Sayfadaki görseller
PDF
ePub

croire ce qu'elle nous raconte du passé que nous voyons de nos yeux l'accomplissement de ce qu'elle a prédit de l'avenir. Le même Pline dit toutefois qu'il existe encore une nation où l'on vit deux cents ans'. Si donc quelques pays qui nous sont inconnus conservent encore des restes de cette longue vie dont nous n'avons pas d'expérience, pourquoi ne croirions-nous pas aussi qu'il y a eu des temps où l'on vivait autant que l'Écriture le témoigne? S'il est croyable que ce qui n'est point ici soit ailleurs, pourquoi serait-il incroyable que ce qui n'est pas maintenant ait été autrefois ?

CHAPITRE X.

De la diversité qui se reucontre entre les livres hébreux et les Septante quant au nombre des années des premiers hommes.

Ainsi, bien qu'il semble qu'il y ait quelque diversité, quant au nombre des années, entre les livres hébreux et les nôtres, sans que je sache d'où elle provient, elle n'est pas telle néanmoins qu'ils ne s'accordent touchant la longue vie des hommes de ce temps-là. Nos livres portent qu'Adam engendra Seth à l'âge de deux cent trente ans, et ceux des Hébreux à l'âge de cent trente; mais aussi, selon les leurs,

1 Pline parle en effet de cette nation, qui est celle des Épéens dans F'Italie, mais il n'en parle pas en témoin oculaire; il rapporte un fait qu'il a lu dans un vieil historien, nommé Hellanicus. Voyez Hist. nat., lib. vir, cap. 49.

2 Par nos livres, saint Augustin entend ceux dont l'Église de son temps faisait usage, c'est-à-dire une version latine du grec des Septante, antérieure à la Vulgate ou version de saint Jérôme; il entend par livres hébreux une autre version latine de l'Écriture, faite sur l'hébreu

[blocks in formation]

il vécut huit cents ans depuis, au lieu que, selon les nôtres, il n'en vécut que sept cents'; et ainsi ils conviennent dans la somme totale. Il en est de même des autres générations; les cent années que les Hébreux comptent de moins que nous avant qu'un père ait engendré un tel qu'ils nomment, ils les reprennent ensuite, en sorte que cela revient au même. Dans la sixième génération, il n'y a aucune diversité. Pour la septième, il y a la même que dans les cinq premières, et elle s'accorde aussi de même. La huitième n'est pas plus difficile à accorder. Il est vrai que, suivant les Hébreux, Énoch, lorsqu'il engendra Mathusalem, avait vingt ans de plus que nous ne lui en donnons; mais aussi lui en donnent-ils vingt de moins lorsqu'il l'eut engendré. Ce n'est que dans la neuvième génération, c'est-à-dire dans les années de Lamech, fils de Mathusalem et père de Noé, qu'il se rencontre quelque différence dans la somme totale; encore n'est-elle pas considérable, puisqu'elle se borne à vingt-quatre années d'existence que les Hébreux donnent de plus que nous à Lamech : ils lui attribuent six ans de moins que nous avant qu'il engendrât Noé, et trente de plus que nous après qu'il l'eût engendré; de sorte que, rabattant ces six ans, restent vingt-quatre.

1 Ibid., 4.

2 Ibid., 25-27. 3 Ibid., 28-31.

CHAPITRE XI.

Qu'il faut, d'après l'âge de Mathusalem, qu'il ait encore vécu quatorze ans après le déluge.

Cette diversité entre les livres hébreux et les nôtres a fait mettre en question si Mathusalem a vécu quatorze ans après le déluge', tandis que l'Écriture ne parle que de huit personnes qui furent sauvées par le moyen de l'arche, entre lesquelles elle ne compte point Mathusalem. Selon les Septante, Mathusalem avait soixante-sept ans lorsqu'il engendra Lamech, et Lamech cent quatre-vingt-huit ans avant d'engendrer Noé, ce qui fait ensemble trois cent cinquante-cinq ans; ajoutez-y les six cents ans de Noé avant le déluge, cela fait neuf cent cinquante-cinq ans depuis la naissance de Mathusalem jusqu'au déluge. Or, Mathusalem vécut en tout neuf cent soixante et neuf ans, cent soixante et sept avant que d'engendrer Lamech, et huit cent deux ans depuis '; par conséquent il vécut quatorze ans après le déluge, qui n'arriva que la neuf cent cinquante-cinquième année de la vie de Mathusalem. De là vient que quelques-uns aiment mieux dire qu'il vécut quelque temps avec son père Énoch, que Dieu avait ravi hors du monde, que de demeurer d'accord qu'il y ait faute dans la version des Septante à qui l'Église donne tant d'autorité; et en conséquence ils préten

