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de radium, c'est-à-dire une combinaison de radium et de mercure. Cet amalgame, distillé dans l'hydrogène pur, laisse comme résidu le radium. C'est un métal s'altérant à l'air libre et noircissant rapidement. Il adhère fortement au fer, détermine sur papier blanc un noircissement analogue à la brûlure, décompose l'eau, se dissout en grande partie en laissant un résidu noirâtre, soluble presque totalement dans l'acide chlorhydrique étendu d'eau.

Il y aurait certainement plus à dire sur la chimie du radium, mais nous craignons d'entrer dans des détails trop techniques et nous avons hâte d'interroger maintenant le physicien. Il nous racontera le roman du radium.

Nous disons « roman », tant sont merveilleuses et inattendues les propriétés de ce métal prodigieux, dont les manifestations méritent presque le nom de manifestations vitales. La métaphore n'est pas trop hardie pour un produit dont nous verrons la naissance, la vie, la mort et dont nous étudierons la généalogie et la lignée.

LES MANIFESTATIONS VITALES DU RADIUM. — Nous entendons par manifestations vitales du radium, les phénomènes extérieurs par lesquels il nous révèle son existence. Le radium est à la fois source de chaleur, de lumière et d'électricité.

Le radium est une source de chaleur, sa température marque 3o de plus que celle des corps environnants. Il est facile de mettre le phénomène en évidence. On verse dans un tube à essai un peu de chlorure d'éthyle, corps entrant en ébullition à basse température. On échauffe le tube avec les mains et bientôt le liquide se met à bouillir. Si on l'abandonne alors à la température de la salle, l'ébullition s'arrête. A ce moment, laissons descendre dans le liquide un tube de radium, le liquide dont la température est proche de l'ébullition recommence à bouillir. Le phénomène s'arrête dès qu'on retire le radium et l'on répète à volonté l'expérience.

On peut aisément mesurer avec précision, dans un calorimètre à glace, la quantité de chaleur que dégage un poids donné de radium. On trouve ainsi 135 caloriesgrammes par heure pour un gramme de radium. Un bon feu brûle 5 kg. de charbon en 60 minutes. Pour obtenir perpétuellement les 8000 calories dégagées par cette combustion, il nous suffirait de posséder 59 grammes de radium, poids minime en apparence, poids énorme cependant, car la production mondiale actuelle du radium se chiffre par moins de 100 grammes.

Mais sortant du domaine de l'utopie, voyons si la chaleur dégagée par le radium peut avoir une importance pratique. Oui, car le radium, produit le plus précieux et le plus cher, est aussi le plus répandu. On en trouve, en quantité minime, il est vrai, dans presque toutes les roches, et sa présence se révèle par une élévation de température appréciable. Lors du percement du Simplon, les travaux faillirent être arrêtés par une température insolite à l'intérieur du tunnel. Une plus grande richesse en radium des roches du massif, aurait fait avorter l'entreprise.

D'après les calculs de Joly, deux millièmes de milligramme de radium par tonne (c'est la richesse moyenne des roches) suffiraient à faire accroître de 1 800° la température du noyau central de la terre. Dans ces conditions, nous sommes assurés contre le refroidissement. Mais cette constatation ne confère pas l'immortalité à notre planète. La croûte terrestre cédera sans doute tôt ou tard sous l'influence des pressions énormes dues à l'élévation constante de la température (1).

(1) On peut se demander, en considérant la chaleur dégagée par le soleil, si la teneur en radium de cet astre est la cause de la puissance de son émission calorifique. Le soleil dégage 430 calories par heure et par mètre cube. Si toutes ces calories étaient dues au radium, il faudrait que ce produit existât dans le soleil à la dose de 3 grammes 2 par mètre cube. Or, comme on le comprendra mieux

Le radium est une source de lumière, lumière comparable à celle du ver luisant; lumière froide, différant par conséquent de nos sources artificielles d'éclairage dont l'élévation excessive de température réalise un véritable gaspillage d'énergie, mais lumière perpétuelle qui jette des feux discrets sans, pour ainsi dire, se consumer jamais.

Le radium est une source d'électricité, et l'on a pu obtenir, grâce à lui, des différences de potentiel de 250 000 volts en laissant s'accumuler la charge. C'est là un chiffre impressionnant, retenez-le en attendant de savoir pourquoi le radium émet constamment de l'électricité. Si l'intensité du débit n'est pas comparable à celle de nos machines industrielles, la continuité de la production (nous devrions dire la perpétuité) nous plonge dans l'étonnement.

Chaleur, lumière, électricité, émises ainsi spontanément, nous indiquent que l'atome de radium est un réservoir inépuisable d'énergie et cette constatation nous a surpris à une époque où l'on disait rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Chaleur, lumière, électricité sont fournies en quantité faible, mais avec une remarquable constance durant des années et des siècles, la vie moyenne du radium étant de 2 440 ans.

