Sayfadaki görseller
PDF
ePub

INSTRUCTION PASTORALE

DE

MONSEIGNEUR L'EVÊQUE DE NIMES

Au Clergé de son Diocèse

CONTRE UN OUVRAGE INTITULÉ

VIE DE JÉSUS, par Ernest Renan

Tом IV, page 160.

TO VIHU AIMBOTLIAO

Nimes. Typ. SoUSTELLE, imp. de Mgr l'Evêque, boulev. St-Antoine,

[ocr errors]
[merged small][graphic][ocr errors][subsumed][merged small]

CLAUDE-HENRI-AUGUSTIN PLANTIER, PAR LA GRACE DIVINE
ET L'AUTORITÉ DU SAINT-SIEGE APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE
NIMES, ASSISTANT AU TRÔNE PONTIFICAL,

Au Clergé de notre Diocèse,

SALUT ET BÉNÉDICTION EN NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.

C'est dans les gorges des Pyrénées où d'impérieux besoins de santé nous ont conduit pour quelques semaines, Nos très-chers Coopérateurs, que nous avons reçu de Paris la nouvelle Vie de Jésus (1), et nous nous hâtons de vous déclarer que cet ouvrage est une humiliation pour la France, parce qu'il est une affliction pour l'Eglise.. A vrai dire, il est plus ancien dans le monde que le nom de celui qui l'a signé ne le suppose. Une première fois il fut écrit par Cérinthe, Ebion et les Nicolaïtes, blasphémateurs contemporains des Apôtres eux-mêmes, et ainsi peut-on dire que sa nouveauté date de plus de dix-huit siècles. Arius en reprit la trame à-peu-près trois cents ans plus tard; comme les hérétiques, ses aïeux, il invoqua de misérables chicanes de textes pour se sous

(1) Vie de Jésus, par Ernest Renan.

M94624

traire à l'autorité des traditions, et nia la divinité du Christ par les Ecritures qui, cependant, n'ont pas d'autre but que de la démontrer. Les Sociniens vinrent à leur tour, après une longue succession de novateurs, trancher ce dogme sacré par sa racine en repoussant, au om des saintes Lettres, le mystère de la Trinité. Enfin, comme Voltaire s'était armé, de bel esprit pour précipiter le Christ du trône que lui avait dressé l'adoration des âges, Strauss, de nos jours, a tenté d'aboutir aux mêmes conclusions par l'emploi d'une fausse science, et M. Renan n'est aujourd'hui que le dernier anneau d'une immense chaîne de conspirateurs, suscités tour-à-tour par l'esprit de mensonge et d'impiété contre la divine royauté de JésusChrist dans le monde. Mais le blasphème ne s'use pas plus que la vérité. Quoique vieille de tant de siècles, quoique répétée tant de fois, sous tant de formes et par tant de plumes déicides, la nėgation sur laquelle roule la Vie de Jésus, n'en est pas moins désolante pour l'Eglise. Jésus-Christ est son Dieu; Jésus-Christ est son fondateur; Jésus-Christ est son époux; Jésus-Christ est son trésor. A tous ces titres elle le chérit d'un amour saintement passionné; et le dernier coup qu'il vient de recevoir, comme tous ceux qui l'ont antérieurement outragé, l'aura meurtrie elle-même au plus profond de son âme.

Et ce qu'il y a plus de triste, c'est le calme général avec lequel on accueille l'apparition de semblables ouvrages. Autrefois les audaces d'Arius agitèrent le monde d'une indignation glorieuse; au dix-neuvième siècle, M. Renan reprend les blasphèmes d'Arius, et l'univers ne s'émeut pas. Le livre de l'agresseur est lu avec une avidité qui tient de la fureur, et la masse des chrétiens reste immobile et muette. On va même jusqu'à prétendre que le silence doit être l'unique réfutation de M. Renan, et que c'est lui faire trop d'honneur que de ne pas écraser son livre uniquement sous le poids de la pitié. Il nous est impossible de partager cette opinion. << Viendra un moment, disait l'apôtre S. Paul, « où les hommes ue pourront plus supporter la saine doctrine; ils se choisiront des maîtres selon leurs vœux et qui ne s'occuperont que de flatter doucement les oreilles, et les peuples alors se détournant de la

vérité, se retourneront vers des fables puériles. Mais vous, continuait l'Apôtre, veillez, travaillez de tous vos efforts à lutter contre l'erreur, et faites l'oeuvre d'un évangéliste (1). » Nous avons pris pour nous cette exhortation de S. Paul, ou plutôt de l'EspritSaint lui-même. Une pieuse indignation s'est emparée de nous à l'aspect du nouveau crucifiement, auquel les critiques et les rhéteurs viennent de condamner notre Dieu, et de l'insouciance générale avec laquelle on assiste à ce forfait d'un autre Calvaire. Nous aurions voulu être un Athanase ou un Hilaire, pour faire éclater ce sentiment avec plus d'énergie et d'autorité. Mais, malgré notre néant, malgré l'obscurité de notre plume et de notre nom, il nous a été impossible de forcer notre voix à se taire : et si, dans les cris que nous avons poussés, il en est quelques-uns qui doivent paraître violents, nous n'en éprouvons point de remords, et nous n'en faisons point d'excuses, parce que nous ne concevons pas qu'on discute sans ardeur un écrit dont l'impiété fait frémir les Cieux mêmes jusque dans leurs dernières profondeurs.

Il y a deux parties dans l'ouvrage de M. Renan, l'Introduction et la Vie même de Jésus. Nous commençons par l'Introduction. La préface est ordinairement capitale : c'est là l'endroit, comme le disait Bossuet, où les auteurs font le mieux sentir leur esprit et leur dessein (2). Son importance est extrême dans le livre de M. Renan. Il a développé là ses principes et ses règles de critique et d'exégèse ; il y a également exprimé ses jugements sur les sources d'où il a tiré les éléments de son travail. Tout le reste du livre dépend de cet exposé; s'il croule, l'ouvrage entier le suivra dans sa ruine. C'est pour cela que nous l'avons attaqué avant tout; si nous avons réussi, nous aurons écrasé la tête du serpent. Un peu plus tard nous traiterons la seconde partie.

C'est aux Eaux-Bonnes que nous avons entrepris cette tâche. Le repos nous était prescrit et presque nécessaire; mais le besoin des âmes à prémunir et la gloire de Notre Seigneur à venger, nous

(1) II Tim. IV.

(2) Bossuet, Instruction sur la version de Trévoux. Remarques générales.

« ÖncekiDevam »