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CHAPITRE XXXVIII.

Du voyage de Jacob en Mésopotamie pour s'y marier, de la vision qu'il eut en chemin, et des quatre femmes qu'il épousa, bien qu'il n'en demandât qu'une.

Jacob est envoyé par ses parents en Mésopotamie pour s'y marier. Voici ce que son père lui dit à son départ: «Ne vous mariez pas parmi les Chananéens; mais allez en Mésopotamie, chez Bathuel, père de votre mère, et épousez là quelqu'une des filles de Laban, frère de votre mère. Que mon Dieu vous bénisse et vous rende puissant, afin que vous soyez père de plusieurs peuples. Qu'il vous donne, et à votre postérité, la bénédiction de votre père Abraham, afin que vous possédiez la terre où vous êtes maintenant étranger et que Dieu a donnée à Abraham (Gen., XXVII, 1 sqq.). » Ici parait clairement la division des deux branches de la postérité d'Isaac, celle de Jacob et celle d'Esau. Lorsque Dieu dit à Abraham : « Votre postérité sortira d'Isaac, » il entendait parler nécessairement de celle qui devait composer la Cité de Dieu, et cette postérité d'Abraham fut dès cet instant séparée de celle qui sortit de lui par les enfants d'Agar et de Céthura; mais il était encore douteux si cette bénédiction d'Isaac était pour ses deux enfants ou seulement pour l'un d'eux. Or, le doute disparaît maintenant dans cette bénédiction prophétique qu'Isaac donne à Jacob, lorsqu'il lui dit : « Vous serez père de plusieurs peuples; que Dieu vous donne la bénédiction de votre père Abraham. »

Pendant que Jacob allait en Mésopotamie, il reçut en songe l'oracle du ciel que l'Écriture rapporte en ces termes : « Jacob, laissant le puits du serment, prit son chemin vers Charra, et, étant arrivé en un lieu où la nuit le surprit, il ramassa quelques pierres qu'il trouva là, et, après les avoir mises sous sa tête, il s'endormit. Comme il dormait, il lui sembla voir une échelle dont l'un des bouts posait sur terre et l'autre touchait au ciel, et les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle; Dieu était appuyé dessus, et il lui dit: « Je suis le Dieu d'Abraham, votre père, et le Dieu d'Isaac; ne craignez point. Je vous donnerai à vous et à votre postérité la terre où vous dormez, et le nombre de vos enfants égalera la poussière de la terre. Ils s'étendront depuis l'orient jusqu'à l'occident, depuis le midi jusqu'au septentrion, et toutes les nations de la terre seront bénies en vous et en votre postérité. Je suis avec vous et vous garderai partout où vous irez, et je vous ramènerai en ce pays-ci, parce que je ne vous abandonnerai point que je n'aie accompli tout ce que je vous ai dit. Alors Jacob se réveilla, et dit : Le Seigneur est ici et je ne le savais pas. Et étant saisi de crainte: Que ce lieu, ditil, est terrible! ce ne peut être que la maison de Dieu et la porte du ciel. Là-dessus il se leva, et prenant la pierre qu'il avait mise sous sa tête, il la dressa pour servir de monument, et l'oignit d'huile par en haut, et nomma ce lieu la maison de Dieu (Gen., XXVIIII, 10-19). » Ceci contient une prophétie; et il ne faut pas s'imaginer que Jacob versa de l'huile sur cette pierre à la façon des idolâtres, comme s'il en eût fait un Dieu, car il ne l'adora point, ni ne lui

offrit point de sacrifice; mais comme le nom de Christ vient d'un mot grec qui signifie onction ', ceci sans doute figure quelque grand mystère. Notre Sauveur lui-même semble expliquer le sens symbolique de cette échelle dans l'Évangile, lorsqu'après avoir dit de Nathanaël: « Voilà un véritable Israélite en qui il n'y a point de ruse (Joan., 1, 47),» pensant à la vision qu'avait eue Israël, qui est le même que Jacob, il ajoute En vérité, en vérité, je vous dis que vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le fils de l'homme (Ibid., 1, 51). »

