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Vers l'an 858 Wénilon et les évêques de sa province réclamérent du pape Nicolas 1er la déposition de l'évêque de Nevers Hérimannus dont l'esprit s'était dérangé (L. 130). Déjà suspendu au synode de Soissons (avril 853), il avait été rétabli au Concile de Verberie (automne de la même année) et était, paraît-il, retombé dans ses aberrations accoutumées. La réponse du pape nous a été conservée; elle est très générale et conseille l'indulgence aux évêques envers Hérimannus qui est plus à plaindre qu'il n'est digne de châtiment. La lettre pontificale n'est pas datée, mais Mansi la marque comme étant de 858, et cette date pourrait être la vraie, car Hérimannus était un des prélats favoris de Charles, et Wénilon abandonna en 858 le parti de Charles pour celui de Louis-le Germanique. Il ne serait pas surprenant qu'il eût songé à se défaire ainsi d'un suffragant qu'il savait hostile à ses projets.

Au mois de septembre 858, pendant que Lothaire II et Charles essayaient de lutter contre les Normands à Oissel, Louis-leGermanique envahit la Francie occidentale. Charles dut chercher un refuge en Burgondie avec tous ceux qui lui étaient fidèles. Servat Loup le suivit à Auxerre, et fut chargé par lui d'une mission de confiance, mais on ne sait où il fut envoyé : Baluze pense qu'il fut dépêché en Germanie où il avait longtemps résidé, et dont il connaissait la langue; mais il y avait à cette époque 22 ans que Loup avait quitté Fulda, et il avoue lui-même qu'il avait toujours eu peu de goût pour la langue germanique. Les raisons alléguées par Baluze tombent ainsi d'elles-mêmes, et il est plus prudent d'enregistrer simplement le fait de la mission, sans chercher à préciser davantage, puisque Loup a gardé le secret sur son ambassade. Servat Loup remercia les moines de Saint-Germain d'Auxerre (L. 116) de l'hospitalité qu'ils lui avaient offerte alors que Ferrières semblait menacé par les Normands, et que la situation du roi et de ses partisans était si précaire.

Remis de ses terreurs, Charles-le-Chauve songea à tirer vengeance de Wénilon qu'il accusait de l'avoir abandonné. Un concile fut réuni à Savonnières près Toul, et l'évêque de Sens y fut cité. Le soin de porter la sentence du concile à l'accusé fut départi au métropolitain de Tours, Hérard, mais il se fit remplacer par Robert, évêque du Mans, qui calomnia Servat Loup,

1. Mansi, Conc. T. XV. Sirmond, Hist. Conc. Gall. donne la date de 862 (T. III, p. 165).

auprès de Wénilon. Loup était resté l'ami de son métropolitain tout en restant fidèle au roi Charles; il se défendit avec fermeté contre les accusations de Robert (L. 124). Quoique chargée de citations bibliques la lettre de Loup à Wénilon est moins remplie que d'autres de lieux communs et de vaine rhétorique; on y sent le réel chagrin de l'ami loyal qui se voit accusé de trahi

son.

Parmi les prélats présents au concile de Savonnières figurait l'évêque de Besançon, Arduicus. Servat Loup paraît s'être lié d'amitié avec lui et en avoir obtenu la promesse d'un secours efficace en cas d'une nouvelle invasion normande. La lettre 120 rappelle cette promesse à Arduicus; Loup et ses frères sont dans l'attente; ils voudraient avoir au moins l'espérance d'une entrevue avec l'évêque de Besançon.

En 860 l'ami de Servat Loup, Eigil, se démit des fonctions d'abbé de Prüm ; il avait souscrit au divorce de Lothaire et de Teutberge et s'était ensuite repenti de sa coupable complaisance; il avait abdiqué et s'était retiré de France. Ce fut un autre ami de Loup, le moine Ansbold, qui fut pourvu du gouver nement de l'abbaye. Nous avons la lettre que Loup lui écrivit pour le féliciter de son avènement (L. 117). La même année il félicitait le comte Gérard de ses succès contre les Normands qui avaient paru à l'embouchure du Rhône (L. 122). et lui recommandait un de ces anciens moines, nommé Adon, qui venait d'être élu évêque de Vienne.

