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Restent donc des chiffres différents les uns des autres et groupés entre deux limites qui ne sont pas trop éloignées. Quel chiffre de base adopter alors? On pourrait songer à prendre la moyenne. Quelques auteurs, notamment M. Bertrand Thompson, ont proposé un autre nombre. On range tous les chiffres par ordre croissant et on les divise en trois groupes; c'est le chiffre le plus faible du second groupe que l'on choisit. L'expérience prouve généralement que le bon ouvrier moyen peut sans peine s'y tenir. C'est lui qu'on appelle le minimum standard.

Cependant, pour éviter le surmenage, on accorde une tolérance de 5, 10, 20, 30 %. Elle est plus faible s'il s'agit de besognes mécaniques où l'imprévu est plus réduit, plus forte quand il s'agit d'opérations qui se font uniquement à la main et dont la durée peut être plus facilement troublée.

Le chronométrage d'étude est alors terminé. Des fiches d'instructions sont données aux ouvriers; elles comprennent la description des opérations standardisées qu'ils doivent accomplir pour remplir leur tâche le mieux possible, avec l'indication du temps qui leur est alloué et qui est le minimum standard augmenté de la tolérance que nous venons de fixer.

VI. Du rôle de la standardisation et du chronométrage dans la fixation des salaires et dans certains rapports des ouvriers et des patrons.

Il est temps à présent de tirer de ces indications techniques des conclusions plus générales. La première concerne la fixation des salaires. On sait l'échec lamentable, mais singulièrement instructif, du salaire aux pièces. Il y a 10 ou 20 ans, la plupart des patrons, comme des économistes, le vantaient comme constituant le meilleur excitant et le contrôle le plus automatique du travail d'un ouvrier. Malheureusement, le salaire aux pièces,

pour être équitable et par conséquent accepté, supposait que les prix unitaires étaient rigoureusement invariables. Or ils ne pouvaient pas l'être, tant qu'on n'avait pas standardisé scientifiquement le travail, fixé au petit bọnheur par un contremaître. Ce système avait rapidement amené, suivant la qualité des ouvriers et même la nature des besognes, des différences de salaires considérables et imprévues. Dans telle industrie, où la moyenne des salaires journaliers était 10 francs, tel excellent ouvrier n'avait gagné que 12 francs, tel ouvrier médiocre dépassait la vingtaine. Force était de remanier les prix de base. On le faisait de manière à uniformiser et à ne pas exagérer les salaires. Dans tous les cas, et quel qu'en fût le motif, il y avait une sorte de rupture du contrat de travail et une véritable négation du salaire aux pièces. Les ouvriers s'en aperçurent vite, et ralentirent partout leur production pour forcer le patron à augmenter ses taux de base; on rompait le contrat en sens inverse, et, dans cette lutte dont on voyait mal l'issue, le salaire aux pièces était complètement discrédité.

Plus récemment, on a proposé d'autres modes de rémunération. On les nomme salaires avec primes. On connaît les primes de Halsey ou de Rowan. Le principe consiste à donner un minimum de salaire en échange d'un minimum de travail en quantité et en qualité, minimum auquel, en cas de production plus grande, on ajoute une prime dont la formule ne nous importe pas en ce moment. Néanmoins, le mot « prime », ou son aspect mathématique, a fait illusion à beaucoup. Ce qui importe en cette question, ce n'est pas la formule du salaire, mais les expériences sur lesquelles on l'appuie. Ces expériences sont précisément celles qui aboutissent à standardiser et à chronométrer, et il est clair qu'elles supporteraient tout aussi bien le salaire aux pièces que le salaire à primes. En effet, lorsqu'on a standardisé et chronométré un travail, l'ouvrier connaît la meilleure manière de le faire et

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on connaît le temps qu'on peut exiger de lui. Si, par surcroît, le chronométrage a été rendu public, ce temps est tacitement admis par tout l'atelier. Il permet donc de fixer un salaire de base et il y a bien peu de chances que l'ouvrier improvise une standardisation nouvelle qui lui amène des profits exagérés. Dès lors, la standardisation et le chronométrage deviennent une sorte de charte, posée une fois pour toutes entre l'employeur et l'employé, et dont l'équité dépend de son caractère scientifique.

Le chronométrage, à la condition qu'il ne vienne qu'à la suite d'une standardisation, est de plus en plus accepté, désiré même, par beaucoup de syndicats ouvriers. Si le chronométrage a eu, il y a quelque temps, une très mauvaise presse dans les milieux syndicalistes, c'est qu'on le caricaturait de la façon la plus sotte et la plus odieuse ; d'abord on ne le faisait pas précéder de standardisation, mais on laissait chaque ouvrier inventer des méthodes qui auraient dû être établies par un bureau d'études; ensuite on chronométrait, non des ouvriers moyens, mais des ouvriers d'élite; enfin on était parfaitement décidé à diminuer les prix de base, si ces sortes de coups de cravache obtenaient un meilleur rendement. Cette méthode -est-il besoin de le prouver?- était presque exactement le contraire de la méthode scientifique que nous venons de décrire, et les ouvriers n'avaient point tort de dire qu'elle n'était, en somme, que l'organisation du surmenage.

Mais si les ouvriers acceptent un chronométrage et une standardisation fondés sur l'expérience, c'est un certain nombre de patrons qui se refusent à l'appliquer ; ces patrons, beaucoup plus capitalistes qu'industriels,trouvent en effet plus commode de laisser l'ouvrier deviner luimême les gestes les plus utiles que à monter, avec quelques dépenses d'argent et de grosses dépenses d'intelli

gence, ces bureaux d'études dont l'institution est cependant leur besogne propre.

Il faut espérer, néanmoins, que cet état d'esprit patronal disparaîtra comme l'état d'esprit ouvrier que nous rappelions auparavant, et qu'en ces matières c'est la science qui s'imposera, amenant avec elle, dans les rapports des employeurs et des employés, une justice qui contribuera dans une très large mesure à l'accroissement de la production.

JOSEPH WILBOIS,

Directeur de l'École d'Administration et d'Affaires.

VARIÉTÉS

I

ANCIENNE MÉDECINE ARABE (Suite.) (1)

Le milieu historique, sommairement évoqué dans les pages qu'on vient de lire, prêtera, croyons-nous, une saveur plus précise aux quelques épisodes et traits de mœurs qu'il nous reste à grouper pour achever notre esquisse de l'ancienne médecine arabe.

Hygiène générale.

Nous avons dit que le Prophète ne dédaignait pas d'enseigner les rudiments de l'hygiène et de la thérapeutique. Nous retrouvons cette préoccupation de l'hygiène physique dans plusieurs de ces Manuels orientaux de religion, de morale et de savoir-vivre, si pittoresques avec leur entrelacement perpétuel de préceptes, d'exhortations, d'historiettes tristes ou joyeuses et de jolis vers.

Voici, par exemple, une leçon de frugalité, extraite du Gulistan ou « Jardin des roses », de Sa'di (1193-1291), petit livre encore usité dans les écoles persanes :

<< Il est écrit aux Annales d'Ardeshir Babekan, que ce souverain demanda à un médecin arabe quelle quantité de nourriture il était convenable de prendre chaque jour. La réponse fut Le poids d'une centaine de dirhems suffit. Mais, reprend le roi, quelle vigueur cette quantité-là vat-elle me donner? Le médecin répliqua : Cette quantité te portera; mais tout ce que tu prendrais en plus, c'est toi qui devrais le porter.

(1) Voir REV. Qu. Sc., avril 1922, pages 403-419.

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