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mordu l'avant-veille par un chien reconnu enragé. A la vue des multiples blessures du petit, Pasteur ne put se décider; il demanda l'avis de Grancher et de Vulpian. Sans hésitation ceux-ci affirmèrent que les expériences sur les chiens avaient été assez démonstratives et concluantes pour tenter la vaccination préventive chez le petit Alsacien.

Le jour même le traitement fut commencé et les inoculations se répétèrent tous les jours jusqu'à ce qu'on lui eût injecté du virus non atténué. Le résultat fut pareil à celui des nombreuses expériences sur les animaux le jeune garçon resta indemne de la maladie.

Pasteur communiqua cette remarquable découverte à l'Académie des sciences dans une séance du mois d'octobre et il termina son exposé en annonçant qu'il venait de soumettre au même traitement une autre personne mordue. En voici l'histoire rapportée par Vallery-Radot:

<< Six petits bergers gardaient leurs troupeaux dans un pré. Tout à coup ils virent sur la route un chien de forte taille qui passait, la gueule pleine de bave. « Un chien fou!», s'écrièrent-ils, le mot fou étant pour eux synonyme d'enragé. A leur vue l'animal quitte la route pour se précipiter sur eux. La bande des enfants se sauve poussant des cris. Le plus âgé qui était dans sa quinzième année, J.-B. Jupille, voulut protéger la fuite de ses camarades. Armé de son fouet, il marche droit sur l'animal. D'un bond le chien se jette sur Jupille et lui mord la main gauche. Une lutte s'engage, Jupille terrasse le chien. Puis de la main droite il lui ouvre la gueule pour dégager sa main gauche toujours serrée comme dans un étau. Il y parvient, mais sa main droite reçoit à son tour de graves morsures. Il lutte encore. Il saisit le chien par le cou. Pendant le combat, son fouet est tombé. Il appelle son petit frère qui revient sur ses pas, ramasse et apporte le

fouet. De la lanière Jupille lie la gueule du chien. Prenant alors son sabot, il frappe et assomme l'animal » (1).

Jupille fut soumis aux inoculations préventives six jours après avoir été mordu et resta également indemne. A partir de ce moment, les mordus affluent chez Pasteur des divers départements de la France, et des autres pays de l'Europe. En moins de six mois, il avait l'occasion d'appliquer sa méthode dans 350 cas. Une seule victime succomba à la rage : une petite fille soumise au traitement 37 jours après la morsure.

Le traitement préventif de la rage était trouvé. Cette découverte sans pareille tant au point de vue humanitaire qu'au point de vue de la science entraînait la nécessité de créer un office vaccinal contre la rage. Telle fut l'origine de l'Institut Pasteur de Paris.

RÉPERCUSSION DE SES TRAVAUX SUR LA CHIRURGIE

Les découvertes de Pasteur sur la génération spontanée, sur l'étiologie des maladies contagieuses, sur les vaccinations préventives furent pour la médecine et la chirurgie non pas un progrès normal, mais une véritable révolution. Aussi devaient-elles les modifier profondément. Ce fut au début la chirurgie qui en profita surtout.

Lister fut le premier à saisir toute la portée des travaux de Pasteur et à conformer sa technique opératoire à leurs indications. Au lieu de considérer, à l'exemple des disciples de l'école de Broussais, l'inflammation comme nécessaire et utile à la guérison, il s'efforça d'empêcher l'irflammation en s'opposant au développement des microbes par l'emploi d'antiseptiques. Grâce à cette pratique, la mortalité se réduisit chez les opérés dans une forte proportion et beaucoup d'opérations fatales jusque-là furent exécutées désormais avec succès.

(1) Dans le jardin de l'Institut Pasteur de Paris, une statue représente le jeune berger terrassant le chien enragé.

Mais la chirurgie fut, on peut le dire, transformée, quand à l'antisepsie succéda l'asepsie, c'est-à-dire quand le chirurgien s'efforça de prévenir l'infection ou la contamination des plaies et des incisions du champ opératoire. A partir de ce moment, en médecine aussi bien qu'en chirurgie, la spontanéité des maladies et des infections chirurgicales avait fait son temps. Cette conception ancienne, avec toutes les opinions néfastes qu'elle avait engendrées, fut définitivement abandonnée pour les théories modernes de l'origine microbienne des maladies contagieuses et des suppurations chirurgicales.