Le 25 mars 861 Loup se plaignait (L. 123) d'avoir été empêché, par sa présence à l'assemblée, de recevoir la visite d'Ansbold; il espérait rencontrer bientôt une occasion plus favorable. Mais les Normands étaient rentrés en campagne. Le jour de Pâques 861 ils avaient envahi Paris et brûlé l'abbaye de SaintGermain ; bientôt, on les signala dans une île de la Seine en face de Melun; la terreur se répandit dans toute la contrée; l'abbé de Ferrières, malade et abattu, ne voyait aucun moyen d'échapper aux barbares, quand le nouvel évêque de Troyes, Folcricus, successeur de Prudence, lui offrit asile, en cas d'invasion, dans son domaine d'Aix-en-Othe au milieu des bois. Loup le remercia (L. 125) avec une effusion qui montre quelle avait été son épouvante: il demande à l'évêque de réserver ce domaine pour donner un abri aux moines de Ferrières s'ils sont encore menacés par les pirates; il voudrait que les champs fussent tous ensemencés, que l'on plantât des vignes, que l'on

amassât des provisions afin que la retraite fût plus douce en cas de danger (ut... latibuli nostri asperitas memoratis subsidiis leniatur.)

Les inquiétudes et les fatigues de l'année 861 avaient altéré la santé de l'abbé de Ferrières; il n'osait plus même aller voir ses amis. Odon, ancien abbé de Corbie, était devenu évêque de Beauvais ; Loup aurait voulu chercher auprès de lui quelques secours dans cette année de famine et de désolation, mais il était faible (L. 127,) et ne pouvait plus voyager que par bateau; il priait Odon de lui envoyer son cheval le moins dur pour arriver jusqu'à sa demeure. Cette lettre est écrite au mois de mai les allusions aux secours demandés, et à la maladie de Loup, nous amènent à lui donner la date de 861.

L'été rendit quelque santé au pauvre abbé, mais à l'automne la maladie prit un caractère plus alarmant. Loup put encore assister, avec Wulfade abbé de Rebais et de Saint-Médard de Soissons, au concile de Pistes; Baluze attribue à l'année 862 où fut tenue cette assemblée, la lettre 121 adressée à Wulfade. Loup demande quel sera l'itinéraire du roi. Mais ce fut la dernière fois qu'il eut à jouer un rôle public. Après avoir semblé se rétablir de la maladie qui l'avait attaqué dans le courant de 861, il en fut repris avec une nouvelle violence, et les symptômes qu'il décrit à Wénilon (L. 126) ne permettent guère de douter que le résultat n'ait été funeste. Il a été pris d'une toux subite, qui l'étouffe ; il a perdu beaucoup de sang, il est resté d'une extrême faiblesse, et n'ose quitter l'abbaye avant d'avoir pris un peu de repos.

On a voulu prétendre que Servat Loup avait fini par encourir la disgrâce de Charles-le-Chauve, et l'on a ainsi expliqué le silence qui se fait sur son nom après 862. La lettre que nous venons de citer, et qui nous paraît être la dernière qu'il ait écrite, dispense de recourir à cette hypothèse toute gratuite. Cette maladie de poitrine, dûe aux rigueurs de la vie monastique, aux privations et aux épreuves de l'année 861, Loup en est mort après le concile de Pistes en 862, et telle a été l'in différence générale qu'aucun monument n'a jamais rappelé dans l'ancienne abbaye de Ferrières le souvenir de celui que le copiste du x siècle regardait déjà comme un saint, le souvenir du Bienheureux Servat Loup.

INCIPIUNT EPISTOLÆ

BEATI LUPI ABBATIS FERRARIENSIS

I. - EPIST. 1. (830)

CARISSIMO SUO1 EINHARDO' L. S.

