Sayfadaki görseller
PDF
ePub

qu'il y entra, mais de tout le temps que vécut Joseph qui fut cause de cette entrée. Voici comment elle parle de Joseph: « Joseph demeura en Égypte avec ses frères et toute la maison de son père, et il vécut cent dix ans, et il vit les enfants d'Ephraïm jusqu'à la troisième génération (Gen., L, 22), » c'est-à-dire Édem, son arrière-petit-fils du côté d'Éphraïm. C'est là, en effet, ce que l'Écriture appelle troisième génération. Puis elle ajoute: « Et les enfants de Machir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph, » c'est-à-dire Galaad, son arrière-petit-fils du côté de Manassé, dont l'Écriture, suivant son usage, qui est aussi celui de la langue latine', parle comme s'il y en avait plusieurs, ainsi que de la fille unique de Jacob, qu'elle appelle les filles de Jacob. Il ne faut donc pas s'imaginer que ces enfants de Joseph fussent nés quand Jacob entra en Égypte, puisque l'Écriture, pour relever la félicité de Joseph, dit qu'il les vit naître avant que de mourir; mais ce qui trompe ceux qui n'y regardent pas de si près, c'est que l'Écriture dit : « Voici les noms des enfants d'Israël qui entrèrent en Égypte avec Jacob, leur père (Ibid., XLVI, 8). » Elle ne parle donc de la sorte que parce qu'elle compte aussi toute la famille de Joseph, et qu'elle prend cette entrée pour toute la vie de ce patriarche, parce que c'est lui qui en fut cause.

1 Voyez Aulu Gelle (Noct. att., lib. II, cap. 13) et le Digeste (lib. 50, tit, 16, De verborum significatione, & 148).

CHAPITRE XLI.

Bénédiction de Juda.

Si donc, à cause du peuple chrétien, en qui la Cité de Dieu est étrangère ici-bas, nous cherchons JésusChrist selon la chair dans la postérité d'Abraham, laissant les enfants des concubines, Isaac se présente à nous; dans celle d'Isaac, laissant Ésau ou Édom, se présente Jacob ou Israël; dans celle d'Israël, les autres mis à part, se présente Juda, parce que JésusChrist est né de la tribu de Juda. Voyons pour cette raison la bénédiction prophétique que Jacob lui donna lorsque, près de mourir, il bénit tous ses enfants : « Juda, dit-il, vos frères vous loueront; vous emmènerez vos ennemis captifs; les enfants de votre père vous adoreront. Juda est un jeune lion; vous vous êtes élevé, mon fils, comme un arbre qui pousse avec vigueur; vous vous êtes couché pour dormir comme un lion et comme un lionceau qui le réveillera ? Le sceptre ne sera point ôté de la maison de Juda, et les princes ne manqueront point jusqu'à ce que tout ce qui lui a été promis soit accompli. Il sera l'attente des nations, et il attachera son poulain et l'ânon de son ânesse au cep de la vigne. Il lavera sa robe dans le vin, et son vêtement dans le sang de la grappe de raisin. Ses yeux sont rouges de vin, et ses dents plus blanches que le lait (Gen., XLIX, 8 sqq.). » J'ai expliqué tout ceci contre Fauste le manichéen ', et j'estime en avoir dit assez pour montrer la vérité

1 Cont. Faust., lib. x11, cap. 42.

de cette prophétie. La mort de Jésus-Christ y est prédite par le sommeil; et par le lion, le pouvoir qu'il avait de mourir ou de ne mourir pas. C'est ce pouvoir qu'il relève lui-même dans l'Évangile, quand il dit : « J'ai pouvoir de quitter mon âme, et j'ai pouvoir de la reprendre. Personne ne me la peut ôter; mais c'est de moi-même que je la quitte et que je la reprends (Joan., x, 18). » C'est ainsi que le lion a rugi et qu'il a accompli ce qu'il a dit. A cette même puissance encore se rapporte ce qui est dit de sa résurrection : « Qui le réveillera?» c'est-à-dire que nul homme ne le peut que lui-même, qui a dit aussi de son corps: « Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours (Ibid., 11, 19). » Le genre de sa mort, c'est-à-dire son élévation sur la croix, est compris en cette seule parole: « Vous vous êtes élevé. » Et ce que Jacob ajoute ensuite: « Vous vous êtes couché pour dormir, l'Évangéliste l'explique lorsqu'il dit: « Et penchant la tête, il rendit l'esprit (Ibid., XIX, 30); » si l'on n'aime mieux l'entendre de son tombeau, où il s'est reposé et a dormi, et d'où aucun homme ne l'a ressuscité, comme les prophètes ou lui-même en ont ressuscité quelques-uns, mais d'où il est sorti tout seul comme d'un doux sommeil. Pour sa robe qu'il lave dans le vin, c'est-à-dire qu'il purifie de tout péché dans son sang, qu'est-ce autre chose que l'Église? Les baptisés savent quel est le sacrement de ce sang, d'où vient que l'Écriture ajoute : « Et son vêtement dans le sang de la grappe. Ses yeux sont rouges de vin. » Qu'est-ce que cela signifie, sinon les personnes spirituelles enivrées de ce divin breuvage dont le Psalmiste dit : « Que votre breuvage

