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sont plus actifs que l'uranium pur, c'est qu'ils contiennent une substance radio-active plus puissante que l'uranium lui-même. Ce corps, il fallait le découvrir et l'isoler. Mme Curie entreprit, en commun avec son mari, la recherche de cet élément nouveau.

Quand Christophe Colomb se lança par l'Océan, il avait la certitude de découvrir une terre nouvelle. M. et Mme Curie furent guidés par une conviction semblable et ils eurent, eux aussi, le grand mérite de ne pas se laisser décourager par le labeur immense qu'ils eurent à accomplir. Ils se mirent au travail dans un modeste laboratoire de l'École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris. Il fallait séparer d'une gangue inerte une très minime quantité de substance. Les manipulations furent longues et compliquées, nécessitant la manutention de quantités importantes de minerais, d'eau et de produits chimiques. M. et Mme Curie furent guidés dans leurs recherches en dosant le pouvoir radio-actif des éléments filtrat et précipité, séparés au cours des manipulations. C'était véritablement une chimie de l'invisible, nécessitant une technique adéquate. Ils obtinrent ainsi un dépôt de bismuth et un dépôt de baryum fortement radio-actifs. Or, ni le bismuth, ni le baryum de commerce ne sont radio-actifs. La radio-activité du dépôt était donc due à des produits surajoutés. En souvenir de sa patrie d'origine, Mme Curie appela polonium le bismuth radio-actif et radium le baryum radio-actif. Un traitement ultérieur permit d'obtenir des produits de plus en plus purs. La première communication de M. et Mme Curie, faite à l'Académie des Sciences sur le polonium, date de juillet 1898. Celle concernant le radium est du mois de décembre de la même année. Un troisième nom signe la seconde note, celui de M. Bémont (1), le collaborateur de M. et Mme

(1] Bémont était chef des travaux de chimie à la même École que Pierre Curie. A la demande de ce dernier, il traita environ 5 kg

Curie. A la suite de leurs premiers travaux, une puissante Société de produits chimiques offrit aux savants la main-d'œuvre et le matériel indispensables; le professeur Suess, de Vienne, leur fit envoyer, par le Gouvernement autrichien, la pechblende nécessaire à la continuation de leurs travaux. Des dons anonymes, des prix divers encouragèrent M. et Mme Curie dans leur œuvre difficile.

La féconde collaboration des deux savants fut malheureusement interrompue par la mort brutale de Pierre Curie, écrasé, le 19 avril 1906, par un camion lourd (1). Depuis lors, Mme Curie continue seule ses travaux (2).

Elle a quitté son modeste laboratoire primitif et dirige à l'heure actuelle, à Paris, l'Institut du Radium ouvert rue Pierre Curie et entre enu à frais communs par l'Université de Paris et l'Institut Pasteur.

de pechblende et départit la masse en 8 à 10 groupes chimiques. Loin de se prévaloir de cette collaboration, Bémont avec une touchante simplicité laisse aux Curie tout le mérite de la découverte, déclarant qu'il avait été heureux de rendre à P. Curie un de ces petits services comme on s'en doit entre collègues.

(1) Pierre Curie, fils d'un médecin, était né à Paris en 1859. Il était attaché comme professeur à l'École municipale de Physique et de Chimie industrielle de la Ville de Paris. En 1903 il reçut la médaille Davy, une des plus hautes récompenses de la Société Royale de Londres. La même année le prix Nobel lui fut attribué en partage avec sa femme et avec Becquerel. En 1904 on créa pour lui à la Sorbonne une chaire de Physique générale et on y adjoignit un laboratoire dont, quelques mois après, Madame Curie fut nommée chef des travaux. Il fut nommé membre de l'Académie des Sciences en 1905. Pierre Curie était un homme d'une grande simplicité et d'une grande modestie. Indifférent aux distinctions honorifiques récompensant ses travaux, il acceptait volontiers prix et subventions, les considérant comme d'utiles contributions à son œuvre scientifique.

(2) L'Institut du Radium comprend deux laboratoires autonomes, mais travaillant en collaboration étroite. Le Pavillon Curie est rattaché à la Chaire de Physique générale de la Faculté des Sciences. Madame Curie y a pour collaborateur le professeur Debierne.

Le Pavillon Pasteur s'occupe, sous la direction du professeur Regaud, des applications biologiques et médicales.

IVe SÉRIE. T. II.

2

On se souvient qu'en 1921, une Américaine, Madame Melonay, vint rendre visite à Mme Curie, et fut stupéfaite d'apprendre qu'elle avait à sa disposition un seul gramme de radium pour poursuivre ses travaux ! A son retour aux États-Unis, elle ouvrit une souscription et recueillit parmi les femmes d'Amérique les fonds nécessaires pour offrir à Mme Curie un second gramme de radium. Ce royal cadeau fut exceptionnellement remis « à la plus grande femme de France » par le Président des États-Unis luimême (1).

