Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Il n'est pas jusqu'au Parti socialiste polonais, qui n'ait subi l'influence du grand mouvement de régénération. « Tout ce mouvement de toutes les nuances politiques, depuis l'internationalisme jusqu'au nationalisme, reste comme enveloppé d'une teinte idéaliste, qui s'exprime dans un travail fervent d'autodidactisme, d'instruction en général, en même temps qu'il garde la faculté de se sacrifier pour l'idéal politique de toute la nation »> (1).

Mettant à profit de nouvelles lois, les Polonais ont fondé neuf écoles supérieures, des cours divers, une Université libre, des Cours scientifiques, des Cours supérieurs pour jeunes filles, une École supérieure d'agriculture. L'ensemble forme comme les diverses Facultés d'une Université. Le nombre des élèves dépasse 2 300. Ainsi la grève scolaire, loin de nuire (comme certains l'ont prétendu) à l'instruction générale du pays, contribua puissamment à son développement.

En outre, elle a poussé les forces latentes de la société à se révéler, à s'organiser et à fonder, dans les conditions les plus difficiles, l'édifice solide de l'école polonaise (2). Ces actes d'initiative, échelonnés de 1905 à 1914, préparaient les esprits aux perspectives d'une Pologne indépendante.

L'agriculture, qui a toujours été le fond même des ressources nationales de la Pologne, profita, naturellement la première, du développement de l'instruction et de la relative liberté d'association. Tout un système de coopératives et de cercles agricoles fut établi et couronné par la vaste organisation de la Société centrale des agriculteurs, qui dirige toute la vie rurale en Pologne.

La même puissance a déterminé une sorte d'enseignement ambulatoire pour les agriculteurs au moyen des coopératives (3).

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 34.

[blocks in formation]

A mi-chemin entre Lwow et Varsovie se trouve un centre agricole de grande importance. C'est Lublin où M. Edmond Privat a le mieux senti battre le cœur de vieille cité pittoresque, où l'on vit en

la Pologne, famille (1).

Trois fois la guerre de 1914-1918 a menacé Lublin, au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Les habitants ont vu le ciel rouge des batailles flamboyer devant leurs fenêtres. La canonnade leur imposa de rudes veilles ; et l'invasion leur parut imminente. Un jour même ils virent partir les fonctionnaires russes, et ils formèrent leur Comité municipal pour administrer la ville avec le gouverneur qui restait à son poste. Le péril engendrait presque l'autonomie. Cependant l'orage s'éloigna. Alors l'administration impériale revint au complet; mais le Comité resta pour s'occuper des indigents et des chômeurs.

Même en temps de paix les meilleurs citoyens de Lublin savent grouper leurs efforts; et, malgré des obstacles inouïs, l'initiative privée et collective a su créer, d'une manière admirable, les services publics et sociaux que l'État néglige d'organiser. Après avoir admiré la société agricole, que préside l'ancien député Jean Stecki, M. Edmond Privat a visité des hospices, des asiles de vieillards, un orphelinat, des garderies d'enfants, des dispensaires et d'autres institutions, qui témoignent de ce que pourrait faire une municipalité polonaise, à laquelle on permettrait d'exister librement. La race polonaise a le goût et le génie de l'activité sociale. Avec son intelligence rapide et claire, doublée d'un sens artistique raffiné, je crois, ajoute M. Edmond Privat, qu'elle pourra faire de grandes choses quand on lui rendra sa place au soleil parmi les nations de l'Europe moderne (2).

(1) La Pologne sous la rafale. Paris, sans date; p. 30. (2) Ibid., p. 31.

L'avenir s'éclaire davantage quand on sait la collaboration de la femme polonaise. Il y a longtemps que les nécessités de la vie publique et celles de la vie guerrière, en absorbant l'activité de l'homme, ont obligé la femme à s'occuper entièrement des affaires de famille en Pologne. Sa responsabilité y était devenue plus grande que dans les autres pays. Cette responsabilité implique une certaine mesure d'indépendance; elle impose une sorte de résolution ferme et persévérante, non pour le sentiment, mais pour l'action. Au moment des désastres, la femme polonaise est devenue une aide et un soutien pour tout son entourage. Il s'est passé, en Pologne, quelque chose d'analogue à ce qui s'est passé en Belgique et en France envahies pendant la grande guerre de 1914-1918.

