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ses mystères, vrais ou faux. Vous-mêmes, partisans du progrès continu, qui êtes à élaborer un culte, vous voulez que ce soit un culte positif, puisque vous en cherchez les éléments dans tous les cultes de ce genre, qui ont passé et qui existent encore. Et la plus étrange des illusions est celle qui vous persuade qu'en sortant de votre fabrique il trouvera des générations qui l'acceptent. C'est bien alors qu'elles auraient le droit de le rejeter comme la plus absurde et la plus révoltante des servitudes qu'êtes-vous, quels sont vos titres, pour exiger la soumission de la raison? Après tout, n'est-il pas évident qu'un culte doit élever l'homme à Dieu ? Et comment le pourrait-il, s'il ne partait de Dieu, s'il ne tombait de Dieu sur l'homme? Le Christianisme remplit cette haute mission, parce qu'il est la chaîne libératrice jetée du sein de l'Éternel à l'homme luttant au milieu des flots de l'erreur et du mal. Encore un peu de temps, et vous verrez les générations embrasser avec un transport nouveau son culte suspendu à Dieu, et vous vous trouverez soulagés du terrible. fardeau de créer la religion de l'avenir..

N'équivoquons pas sur le mot asservissement : nous soutenons que le Christianisme ne rétrécit en rien le champ où la raison peut se déployer; et c'est là l'unique point en discussion, le grand reproche que vous lui adressez, puisque vous prenez Pascal en pitié' de ce

1. Revue encyclopédique, tome LVII, page 509.

que, soumettant à l'examen de la raison toute science, il lui soustrait la partie surnaturelle de la théologie, qui n'est point de sa compétence. Maintenant, si vous regardez comme une servitude de la raison la nécessité du secours qu'elle tire du Christianisme, nous le voulons bien quiconque ne peut se suffire soi-même est dépendant de tout ce qu'il emprunte; mais souvenezvous que l'homme s'est créé cette nécessité. Que n'estil resté tel qu'il sortit des mains de Dieu! Malheureusement il est déchu, et il a perdu sa merveilleuse indépendance. La vie entière lui est devenue un vaste et perpétuel assujettissement. Habitudes, lois, gouvernements, sciences, lettres, arts, industrie, rien qui ne l'asservisse, puisque rien qui ne soit pour suppléer sa faiblesse et lui fournir un appui, sans lequel il ne saurait vivre; et depuis la main qui le reçoit du sein maternel, jusqu'à celle qui le dépose dans la tombe, il ne fait qu'aller de servitude en servitude. Oui, cette triste destinée, c'est lui qui se l'est faite. Mais n'eût-il point apporté dans sa nature l'altération qui l'entoure de tant de chaînes, il ne jouirait pas encore d'une complète indépendance, puisqu'il dépendrait toujours de Dieu, qui lui a donné l'être et qui le lui conserve. Dieu seul, que la plénitude de l'être fait le fondement de luimême, se suffisant à soi, Dieu seul est libre de tout assujettissement. Encore un coup, n'abusons pas des mots, et distinguons entre les asservissements qui oppriment les puissances de notre être et ceux qui servent

à les exercer; comprenons bien que plus nous accepterons ceux-ci, plus nous serons affranchis des autres. Si le Christianisme nous attache à Dieu, nous lui devons la liberté, car il nous tient à la source de l'indépendance qui nous est propre.

CHAPITRE XVI.

LA VRAIE RELigion, ou le CHRISTIANISMe, subsiste toute

D'UNE PIÈCE, ET NE SAURAIT SE COMPOSER DES VÉRITÉS

ÉPARSES DANS LES PRINCIPALES RELIGIONS DU MONde.

Mais voici la grande fin de non- recevoir qu'on oppose au Christianisme : la religion de l'avenir, dit-on, doit être universelle, embrasser tous les peuples, et ce caractère exige qu'elle sorte à la fois de leurs origines diverses. Or, cette condition n'appartient point au Christianisme, qui n'en comprend qu'une infime minorité.

Dans cette malheureuse décadence de la métaphysique, qui dure depuis plus d'un siècle, l'éclectisme paraît être la maladie des esprits conciliateurs et qui sentent le besoin de l'unité dans la pensée humaine, à quelque science qu'elle s'applique. Après avoir tenté de se glisser dans la politique et dans la philosophie, il cherche à pénétrer dans la religion. Mais où qu'il transporte ses tentatives, il se brisera toujours contre

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CHRISTIANISME ET CIVILISATION.

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l'essentielle inflexibilité des principes, qui ne permet point d'associer les contraires, et il faut bien que les esprits qui en sont affectés, s'en guérissent. « L'éclec« tisme! s'écrie M. Cousin ; je n'ignore pas que ce nom « soulève toutes les doctrines exclusives.... Proposez «< donc aux partis de déposer leurs prétentions tyranniques dans le service de la commune patrie : tous << les partis vous accuseront d'être un mauvais citoyen. <<< Les doctrines exclusives sont dans la philosophie ce « que les partis sont dans l'État.... Tous les rôles fanatiques en philosophie ont été dérobés au dix<< neuvième siècle par les siècles précédents. Il est «< comme condamné à un rôle nouveau, le plus humble « en apparence, mais en réalité le meilleur et le plus grand, celui d'être juste envers tous les systèmes, « sans être dupe d'aucun d'eux'. »

User envers les systèmes de la même tolérance qu'envers les hommes, ne pas plus faire de Vêpres Siciliennes et de Saint-Barthélemy contre les uns que contre les autres, accorder aux principes profondément séparés, de Platon, d'Aristote, de Zénon et d'Épicure, le même accueil qu'on ferait à leurs personnes, voilà donc le caractère et le rôle de l'éclectisme! On voit bien qu'il a peur d'être fanatique; ce sentiment le jette à l'autre extrême, au delà des limites de la libéralité. En effet, cette nouvelle espèce de tolérance suppose que dans

1. Préface du Manuel de la philosophie, pages 12 et 13.

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