TRAVAUX DES ÉLÈVES DE PASTEUR

Nous nous contenterons de citer ici les travaux de ceux qui ont travaillé sous la direction immédiate de Pasteur. S'il fallait envisager également l'œuvre accomplie par tous les savants qui ont bénéficié de l'école de Pasteur, il faudrait entamer l'un après l'autre tous les chapitres de la bactériologie et de l'immunité.

La science doit aux élèves de Pasteur la découverte du bacille de la peste (Yersin), du phénomène de la phagocytose (Metschnikoff) et du sérum antidiphérique (Roux).

La diphtérie, avant l'ère de la sérothérapie, était très meurtrière. Pour montrer toute la gravité de ces épidémies, citons un passage d'une lettre qu'une mère éplorée adressa à Pasteur déjà malade et malheureusement incapable d'y répondre:

« Vous avez fait tout le bien qu'un homme puisse faire sur la terre. Si vous le voulez, vous trouverez sûrement le remède à l'horrible mal qui s'appelle la diphtérie. Nos enfants, à qui nous apprenons votre nom comme celui d'un grand bienfaiteur, vous devront de continuer leur vie » (Vallery-Radot).

Le docteur Roux s'attacha à cette question. Il put établir que le bacille de la diphtérie, en se développant

dans les fausses membranes, sécrète une toxine qui par résorption produit l'empoisonnement de l'organisme; cette toxine injectée à des animaux, à des doses progressivement croissantes, crée chez ceux-ci l'immunité et confère à leur sérum la propriété de neutraliser cette toxine. Ces constatations étaient la base de la sérothérapie moderne et, dès l'année 1894, l'Institut Pasteur mit dans le commerce le sérum antidiphtérique, le sérum qui a sauvé et sauvera encore tant d'existences.

Les découvertes de Pasteur ont éclairé d'un jour nouveau l'obscure question des fermentations; elles ont solutionné le problème de la génération spontanée et ont puissamment contribué au relèvement de plusieurs branches de l'industrie et de l'agriculture.

La portée économique de ces découvertes fut telle qu'un grand physiologiste anglais, dans une leçon publique de la Société royale de Londres, alla jusqu'à prétendre que « les découvertes de Pasteur suffiraient à elles seules pour couvrir la rançon de guerre de cinq milliards payés par la France à l'Allemagne ».

A ce capital industriel s'ajoute encore la valeur inappréciable des vies humaines sauvées par les progrès de la chirurgie, par les vaccinations antirabiques, par la sérothérapie antidiphtérique.

Louis Pasteur fit de son remarquable génie un noble emploi; ses convictions chrétiennes le guidèrent et le soutinrent dans un labeur fécond qui l'élève au rang des grands bienfaiteurs de l'humanité.

R. BRUYNOGHE,

Professeur à l'Université,

Directeur de l'Institut bactériologique

de Louvain.

LE

CALCUL DES PROBABILITÉS

Le Calcul des Probabilités est la science qui a pour objet de mesurer les chances d'arrivée des événements dus au hasard.

Au XVIIe siècle, qui fut le siècle de sa naissance, on l'appelait aussi la Doctrine des Hasards, ou la Théorie des Chances.

Le Calcul des Probabilités est l'une des branches les plus attrayantes des Mathématiques et les plus fécondes en applications, mais aussi, selon la remarque déjà de Daniel Bernoulli, l'une des branches les plus épineuses (1).

Bon nombre de géomètres, et des plus grands, ont consacré leurs veilles à ce haut Calcul. Ils y ont vu plus qu'un pur exercice d'Arithmétique ou d'Analyse, ou qu'un simple stimulant de l'esprit d'invention en Mathématiques ; ils ont, de bonne heure, égalé le mérite des belles et subtiles investigations de cette science neuve au mérite immortel des antiques et profondes recherches de Diophante (2). Méditée par eux, la Théorie des Probabilités a ouvert la voie à d'importants progrès de l'Analyse pure et a rendu aux sciences d'observation, notamment aux sciences physiques, aux sciences biologiques, aux sciences économiques, des services inappréciables. Les applications les plus connues du. Calcul des Probabilités

(1) Facile videbis hunc Calculum esse saepé non minus nodosum quam jucundum.

(2) Huygens, Préface de son De Ratiociniis in Ludo Aleae, 1657.

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