Après l'insurrection de 1863, le pays se trouvait démuni d'hommes. Les hommes avaient été tués ou déportés en Sibérie. La vie économique traversait une crise profonde et compliquée. Il fallut dès lors utiliser les énergies féminines... La femme prit la direction des affaires et la gérance des biens, tout en accomplissant son œuvre de charité et de dévouement. Plutôt timide par tempérament quant à l'initiative, mais par contre douée d'une endurance plus grande, et avantagée par un sens de l'économie basé sur l'habitude de l'épargne, la femme polonaise fut tout d'abord un élément de sauvetage, puis un facteur puissant de conservation nationale. Durant cette période de transition difficile et brusque, elle sauva du rachat ou de la ruine en Lithuanie et en Ruthénie, de nombreux biens et propriétés.

Plus tard, élargissant son champ d'action, et diversifiant ses moyens dans le domaine intellectuel, riche

de l'expérience d'une lutte prolongée, elle entra comme facteur décisif dans le combat contre la dénationalisation elle défendit au foyer la langue nationale (1).

(1) Pp. 35-36.

Grâce à une certaine faculté d'inadaptation, elle soutint la continuité de la tradition polonaise; elle forma un puissant élément de résistance. Ce fut elle qui, en fondant les écoles, monopolisa pendant de longues années l'enseignement des jeunes filles pour les protéger contre le contact de l'école russe.

Ainsi, par l'importance de son rôle économique, par son travail, par son dévouement à la cause patriotique, la femme polonaise devint émancipée presque sans le savoir. Quand toutes les forces nationales se levèrent, vers 1905, la femme entra dans la lutte avec une certaine vitesse acquise. Consciente de son rôle, instruite de ses droits comme de ses devoirs, elle n'apporte pas avec elle ces tâtonnements, ces essais extrêmes, que l'on rencontre dans les revendications féminines des autres pays; car elle a acquis d'avance la liberté de ses mouvements.

Profitant d'une certaine liberté d'association, et tout en prenant une part active dans les organisations d'ordre général, les femmes de Pologne ont fondé des Cercles, des Sociétés, où elles s'occupent exclusivement des intérêts féminins. Un syndicat des ouvrières de l'aiguille existe à Varsovie; et bien d'autres groupes semblables sont établis dans les villes de province.

En 1906, il fut fondé une Maternelle scolaire; mais elle fut dissoute dès 1907 par décision des autorités administratives russes (1). Pendant les dix-huit mois de son existence légale, la Maternelle scolaire a établi, dans les six gouvernements du royaume de Pologne, huit cents écoles primaires fréquentées par plus de 63 000 enfants; elle a formé une Université populaire; et, dans treize localités de province, elle a organisé des cours pour adultes. Elle a dirigé quatre cents asiles et ouvert au public

(1) On prétend que le gouvernement russe ne l'a prononcée que sous la pression du gouvernement allemand.

les portes de huit cents bibliothèques et cabinets de lecture.

En ces dix-huit mois, les souscriptions bénévoles en faveur de l'œuvre ont atteint trois millions de francs. Après la dissolution inattendue de la Maternelle scolaire, les Polonais ne se découragèrent pas (1). Lorsque quelques mois furent écoulés, on vit avec quelle souplesse ils s'étaient maintenus dans la légalité; à la place d'une seule Maternelle scolaire, il y eut toute une série d'organisations scolaires. On fit divers Cours pour adultes. Des écoles normales furent formées; et elles fonctionnèrent indépendamment les unes des autres. L'œuvre difficile de la Maternelle scolaire avait été administrativement supprimée; par l'initiative féconde des Polonais, mais sous d'autres formes, elle subsista quand même.

Sur ce terrain encore, par une active diffusion des études, par un enseignement libre et patriotique, on préparait une résurrection nationale, sans se soucier de la date, ni de la nature de l'événement libérateur.

Enseignement supérieur

Dans le domaine du haut enseignement, le gouvernement austro-hongrois, longtemps manœuvré par les deux autres puissances co-partageantes, en cst venu à concéder plusieurs libertés aux Polonais, dont l'aptitude scientifique avait été plus d'une fois utilisée au profit de tout l'Empire. Les Universités de Cracovie et de Leopol en ont bénéficié. En 1895, elles n'avaient en tout que 532 étudiants. En 1907-1908 elles en comptaient plus de 8 000.

Le gouvernement prussien est toujours demeuré tyrannique, tandis que les administrations russes ont (1) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 29.

« ÖncekiDevam »