'en affaires politiques rarement et peut-être jamais rencontroit-on une époque précisement pareille en toutes ses circonstances à une autre époque et qu'une seule circonstance de plus ou de moins pouvoit changer du blanc au noir une affaire, et que pour bien juger de la parité du tems de 1733 et du tems d'à présent il faloit lire d'un bout à l'autre le régistre de la Hollande de 1733, ce que j'avois fait l'été passé, et que je voyois une grande différence dans les circonstances extérieures, mais bien plus encore dans la manière dont on avoit pensé alors pour la conservation des alliances et pour les précautions à prendre, et je demandai à Hasselaar s'il l'avoit lu. Il dit que non, moitié bas, en secouant la tête, et me demanda en quoi cela consistoit. Je lui dis qu'il n'étoit pas possible de dire tout cela par coeur, mais que cela méritoit certainement d'être lu avec attention. Là-dessus Hasselaar demanda ce que l'Angleterre vouloit donc de nous, et s'il faloit que nous fussions toujours prêts quand ils le trouveroient bon; que la façon, dont-ils nous avoient traités en 1713 (il vouloit dire 1711), étoit indigne, et que la façon dont-ils en avoient agi dans les derniers troubles y ressembloit beaucoup. Il fit une longue histoire d'une prise faite et menée à la Jamaïque où elle fut relachée, puis reprise par un autre armateur Anglois et menée en Virginie, avec beaucoup de tout ce qu'il avoit dit et entendu dire au Duc de Newcastle en Angleterre, et s'exprimant termes les plus injurieux et les plus grossiers contre les Anglois, toujours s'adressant à moi. J'ai gardé mon sang froid, comme je l'avois résolu, et lui

en

ai dit que je n'étois pas venu là faire l'apologie pour personne, ni pour plaider pour ni contre qui que soit, ni même pour disputer du tout sur aucun point quelconque, mais pour voir avec eux quels étoient les plus propres [moyens] pour sauver la République; que je souhaiterois fort qu'elle fût assez puissante pour se soutenir seule, mais que malheureusement cela n'étoit pas; qu'il nous faloit des alliés; que si l'on en savoit de plus convenables que ceux dont nous avions été obligés de nous contenter depuis plus d'un siècle, j'en serois fort content; que je n'étois pas plus, pas même autant intéressé à la conservation de la République qu'eux et que leur ville, et que, quand ils seroient contents et en pourroient répondre à euxmêmes, je serois content et très content aussi; que je n'avois aucune prédilection pour les Anglois; que je convenois qu'ils en agissoient souvent mal avec leurs alliés et presque toujours précipitamment; que j'en étois particulièrement mécontent à présent, vu le mystère qu'ils nous faisoient de choses qu'il nous importoit si fort de savoir, non par curiosité mais pour savoir comment nous conduire. Mr Hop se joignit ici à moi et dit que jusques là j'avois raison, et que nous ne pouvions nous séparer de l'Angleterre, ni nous passer d'eux. „En sij nog minder van „ons, God doom mij," dit Hasselaar, qui étoit encore en colère contre Schrijver. Mr. Hop et Temmink prirent la parole et tranquillissèrent Hasselaar, qui vint se mettre plus radouci auprés du feu. Notez que De Dieu s'en étoit allé à 6 heures, à cause qu'il avoit du monde chez lui. Quand il fut question du secours demandé et du mémoire de Yorke, Hop dit qu'il avoit été étonné de ce mémoire, non pour le fond, qu'il comprenoit bien qu'il étoit selon les ordres de Yorke, mais pour la pièce même, qui étoit trois

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