Sayfadaki görseller
PDF
ePub

nes, qui se meuvent au-dessous de lui, vous jugez impossible qu'il s'allie avec elles, afin de les presser à chaque instant et de les faire avancer. Pour s'établir en contact permanent avec les choses humaines, et exercer sur elles son action, il vous semble nécessaire qu'il participe de leur mouvement. Mais, placez-vous en face du Christianisme, contemplez son admirable économie. Vous le verrez se distribuant en deux parties fortement séparées, l'une essentielle, constitutive, qu'on appelle partie dogmatique, l'autre accidentelle, accessoire, qu'on nomme partie disciplinaire. Vous verrez la première, parfaite, immuable, tenir continuellement présente aux hommes la perfection absolue, à laquelle le Christianisme les attire; la seconde, perfectible, mobile, ne servir qu'à appliquer l'autre, c'est-à-dire, à faire passer les hommes par chaque degré de cette perfection. Vous le verrez, par sa partie dogmatique, s'élever au-dessus des temps, inaccessible à leurs révolutions, pur de leurs troubles; et, par sa partie disciplinaire, revêtir successivement la face de chaque siècle, s'identifier avec lui, prendre son esprit, consulter ses besoins et ses nécessités. Ainsi, tandis que, dans son symbole, arrêté dès le premier jour par les apôtres, se conservent inaltérables les vérités qui le constituent, la manière dont il applique ces vérités à la régénération de l'homme, et qui n'est autre chose que sa discipline, varie avec les âges. Le Christianisme est donc réellement de chaque temps, puisqu'il se plie à chacun ;

réellement aussi il n'est enfermé dans aucun, puisqu'il convient également à tous, brillant au-dessus de tous de la vérité, de la justice et de la perfection éternelles. Nous le redisons encore: O merveilleuse économie d'une institution, qui répond aux deux grands besoins du genre humain, à cette soif de perfection qui l'agite, et à toutes les vicissitudes qu'il faut traverser pour y arriver successivement!

CHAPITRE XV.

LE CHRISTIANISME N'ASSERVIT POINT LA RAISON.

Toujours est-il, enfin, nous direz-vous, que si le Christianisme précède la raison au lieu de la suivre, la conduit au lieu d'être conduit par elle, c'est lui qui fixe ce qui doit être la vérité à son égard, et partant il l'asservit. Qu'entendez-vous donc par asservir? Voulez-vous dire qu'il la contraint? Mais ignorez-vous que lui seul a sapé dans son fondement l'intolérance, cette terrible nécessité des anciennes sociétés; que lui seul est tolérant par essence, qu'il repousse toute contrainte et n'emploie que la persuasion et la douceur? Vous voyez les croyances chrétiennes imposées par la loi dans le moyen âge ah! de grâce, lorsque vous voulez juger le Christianisme, cessez de le prendre dans sa discipline théocratique de cette époque; osez une fois le regarder en lui-même, et hors de cette forme alors indispensable, aujourd'hui dépouillée sans retour, et qui le travestissait.

CHRISTIANISME ET CIVILISATION.

Par asservir entendez-vous que, donnant

363

pour vrai

croyance

à la raison ce qu'il enseigne, il lui interdit le libre examen et lui fait une loi de la soumission et de la aveugles? c'est ce qu'il faut voir. La raison s'applique à Dieu, à l'homme, à l'univers. Qu'enseigne le Christianisme sur Dieu et sur l'homme? Précisément ce qu'enseigne la vraiep hilosophie, c'est-à-dire la raison éclairée par la vérité ; dès lors il n'asservit pas plus la raison que l'homme qui expose les principes d'une science n'asservit ceux qui l'écoutent. Ou les disciples acceptent la chose enseignée parce qu'ils la comprennent, et, en ce cas, ils ne sont asservis que par la vérité, qui éclaire leur intelligence, ce qui est la suprême liberté; ou ils la rejettent parce qu'ils ne la comprennent pas, et en ce cas, ils fon acte manifeste de liberté; ou, enfin, ils l'acceptent quoiqu'ils ne la comprennent pas, et, en général, ce n'est que provisoirement et dans l'espoir de comprendre après de plus mûres réflexions, et s'ils l'acceptent définitivement, c'est avec liberté, vu qu'ils peuvent la rejeter, et, en ce cas encore, nul asservissement, ou bien c'est un asservissement, qui se reproduit sans cesse dans la vie, obligés que nous sommes tous d'admettre sur parole une foule de choses. Encore y a-t-il cette prodigieuse différence entre le Christianisme et le particulier qui enseigne, que les enseignements de celui-ci restant toujours dans un étroit espace et ne s'adressant qu'à un petit nombre de personnes, il peut arriver qu'aucune ne comprenne, tandis que ceux du

Christianisme, embrassant les lieux et les temps, s'adressant aux peuples et aux générations, il est impossible qu'ici ou là, une fois ou une autre, ils ne soient pas compris. Par conséquent, ce ne sera pas la raison humaine qui sera asservie, mais la raison de tels ou tels qui sera faible et aura besoin d'être conduite.

Passons à l'univers. S'agit-il de sa structure, le Christianisme l'abandonne à la curiosité humaine; il donne carte blanche à la pensée, tradidit mundum disputationibus eorum', et n'a rien à démêler directement avec l'astronomie, la physique, la chimie, la minéralogie, la botanique et la zoologie. S'agit-il de son origine, à laquelle se rattache celle de l'homme, il enseigne que l'un et l'autre ont été créés par Dieu; et, à moins de prétendre qu'ils se sont formés eux-mêmes, ou qu'ils sont éternels, deux opinions également absurdes, et que leur absurdité ne rendra pas communes, il faut bien admettre qu'ils ont Dieu pour auteur.

Il enseigne aussi que cette création a été successive, qu'elle a duré six jours, dont le dernier a été consacré à la formation de l'homme, laquelle remonte à six mille ans environ. A l'égard de ce dernier point, nous voulons dire l'âge du genre humain, l'histoire et la géologie concourent à confirmer la vérité de l'enseignement biblique! << Il est bien vrai, dit M. Boubée, que l'homme n'a que six ou sept mille ans d'ancienneté sur le globe

1. Eccles., III, 2.

« ÖncekiDevam »