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boire du vin de sa coupe, disant : Que celui qui n'est pas sage vienne à moi; et à ceux qui manquent de sens, elle a parlé ainsi : Venez, mangez de mes pains, et buvez le vin que je vous ai préparé (Prov., IX, 559). Ces paroles nous font connaître clairement que la Sagesse de Dieu, c'est-à-dire le Verbe coéternel au Père, s'est bâti une maison dans le sein d'une vierge en y prenant un corps, qu'il s'est uni l'Église comme les membres à la tête, qu'il a immolé les martyrs comme des victimes, qu'il a couvert une table de pain et de vin, où se voit même le sacerdoce selon l'ordre de Melchisédech, enfin, qu'il y a invité les fous et les insensés, parce que, comme dit l'Apôtre « Dieu a choisi les faibles selon le monde pour confondre les puissants (1 Cor., 1, 27). » Néanmoins, c'est à ces faibles que la Sagesse a dit ensuite: «Quittez votre folie, afin de vivre, et cherchez la sagesse, afin d'acquérir la vie (Prov., IX, 6). » Or, avoir place à sa table, c'est commencer d'avoir la vie. Que peuvent signifier de mieux ces autres paroles de l'Ecclésiaste : « L'homme n'a d'autre bien que ce qu'il boit et mange (Eccles., v, 17) »? qu'est-ce, dis-je, que ces paroles peuvent signifier, sinon la participation à cette table, où le souverain prêtre et médiateur du Nouveau Testament nous donne son corps et son sang selon l'ordre de Melchisédech, et ce sacrifice a succédé à tous les autres de l'Ancien Testament, qui n'étaient que des ombres et des figures de celui-ci? Aussi reconnaissons-nous la voix de ce même médiateur dans la prophétie du psaume trente-neuf: «Vous n'avez point voulu de victime ni d'offrande, mais vous m'avez disposé un corps (Psal., XXXIX, 9), parce

que, pour tout sacrifice et oblation, son corps est offert et servi à ceux qui y participent. Que l'Ecclésiaste n'entende pas parler de viandes charnelles dans son invitation perpétuelle à boire et à manger, cette parole le prouve clairement : « Il vaut mieux aller dans une maison de deuil que dans celle où l'on fait bonne chère (Eccles., VII, 3)»; et un peu après: « Les sages aiment à aller dans une maison de deuil, et les fous dans une maison de festins et de débauches (Ibid., 5). » Mais il vaut mieux rapporter ici de ce livre ce qui regarde les deux cités, celle du diable et celle de Jésus-Christ, et les rois de l'une et de l'autre : « Malheur à vous, terre dont le roi est jeune et dont les princes mangent dès le matin ! Mais bénie soyez-vous, terre dont le roi est fils des libres, et dont les princes mangent dans le temps convenable, sans impatience et sans confusion (Eccles., X, 16).» Ce jeune roi est le diable, que Salomon appelle ainsi à cause de sa folie, de son orgueil, de sa témérité, de son insolence, et des autres vices auxquels les jeunes gens sont sujets. Jésus-Christ, au contraire, est fils des libres, c'est-à-dire des saints patriarches appartenant à la cité libre dont il est issu selon la chair. Les princes de cette cité qui mangent dès le matin, c'est-à-dire avant le temps, désignent ceux qui se hâtent de goûter la fausse félicité de ce monde, sans vouloir attendre celle de l'autre, qui est la seule véritable, au lieu que les princes de la cité de Jésus-Christ attendent avec patience le temps d'une félicité qui ne trompe point. C'est ce qu'il veut dire par ces paroles, «sans impatience et sans confusion,» parce qu'ils ne se repaissent point d'une

vaine espérance, suivant cette parole de l'Apôtre : « L'espérance ne confond point (Rom., v,5),» et cette autre du psaume : «Tous ceux qui vous attendent avec patience ne seront point confondus (Psal., XXIV, 2).» Quant au Cantique des Cantiques, c'est une réjouissance spirituelle des saintes âmes aux noces du roi et de la reine de la Cité céleste, c'est-à-dire de JésusChrist et de l'Église; mais cette joie est cachée sous le voile de l'allégorie, afin qu'on ait plus d'envie de la connaître et plus de plaisir à la découvrir, et d'y voir cet époux à qui on dit au même cantique : «Ceux qui sont justes nous aiment (Cantiq., 1, 3), » et cette épouse à qui l'on dit aussi : « La charité fait vos délices (Ibid., vi, 7). » Nous passons sous silence plusieurs autres choses pour ne pas excéder les bornes de cet ouvrage.

