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rapport avec l'idée que celui du signe, et d'un signe arbitraire, à la chose signifiée; et lorsque saint Paul et saint Augustin'ont dit que la vérité n'est ni grecque ni latine, c'est-à-dire qu'elle est éternelle et invariable, au milieu des incessantes vicissitudes des langues, ils n'ont fait que proclamer les idées générales indépendantes de la parole, et se montrer les organes du bon

sens.

Ils allèguent sans cesse ce sublime passage de l'évangéliste Le Verbe est la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Cette expression, le Verbe, est pour eux l'objet d'une confusion puérile, ou d'un jeu de mots plus puéril encore. Qu'est-ce que le Verbe divin? C'est la seconde personne de la Trinité, la raison souveraine. Il éclaire tout homme venant en ce monde : 1o parce que la raison de tout homme est faite à son image, et que dès lors elle tient sa lumière de la lumière du Verbe; 2o parce que la raison de tout homme, de cela seul qu'il est lumière créée, ne peut se conserver d'elle-même et éclairer réellement sans être unie au Verbe. En deux mots, le Verbe éclaire tout homme venant en ce monde, et comme créateur, et comme conservateur. Ainsi l'entendent, depuis dix-huit siècles, et philosophes, et théologiens, et catéchistes; et il n'est tombé dans aucune tête que le Verbe éclaire

1. Conf., lib. X, cap. xx.

2. Joan. 1, 9.

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CHRISTIANISME ET CIVILISATION.

l'homme par la parole matérielle et par les sens. Lorsque le Verbe, fait chair, est venu parler aux hommes, il ne les a éclairés par ses discours qu'en les portant à écouter la voix intérieure qu'il faisait parler dans eux, comme raison souveraine. « La raison souveraine, dit saint Augustin, est le Verbe de Dieu, le principe de toutes choses, qui nous parle intérieurement. C'est ce qu'il dit de lui-même dans l'Évangile ; et s'il a fait retentir aux oreilles des hommes sa parole extérieure et sensible, c'est pour les porter d'abord à croire en lui, ensuite à le chercher au dedans d'eux-mêmes et à le découvrir dans l'éternelle vérité, où ce bon et unique maître instruit ceux qui l'écoutent. C'est là, Seigneur, que j'entends votre voix qui me dit que ce qui nous parle, c'est ce qui nous instruit, et que ce n'est point à nous que parle ce qui ne nous instruit point. Or, qui nous instruit, sinon la vérité immuable1? »

1. Ipsum (ratio æterna) est Verbum tuum, quod et principium est, quia et loquitur nobis: sic in Evangelio per carnem ait; et hoc insonuit foris auribus hominum, ut crederetur, et intus quæreretur, et inveniretur in æterna veritate, ubi omnes discipulos bonus et solus magister docet. Ibi audio vocem tuam, Domine, dicentem mihi, quoniam ille loquitur nobis qui docet nos; qui autem non docet nos, etiam si loquitur, non nobis loquitur. Quis porro docet nos, nisi stabilis veritas? (Conf. lib. XI, cap. vIII.)

CHAPITRE IX.

SUITE DU MÊME SUJET.

EXISTENCE DE LA LOI NATurelle.

Le système qui dépouille la raison humaine des idées générales qui la constituent et qui forment sa lumière, pour n'en faire qu'une capacité vide, doit nécessairement en déraciner aussi la loi naturelle, qui nous unit à Dieu et à nos semblables immédiatement et sans lien extérieur; car les principes de la loi naturelle font partie des idées générales que nous portons en nous-mêmes. Qu'importe que tout proclame cette loi, et la conscience du genre humain, et les prophètes, et les philosophes, dans le temps même où elle était exclue de la société, soumise à l'empire absolu de la loi positive, soit religieuse, soit civile ? Le système de MM. de Bonald et de La Mennais ne peut s'accommoder de son existence, et ils ne balancent pas à la rayer du cœur de l'homme.

Après avoir systématiquement séparé l'homme de la société, dit M. de La Mennais, il a fallu, ou l'abandonner à un athéisme irremediable, ou soutenir qu'il existe

en lui une morale religieuse et indépendante de la tradition, loi certaine et connue de tous, sans révélation primitive et sans enseignement extérieur qui la perpétue. Une juste horreur de l'athéisme a porté la plupart de ces philosophes à prendre ce dernier parti. Ils ont donc imaginé une religion qu'ils appellent naturelle, parce que la nature, disent-ils, l'enseigne à tous les hommes, de sorte que chacun, en consultant la raison seule, y découvre ce qu'il doit croire et ce qu'il doit pratiquer. On s'est habitué dès lors à distinguer deux religions différentes par leur origine, l'une naturelle et nécessaire, l'autre révélée et contingente; opposant ainsi la nature et la révélation, comme si la révélation, qui n'est que la manifestation de Dieu à l'homme, le Créateur parlant à sa créature intelligente, le pouvoir à ses sujets, le père à ses enfants, n'était pas tout ce qui se peut concevoir de plus conforme à la nature de l'homme, qui ne sait rien que ce qu'on lui a appris, et à la nature de Dieu, qui n'a créé l'homme que pour en être connu, aimé et servi1. »

Voilà une dénégation nette de la loi naturelle. Cette loi religieuse et morale qui nous unit à Dieu et à nos semblables, qui est indépendante de la tradition, et que l'homme porte en lui-même, cette loi n'est qu'une invention des philosophes, et une juste horreur pour l'athéisme a pu seule les porter à l'imaginer. Avant

1. Essai sur l'indif., IVe part., chap. 1.

d'examiner les preuves sur lesquelles cette tranchante dénégation se fonde, ferons-nous remarquer la confusion étrange qui termine ce passage? De ce qu'il est conforme à notre nature que Dieu nous révèle des vérités nécessaires, M. de La Mennais se hâte de conclure que la possibilité, la grande convenance pour nous de recevoir de Dieu cette révélation, forment notre nature même, confondant ainsi l'usage que nous pouvons faire des choses extérieures avec les parties intégrantes de notre

être.

Comment prouve-t-il que la loi naturelle ne réside point dans l'âme, et qu'elle n'est qu'une invention des philosophes? D'abord, parce que pour la connaître nous avons besoin qu'on nous l'enseigne. Ici reparaît encore la misérable confusion entre l'existence de la loi naturelle dans l'esprit et la connaissance actuelle et distincte qu'il en peut obtenir, confusion déjà relevée par M. de Maistre et par Leibnitz. Que nul homme ne découvre seul dans sa raison les rapports intérieurs qui l'unissent immédiatement à Dieu et à ses semblab'es, qu'il faille qu'un enseignement extérieur vienne les lui apprendre, nous le voulons bien : il en est cependant qui les y ont trouvés, sans autre secours qu'une grande force de pensée. Mais que conclure de là ? que l'enseignement qui vient nous montrer ces rapports en porte l'idée dans notre esprit comme une chose étrangère? Encore un coup, il est impossible que la parole y porte quoi que ce soit; elle ne saurait surtout, instrument

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