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réactionnaires, dominatrices, impérialistes. Ces deux reproches sont aussi injustes l'un que l'autre. S'il y eut parfois anarchie en Pologne, ce fut l'effet des agissements brutaux et perfides des Puissances voisines, la Moscovie et la Prusse. Si la Pologne, tout en subissant de si dangereuses épreuves, peut en sortir avec honneur, en affirmant sa vitalité, elle le doit aux qualités innées de la race polonaise, aux élans généreux de son âme chevaleresque, à son libéralisme sage et sincère » (1).

Le poète Krasinski exprimait la prière de l'àme polonaise, lorsqu'il demandait... « seulement, au milieu de l'explosion terrible des événements futurs, une volonté droite, nous vous supplions, ô Père, ô Fils, ô Esprit ! » (2).

Pour apprécier la pérennité de cette disposition d'esprit, il faut en suivre les phases à chacun des degrés de l'enseignement, connaître les ruses et les persécutions suscitées à la traverse, et surtout savoir la fertilité, le zèle, la souplesse et la persévérance des initiatives hardies et généreuses des Polonais de tout sexe, de tout âge et de tout rang, dans une indomptable union des âmes.

Enseignement primaire

C'est sur les genoux de sa mère que partout l'enfant commence à balbutier. En Pologne c'est toujours en polonais qu'il entend les premiers mots; qu'il sollicite une réponse à ses premiers sourires; et c'est par un système exclusiviste de toute autre langue qu'on trouve la science linguistique au commencement de tout le grand effort vers la libération de la Pologne. Sous le fardeau de chacun de ses oppresseurs, c'est par

(1) Général du Moriez, France et Pologne: la paix française dans l'Europe Orientale. Paris, Payot, 1919; pp. 166-167.

(2) Comte Michel Sobanski, Premier Congrès catholique de Varsovie, 6 septembre 1921.

tout la ressource de l'unité nationale, le moyen de ne pas se laisser « dépoloniser » et le procédé de choix pour déjouer les artifices de ceux qui ont prétendu « dénationaliser » la Pologne.

La langue polonaise a été sauvée par les mères, qui ont fait dire la prière en polonais, qui ont appris le catéchisme en polonais, qui ont toujours pensé et aimé en polonais.

Lorsque sont venues les vexations et les persécutions, l'enseignement de la langue polonaise est devenu clandestin, comme une conséquence d'esprit de famille, à peu près dans la mesure du sentiment de la piété filiale, qui est le ciment le plus naturel et le plus fort pour faire l'union des humains entre eux. Ainsi s'expliquent les phases légendaires de la lutte entre les administrations oppressives et les défenseurs des libertés nationales. Les Polonais de Posnanie sont allés jusqu'à la grève scolaire des quarante-mille; plus tard, ils ont fait à Posnan les fameuses réunions électorales « muettes »>! Toute la Pologne s'est montrée ingénieuse, ardente et généreuse, sur le terrain des écoles primaires pour enseigner la langue polonaise. Cet enseignement, volontaire toujours, clandestin quand il fallait, est devenu un lien moral, constamment efficace, parfois poétique, pour unir les esprits, concerter les résolutions et soutenir les résistances jusqu'à la victoire, qui a rendu à la Pologne ses droits et sa liberté.

On ne l'oubliera jamais; la politique prussienne est définie par la célèbre lettre de Bismarck au prince d'Eulenbourg la politique d'extermination des peuples conquis. Datée du 7 février 1872, elle écrase d'abord la Pologne dans la Posnanie et la Silisie; plus tard elle a été étendue aux Danois du Slesvig, puis aux Français d'Alsace et de Lorraine.

Le premier coup fut porté à l'école, où se conservait l'esprit national. Des mesures administratives préten

dirent y imposer la germanisation, d'abord en Silésie en 1872; puis, en 1873, dans la Prusse orientale et dans la Prusse occidentale; enfin, en 1874, dans le grandduché de Posnanie. Ainsi que le remarquent MM. Noir et 'Z. L. Zalewski, la germanisation des écoles a été contemporaine du fameux Kulturkampf entrepris contre les catholiques allemands. Il était naturel que le clergé polonais participât à la défense nationale (1); et cette fidélité à la foi catholique donne la clef des événements actuels et de ceux qui vont suivre.

