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preuve que le système nerveux qui va au cœur ou dans cette région, a été vivement impressionné.

On a encore appelé choc nerveux la dépression qui suit la manipulation des viscères abdominaux ou leur mise à l'air durant un temps trop prolongé. On devinait les nerfs de l'intestin irrités par ces manœuvres et l'on disait que le système nerveux central, le Bulbe, devait en être « choqué » par voie réflexe.

Avançons dans cette voie, mais que le lecteur veuille bien remarquer le pas que nous allons faire. Nous allons pour ainsi dire franchir le Rubicon, on dirait, er Géométrie, le Pont aux Anes!

Nous voici dans une série de faits longtemps qualifiés de << Choc nerveux » et l'on verra l'erreur qu'entretenait cette dénomination commode.

Un homme est

Choc dans les plaies et broiements. renversé par une locomotive. On le relève, les cuisses écrasées, pâle, sans connaissance, le pouls petit. Il se refroidit rapidement, une sueur visqueuse couvre son front Choc nerveux, dit-on. Le broiement des nerfs, la douleur, l'émoi, l'angoisse, tout semble confirmer ce diagnostic banal et, de fait, rien ne s'oppose à ce que l'on qualifie de choc nerveux ce tableau.

Mais assez rapidement le blessé se remet. On le réchauffe, on le ranime par des moyens appropriés, la connaissance revient...

On se rassure du côté de l'état général, on reprend espoir le grand danger est écarté; celui de l'état local n'est rien auprès du premier.

Mais voici que, quelques heures plus tard, le malade est repris d'accidents plus effrayants que les premiers. Il pâlit davantage, son pouls file et devient imperceptible, la tension artérielle baisse. Les traits se tirent, le nez se pince, la parole se fait lente et difficile, l'esprit s'alourdit et semble s'obnubiler et la mort survient au milieu

d'accidents ultimes divers convulsions, vomissements, délire, troubles de la température... Et l'on disait de nouveau choc nerveux prolongé. Car nous n'avions rien de mieux à offrir. Une infection par les microbes n'a pas cette allure suraiguë et choquante. Seul, le système nerveux, profondément touché, nous semblait pouvoir donner une explication biologique des phénomènes observés.

J'ai pris l'exemple d'un écrasement des membres inférieurs, parce que, jadis, il était l'un des accidents graves les plus communément observés.

Mais hélas ! la guerre a étendu le champ des observations chirurgicales. Le choc des blessés a pu être étudié avec un luxe de matériaux inconnu chez nous depuis longtemps. Il l'a été par des hommes supérieurs, non seulement sur les champs de bataille, dans les hôpitaux, mais encore dans les laboratoires où de longues séries d'expériences ont été faites sur les animaux. Le nom du professeur Quénu, de Paris, est primordialement attaché à cette découverte, dont je ne puis donner ici que le principe et un court exposé.

Par un mécanisme quelconque, un homme subit un grave délabrement: obus, écrasement, opération mutilante... Pour la netteté du cas, supposons une attrition marquée des tissus plus ou moins réduits en bouillie sanglante. Le premier choc passé comme j'en faisais le tableau, surviennent les troubles également décrits.

Cause des accidents dans le choc des blessés. Le professeur Quénu émit l'opinion qu'il s'agissait alors de phénomènes d'empoisonnement par des substances venant du foyer d'attrition des tissus.

Il fallait le démontrer.

Une première présomption se tire du fait que les accidents surviennent surtout chez les blessés dont les tissus ont été broyés, réduits en bouillie et privés par conséquent

de vitalité ou n'ayant qu'une vitalité très faible, tissus en pulpe capable de fournir des éléments résorbables par la circulation.

Ensuite, on observe les phénomènes, dits de Choc, chez les blessés dont la plaie anfractueuse, communiquant mal avec l'extérieur, ne peut pas facilement évacuer les liquides, tandis que ceux qui les laissent s'écouler aisément, par une large plaie, se défendent mieux.

On avait remarqué aussi que les blessés, auxquels on avait appliqué le garrot, échappaient souvent aux accidents de choc secondaire. Chacun sait que le garrot est, en somme, un lien circulaire qui, serré au-dessus de la blessure, vers la racine du membre, a pour but de suspendre la circulation du sang dans l'extrémité inférieure ou distale de ce membre et constitue un moyen facile et sûr d'empêcher et d'arrêter les hémorragies. On comprend dès lors que la circulation étant interrompue, les vaisseaux ne peuvent plus résorber les matières nuisibles pour les porter au contact des grands centres nerveux.