qui enivre est excellent!»-« Ses dents sont plus blanches que le lait (Psal., XXII, 7); » c'est ce lait que les petits boivent chez l'Apôtre (I Cor., III, 2), c'est-à-dire les paroles qui nourrissent ceux qui ne sont pas encore capables d'une viande solide. C'est donc en lui que résidaient les promesses faites à Juda, avant l'accomplissement desquelles les princes, c'est-à-dire les rois d'Israël, n'ont point manqué dans cette race. Lui seul était l'attente des nations, et ce que nous en voyons maintenant est plus clair que tout ce que nous en pouvons dire.

CHAPITRE XLII.

Bénédiction des deux fils de Joseph par Jacob.

Or, comme les deux fils d'Isaac, Ésau et Jacob, ont été la figure de deux peuples, des Juifs et des Chrétiens, quoique selon la chair les Juifs ne soient pas issus d'Ésaü, mais bien les Iduméens, pas plus que les Chrétiens ne le sont de Jacob, mais bien les Juifs, tout le sens de la figure se résume en ceci : « L'aîné sera soumis au cadet; » il en est arrivé de même dans les deux fils de Joseph. L'ainé était la figure des Juifs, et le cadet celle des Chrétiens. Aussi Jacob, les bénissant, mit sa main droite sur le cadet qui était à sa gauche, et sa gauche sur l'aîné qui était à sa droite; et comme Joseph, leur père, fàché de cette méprise, voulut le faire changer, et lui montra l'aîné « Je le sais bien, mon fils, répondit-il, je le sais bien. Celui-ci sera père d'un peuple et deviendra très-puissant; mais son cadet sera plus grand que

lui, et de lui sortiront plusieurs nations (Gen., XLVIII, 19). » Voilà deux promesses clairement distinctes. « L'un, dit l'Écriture, sera père d'un peuple, et l'autre de plusieurs nations. » N'est-il pas de la dernière évidence que ces deux promesses embrassent le peuple juif et tous les autres peuples de la terre qui devaient également sortir d'Abraham, le premier selon la chair, et le reste selon la foi?

CHAPITRE XLIII.

Des temps de Moïse, de Jésus Navé, des Juges et des Rois jusqu'à David.

Après la mort de Jacob et de Joseph, le peuple juif se multiplia prodigieusement pendant les cent quarante-quatre années qui restèrent jusqu'à la sortie d'Égypte, quoique les Égyptiens, effrayés de leur nombre, leur fissent subir des persécutions si cruelles que, même à la fin, ils tuèrent tous les enfants mâles qui venaient au monde. Alors (Exod., 11, 5) Moïse, choisi de Dieu pour exécuter de grandes choses, fut dérobé à la fureur de ces meurtriers et porté dans la maison royale, où il fut nourri et adopté par la fille de Pharaon, nom qui était commun à tous les rois d'Égypte. Là il devint assez puissant pour affranchir ce peuple de la captivité où il gémissait depuis si longtemps, ou, pour mieux dire, Dieu, conformément à la promesse qu'il avait faite à Abraham, se servit du ministère de Moïse pour délivrer les Hébreux. Obligé d'abord de s'enfuir en Madian (Ibid., 15) pour avoir tué un Égyptien qui outrageait un Juif, revenu ensuite par un ordre exprès du ciel, il surmonta les

III.

24

« ÖncekiDevam »