CHAPITRE XXI.

Des rois de Juda et d'Israël après Salomon.

Peu de paroles ou d'actions des autres rois qui viennent après Salomon, soit dans Juda, soit dans Israël, peuvent se rapporter à Jésus-Christ et à son Église. Je dis dans Juda ou dans Israël, parce que ce furent les noms que portèrent ces deux parties du peuple, depuis que Dieu l'eut divisé pour le crime de Salomon sous son fils Roboam qui lui succéda. Les dix tribus (III Reg., XII) dont Jéroboam, esclave de Salomon, fut établi roi, et dont Samarie était la capitale, retinrent le nom d'Israël, qui était celui de tout le peuple. Les deux autres tribus, Juda

et Benjamin, qui étaient demeurées à Roboam en considération de David dont Dieu ne voulait pas entièrement détruire le royaume, et qui avaient Jérusalem pour capitale, s'appelèrent le royaume de Juda, parce que Juda était la tribu d'où David était issu. La tribu de Benjamin, dont était sorti Saül, prédécesseur de David, faisait aussi partie du royaume de Juda, qui s'appelait ainsi pour se distinguer du royaume d'Israël qui comprenait dix tribus. Celle de Lévi, comme sacerdotale et consacrée au service de Dieu, ne faisait partie ni de l'un ni de l'autre royaume, et était comptée pour la treizième. Or, ce nombre impair des tribus venait de ce que, des douze enfants de Jacob qui en avaient établi chacun une, Joseph en avait fondé deux, Éphraïm et Manassé. Toutefois, on peut dire que la tribu de Lévi appartenait plutôt au royaume de Juda, à cause du temple de Jérusalem où elle exerçait son ministère. Après ce partage du peuple, Roboam, fils de Salomon, fut le premier roi de Juda, et établit le siége de son empire à Jérusalem; et Jéroboam, son serviteur, fut le premier roi d'Israël, et fixa sa résidence à Samarie. Comme Roboam voulait faire la guerre à Israël sous prétexte de rejoindre à son empire cette partie que la violence d'un usurpateur en avait démembrée, Dieu l'en empêcha et lui fit dire par son prophète que lui-même avait conduit tout cela; ce qui montra que ni Israël ni Jéroboam n'étaient coupables de cette division, mais qu'elle était arrivée par la seule volonté de Dieu, qui avait ainsi vengé le crime de Salomon. Lors donc que les deux partis eurent reconnu que c'était un coup du ciel,

ils demeurèrent en paix; d'autant plus que ce n'était qu'une division de royaume, et non pas de religion.

CHAPITRE XXII.

Idolâtrie de Jéroboam.

Mais Jéroboam, roi d'Israël, assez malheureux pour se défier de la bonté de Dieu, bien qu'il l'eût éprouvé fidèle et reçu de sa main la couronne qu'il lui avait promise, appréhenda que Roboam ne séduisit ses sujets, lorsqu'ils iraient au temple de Jérusalem, où tout le peuple juif était obligé par la loi de se rendre tous les ans pour sacrifier, et que les siens ne se remissent sous l'obéissance de la lignée royale de David. Pour empècher cela, il introduisit l'idolâtrie dans son royaume et fut cause que son peuple sacrifia aux idoles avec lui. Toutefois, Dieu ne laissa pas de reprendre par ses prophètes, non-seulement ce prince, mais ses successeurs héritiers de son impiété, et tout le peuple. Parmi ces prophètes s'élevèrent Élie et Élisée, qui firent beaucoup de miracles; et comme Élie disait à Dieu : « Seigneur, ils ont égorgé vos prophètes, ils ont renversé vos autels, je suis resté seul, et ils me cherchent pour me faire mourir (III Reg., XIX, 10); » il lui fut répondu qu'il y avait encore sept mille hommes qui n'avaient point plié le genou devant Baal.

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