Comme contre-épreuve, on avait vu des faits commecelui-ci, que rapporte Quénu. Un soldat, grièvement blessé au membre supérieur, avait subi l'application du garrot. Il attendait son tour d'opération. Son état général était parfait. Il alla à pied à la table d'opération, en fumant sa cigarette. On lui enlève le garrot presque instantanément il est pris de ces accidents graves décrits plus haut, absolument comme si on venait de lui injecter une dose d'un poison violent. L'amputation du bras fut faite aussitôt, et le blessé guérit, la source des accidents étant enlevée.

Mais à cet ensemble de preuves et de présomptions, il manquait l'expérimentation sur des animaux. Elle fut faite et voici quelques résultats. On broie la patte d'un cobaye sans léser la peau, au moyen d'une forte pince : l'animal succombe quelques heures plus tard, comme les grands blessés. Chez d'autres cobayes, on applique d'abord

le garrot sur un membre, puis on broie les muscles de celui-ci. Les accidents graves ne se développent pas et l'animal supporte le traumatisme, c'est-à-dire les violences, sans mauvais résultats.

Mais si, après quelques heures d'attente, on enlève subitement le garrot, tous sont pris des accidents connus, et plusieurs en meurent.

Il est difficile de voir plus belle confirmation de l'hypothèse que la cause des accidents est due à la résorption de produits se formant dans le foyer de broiement ou d'attrition.

Origine des substances nocives. - Mais quels sont, des organes broyés dans ce foyer, ceux qui donnent les matières nocives? Les expériences de Delbet ont permis de croire que ce sont les muscles broyés qui sont l'origine du poison. Pour le démontrer, il a injecté à des rats, sous la peau, de la pulpe de muscles sains broyés, et des accidents graves et mortels se sont produits. La clinique vient corroborer cette opinion en montrant que ce sont surtout les grands délabrements musculaires qui s'accompagnent des accidents de choc traumatique.

Des objections ont été naturellement et légitimement faites à ce qui n'était qu'une hypothèse et semble maintenant une réalité.

Dans ce foyer attrit, broyé, il n'y a pas que des muscles il y a aussi des nerfs et n'est-ce pas la lésion, le broiement de ces nerfs, qui provoque un choc nerveux dangereux? La douleur ressentie, brutale, soudaine, ne peut-elle amener, là, comme ailleurs, des accidents nerveux ?

Sans nul doute, et l'objection a sa valeur ; mais elle est facile à résoudre pour un expérimentateur.

D'abord, notons que la crise se déclare, que le choc se produit plusieurs heures après l'accident provocateur de la souffrance or les accidents que provoque le broiement d'un nerf sont immédiats.

Ensuite, si je sectionne la moelle épinière, je supprime toute sensation douloureuse pour l'animal et néanmoins le choc se produit, les accidents se déclarent si je broie les muscles.

L'empoisonnement ne proviendrait-il pas de l'action des microbes ? L'examen des produits des tissus broyés a été souvent fait et a été négatif dans nombre de cas, non pas dans tous, car il est bien évident que broiement et infection par les microbes peuvent être et sont souvent combinés.

Nature des poisons. D'accord sur l'origine des substances nocives, la discussion reprend sur leur nature. S'agit-il de poisons chimiques, alcaloïdes redoutables de la famille des leucomaïnes ou des ptomaïnes ? S'agit-il de ces poisons comme en fabrique journellement l'organisme humain par les transformations de nos tissus ? A ce point de notre exposé, voici que s'ouvre un aperçu

nouveau.

Y aurait-il quelque relation entre la désagrégation normale et régulière de nos tissus qui fournit, on le sait, des poisons et cette désagrégation rapide et brutale qu'est le broiement ? Pourquoi pas ? Mais ici il nous faut remonter un peu en arrière dans cette voie nouvelle que nous venons de rejoindre.

Les tissus du corps humain se renouvellent sans cesse. Par les aliments élaborés par le tube digestif, nous leur apportons des éléments neufs pour les rajeunir, et eux, en échange, ils se débarrassent des déchets comme un foyer de ses cendres.

Les albuminoïdes transformés constituent la part la plus importante de ces déchets qui sont enlevés par le sang et éliminés par différentes voies foie, intestin, peau, et surtout reins. Quand nos organes, appelés émonctoires, sont en bon état et fonctionnent bien, la quantité de déchets reste dans le sang à un taux normal bien connu des chimistes biologiques, si leur production n'est pas trop rapide

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