Diu cunctatus sum, desiderantissime hominum, auderem necne excellentiæ vestræ scribere. Et cum me ab hoc officio aliæ rationabiles causæ, tum etiam ea maxime deterrebat quod posse id contingere videbatur, ut dum vestram cuperem amicitiam comparare, offensam incurrerem. Scilicet quod præpropero et inusitato prorsus ordine ab ipso familiaritatis munere inchoaverim, qui nec primordia notitia contigissem. Ita vehementer æstuanti facilis et modesta, et quæ sane philosophiam deceat, animi vestri natura tantæ rei obtinendæ spem tribuit. Verum ut aliquid rationis afferre videar, taceo quidem secularium litterarum de amicitia sententias, ne, quoniam eis adprime incubuisti, Oratianum illud doctissimorum ore tri

3

1. Suo est omis dans l'édition de Baluze.

2. Einhard, ou Eginhard né vers 770 au pays du Mein,élève à Fulda de 788 à 791. Envoyé à l'école palatine par l'abbé Baugulfe, il devient élève d'Alcuin. Ses travaux d'orfèvrerie et d'architecture lui font donner, dans l'académie du palais, le surnom de Béseléel; il est chargé par Charlemagne de surveiller les travaux entrepris par son ordre à Aix-la-Chapelle, Ingelheim et Mayence. En 806 il est envoyé à Rome. En 813 il détermine Charlemagne à associer son fils Louis à l'Empire. En 815 Louis-le-Pieux le fait abbé de Blandigny et lui donne pour lui et sa femme Imma de grands domaines dans l'Odenwald. Il est fait abbé de Saint-Wandrille (816), de saint-Bavon (821), d'une abbaye de Maestricht (822). Il vit dès lors avec Imma comme un frère avec sa sœur ; il construit une église dans son domaine de Michelstadt, qui prend le nom de Seligenstadt après la translation des reliques de Saint-Marcellin et de Saint-Pierre. Einhart mourut à Fulda au mois de mai 840.

3. Horatianum (Bal.).

tum merito accipiam: in silvam ne ligna feras1. Deus certe noster nedum aliquam aspernandi amicos occasionem relinqueret, diligendos omnino inimicos præscripsit. Itaque patienter, quæso, et benigne advertite animum, dum altius meas repeto cogitationes, ut nosse possitis quam hoc non perperam nec iuvenili moliar levitate. Amor litterarum ab ipso fere initio pueritiæ mihi est innatus, nec earum ut nunc a plerisque vocantur, superstitiosa otia fastidivi2; et, nisi intercessisset inopia preceptorum, et longo situ collapsa priorum studia peneinterissent, largiente Domino meæ aviditati satisfacere forsitan potuissem. Siquidem vestra memoria per famosissimum Imperatorem K., cui litteræ eo usque deferre debent ut æternitati parent memoriam, cœpta revocari, aliquantum quidem extulere caput, satisque constitit veritate subnixum, præclarum cum dictum : Honos alit artes et accenduntur omnes ad studia gloria, nunc oneri sunt qui aliquid discere affectant; et velut in edito sitos loco studiosos quosque imperiti vulgo aspectantes, si quid in eis culpæ deprehenderint, id non humano vitio, sed qualitati disciplinarum assignant. Ita dum alii dignam sapientiæ palmam non capiunt, alii famam verentur indignam, a tam præclaro opere destiterunt. Mihi satis apparet propter seipsam appetenda sapientia, cui indaganda a sancto metropolitano episcopo Aldrico delegatus, doctorem grammaticæ sortitus sum, præceptaque ab eo artis accepi. Sic quoniam a grammatica ad rhetoricam et deinceps ordine ad cæteras liberales disciplinas transire hoc tempore fabula tantum est, cum deinde auctorum voluminibus spatiari aliquantulum cœpissem, et dictatus nostra ætate confecti displicerent, propterea quod ab illa Tulliana cæterorumque gravitate, quam insignes quoque Christianæ religionis viri æmulati sunt, oberrarent, venit in manus meas opus vestrum, quo memorati Imperatoris clarissima gesta (liceat mihi absque suspicione adulationis dicere) clarissime litteris allegastis". Ibi elegantiam sensuum, ibi ra

1. Hor. Sat. I, 10, 34.

2. Fastidio sunt (Bal.).

3. Cic. Tuscul. Lib. I, 2, § 4.

4. Aldricus, abbé de Ferrières après Adalbert, est élu évêque métropolitain de Sens après la mort de Jérémie survenue le VII des Ides de déc. (7 déc.) 828. Il meurt le 10 octobre 836 et est remplacé par Wénilon. (Cf. la Chronique de Saint Pierre-le-Vif, et Gams, Series Episcoporum, Ratisb. 1873,in-4o p. 629).

5. La Vita Karoli, principal ouvrage d'Einhard, divisé en 33 cha

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