'Comparez saint Jérôme, De quæst. hebr. in Genesim

[merged small][ocr errors][merged small]

dent que l'erreur est plutôt du côté des exemplaires hébreux. Ils allèguent, à l'appui de leur sentiment, qu'il n'est pas croyable que les Septante, qui se sont rencontrés mot pour mot dans leur version, aient pu se tromper ou voulu mentir sur un point qui n'était pour eux d'aucun intérêt, et qu'il est bien plus probable que les Juifs, jaloux de ce que la loi et les prophètes sont venus à nous par le moyen de cette version, ont altéré leurs exemplaires afin de diminuer l'autorité des nôtres. Chacun peut croire là-dessus ce qui lui plaira; toujours est-il certain que Mathusalem ne vécut point après le déluge, mais qu'il mourut la même année, si la chronologie des Hébreux est véritable. Pour les Septante, j'en dirai ce que j'en pense lorsque je parlerai du temps auquel ils ont écrit '. Il suffit, en ce qui touche la difficulté présente, que, selon les uns et les autres, les hommes d'alors aient vécu assez longtemps pour qu'il en soit né durant la vie de Caïn un nombre capable de constituer une ville.

CHAPITRE XII.

De l'opinion de ceux qui croient que les années des anciens n'étaient pas aussi longues que les nôtres.

Il ne faut point écouter ceux qui prétendent que l'on comptait alors les années autrement qu'à cette heure, et qu'elles étaient si courtes qu'il en fallait dix pour en faire une des nôtres. C'est pour cette raison, disent-ils, que, quand l'Écriture dit de quelqu'un qu'il vécut neuf cents ans, on doit entendre

1 Voyez plus bas, livre XVIII, ch. 42-44.

quatre-vingt-dix ans; car dix de leurs années en font une des nôtres, et dix des nôtres en font cent des leurs. Ainsi, à leur compte, Adam n'avait que vingttrois ans quand il engendra Seth, et Seth vingt ans et six mois quand il engendra Énos. Selon cette opinion, les anciens divisaient une de nos années en dix parties, chacune valant pour eux une année et étant composée d'un senaire carré, parce que Dieu acheva ses ouvrages en six jours et se reposa le septième'. Or, le senaire carré, ou six fois six, est de trente-six, qui, multipliés par dix, font trois cent soixante jours, c'est-à-dire douze mois lunaires. Quant aux cinq jours qui restaient pour accomplir l'année solaire et aux six heures qui sont cause que tous les quatre ans nous avons une année bissextile, les anciens suppléaient de temps en temps quelques jours afin de compléter le nombre des années, et les Romains appelaient ces jours intercalaires. De même Énos, fils de Seth, n'avait que dix-neuf ans quand il engendra Caïnan 2; ce qui revient aux quatre-vingtdix ans que lui donne l'Écriture. Aussi, poursuiventils, nous ne voyons point, selon les Septante, qu'aucun homme ait engendré avant le déluge qu'il n'eût au moins cent soixante ans, c'est-à-dire seize ans, en comptant dix années pour une, parce que c'est l'âge destiné par la nature pour avoir des enfants. A l'appui de leur opinion, ils ajoutent que la plupart des historiens rapportent que l'année des Egyptiens était

1 Voyez plus haut, livre XI, ch. 8.

2 Gen., V, 9, sec. LXX.

3 Voyez Censorinus, De die nat., cap. 19; Macrobe, Saturn., lib. 1, cap. 12, pag. 255, édit. Bip.; Solinus, Polyhist., cap. 3.

« ÖncekiDevam »