Ch. Sylvain a bien fait de rappeler les luttes de cette grande époque, où le persécuteur ministre de Prusse fit condamner les évêques à l'amende, fit vendre leurs meubles pour payer le fisc; il alla même jusqu'à les déposer de leurs sièges et à les envoyer en prison. Les prêtres exilés, emprisonnés ou déposés furent remplacés par des curés schismatiques, avec lesquels les peuples catholiques refusèrent d'entrer en communication. Partout, l'épiscopat, le clergé, les fidèles s'attachèrent plus fortement que jamais au Saint-Siège. Pie IX encourageait les évêques d'Allemagne par ses conseils ; et, avec une liberté tout apostolique, il prenait publiquement leur défense. Jamais la puissance, l'autorité, l'hypocrisie de ses ennemis, pas plus que leurs menaces, n'arrêtèrent sur ses lèvres les protestations énergiques et les anathèmes... Parmi les premières victimes de cette persécution, il y eut Mgr Ledochowski, archevêque de Poznan et Griezno il fut arrêté le 2 février 1874 et jeté dans la prison centrale d'Ostrowo. Son coadjuteur le suivait de quelques mois dans la prison de Kosmin. Les évêques de Paderborn et de Cologne éprouvaient bientôt le même sort, alors que l'évêque de Trèves avait déjà subi, en 1871, 257 jours de prison... De 1874 à 1875, mille sept cents ecclésiastiques furent condamnés

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en Allemagne, à la prison ou à diverses autres peines. Les laïques n'échappaient point à cette persécution : plus de mille personnes furent victimes de condamnations aussi arbitraires et aussi injustes que celles subies par les évêques et les prêtres... Mgr Ledochowski était encore en prison, losqu'il apprit que Pie IX, voulant récompenser son courage et aussi, en sa personne, la vaillance apostolique de l'épiscopat allemand, lui avait décerné les honneurs du cardinalat. Quand il fut délivré de ses chaînes, le nouveau prince de l'Église fut contraint de subir l'éloignement de son troupeau; et il vint chercher un abri et un refuge à Rome. Pie IX le reçut avec des honneurs exceptionnels; et il le garda près de lui, dans son palais du Vatican, où les vengeances et les haines de Bismarck cherchèrent vainement à l'atteindre »> (1).

Après quelques années de cette lutte entre le luthéranisme prussien et le catholicisme romain, la persécution fut menée sous une autre forme.

En 1886, des instituteurs allemands furent nommés dans les écoles polonaises. Ils se firent les instruments aveugles et brutaux de la « germanisation ».

Défense fut faite aux élèves de parler polonais pendant la classe et même pendant la récréation. Une inquisition astucieuse fut menée pour savoir s'ils parlaient polonais dans leur famille. La défaveur fut marquée pour les familles où on parlait polonais; et la révocation devint fatale, quand le père ou le fils jouissait d'un emploi de l'État... Ce régime de vexation outrageante et odieuse caractérise le système prussien qui prétend exterminer les peuples vaincus. Il était encore tyranniquement appliqué, pendant la grande guerre de 1914 à

(1) Histoire de Pie IX le Grand et de son Pontificat, 3e éd., III, pp. 235, 245 et 247.

1918, dans les cinq mille écoles de garçons et de filles de Posnanie, de Haute-Silésie et de Prusse orientale, où les enfants polonais forment la majorité des écoliers.

En 1900, le gouvernement de Berlin décida d'imposer la langue allemande dans l'enseignement de la religion catholique, qui, jusque là, se donnait en polonais.

Le 20 mai 1901, à Wrzesmia, en Posnanie, fillettes et garçons refusent de toucher aux catéchismes allemands qui leur sont remis par l'instituteur. Celui-ci prétend imposer par la force la soumission à l'ordre ministériel. Les enfants polonais persistent à refuser; et ils sont battus si cruellement, que leurs cris attirent leurs parents. Qui peut s'étonner que les parents aient osé entrer dans l'école et réprimander l'instituteur ? Un procès est instruit ; et la jurisprudence prussienne est appliquée impitoyablement. Vingt personnes sont condamnées à la prison. Parmi elles se trouve une mère de famille, qui meurt dans cette prison et laisse cinq orphelins.

Le résultat c'est que l'indignation des familles gagne d'emblée tout le canton, puis toute la région. De concert avec leurs parents, quarante mille enfants refusent de rentrer à l'école régie par la tyrannie prussienne.

Pour subir la rigueur des lois de la persécution des Polonais, les élèves et leurs parents ne furent pas seuls frappés il y eut, en outre, trente prêtres condamnés alors à plusieurs mois de prison. M. Marius-Ary Leblond, qui relève ce détail, caractérise « cette persécution, qui veut, selon un plan échafaudé, atteindre la race et, après la race, la famille par la religion. Cette persécution s'ingénie à briser corrélativement, l'unité de la famille polonaise, en enlevant au père l'autorité de l'éducation, et l'unité de la paroisse polonaise en réduisant progressivement la direction spirituelle du curé» (1).

(1) La Pologne vivante. Paris, 1911 ; p. 355.

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