Terminons cette première partie en insistant sur les circonstances heureuses qui favorisèrent la géniale inspiration de Mme Curie. Elle hérita de son père le goût du laboratoire; son union avec Pierre Curie fit vivre auprès d'elle un homme auteur d'une instrumentation particulièrement précieuse pour ses recherches. Pierre Curie luimême dut à ses travaux faits en collaboration avec son frère, la réalisation du quartz piézo-électrique Quant à Henri Becquerel, il doit aux travaux de son père (2) d'avoir choisi les sels d'uranium pour essayer de répondre expérimentalement à l'interrogation posée par Poincaré. Ce dernier fut en quelque sorte l'animateur de la découverte de la radio-activité, provoquée par une simple

(1) Il est de tradition que le Président des États-Unis ne doit pas remettre à la Maison Blanche des cadeaux faits par la nation. Mac Kinley refusa de remettre à Dewey l'acte de propriété qui lui fut offert par la nation américaine en reconnaissance de ses services, et le Président Wilson ne consentit pas à remettre au général Pershing l'épée d'honneur qui lui fut offerte par la nation américaine à son retour de la campagne de France.

(2) Les Becquerel se signalent depuis quatre générations par leurs remarquables travaux. Antoine-César Becquerel, né en 1788, mourut en 1878. Alexandre-Edmond Becquerel vécut de 1820 à 1891. Antoine-Henri Becquerel, né en 1852,est mort en 1908. Comme son père et son grand-père, il fut membre de l'Institut. Il laisse actuellement un fils, Jean, marchant sur ses traces. Ancien élève de l'École Polytechnique, il est titulaire au Muséum d'Histoire naturelle de la Chaire occupée par son père et son grand-père

association d'idées, rendue possible par la trouvaille de Roentgen.

Dans le domaine scientifique « tout n'est point dit » et l'on ne vient jamais trop tard, mais trop tôt quelquefois.

Et ce champ ne se peut tellement moissonner

Que les derniers venus ne trouvent à glaner.

Bien au contraire, celui qui récolte n'a pas toujours fait les semailles et le fécond labeur de tous favorise l'éclosion des grandes découvertes.

II. — LES PROPRIÉTÉS DU RADIUM

Après avoir exposé l'histoire de la découverte du radium, examinons les propriétés de ce merveilleux produit. Nous interrogerons successivement le chimiste et le physicien.

Le chimiste va nous répondre avec sécheresse.

Le radium est un métal proche parent du baryum. De tous les corps radio-actifs, il est le seul qui soit isolé et caractérisé par son spectre et par son poids atomique.

Son spectre a plusieurs lignes bien définies; 2 particulièrement sont caractéristiques, l'une de longueur d'onde 3649, l'autre de longueur d'onde 3814.

Le poids atomique égale 226.

Le radium existe à l'état de sels, sels qui sont plus ou moins riches en radium métallique :

Le carbonate de radium contient 79 % de radium métall.

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encore une opération complexe, légitimant le prix élevé (1) atteint par ce produit. La quantité de radium extraite, variable suivant la richesse du minerai, est environ la milliardième partie des produits mis en œuvre. Précisons par les chiffres empruntés à Muguet (2) : Dix milligrammes de radium sont extraits de 4000 tonnes de minerai. On utilise pour le traitement 8000 litres d'eau, 1900 kg. de produits chimiques. On grille le minerai avec du carbonate de soude, on lave à l'eau, on traite par l'acide sulfurique étendu. L'urane se dissout, les substances radio-actives précipitent, et sont soumises à divers traitements. On obtient finalement un précipité de carbonate de baryum et de radium. Le produit est transformé en chlorure. La première opération est terminée.

Une tonne de minerai donne environ 8 kg. de chlorure de baryum radifère, produit 60 fois plus radio-actif seulement que l'uranium. Pour obtenir un produit actif (le radium est environ 2 000 000 de fois plus actif que l'uranium), il faut séparer le radium du baryum. On met à profit la différence de solubilité des deux sels. Si l'on fait cristalliser la solution, les cristaux qui se forment les premiers sont plus riches en radium que les chlorures restant dans l'eau mère. Ces cristaux sont recueillis et dissous et la solution laisse déposer des éléments encore plus riches en radium que ceux de la première opération. Grâce à des cristallisations successives et multiples, on obtient le sel de radium à l'état pur.

En 1919, Madame Curie a réussi à isoler le radium métallique en décomposant par l'électrolyse avec une cathode de mercure et une anode en platine une solution de chlorure de radium pur. Elle obtint ainsi un amalgame

(1) On trouve actuellement le bromure de radium hydraté à 750 fr. le milligramme, ce qui porte à 1400 fr. le milligramme de radium métallique.

(2) REVUE SCIENTIFIQUE, 1915, pp. 622-625.

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