Si, au lieu de dissiper en un temps aussi long l'énergie

après avoir lu certaines considérations ultérieures, en admettant que le soleil soit constitué par de l'uranium pur, il est impossible qne la matière solaire puisse contenir une telle quantité de radium, à moins que des différences de température et de pression ne modifient l'allure d'un phénomène que les conditions d'expérimentation sur notre planète font passer pour immuable. Il semble cependant que la radio-activité est une des causes de l'élévation de la température du soleil. Mais s'il en est ainsi, on peut se demander pourquoi les radiations invisibles que nous allons décrire dans un instant, ne parviennent pas jusqu'à nous. Elles sont heureusement arrêtées par les couches atmosphériques solaires et terrestres dont l'opacité est équivalente à celle d'une couche mercurielle de 79 cm. Derrière ce manteau protecteur, nous sommes complètement à l'abri des radiations invisibles qui auraient sur les cellules vivantes une action déplorable.

qu'il recèle, le radium dégageait son énergie potentielle avec la même vitesse que le coton-poudre, nous assisterions à une explosion d'une puissance telle qu'on ne saurait l'imaginer !...

Mais, jusqu'à ce jour, il a été impossible de modifier soit en plus soit en moins la désintégration spontanée du radium, cause première des phénomènes observés.

Un coffre-fort s'entr'ouvre par intermittence, laisse échapper une partie de son contenu et nous révèle les trésors d'énergie qu'il recèle jalousement, sans nous permettre d'y puiser à volonté.

Le secret sera-t-il un jour découvert ? Mystère ! Ce jour-là l'œuvre de Mme Curie recevrait son couronnement. Car, si nous pouvions utiliser à notre gré l'énergie intraatomique dont elle a découvert l'existence, nous aurions à notre disposition un réservoir d'énergie d'une importance phénoménale et la carence de la houille cesserait d'être angoissante, car si le radium est peu abondant, la production annuelle de l'uranium se chiffre, elle, par plus de 10 tonnes, et si l'on pouvait hâter la désintégration de l'atome radio-actif, l'uranium nous fournirait la matière première rêvée. 400 gr. d'uranium recèlent autant d'énergie que 160 tonnes de charbon ! Cette énergie est à peine appréciable, car elle se dépense en 8 000 000 000 d'années. Elle deviendrait utilisable si l'on pouvait intervenir et accélérer la production d'un phénomène dont la spontanéité est la caractéristique.

Nous venons

LE RAYONNEMENT DU RADIUM. de voir le radium source d'énergie calorifique, lumineuse, électrique; ces propriétés, le radium les doit à son pouvoir rayonnant. Ce rayonnement est invisible, mais se traduit à nos sens de multiples manières. Il impressionne les plaques photographiques, mais cette action n'est pas utilisable pratiquement.

Il ionise l'air, décomposant les molécules en ions positifs

et en ions négatifs, et par ce mécanisme l'air devient conducteur, les électroscopes se déchargent. La vitesse de décharge étant proportionnelle à l'intensité du rayonnement, on possède ainsi une précieuse méthode de dosage des substances radioactives que l'on pèse jusqu'au de milligramme.

1

50 000 000

Cette ionisation est assez intense pour que l'on ait songé à augmenter l'efficacité du paratonnerre en chargeant la pointe avec du bromure de radium, et l'on se demande s'il ne sera pas possible, par un moyen analogue, de soutirer l'électricité atmosphérique en quantité suffisante pour qu'elle soit susceptible d'utilisation pratique.

Le rayonnement provoque la luminescence d'un certain nombre de corps. Sous son influence le platinocyanure de baryum, le sulfure de zinc brillent d'un vif éclat. Mais pour obtenir, par cet artifice, une luminosité équiva-' lente à celle d'une bougie, plusieurs milligrammes sont nécessaires, et, au prix de 1 400 fr. le milligramme, on ne peut réaliser par ce moyen un flambeau démocratique! Mais le radium peut être incorporé à un sulfure de zinc, dont il excite perpétuellement la luminescence ; 0 milligr. 10 de bromure de radium suffisent pour un gramme de sulfure, et on obtient ainsi des peintures lumineuses très utiles. Les montres à indications visibles dans l'obscurité furent la première application de ce principe. Au cours de la guerre ces peintures ont été très employées, soit pour rendre utilisables certains engins durant la nuit, soit pour signaler d'une façon discrète les directions à prendre.

Le diamant brille avec intensité quand on l'expose au rayonnement du radium. C'est là, vous semble-t-il, un moyen permettant à condition d'avoir du radium de contrôler l'authenticité de nos achats. Un ami vint nous voir un jour portant une quarantaine de diamants destinés à des bijoutiers. Vouloir lui montrer que nous

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