Jacob continua donc son chemin en Mésopotamie, pour y choisir une femme. Or, l'Écriture nous apprend pourquoi il en épousa quatre dont il eut douze fils et une fille, lui qui n'en avait épousé aucune par un désir illégitime. Il était venu pour prendre une seule épouse; mais comme on lui en supposa une autre à la place de celle qui lui était promise (Gen., XXIX, 23), il ne la voulut pas quitter, de peur qu'elle ne demeurât déshonorée; et comme en ce temps-là il était permis d'avoir plusieurs femmes pour accroître sa postérité, il prit encore la première à qui il avait déjà donné sa foi. Cependant, celle-ci étant stérile, elle lui donna sa servante pour en avoir des enfants; ce que son aînée fit aussi, quoique elle-même en eût déjà. Jacob n'en demanda qu'une, et il n'en connut plusieurs que pour en avoir des enfants, et à la prière de ses femmes, qui usaient en cela du pouvoir que les lois du mariage leur donnaient sur lui.

1 Χρίσμα.

CHAPITRE XXXIX.

Pourquoi Jacob fut appelé Israël.

Or Jacob eut douze fils et une fille de quatre femmes. Ensuite, il vint en Égypte, à cause de son fils Joseph qui y avait été mené et y était devenu puissant, après avoir été vendu par la jalousie de ses frères. Jacob, comme je viens de le dire, s'appelait aussi Israël, d'où le peuple descendu de lui a pris son nom, et ce nom lui fut donné par l'ange qui lutta contre lui à son retour de Mésopotamie (Gen., XXXII, 28) et qui était la figure de Jésus-Christ. L'avantage qu'il voulut bien que Jacob remportât signifie le pouvoir que Jésus-Christ donna sur lui aux Juifs au temps de sa passion. Toutefois, il demanda la bénédiction de celui qu'il avait surmonté, et cette bénédiction fut l'imposition de ce nom même. Israël signifie voyant Dieu, ce qui marque la récompense de tous les saints à la fin du monde. L'ange le toucha à l'endroit le plus large de la cuisse et le rendit boiteux. Ainsi le même Jacob fut béni et boiteux: béni en ceux du peuple juif qui ont cru en Jésus-Christ, et boiteux en ceux qui n'y ont pas cru, car l'endroit le plus large de la cuisse marque une postérité nombreuse. En effet, il y en a beaucoup plus parmi ses descendants en qui cette prophétie s'est accomplie : « Ils se sont égarés du droit chemin, et ont boité (Psal., XVII, 49). D

CHAPITRE XL.

Comment on doit entendre que Jacob entra, lui soixantequinzième, en Égypte.

L'Écriture dit (Gen., XLVI, 17) que soixante-quinze personnes entrèrent en Égypte avec Jacob, en l'y comprenant avec ses enfants; et dans ce nombre elle ne fait mention que de deux femmes, l'une fille, et l'autre petite-fille de ce patriarche. Mais à considérer la chose exactement, elle ne veut point dire que la maison de Jacob fût si grande le jour ni l'année qu'il y entra, puisqu'elle compte parmi ceux qui y entrèrent des arrière-petits-fils de Joseph, qui ne pouvaient pas être encore au monde. Jacob avait alors cent trente ans, et son fils Joseph trente-neuf. Or il est certain que Joseph n'avait que trente ans, ou un peu plus, quand il se maria. Comment donc aurait-il pu en l'espace de neuf ans avoir des arrièrepetits-fils? Quand Joseph entra en Égypte, Éphraïm et Manassé, enfants de Joseph, n'avaient pas encore neuf ans. Or dans le dénombrement que l'Écriture fait de ceux qui y entrèrent avec lui, elle parle de Machir, fils de Manassé et petit-fils de Joseph, et de Galaad fils de Machir, c'est-à-dire arrière-petit-fils de Joseph. Elle parle aussi de Utalaam, fils d'Éphraïm, et de Édem, fils de Utalaam, c'est-à-dire d'un autre petit-fils et arrière-petit-fils de ce patriarche. L'Écriture donc, par l'entrée de Jacob en Égypte, n'entend pas parler du jour ni de l'année

1 Gen., L, 22; Num., XXVI, 29 sq¶.

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